Contraste saisissant entre deux personnalités qui font d’ordinaire la une des médias de la planète. A 74 ans, le prince Charles débute enfin sa royale carrière, sacré auprès de son épouse Camilla, roi d’une Grande-Bretagne engluée dans la crise et d’un Commonwealth dont les états rejettent de plus en plus cette souveraineté. De son côté, le champion du monde argentin file du mauvais coton deux ans après son arrivée au Paris-Saint-Germain. MESSI, c’est fini, aurait pu chanter Hervé VILARD !
Lundi 01 mai
C’était il y a trente ans… Il était près de 19 h, quand la France entière apprit la mort de celui qui, un mois auparavant, était encore aux commandes de Matignon. Pierre BEREGOVOY, miné par la dépression, venait de se tirer une balle dans la tête au bord d’un canal de la campagne nivernaise. L’ancien ouvrier autodidacte n’avait pas supporté de voir sa probité remise en cause, lui qui avait fait de la lutte anti-corruption son cheval de bataille. Son « crime » ferait presque sourire aujourd’hui, à savoir : le prêt d’un million de francs sans intérêts contracté auprès d’un ami intime du Président, mais personnage sulfureux de la sphère mitterrandienne, Roger-Patrice PELAT. Sans aucun caractère frauduleux, mais le mal était fait. Révélée par « Le Canard Enchaîné » quelques mois auparavant, « l’affaire » fit scandale et prit rapidement une résonance folle dans l’opinion. Au lynchage médiatique s’additionna très vite le « lâchage » d’une bonne partie de ses amis politiques, y compris au plus haut niveau de l’Etat. L’ancien cheminot qui avait franchi toutes les marches du pouvoir jusqu’aux ors de Matignon n’était pas de ces « crapules de la République » condamnées après lui, que ce soit pour prises illégales d'intérêts, détournements de fonds publics, pots-de-vin ou autres fraudes fiscales. « Béré » n’était qu’un « Homme », avec ses doutes, ses erreurs et son honneur…
Mardi 02 mai
« Casserole » : ustensile de cuisson cylindrique, à fond plat et à manche droit, avec bec ou bord verseur selon la définition du Larousse. Plus familièrement, « Événement, action dont les conséquences négatives nuisent à la réputation de quelqu'un »… Commencé le 14 mai 2022, le second mandat d’Emmanuel MACRON prendra fin officiellement le 13 mai 2027, soit dans exactement 1 473 jours. Reprendra-t-il à son compte l’une des répliques les plus célèbres de la marionnette chiraquienne qui fit les beaux jours des « Guignols de l’Info » : « Putain, quatre ans ! »
Mercredi 03 mai
C’est aujourd’hui la « Journée de la Liberté de la presse ». Dans son rapport annuel publié ce jour, « Reporters Sans Frontières » évoque le chiffre de 86 journalistes et professionnels des médias tués dans le monde en 2022, soit un mort tous les quatre jours ! Un chiffre en hausse de 50 % par rapport à l’année précédente, qui souligne s’il en était besoin, la grande vulnérabilité et les risques encourus à simplement tenter d’exercer son métier pour le respect du droit à l’information. En matière de liberté de la presse, selon le classement établi par RSF, la Norvège occupe pour la septième année consécutive la plus haute marche du podium, suivie de l’Irlande et du Danemark. Tout en bas du tableau mais faut-il s’en étonner, l’on trouve la Chine à la 179ème place, suivie de la Corée du Nord qui ferme la marche. La France pour sa part se classant au 24ème rang mondial, conséquence des violences policières et agressions diverses de certains manifestants à l’encontre des reporters en première ligne. Une pensée en ce jour pour Mortaza BEHBOUDI, journaliste franco-afghan, détenu depuis le 07 janvier en Afghanistan où il était en reportage. Un pays situé à la 152ème place de cette 21e édition du classement mondial de la liberté de la presse…
