Elles ont quasi disparu de nos bords de routes départementales et nationales, elles aussi, avec leur dénomination passée par pertes et profits. On se demande bien pourquoi. Qui ça ? Je veux parler de nos auberges traditionnelles, hélas. Terrassées par l'autoroute, les fast-foods graisseux et autres sandwichs triangulaires. C'est triste pour un pays encore défini, mais pour combien de temps encore, contrée de la Gastronomie…
ROSOY : Mais tout espoir n'est pas totalement perdu. Il en demeure encore quelques-unes. Des vaillantes, des volontaires et forcément, des courageuses. Au sud de Sens, à Rosoy, « L'Hélix » est de celle-ci. Cet hôtel-restaurant à la façade rougeoyante apparaît dans un virage pour le moins accueillant. Au siècle dernier, cela s'appela « Le Bon Abri ». Sous la férule d'un couple dynamique et travailleur, l'établissement s'est modernisé.
Dernier virage culinaire en date : la création récente d'un bouillon. Quesako pourra-t-on répliquer ? A l'instar du bouchon lyonnais (les vrais comme de bien entendu), le terme de « bouillon » résonne plutôt favorablement, lorsque l'on évoque les restaurants. La création des bouillons remonte au XIXème siècle sous le Second Empire. Petits restaurants bon marché, créés à Paris tout d'abord, l'on y servait initialement à la portion du bouillon accompagné de bœuf bouilli. Depuis lors, l'Yonne coula sous le Pont-Neuf et les cartes s'y sont un peu allongées ! L'œuf mayo cohabite avec le céleri rémoulade et le cervelas en salade, tandis qu'en plat, bœuf gros sel ou lieu noir meunière revigorent fort légitimement le convive.

Un œuf mayonnaise franc du collier !
Bon marché, tel est le cas, car bien des années plus tard, ici le menu (entrée, plat, dessert) oscille entre 19 et 21 euros, selon les mets choisis. Combien coûte une immangeable pizza industrielle ou une formule « X » ou « Y » chez « Burger » machin ? Au bouillon rosaltien, la cuisine est faite sur place, avec des produits bruts.
L'œuf mayo y est servi à 2,90 euros. Quant aux poireaux vinaigrette, c'est un euro plus cher ! Il y a aussi la terrine du moment, voire les six escargots. L'œuf mayo est franc du collier, accompagné pour saucer d'un pain de bonne qualité. Sur les œufs, on n'aurait pas boudé un rien de persil ciselé, mais bon ! Les poireaux vinaigrette sont très joliment dressés, et la sauce y est des plus onctueuses : 3,90 euros, rappelons-le.... Une très bonne entrée.

Le « parmentier » de canard nous fait de l’œil !
En plat, entre la saucisse et sa purée de pommes de terre, sauce échalotes, et la cuisse de poulet sauce suprême, agrémentée de son riz, trône la tête de veau à l'ancienne, sauce ravigote (9,90 euros). L'abat emporte les suffrages, en ce mois des produits tripiers, hommage mérité s’il en est au cinquième quartier. L'assiette, servie chaude, a de la gueule, et le plat de la mâche. La sauce complète parfaitement le tout et ravit légitimement tout amateur de triperie. On en profite pour saluer les sympathiques frangins MAGNONI, dernier tripier icaunais de nos marchés. Il y manque - éventuellement - un peu de persil ciselé, histoire d'y ajouter un brin de couleur. Autour de nous, ça se régale, aussi. Quant au « parmentier » de canard, accompagné d'un ramequin de salade, il semble nous faire de l'œil ! Allez, ce sera pour la fois prochaine…

En dessert, les classiques sont là aussi. Le flan pâtissier est bon, il est accompagné de l’inutile « chantilly » en bombe : il paraît que c'est la mode ! La mousse au chocolat possède une vraie texture, c'est déjà ça, mais de surcroît, elle est fort bonne.
L'addition, parlons-en. A deux, entre l’apéro servi plus une petite bouchée, et le menu, ci-dessus, une bouteille d'un côte du Rhône très honnête et deux cafés : c’est 60,20 euros. Bravo à nos aubergistes pour ce très bon rapport qualité-prix. En conclusion : venez nombreux !

