Une haie d’honneur composée de toques blanches, émues jusqu’aux larmes. Elle est placée à la sortie de l’église Saint-Pierre afin de rendre un dernier hommage à l’un des leurs, le regretté chef auxerrois, Jean-Pierre SAUNIER, survenu il y a quelques jours dans sa 73ème année, des suites d’une longue maladie. Un temps de silence, pesant. Puis, une salve d’applaudissements nourrie durant de longues minutes avant que le cercueil ne pénètre sous le regard attristé de tous les amis dans le véhicule mortuaire. Ainsi nous quitte cet amoureux de la vie, éternel épicurien jusque dans l’au-delà…
AUXERRE : Il y a foule en la très froide église Saint-Pierre. Les amis de toujours et ceux qui depuis 55 ans ont su apprécier à sa juste valeur la cuisine mitonnée aux petits oignons et toujours emplie de créativité par le défunt ; les figures emblématiques de la filière gastronomique icaunaise – on reconnaît Jean-Michel LORAIN, Jean-Luc BARNABET ou encore Eric GALLET parmi toutes les toques blanches présentes en nombre ce mercredi matin -, les fidèles d’entre les fidèles, c’est-à-dire les clients qui se sont régalés de ces recettes de terroir conçues au cordeau – ah, les fameux œufs en meurette ! -, au fil des multiples expériences de vie professionnelle du regretté personnage dont on honore la mémoire ce jour avec ses obsèques : Jean-Pierre SAUNIER.
Ah, les belles soirées avec « Gourmand’Yonne »
Quelques personnalités politiques du cru bravent les températures glaciales de ce petit matin blême comme peuvent l’être les cœurs si lourds de tristesse des participants à cette cérémonie religieuse. C’est le cas de Pascal HENRIAT, éternelle casquette de sport rivée sur la tête ou encore de Jean-Philippe BAILLY. Et puis, il y a les copains avec qui il partageait énormément de choses et de passions, pour certaines épicuriennes, à l’instar de notre chroniqueur gastronomique, Gauthier PAJONA, dont l’optimisme habituel est en berne en ce jour funeste.
Ah quelle était belle cette soirée festive où Jean-Pierre SAUNIER, en avril 2023, avait été plébiscité par ses pairs lors d’une réception concoctée par la structure associative « Gourmand’Yonne » et présidée par Jérôme JOUBERT, le chef du « Rive Gauche » à Joigny dont il était un digne représentant !
Pauvre Gauthier ! Muni d’un cabas pour faire les courses contenant un texte, une bouteille de vin rouge et un tablier, il n’aura pu dire au revoir comme il se devait à ce compagnon de table et d’amitié selon son propre rituel. Un texte ayant nécessité six heures de préparation et de rédaction en puisant dans sa collection de vieux guides Michelin où l’ami Gauthier aurait avec sa verve et son élégance habituelle rendu un hommage à sa façon qui aurait fait rire…Jean-Pierre ! Las, lors de la cérémonie, il a été « oublié » pour prononcer sa petite allocution à la tribune. Désarroi total de notre camarade épistolaire ! Ne t’en fais pas, Gauthier, de là-haut, Jean-Pierre SAUNIER a dû lire ton message d’adieu…il en rigole encore !
Un art culinaire apprécié de tous les Auxerrois
En guise de préambule, lors de cette cérémonie, une voix. Celle grave de Serge LAMA, interprétant l’un de ses titres datant de 1972, « Une île ». Le son envahit l’édifice de toute part, la foule recueillie écoute les paroles.
« Une île, entre le ciel et l’eau. Une île sans hommes ni bateaux. Inculte, un peu comme une insulte. Sauvage, sans espoir de voyage. Une île, une île… ».
Puis, les quelques mots de Claire, l’une des deux filles de Jean-Pierre avec Eve. La voix pleine de sanglots, elle prend son courage à deux mains pour parler : « tu as été le premier homme de ma vie, tu as toujours tout fais pour rester le plus grand. Tu vas rejoindre maman, car tu n’as jamais supporté son absence. Au revoir, papa, je t’aime… ».