Jeudi 04 mai
On se souvient de l’hystérie médiatique qu’avait provoquée l’arrivée de Lionel MESSI au Qatar Saint-Germain en août 2021. Depuis, « l’or » a coulé sous les ponts mais la star argentine continue de faire la une des médias par ses frasques faute d’exploits sur le terrain. Pas facile la vie de footballeur ! Payé à peine 30 millions d’euros net par saison, soit moins de la moitié de ce qu’il percevait à Barcelone, le (presque) clochard parisien a dû pour arrondir ses fins de mois, partir jouer les VRP de luxe deux jours en Arabie Saoudite pour vanter les vertus du tourisme en terre saoudienne via Instagram, « Qui pensait que l’Arabie Saoudite avait tant de verdure… ». Séchant dans le même temps l’entraînement, avec à la clé une suspension de deux semaines et autant d’émoluments en moins. Ne lui reste plus qu’à reprendre sa valise et rendosser son costume de VRP, il y a tellement outre ses vertes prairies, de choses à dire sur ce riant pays tenu d’une main de fer par le sympathique Mohammed ben SALMANE Ben ABDELAZIZ Al SAOUD, alias « MBS » : l’émancipation de ses femmes interdites de se rendre seules dans les transports, restaurants et autres lieux publics, ses centaines d’exécutions capitales, sa technique de découpage en rondelles d’opposant politique… Sans oublier ses neiges éternelles qui lui permettront d’accueillir en 2029 et en plein désert, les Jeux asiatiques d’hiver !
Vendredi 05 mai
Mais où trouvent-ils le temps pour cela ? Depuis leur entrée au gouvernement, ils sont nombreux, de Marlène SCHIAPPA à Gerald DARMANIN, en passant par Olivier VERAN et Bruno LE MAIRE à s’être livrés à l’exercice périlleux de l’écriture en plus de leur travail de ministres au service de l’Etat et des Français. La palme revenant au ministre de l’Economie et des Finances, avec déjà quatre opus au compteur. Son dernier roman, « Fugue américaine », ayant fait la une des médias pour des passages classés « érotique » : « tu viens Oscar, je suis dilatée et excitée comme jamais… ». Après le témoignage narcissique de Marlène SCHIAPPA, dans le magazine « Playboy », nul doute que le « patron » ne joue pas dans la même cour, avec son entretien présidentiel accordé fin mars dernier au journal… « Pif » !
Samedi 06 mai
Le plus jeune monarque britannique à avoir hérité de la couronne reste la reine Victoria, qui avait tout juste 18 ans quand elle monta sur le trône. Bien loin des 74 printemps de celui qui dut patienter une bonne partie de sa vie, avant de succéder à son auguste « Mother », partie le 08 septembre dernier voir si le Royaume des cieux valait bien celui des Windsor ! Avec désormais pour patronyme le chiffre « trois », Charles est un roi très « bankable », pesant entre son patrimoine personnel et les biens de la Couronne, plus de 41 milliards d’euros. Pour autant, on n’ose imaginer ce qu’il serait advenu de la royauté britannique si son frère Andrew, accusé d’agressions sexuelles dans le cadre de son amitié avec le prédateur Jeffrey EPSTEIN, avait été l’aîné de la famille, le devançant dans l’ordre de succession… « Oh my God ! Shoking ! ».
Dimanche 07 mai
L’agencement de ces voitures croisées sur l’avenue de la Chaînette à Auxerre est-il le seul fait du hasard, ou le fruit facétieux de quelques farceurs en mal de République par ces temps de monarchie hégémonique… ? Si tel est le cas, je leur dédie ces quelques vers empruntés à une chanson bien connue des marins : « Buvons un coup buvons en deux, À la santé des amoureux, À la santé du Roi de France, Et m…. pour le roi d'Angleterre, etc., etc… ».