En savoir plus :
L'Hélix
52 RN6
89100 ROSOY
Tel : 03.86.97.92.10.
Formule bouillon le midi, du mardi au vendredi inclus. Stationnement facile.
Gauthier PAJONA

En dépit d’un ciel capricieux, la 77ème Fête des Vins de Chablis a tenu toutes ses promesses, rassemblant vignerons, élus, visiteurs et autres amoureux du chablis, autour d’un terroir d’exception. Entre tradition, discours inspirés, dégustations et bans bourguignons, le village a une fois encore vibré au rythme de son vignoble légendaire.
CHABLIS : C’est en 1949, au sortir de la guerre, que Chablis célébrait pour la première fois ses vins, symbole du renouveau après les années noires du phylloxéra. Soixante-dix-sept ans plus tard, la tradition perdure et chaque dernier week-end d’octobre, le village tout entier se transforme en temple de la convivialité, entouré de coteaux flamboyants sur lesquels l’automne a jeté un voile doré. A peine 10 heures et déjà beaucoup de monde en ce dimanche matin, le marché bourguignon faisant comme à son habitude le plein de visiteurs. Une effervescence mise en musique par la fanfare des « Enfants de Chablis », dont les accents cuivrés ont eu tôt fait de lancer le défilé. La pluie menace et il faut faire vite, le pas est alerte et cadencé ! En tête de cortège, le parrain du millésime 2025, Jacques BONNAFÉ fait le show, mimant un défilé militaire… On a connu soldat plus discipliné ! La fanfare doit évoquer chez l’acteur quelques souvenirs, lui qui était au générique du film éponyme d’Emmanuel COURCOL, au succès populaire incontesté, avec plus de 3 millions de visiteurs. Ça bouchonne un peu en traversant les allées du marché mais on n’est pas à Chablis pour rien et le « bouchon » a tôt fait de sauter !
Une météo maussade pour taquiner Bacchus !
Cette année, la prudence était de mise et la météo maussade a contraint les organisateurs à se replier à l’heure des discours et intronisations, sous un podium, plutôt que sur le traditionnel perron de pierre du Château Long-Depaquit, hôte de l’évènement. Grégoire GAUTHERIN, nouveau président de l’Office du chablis a ouvert la cérémonie, saluant un vignoble unique par sa typicité : « ici, la vigne n’est pas seulement une culture à part entière. Elle façonne nos paysages, notre économie, notre esprit. Le nom de Chablis résonne bien au-delà de nos frontières. Porté par des vins d’exception, il est reconnu dans le monde entier… ». S’engageant à poursuivre l’aventure « dans le respect de nos valeurs avec l’envie de faire rayonner toujours plus haut le nom de Chablis… ».
A seulement vingt ans, il succède à Patrice VOCORET, chaleureusement remercié pour avoir su donner un nouvel élan à la manifestation, en la jumelant avec le « Marathon de Chablis », comme l’a rappelé Marie-José VAILLANT, maire de la commune : « ton idée de jumeler ces deux festivités à caractère international était tout juste géniale ! L’une et l’autre sont si différentes mais tellement complémentaires… ».
Tout en taquinant le Dieu du vin d’un clin d’œil météorologique : « on aurait pu croire que cette fête était bénie de Bacchus mais ce matin, il doit être fatigué de son samedi ou perturbé par le changement d’heure ! ».

Le meilleur ambassadeur de l’Yonne, le chablis !
Les représentants du Département, de la Région et du Sénat ont tour à tour souligné le rôle moteur du vignoble dans l’économie locale et son rayonnement international. Pour Christophe BONNEFOND, vice-président du Conseil départemental, « Chablis est une pépite que nous dégustons sans modération… ». Son homologue à la Région, Nicolas SORET, mettait en avant les efforts engagés pour adapter la viticulture aux défis climatiques, notamment à travers le projet de recherche « Canopée ». La sénatrice Dominique VÉRIEN, insistant pour sa part, sur la « mission d’ambassadeur » que portent les élus et les vignerons, narrant avec fierté comment elle promeut les vins de l’Yonne jusqu’au Canada. Ambiance à la fois protocolaire et joyeuse, comme lorsque le Président de la 77ème Fête des Vins, l’acteur Nicky BARBOT, visiblement conquis, a lancé un ban bourguignon, repris par toute l’assistance : « partout où je vais, à New-York, à Tunis, en Afrique du Sud, tout le monde connaît Chablis et tout le monde dit que c’est le meilleur vin du monde… ». Nul doute qu’avec de tels propos, il a déjà son billet en poche pour revenir en qualité d’invité !