Déchirant. C’est ensuite au tour de Patrick TUPHE, ancien adjoint de la Ville d’Auxerre du temps de Guy FEREZ, et président du FPETT, Fonds professionnel pour l’emploi dans le travail temporaire, de s’exprimer d’une voix forte. Il racontera les tranches de vie de Jean-Pierre SAUNIER depuis son arrivée à Auxerre.
« Son art culinaire était apprécié des Auxerrois car Jean-Pierre avait en lui cette rigueur et ce professionnalisme. Beaucoup de clubs d’amitié se sont réunis chez lui. Que ce soit au « Maxime » ou au « Rendez-Vous ». Ce restaurant eut valeur de renaissance pour lui et pour sa fille, Claire… Jean-Pierre a aimé sa vie, je crois. Comme je crois qu’il nous a quittés avec la volonté de le faire. Adieu mon ami, adieu notre ami… ».
Animé d’une belle espérance, généreux et garçon discret, aimant l’existence à pleine dent, Jean-Pierre SAUNIER venait fréquemment allumer un cierge dans la pénombre de la cathédrale Saint-Etienne ou à l’église Saint-Pierre, située à deux pas de son établissement qui régala tant de convives.
Ce chef charismatique au grand cœur nous aura proposés moult rendez-vous avec l’humain et les plaisirs de la gastronomie.
« Un être de lumière à la belle personnalité, comme le soulignera dans son homélie, le Père Joël RIGNAULT, il savait conjuguer la parole et la discrétion… ».
Un chef qui venait discrètement ouvrir et fermer l’église Saint-Pierre. Entre parole et silence, mais toujours dans le respect de l’autre. Jean-Pierre : tu nous manques déjà et nous n’oublierons jamais le moindre de tes « Rendez-vous » épicuriens, faits de profonde amitié…
Thierry BRET
De l’avis de la jeune femme, c’est sûr ! Après le succès de la première visite, le week-end dernier, une seconde date à vivre accompagnée de sa mascotte dans la capitale – une chèvre ! -, sera bel et bien posée sur l’agenda. Elle évoque déjà celle du samedi 08 février ! Qu’en pense réellement « Super Biquette » ?! L’animal a pu découvrir avec sa propriétaire, Claire GENET, une dizaine de fromageries implantées à Paris où se vendent déjà les bons produits de la « Ferme de Claire ». Du producteur au consommateur avec la chèvre en sus comme témoin visuel : le Parisiens ont dû apprécier !
PARIS : A chaque boutique visitée, le temps de la pose photographique avec la mascotte préférée ! Claire GENET ne manque pas d’air ! Ni d’idées en matière de communication afin de promouvoir sa production de fromages de chèvre. Fromages de différentes variantes et à l’exquise onctuosité qu’elle réalise au quotidien dans sa jolie ferme, près de Saint-Bris-le-Vineux. « La Ferme de Claire », pour les aficionados qui se rendent sur place régulièrement y acheter les produits tant convoités.
La jeune femme au sourire éclatant, chantre de l’écosystème ULTERIA, a pris soin de se rendre dans la capitale hexagonale ce samedi 11 janvier afin de rencontrer plusieurs de ses clients distributeurs, des fromagers de différents arrondissements, mettant en exergue le savoir-faire de la jeune Icaunaise. Celle-ci a déjà eu par le passé la reconnaissance de ses pairs sur plusieurs de ses spécialités lors du Salon international de l’Agriculture.
Là, c’est accompagnée de « Super Biquette », la chèvre fétiche de l’exploitation que Claire est montée à Paris, arpentant les rues de la capitale à pied aux côtés de sa bestiole ! Une chèvre sur les trottoirs de Paname, cela a dû parler beaucoup le soir dans les immeubles haussmanniens, non ?!
L’incroyable reconversion d’une jeune ingénieure !