Dominique BERNERD
Sa présence est un évènement. L’un de ces instants rares à biffer sur un agenda parce que la thématique du jour abordée lors d’une conférence débat mérite que l’on s’y intéresse de très près. Le mal-logement dans la France de 2023, évoqué sans tabou et dans sa froide réalité. Le vécu de 4,1 millions de personnes selon le récent rapport de la Fondation Abbé Pierre. Un chiffre qui fera réagir Bernard DEVERT, président-fondateur très investi de la structure « Habitat et Humanisme »…
AUXERRE : La France du logement va mal. Très mal, même pour celles et ceux de nos compatriotes qui souffrent dans leur chair et dans leur cœur d’une absence totale de logement personnel.
La récente livraison du très attendu rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre sur la question fait froid dans le dos. Ce sont à date plus de quatre millions de Français qui vivent dans la précarité immobilière la plus détestable. Un chiffre qui prend une considérable ampleur si l’on y ajoute les 12 millions de personnes touchées à des degrés divers par la crise du logement. Bref, la France, sixième puissance mondiale selon les spécialistes, place plus de 15 millions de ses habitants dans les affres de l’incertitude et de la paupérisation du fait de ce que l’on nomme d’ordinaire le mal-logement.
La politique du logement pointée du doigt par la Fondation Abbé Pierre…
Un mal qui ronge sournoisement les esprits. Surtout de celles et ceux qui en sont les victimes innocentes. Ces personnes qui auront à subir de plein fouet depuis 2020 une crise sanitaire mondiale, puis les effets retors de la crise énergétique imputable à la guerre en Ukraine. Le 28ème rapport de la Fondation Abbé Pierre arrive donc à point nommé pour tirer la sonnette d’alarme : il y a urgence à informer et à agir !
C’est le bien-fondé de l’association « Habitat et Humanisme » Son ADN, en quelque sorte. Une structure qui aime titiller les consciences, en essayant de faire bouger les lignes. De la pensée, certes, mais aussi dans l’action. Du spéculatif à l’opératif, en somme, il n’y a qu’un pas !
Aussi, à l’issue de son assemblée générale ordinaire – elle se déroulera ce mercredi 10 mai à partir de 17h30 dans l’une des salles de l’Abbaye Saint-Germain à Auxerre -, se déroulera une conférence débat, dont le fil d’Ariane sera consacré au mal-logement. Un item où il y a beaucoup à dire – et surtout à faire ! –tant la politique du logement déclinée par le gouvernement dans ce début de second quinquennat, manque singulièrement de consistance.
Or, il semblerait, pour l’heure, que 2023 soit toujours dans la même veine et sans saveur appétissante au niveau de la politique du logement menée par l’équipe gouvernementale alors que l’année dernière le même rapport livré par la Fondation Abbé Pierre avait déjà ressorti plusieurs préconisations à suivre pour faire reculer ce fléau du mal-logement du paysage français. Des suggestions au nombre de six avaient été clairement formulées, pour mémoire : la généralisation de l’objectif « zéro personne sans domicile », produire 150 000 logements sociaux par an, encadrer les marchés immobiliers afin de diminuer les prix, l’éradication des passoires énergétiques en une décennie, résorber l’habitat indigne et, enfin, déclencher un choc de redistribution des logements.
Un homme de foi pour faire respecter l’un des droits essentiels : se loger !
Toutefois, l’Etat n’est pas indifférent à cette délicate problématique. Le Conseil national de la Refondation, organe apparu en novembre 2022, pourrait se charger de la mise en application et du suivi de ce dossier capital.
Président-fondateur de la structure associative, « Habitat et Humanisme », Bernard DEVERT fera le déplacement depuis la capitale des Gaules (Lyon) pour donner mercredi soir à Auxerre son analyse – on l’imagine pertinente - lors de ce plateau conférence où siègeront à ses côtés l’élue locale en charge de la santé, des affaires sanitaires et sociales, des solidarités, du handicap et des seniors, Maryline SAINT-ANTONIN. Un débat où prendront part deux représentants des services de l’Etat, Jean-Michel LOUYER et Jean-François SILVAN, de la direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations (DDETSPP 89) et peut-être un représentant du Conseil départemental.