Le chablis vin des rois ? Non, le vin roi !
La marraine de l’édition, Sandrine QUÉTIER a remercié une fois encore les Chablisiens pour leur accueil chaleureux, « nous avons dégusté, beaucoup et marché, un peu ! ». Son complice Jacques BONNAFÉ concluant à sa manière avec un savoureux accent « ch’ti » : « j’dois vous dire, à un moment, faut tomber l’masque ! J’suis pas vraiment du Sud et plutôt habitué à la bière… Mais ici, on apprend vite ! ».
Et à voir les visages quelques peu « fatigués » au lendemain du banquet de la veille au soir, certains sont meilleurs élèves que d’autres ! On attribue à Rabelais ce dicton : « Jamais Homme noble ne hait le bon vin » Une maxime qui sied bien à Chablis et à ses vins, auréolés depuis longtemps de leurs lettres de noblesse. « Chablis vin des rois »…? Non ! Le « vin roi » !
Dominique BERNERD
Dans ce haut lieu du patrimoine viticole qu’est le site du « Petit Pontigny », le vignoble chablisien a célébré samedi matin son nouveau millésime en présence de nombreux ambassadeurs et amoureux de l’appellation. Avec, pour le porter sur les fonts baptismaux, une marraine et un parrain de choix en la personne de l’animatrice télé, comédienne et musicienne, Sandrine QUÉTIER ainsi que du comédien et homme de théâtre Jacques BONNAFÉ. Une 77ème édition marquée par le passage de témoin entre Patrice VOCORET et le jeune vigneron Grégoire GAUTHERIN, nouveau président de l’Office de Chablis.
CHABLIS : Depuis plusieurs années, il était de coutume que la commune où doit se dérouler la Saint-Vincent tournante du Chablisien, accueille en parallèle la cérémonie du baptême du millésime. L’édition 2025 a mis à mal cette tradition et ce moment phare de la Fête des vins s’est déroulé à Chablis, en ce lieu hautement symbolique qu’est le « Petit Pontigny », « âme monacale d’un vignoble d’exception » selon le « grand architrave » de la Confrérie des Piliers Chablisiens, Yvon VOCORET. On y trouve également le siège du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) et de la Cité des Climats et Vins, dont le responsable, Damien GUERAULT, confiait avoir vécu quelques sueurs froides aux premières heures de la matinée, lorsque la pluie fit disjoncter la sonorisation. Mais, on ne peut pas avoir œuvré pendant des années à la réussite des marchés de Noël aux Caves de Bailly sans un petit côté « Mac Gyver » et à 10h30, tout était rentré dans l’ordre ! La cérémonie pouvait commencer, profitant d’une accalmie bienvenue de « Dame météo » !
Passation des pouvoirs entre Patrice VOCORET et Grégoire GAUTHERIN
L’édition 2025 restera celle du renouveau : après vingt et un ans à la présidence de l’Office du chablis, Patrice VOCORET a passé le flambeau à un jeune vigneron de vingt ans, Grégoire GAUTHERIN, symbole d’une nouvelle génération prête à continuer de défendre haut et fort, les couleurs du vignoble. Certes, la verve et la faconde de son prédécesseur ne sont pas encore de mise, mais si « Paris ne s’est pas faite en un jour », Chablis non plus !
Première prise de parole en public pour le nouveau président qui a su maîtriser l’exercice, rappelant toutes les promesses de ce millésime 2025 : « un bel équilibre et de bonnes conditions sanitaires mais qui se sont vite dégradées. Qualité et quantité sont au rendez-vous, ce qui change bien évidemment, du millésime précédent, particulièrement compliqué… ».
Première également pour Xavier GARNIER, président de la prochaine Saint-Vincent tournante du Chablisien, qui se déroulera à Ligny-le-Châtel, les 07 et 08 février 2026. Un village de tradition viticole, devait-il rappeler, « même si l’appellation chablis ne date que de 1976, pour une surface de 40 ha, au nord du vignoble, exploité par une dizaine de vignerons… ».