Quel chemin parcouru par l’ancienne…ingénieure commerciale qui a procédé à un sérieux changement de cap personnel et professionnel il y a cinq ans de cela en assurant une reconversion pour le moins inattendue : monter son élevage de chèvres afin d’y produire des fromages ! Et ce n’est pas dans la Larzac que la demoiselle avait décidé de s’installer mais bel et bien à quelques encablures d’Auxerre.
A date, Claire GENET s’occupe d’un cheptel de 160 biquettes de race alpine. Quant au lait produit, bio de surcroît, il permet la fabrication de délicieux fromages fermiers au lait cru, à ravir les épicuriens.
« J’ai pu réaliser cette escapade parisienne pour rendre visite à mes clients fromagers en cette période et sans difficulté, car c’est nettement plus calme en hiver car les chèvres sont taries, explique-t-elle.
Les animaux se reposent durant les mois de janvier et de février avant de mettre bas. Toutefois, méthodologie oblige, à la Ferme de Claire, le rythme des naissances est étalé ce qui offre l’heureuse opportunité de bénéficier de lait toute l’année. Idéal pour se régaler !
Une chèvre se balade dans Paris !
Pour « Super Biquette », en revanche, le programme parisien était plus rythmé. Démonstration de traite, dégustation de verres de lait de chèvre bio tout chaud, mais aussi papouilles et caresses de la part des Franciliens, trop heureux de voir une chèvre dans leurs quartiers !
Claire GENET aura eu des contacts chaleureux avec les habitants de la capitale qui ont posé une foultitude de questions sur le métier de chevrier/fromager, le lait cru, le pâturage, le bio, le fromage de chèvre fermier, l’alimentation des animaux, la conception des fromages, etc.
De la vraie pédagogie qui appelle d’autres visites dans la capitale, c’est certain. Qu’elle se rassure : Paris possédant vingt arrondissements, Claire GENET pourra continuer à loisir ses séances de vulgarisation à la nature, aux animaux et à leurs produits auprès d’une population qui ne voit pas toujours de quoi s’aérer l’esprit dans la métropole. Un chalenge un peu fou, mais vraiment fun !
Thierry BRET
Il fut un quart de siècle durant à la télévision, l'incarnation des charmes du terroir français, au travers de trois émissions successives : « Grands Gourmands, » « Carte postale gourmande » et pour terminer par les « Escapades de PETITRENAUD ». Il fut aussi présent à la radio et dans la presse écrite avec cette belle plume que beaucoup de suiveurs affectionnaient...
TRIBUNE : Jean-Luc est parti vendredi dernier, rejoindre ses parents, sa chère grand-mère, Louise, mais aussi les chefs qu'il affectionnait tant dont Paul BOCUSE et Bernard LOISEAU. Il était mon ami.
Je le connus en 1993, grâce à son premier livre « Le Guide du casse-croûte » que m'offrit mon frère, Eric, pour mon anniversaire. On s'y pourléchait les babines du cochon rôti de « L'Auberge Paysanne » à Ally (Haute-Loire), des « piquillos » à la morue de la « Grande brasserie » bayonnaise, le poulet au cidre de la ferme des Chartroux à Etaples (Pas-de-Calais) pour terminer par de fameux œufs en meurette au restaurant des « Minimes » de Semur-en-Auxois (Côte d'Or).
Cela m'intrigua diablement. Je lui écrivis à Europe 1 où il officiait alors, et c'est ainsi que nous fîmes connaissance, sur le zinc bistrotier, autour d'un « p'tit » coup de blanc, Jean-Luc appréciant notamment les blancs sancerrois ! Nous aimions la même France. Cela nous rapprocha !
De nombreux déplacements en terre de l’Yonne
Avec Jean Luc, j'ai participé à nombre d'émissions tv ou radio, ou en lui en préparant d'autres, suite à des repérages (souvent lors de ballades à moto), comme « L'Auberge du Pas de Vent » dans les Landes, tenue avec passion par le chef Fred DUBERN et son épouse, Sophie. Et tant d'autres aussi, comme Eric BOUTTE, ancien de « La Côte Saint-Jacques » de Joigny, lorsqu'avec son épouse, ils retrouvèrent leur Somme natale. Leur chou farci d'anthologie fut vite connu de par le monde, grâce à TV5 !