Prenant conscience des injustices liées au logement dans les années 1980, Bernard DEVERT – il a suivi en parallèle de son activité de placements immobiliers et de promotion immobilière un parcours théologique qui va aboutir à la prêtrise en 1987 ! -, a porté sur les fonts baptismaux « Habitat et Humanisme » en 1985, sur la base de deux principes : l’esprit d’entreprise à travers le génie immobilier et la soif de justice.
Dès l’origine, « Habitat et Humanisme » sera pensé, non comme une association caritative ordinaire mais comme une entreprise à caractère social, réconciliant l’économique et le social, l’humain et l’urbain. C’est en faisant appel à des investisseurs privés réunis en SCI que les premiers logements seront acquis, et c’est toujours cette même dynamique d’innovation et d’entrepreneuriat social qui caractérise le mouvement, trente années plus tard. Le président ne dit-il pas pour justifier cette création, la chose suivante : « La ville doit être traversée par la différence, et non se développer à partir de strates monolithiques. Et là où le vivre ensemble n’est pas perceptible, il y a injustice ; l’homogénéité de l’habitat concourt à la rigidité assassine des sociétés occidentales.»…
En savoir plus
Conférence débat « l’état du mal-logement dans la France de 2023 »
Organisée par « Habitat et Humanisme », à l’Abbaye Saint-Germain à Auxerre
A partir de 19 heures
Sur invitation.
Thierry BRET
Pour sûr, ce ne sont pas nos artisans-charcutiers Mickaël CLAUDIN et Damien LEGER, ainsi que leur dynamique équipe qui viendraient contredire ce séculaire dicton. Durant la dernière foire de Sens, ensoleillée à souhait (forcément, il avait plu à celle de Montereau quelques jours plus tôt !), ils eurent pignon sur rue, en bas des promenades, entre des Peugeot 2008 forcément électriques et autres DS futuristes, qui n’ont plus rien de 19 ou encore 21 !
SENS: En terrasse, les tables, boisées « made by » le paternel de Mickaël, assurent une réelle solidité. La formule est éprouvée : c’est simple et c’est bon. Cela commence par une planche de charcuteries, faites maison, dont de délicieuses rillettes qui se partagent à l'unisson.
Lors de l’ultime jour de foire, souvent synonyme d'un peu plus de quiétude, le plat du jour est un filet mignon de porc, sauce morilles, accompagné d'un gratin de pommes de terre et de délicieux légumes confits. De trois à quatre degrés en sus à cette bonne assiette n'eurent pas nui à la qualité de l'ensemble !
Ce 94ème rendez-vous des plus réussis se termine côté douceurs avec une tarte au citron, concoctée par la boulangerie-pâtisserie d'Alain FOURNIER. Elle est reconnue pour la qualité de sa fabrication (hum ! les croissants...) Quelques gouttes d'accompagnement à base de champagne de la maison LORIOT, bien connue elle aussi le long des promenades, en période de foire, agrémentent le tout.
Pas le temps de s’ennuyer avec les réjouissances estivales…
Nos artisans sont à la remballe, à leur tour désormais, de souffler...très provisoirement s'entend. Entre repas de mariages, saucisses à préparer pour les barbecues (ou les braséros qui deviennent à la mode ces temps derniers...), sans omettre les ponts de mai : il n’y a pas vraiment le temps de s'ennuyer !
Contrairement à la chanson de Patrick BRUEL, point de rendez-vous dans dix ans : juste même lieu, même heure, mais l'an prochain pour revivre de tels instants ! Longue vie à la foire de Sens. Et vivement 2024...
Contact :
« Aux Petits Cochons »
1, Bis rue de la République
89100 Saint-Clément
Ouverture du mardi au samedi, plus le marché de Sens.
Téléphone : 03.86.65.17.91.