De la poésie et des envolées lyriques pour la mise en bouteilles !
Mais que serait un baptême du millésime, sans l’épreuve redoutée de la mise en bouteilles ! Deux premiers échantillons scellés « à l’ancienne », avec une machine à boucher ancestrale. La marraine 2025, Sandrine QUETIER, s’en est sortie avec brio, sous les applaudissements et le regard admiratif de l’ancien maître de cérémonie, Patrice VOCORET, évoquant en aparté avec son voisin, l’acteur Nicky MARBOT, président de cette 77ème Fête des vins, l’idée de rajouter l’an prochain le « maniement d’une cireuse » pour pimenter l’exercice !
Quant à son alter ego masculin, Jacque BONNAFÉ, force fut de constater la « supériorité » en la matière de sa partenaire, usant pour l’occasion d’une verve poétique dans un hommage à la profession à la manière d’un « gars du ch’Nord » » : « Grand Dieu ! Quel métier d’galère que d’être vigneron ! Toujours à gratter la terre en toutes saisons… ».
Ne restait plus aux deux héros du jour qu’une ultime épreuve gouleyante très « chablisienne », avant de se voir remettre le précieux ruban or et vert, symbole de leur intronisation au rang de stylobate au sein de la confrérie des Piliers. L’occasion là encore, pour le nordiste fidèle au cinéma d’auteur, d’une envolée emphatique à la gloire des trésors du cru : « Arômes délicats et pénétrants de fleur d’églantine je dirai, avec une pointe de pivoine et de violette très pure ! Un nez qui développe miel et pâte de coing. Un chant vibratoire intense qui d’emblée, t’emmène dans le cosmos ! Le chardonnay, c’est de la fibre quantique, il faut en écouter les racines et le chant des profondeurs… ».
Fermez le ban ! Face à tant de lyrisme, Sandrine QUÉTIER a fait le choix de la sobriété : « maintenant que le vin est tiré, il faut le boire ! ».
La messe était dite et le public a eu tôt fait de mettre en pratique le précieux conseil en s’empressant d’aller déguster la cuvée spéciale préparée toute spécialement pour la prochaine Saint-Vincent. Avec cette ultime recommandation et ce trait d’humour du « Grand Architrave » : « profitez bien de la fête ! On dit toujours avec modération, mais c’est un mec qu’on ne connaît pas, alors faites comme vous le sentez ! ».
Dominique BERNERD