Sur mon insistance, il vint souvent dans l'Yonne, tourner des émissions, comme en 2015 au « Rendez-Vous » de la rue du Pont à Auxerre chez Jean-Pierre SAUNIER qui lui aussi vient de nous quitter. Décidément...
Nous nous retrouvions souvent le vendredi en fin de matinée, au café « Mode » proche d'Europe 1 à l'époque. Cela commençait souvent par une petite imitation : la mienne, celle d'un cuisinier ou autre, déclenchant en général l'hilarité ! Puis, nous déjeunions au « Violon d'Ingres » du truculent Christian CONSTANT, son grand ami cuisinier : feuilleté d'asperges, volaille rôtie, gratin de macaronis y étaient souvent notre menu printanier.
Livraison de succulents mets à…l’hôpital !
Avec ce bel ami qui marqua nos vies, dont la mienne, nous avons partagé outre les « canons » de blanc, de multiples fous rires. En 2007, j'eus un accident de moto, et fus hospitalisé à l'hôpital de Vichy. Las ! Le premier plateau « repas » et son assiette de haricots verts ruisselants de flotte me firent rapidement comprendre qu'en plus du coude et côtes cassés, j'allais mourir de faim !
J'appelais alors mon Jean-Luc pour une sorte de SMS gourmand. Et le soir même, je vis arriver deux cuisiniers, Jean-Jacques et Pierre-Yves, qui chaque jour, m'apportaient chacun à leur tour un bon repas revigorant. Je me souviens notamment d'une chartreuse de jambon d'Auvergne aux lentilles du Puy. Ces amis délicats n'oublièrent jamais les infirmières, avec petits fours ou autres ! Dix-huit ans après, ce souvenir ému demeure vivace en moi…
« Elle n’est pas belle la vie dans l’Yonne ?! »
Beaucoup de cuisinières et de cuisiniers peuvent légitimement le remercier aujourd'hui. Il en fit des rubriques pour soutenir des professionnels parfois installés dans des endroits improbables ! Nous fûmes les premiers à évoquer un jeune couple installé en Vendée. Leur table qualitative était référencée au Michelin avec un « bib » gourmand. Ce couple, c'est Alexandre et Céline COUILLON, triplement étoilé désormais. En 2007, Céline était émue en studio de voir son mari interviewer par Jean-Luc ! C'est un vrai beau souvenir que ce grand cuisinier me rappela, lors d'un SMS, consécutif à cette triste nouvelle.
Mais, avant d'en arriver là, Jean-Luc PETITRENAUD obtint un CAP de chaudronnier. Puis, il fut éducateur dans un centre pour enfants, et s’essaya au théâtre, avant de commencer sur les ondes de Radio France Auvergne dans les années 80.
Le temps passa depuis son départ de la télévision en 2017 et la fin de cette émission emblématique et sincère désireuse de mettre en valeur savoir-faire et terroir de France : ses « Escapades ». Nous étions toujours en contact. En 2019, il fut d'ailleurs l'un des invités d'honneur de la fameuse foire de Sens.
Comme le disait souvent l'ami Jean-Luc en guise de conclusion d'émission : « je vous aime et tenez-vous fort ! ».
Au revoir, mon Jean-Luc. Une chose est sûre : nous ne sommes pas prêts de t'oublier et terminerons ces quelques lignes par une autre de tes maximes : « alors, elle n’est pas belle la vie......dans l'Yonne ?! ».
Gauthier PAJONA
L’antériorité de l’établissement ne date que de quelques mois, à peine. Le temps du rodage, certes, mais on sent déjà la passion à fleur de peau et la volonté de bien faire qui anime l’hôtesse de ce lieu si pittoresque qu’il est bon de découvrir. Tout sourire et très accueillante, Aude VACANT sait recevoir : c’est incontestable dans son auberge baptisée, « La Maison Roger ». Une douzaine de couverts, seulement, un cadre cosy qui berce dans le rustique, et une cuisine agréable en bouche comme en témoignent les plats du jour, une succulente soupe de potimarron et un mets typique de notre contrée, le bœuf bourguignon…
COULANGES -LA-VINEUSE : Sur un tableau noir, posé à même le sol et coloré d’une écriture à la craie à la gamme chromatique différente, on peut lire quelques suggestions de plats qui donnent déjà l’eau à la bouche, sitôt pénétré dans le petit établissement au charme coquet. Blinis maison, canard confit accompagné de ses haricots blancs et bûche rose au chocolat. Le tout est proposé pour la modique somme de…15 euros !