Gauthier PAJONA
C’est incontestablement la tête d’affiche de ce nouvel épisode si attendu par les aficionados de « Parole et Parole(s) », ce festival culturel de haute volée accueilli chaque année à l’Abbaye Saint-Germain à Auxerre, cette fois-ci du 02 au 06 mai. Le tandem formé, le temps d’un enregistrement concrétisé par le dernier opus du père de « M » (« Entre noires et blanches »), par Louis CHEDID et Yvan CASSAR mérite amplement le détour. Au gré d’une émotion nouvelle qui ne perd rien en intensité…
AUXERRE : En tournée aux quatre coins de l’Hexagone depuis le mois de novembre, l’auteur de « Anne, ma sœur Anne » ou de « Egomane » et l’arrangeur des œuvres ultimes de Johnny HALLYDAY posent leurs valises le temps d’un récital exceptionnel donné dans l’Yonne, à Auxerre. Antre de ces retrouvailles à ne manquer sous aucun prétexte pour les mélomanes avertis et les puristes de la chanson française avec un grand « C » : l’Abbaye Saint-Germain. Un rendez-vous de légende accordé dans le cadre du festival artistique « Parole et Parole(s) », concocté aux petits oignons par le service culturel de la Ville d’Auxerre et sa noria de partenaires.
Ce n’est pas tous les jours qu’un tel duo investi ce site patrimonial à l’atmosphère si particulière, extrait de son écrin intemporel pour devenir le porte-étendard de la vie culturelle de la capitale de l’Yonne qui gagne en importance d’année en année. Louis CHEDID n’est connu et reconnu, fort heureusement, pour être seulement le paternel du fils prodige, Matthieu alias « M » !
« Les Absents ont toujours tort », « La Belle », « Ainsi soit-il » ou « T’as beau pas être beau » sont autant de succès tissés avec le fil des ans créatif, éternelles ritournelles que les adorateurs du chanteur – les autres aussi ! – retrouveront avec bonheur ce samedi en début de soirée, un répertoire quasi flambant neuf puisque remodelé avec la patte experte du chef d’orchestre, pianiste, et arrangeur Yvan CASSAR, une style de travail que l’on reconnaît parmi mille, désormais, après son étroite collaboration et osmose avec Johnny HALLYDAY, Charles AZNAVOUR ou un autre regretté du répertoire bleu blanc rouge, Claude NOUGARO.
Un récital piano voix sans doute désarmant pour les âmes sensibles et oniriques, délivré dans ce cadre remarquable qu’est l’Abbaye Saint-Germain. On en frémit d’avance…
En savoir plus :
Festival « Parole et Parole(s) » à l’Abbaye Saint-Germain
Concert de Louis CHEDID et Yvan CASSAR à 20 heures
Réservation au 03.86.18.02.90.
Tarif : 12 euros
Thierry BRET
A contre-courant du projet de loi immigration défendu par Gérald DARMANIN, La France Insoumise prône en la matière, une politique « humaniste et réaliste ». C’est ce que sont venus rappeler lors d’une soirée débat à Auxerre, Danièle OBONO, députée LFI de la 17ème circonscription parisienne et Mickael IDRAC, docteur en sociologie des migrations, co-responsable national sur le sujet, au sein de la formation politique présidée par Jean-Luc MELENCHON...
AUXERRE : L’image avait en septembre 2015 ému le monde entier. Aylan, un enfant syrien de trois ans, retrouvé mort noyé sur une plage turque, avec le sable pour linceul, tee-shirt rouge et bermuda bleu balayés par les vagues de la mer Egée et devenu rapidement le symbole d’une crise migratoire trop souvent réduite à l’inhumanité des chiffres, dans leur triste globalité.
Plus de 24 000 décès auraient été recensés depuis 2014 pour la seule mer Méditerranée. Autant de destins fracassés, autant de familles endeuillées, autant de vies brisées par la cupidité de passeurs assassins… En huit ans, peu de choses ont changé si ce n’est que cette hécatombe contribue à alimenter le fantasme « d’invasion » véhiculé par certains, à l’encontre de l’idée même que l’on se fait du « pays des Droits de l’Homme ». Pour autant, peut-on « accueillir toute la misère du monde », comme s’interrogeait en son temps Michel ROCARD, alors Premier ministre ? Non répondent une majorité de Français qui, selon un sondage Ifop-Fiducial réalisé en novembre dernier, considèrent à 70 % que notre pays compte déjà beaucoup d’étrangers et réfutent toute idée d’accueil d’immigrés supplémentaires.