Mais, aujourd’hui, ce n’est pas cette alléchante préconisation culinaire qui sera servie aux convives honorant ce lieu, identifié sous l’appellation de « La Maison Roger ». Une signalétique mémorielle en l’honneur de l’un des grands-parents de la propriétaire du site, Aude VACANT. Normal, ici, c’était l’habitation familiale où la jeune femme, d’une amabilité exquise, venait se rassénérer auprès des siens, jadis. Elle qui exerça longtemps le métier de…préparatrice en pharmacie et qui a décidé un jour qui ne ressemblait pas au précédent de remiser ses connaissances en pharmacopée aux calendes grecques pour s’inventer une nouvelle vie, plus humble et plus enthousiasmante, derrière les fourneaux, passionnée de cuisine qu’elle était.
Vêtue de son petit tablier de parfaite cuisinière, la jeune femme ne cesse de remuer, assurant seule, la bonne gestion de ce nouveau commerce dans le village vineux, une auberge aux doux effluves d’autrefois. Côté accueil, atmosphère et succulence dans l’assiette.
Soupe chaude et plat typique du terroir
Un petit verre de vin chaud, afin de remettre le palais en phase avec l’agréable température ambiante du site alors qu’au dehors, il fait un froid à ne pas mettre un journaliste en balade, et voilà que le lien se crée. « La Maison Roger » ? Honnêtement, on ne connaissait pas son existence ; et c’était un tort. De l’extérieur, hormis une pancarte placée à hauteur d’yeux mais relativement discrète et un petit affichage placardé sur l’un des murs de l’édifice, on pourrait presque passer son chemin tout en ignorant que ce havre de tranquillité existe ; alors qu’il est impératif d’y faire une halte.
D’ailleurs, les premiers commentaires qui fleurissent sur les réseaux sociaux sont formels : « accueil chaleureux et agréable, plats bien mijotés et particulièrement savoureux, cuisine simple et généreuse », etc.
L’assiette à soupe reçoit quelques minutes plus tard un chaud liquide, savoureux en bouche et fort agréable au niveau de la texture, avec des morceaux de potimarron, un potage maison, en mode velouté. Avec un peu de persil par-dessus, c’est excellent et cela réchauffe le palais. Dommage que la soupière ne reste pas sur la table, on en aurait presque repris une seconde assiette !
Mais, très vite, Aude revient vers la table avec une grosse cocotte. Celle où a mijoté durant plusieurs heures sans doute un copieux bœuf bourguignon, agrémenté d’une multitude légumes typiques du jardin : carottes, pommes de terre, navet, et même, particularisme étonnant, la présence de radis noir !
Une pause obligatoire pour renouer avec l’esprit d’antan !
Une vraie recette de grand-mère que nous propose là la jeune femme, dont le sourire ne s’efface pas de son visage et qui, on le sent bien, est une perfectionniste dans l’âme et dans la qualité de l’accueil. Soucieuse du moindre détail sur la table. Certaines (elles sont peu nombreuses), sont encore décorées des éléments de Noël. A l’autre extrémité de la salle, une grande tablée offre un moment privilégié pour des agapes réconfortantes après sans doute une matinée passée dans les bois aux représentants de l’ONF (Office National des Forêts) du cru qui sont satisfaits également des recettes du jour !
Une belle part de tarte aux pommes maison, servie avec de la crème chantilly en bombe – de cela, on aurait pu s’en passer sauf pour les inconditionnels ! -, ponctuera le repas de manière fruitée et sucrée. Tout ceci ayant été arrosé fort logiquement par le vin du terroir : le coulanges, dont on ne présente plus la subtilité en matière de goût. En sus, le thé au jasmin bien chaud, servi à la théière par l’hôtesse des lieux et hop, on ne peut que recommander la pause obligatoire dans cette petite auberge qui mérite amplement le détour, si ce n’est de programmer la réservation pour découvrir un nouveau talent dans le paysage culinaire de l’Yonne.
Pour une addition à 17,50 euros, on ne va pas bouder son plaisir d’y retourner une autre fois, ne serait-ce pour se sustenter de l’une des spécialités de la patronne de l’établissement, son chou rouge aux lardons cuit au vin ! Déjà un régal juste à l’évocation !
En savoir plus :
Auberge La Maison Roger
Restauration traditionnelle sur place ou à emporter
Ambiance familiale
Salon de thé
Ouverture du mardi au vendredi de 12h à 14h30,
Possibilités à la demande et sur réservation le soir
26 Rue André Vildieu à Coulanges-sur-Yonne.
Thierry BRET
Et voilà une nouvelle élection qui devrait faire du bruit et provoquer de la surenchère en termes de revendications en ce premier mois de l’année ! Celle des Chambres d’Agriculture, où l’alliance de la FDSEA (Fédération départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et des JA (Jeunes Agriculteurs) domine largement son sujet en présidant près d’une centaine de ces organes consulaires en France. Mais, la Confédération Paysanne (orientée à gauche) et la Coordination Rurale, plutôt marquée à droite, veillent au grain. Des grains de sable supplémentaires qui pourraient perturber la bonne marche du gouvernement ?
Lundi 30
Accompagné d’un aéropage de ministres, François BAYROU est enfin arrivé à Mayotte. Avant, il ne pouvait pas y aller, il avait « aqua-poney » dans sa bonne ville de Pau ! Le ministre de l’Intérieur Bruno RETAILLEAU avait déjà fait le voyage, au lendemain du passage du cyclone « Chido », suivi du Président de la République. Marine Le PEN pour sa part, devant suivre en fin de semaine. Elle y sera sans doute mieux accueillie que son prédécesseur : Mayotte ayant voté pour elle à 59 % au second tour de la dernière présidentielle. Mais par-delà la symbolique, quelle portée réelle pour toutes ces visites mobilisant par ailleurs un nombre important de forces de l’ordre qu’il serait sans doute plus judicieux de déployer ailleurs sur le terrain, au service des populations ? Que subsistera-t-il dans quelques années de toutes ces déclarations, de toutes ces promesses de « reconstruction » et autres « réponses concrètes » ? Avant de reconstruire encore faudrait-il construire… Devenu le 101ème département français le 31 mars 2011, l’île connaissait avant le passage dévastateur du cyclone, un taux de chômage de 37 % et un niveau de vie sept fois plus faible qu’ailleurs en France, accusant ainsi près de 60 ans de retard sur le niveau national, pour un PIB par habitant de 8 800 euros, soit 30 % du niveau moyen des pays de l’UE. Département le plus pauvre de France, qui connut en mai dernier une épidémie de choléra et dont 30 % des habitants ne sont toujours pas raccordés à l’eau…
Mardi 31
« Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas… ». Il y a tout juste trente ans, pour ses derniers vœux à la Nation, François MITTERRAND se savait condamné. Il concluait ainsi son allocution, allusion à peine voilée à sa mort prochaine. Des mots d’adieu emprunts de spiritualité, entrés aujourd’hui dans l’Histoire, dont même ses adversaires les plus farouches reconnurent la solennité. Pas certain que l’intervention d’Emmanuel MACRON ce soir, mis à part un timide mea culpa sur la dissolution de juin dernier connaisse pareille destinée !