Un pauvre qui fuit un pays pauvre va dans le pays le plus proche…
« Encore faut-il savoir de quoi et de qui on parle » rétorque Mickael IDRAC, qui rappelle qu’en matière d’immigration, la France se situe à un niveau bien inférieur à la moyenne, avec 36 % de personnes supplémentaires accueillies en vingt ans, contre 120 % de plus pour la Suède ou 100 % pour le Royaume-Uni. La réunification familiale, « que l’on nous vend comme un fléau », ne représentant désormais que moins de 4 % des titres de séjour octroyés.
A ses yeux, le projet de loi sur l’immigration défendu par le ministre de l’Intérieur n’a pour but que de « détricoter » le système d’asile français, en « complexifiant un peu plus l’accès au droit, l’objectif est de fabriquer de l’illégalité, avec pour conséquence de permettre l’expulsion des personnes… ». S’interrogeant sur l’idée même de « crise migratoire », si l’on considère que 3 % seulement de la population mondiale sont concernés, « un chiffre structural sous lequel on ne peut descendre », parmi lesquels 38 % de flux entre pays du Sud contre 34 % de flux sud-nord, voire 86 % de flux sud-sud en cas de migrations forcées : « un pauvre qui fuit un pays pauvre va dans le pays le plus proche, il ne se dit pas, « et si je visais la France ou la Belgique ? » … ».
Se donner une légitimité identitaire autour de la xénophobie…
Rappelant qu’au programme de La France Insoumise était inscrit, outre une politique d’ouverture réclamant le retour de la carte de séjour de dix ans, la création d’un statut de « détresse environnementale », considérant en la matière la responsabilité des pays occidentaux : « que ce soit dans les catastrophes climatiques entrainant des millions de déplacements de population, dans les guerres ou dans les dérèglements économiques à travers le monde… ».
Plaçant d’emblée le débat sur le terrain politique, Danièle OBONO a dénoncé le climat dans lequel cet énième projet de loi est proposé : « il s’agit pour eux de se constituer une base sociale et électorale structurée par autre chose que l’adhésion au macronisme, qui reste aujourd’hui minoritaire dans la société. Ils ont besoin de ce liant que constitue l’aspect xénophobe autour de l’immigration, leur permettant en la matière, de se donner une légitimité identitaire… ».
Bulletin passable, peut mieux en faire en matière d’accueil !
Ironisant dans le même temps sur le nombre pléthorique de lois concernant l‘immigration votées depuis 1990 : « une loi tous les dix-huit mois ! A ce rythme, impossible de dresser un bilan, une frénésie législative qui empêche le débat et ne vise pas à régler un problème migratoire mais à justifier sans cesse l’existence de ce débat… ».
Prenant pour exemple l’accueil réservé aux réfugiés Ukrainiens, la députée de Paris se dit persuadée que seul un choix politique empêche d’appliquer le même traitement à d’autres populations : « il y a là une dimension politique de faire croire que c’est un problème insurmontable, de manière à en faire une rente politicienne. Je ne dis pas que c’est simple, mais on l’a vu avec les réfugiés en provenance d’Ukraine, on peut accueillir dignement dans ce pays… ».
Avec en point d’orgue ces données rappelées par Mickael IDRAC sur le sujet, à savoir que la France, « pays des Droits de l’Homme » est celui accueillant le moins de réfugiés ukrainiens en Europe. A titre d’exemple : 40 fois moins que les Tchèques, 25 fois moins que les Polonais, 11 fois moins que les Allemands, 5 fois moins que les Belges et 2 fois moins que les Grecs… Bulletin passable, peut mieux faire !
Dominique BERNERD