Mercredi 01
Que ce soit au fauteuil de la présidence départementale, comme après une course effrénée dans l’aéroport d’Istanbul pour prendre la correspondance pour Paris, que ce soit attablé devant une entrecôte taille XXL au concours charolais d’Avallon, ou lançant un ban bourguignon lors de la journée Yonne au Salon de l’Agriculture, que ce soit sur une selle de vélo ou à Bakou, saluant la Première dame d’Azerbaïdjan, Patrick GENDRAUD savait manier l’élégance en toutes circonstances, dans le verbe comme dans le geste… Le président du Conseil départemental et ancien maire de Chablis s’est éteint à 72 ans, après avoir lutté contre cette foutue maladie que l’on dit longue, faute de trouver les mots… A l’instar de son mentor Jacques CHIRAC, rencontré à l’adolescence, il aimait les gens, condition sine qua non pour entrer en politique comme se plaisait à dire le député de Corrèze d’alors. Manifestant tout au long de son parcours d’élu, le plus grand respect pour ses adversaires. Chose suffisamment rare pour être saluée, dont maints acteurs de la vie politique locale devraient bien s’inspirer !
Jeudi 02
C’est un mantra bien rôdé, empreint de sincérité ou non, immuable et inusable, que l’on se répète sur tous les tons depuis 24 heures… « Bonne année et meilleurs vœux ! » Les plus prudents n’omettant pas généralement d’y rajouter ce précieux avenant « et surtout la santé ! » Comme chaque début d’année, je ne peux m’empêcher de penser à ces rêves du grand Jacques BREL formulés un soir de Nouvel An 1968 : « Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir, et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns, je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer, et d’oublier ce qu’il faut oublier, je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences, je vous souhaite des chants d’oiseaux et des rires d’enfants… » Que rajouter à cela ?
Vendredi 03
Premier marronnier 2025 pour les chaînes d’info en continu : l’arrivée à pied du Premier ministre et de son équipe gouvernementale à l’Elysée pour le traditionnel premier Conseil des ministres de l’année. Un exploit sans pareil à en juger par la centaine de mètres nécessaires pour accomplir le trajet depuis le ministère de l’Intérieur, place Beauvau ! Avec pour seul public les nombreuses forces de l’ordre présentes sur le parcours, les Parisiens étant dans le même temps interdits de trottoirs… Pour l’exercice de proximité au plus près de la population, on repassera ! Pauvres ministres, toujours privés de sacoches ou porte-documents, obligés de déambuler avec un simple dossier en carton, voire des feuilles volantes, sous le bras pour faire sérieux et témoigner de leur travail…
Samedi 04
Aussi belles soient les images et sympathiques les concurrents, au premier rang desquels la lumineuse Violette DORANGE, la surmédiatisation médiatique, que ce soit à la TV ou sur les réseaux sociaux des concurrents du Vendée Globe n’est-elle pas préjudiciable à la perception que l’on se fait de la course au large… ? Invitation à partager un petit-déjeuner en plein océan, direct au journal de 13 heures, bateau traçant sa route filmé par drone, rencontre avec des baleines…, plus rien aujourd’hui ne relève du secret et de l’intime. Le monde de l’image et de la « com » est désormais omniprésent, au détriment de l’imaginaire que l’on se forgeait à partir d’une simple position sur le globe… Pas certain qu’un « taiseux » comme TABARLY aurait encore eu sa place en pareille course…
Dimanche 05
Bientôt les élections dans les Chambres d’agriculture. Si l’alliance FNSEA-JA y règne quasiment sans partage depuis plusieurs décennies, et préside aujourd’hui 97 instances consulaires sur tout le territoire, contre une à Mayotte pour la Confédération paysanne (marquée à gauche) et trois pour la Coordination rurale, cette dernière entend bien lui contester pareille hégémonie. Deuxième syndicat agricole par le nombre d’adhérents, marquée très à droite, la CR a ainsi appelé ce soir ses sympathisants à « monter sur Paris » pour y mener une série d’actions sur fond de colère contre le traité de libre-échange entre l'UE et les pays du Mercosur. La campagne est lancée et nul doute que d’ici le 31 janvier prochain, la surenchère sur le terrain sera de mise. L’enjeu est d’importance et le vainqueur aura tout loisir de faire couler le champagne mais en attendant, gare aux bouchons !
Dominique BERNERD