La filiale jardinerie du groupe « 110 Bourgogne » a le vent poupe ! Et cela n’a rien à voir avec la dégradation des conditions météorologiques que l’on nous promet ces jours-ci avec l’arrivée imminente de la tempête « Benjamin » ! Bien au contraire, le zéphyr qui souffle au sein de « NATIVERT » est plutôt positif et très réconfortant. En intégrant onze magasins supplémentaires au sein de son réseau « GAMM Vert », le groupe « 110 Bourgogne » renforce ainsi son ancrage territorial sur ses départements de prédilection que sont la Côte d’Or, le Cher, le Loiret, la Nièvre, la Seine-et-Marne et l’Yonne…
AUXERRE : Voilà une excellente nouvelle qui vient de tomber auprès des rédactions régionales ! Elle est relative à l’intégration de onze vitrines commerciales supplémentaires au sein de la filiale jardinerie du groupe « 110 Bourgogne », « NATIVERT », via son enseigne bien connue de la population férue de jardinage, « GAMM Vert ».
« L’acquisition de ces onze nouveaux magasins se traduit comme une très belle reconnaissance du professionnalisme et du savoir-faire des équipes de notre groupe, précise par ailleurs le communiqué de presse, adressé par le service communication de la coopérative pour expliquer les tenants et aboutissants de ce renforcement de capacité offert au pôle jardinerie grand public du groupe.
Déjà en 2023, la filiale du groupe « 110 Bourgogne » voyait son nombre de magasins progresser, après l’acquisition de cinq structures. La poursuite de cette stratégie de développement s’est donc renforcée au fil de l’exercice 2025 ; désormais, avec cette optimisation de croissance, « NATIVERT » dispose d’une force de frappe commerciale très appréciable et opérationnelle dans la contrée, portant à 34 le nombre de jardineries sous enseigne « GAMM Vert », réparties sur un nombre de six départements : la Côte d’Or (2), l’Yonne (11), la Seine-et-Marne (5), la Nièvre (8), le Cher (5) et le Loiret (3).
Contribuer au dynamisme économique local en zone rurale
Le positionnement stratégique de la structure est simple : mettre en exergue des valeurs commerciales qui lui sont propres autour de la proximité géographique et humaine – privilégier des surfaces de vente à taille humaine en milieu rural -, prodiguer conseils et services à la clientèle, véhiculer l’image de l’authenticité en optimisant la qualité des produits qui y sont commercialisés, rendre la clientèle responsable face aux grands enjeux de la préservation de la nature et de l’environnement.
En outre, sur le volet purement sociétal, « NATIVERT » fait le choix d’élargir son réseau de jardineries afin de contribuer au dynamisme économique régional, tout en répondant aux attentes croissantes en matière de consommation responsable et de services de proximité.
Quant à la valorisation des productions locales issues du savoir-faire de nos agriculteurs, elle est entière. Les clients fréquentant l’enseigne bénéficient aussi d’un accompagnement dans tous leurs projets de jardinage, d’autoproduction et d’aménagement extérieur.
Plus de 1 600 adhérents au sein de la coopérative
Rappelons qu’à l’intérieur de ces magasins, le consommateur s’immergera parmi quatre univers de produits complémentaires : le jardin et le potager, l’animalerie, le terroir et les vêtements dédiés à cette activité externe, parmi les préférées des Français, que représente aujourd’hui le jardinage.
A date, la coopérative « 110 Bourgogne » compte environ 1 600 adhérents répartis sur les départements de l’Yonne, la Côte d’Or, la Seine-et-Marne et la Nièvre. Elle possède plusieurs filiales : « 110 Vigne » sur les vignobles du Chablisien et de l’Auxerrois, SOREAL, spécialiste de la nutrition animale et « NATIVERT » qui est positionnée dans le domaine des jardineries grand public.
On retrouve les nouveaux magasins intégrés au réseau « GAMM Vert » à Corbigny (Nièvre), Cosne-Cours-sur-Loire (Nièvre), Moulins-Engilbert (Nièvre), Decize (Nièvre), Orval (Cher), Saint-Satur (Cher), La Guerche (Cher), Aubigny- sur-Nère (Cher), Ladon (Loiret), Bonny-sur-Loire (Loiret) et Tavers (Loiret).
Thierry BRET
Même s’ils ont rongé leur frein avec impatience et ont connu des sautes d’humeur il y a peu, les agriculteurs attendaient la nouvelle depuis très longtemps. Le premier jour où le versement des avances de la PAC (Politique Agricole Commune) serait enfin effectif. Une annonce correspondant à une bouffée d’oxygène salvatrice pour celles et ceux des professionnels qui souffrent du contexte économique particulièrement âpre pour leur filière et leurs revenus. C’est la ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Souveraineté alimentaire, la Franc-comtoise Annie GENEVARD, qui est venue porter l’excellente nouvelle en terre de l’Yonne lors d’une courte visite dans une exploitation céréalière et viticole, il y a peu.
QUENNE : Dès la sortie de son véhicule au coloris ébène stationné dans la cour de l’exploitation agricole, où elle a été accueillie par le représentant de l’Etat, le préfet Pascal JAN vêtu de ses plus beaux atours, elle affiche le sourire des grands jours, la ministre à l’estampille LR, reconduite quelques jours plus tôt dans ses fonctions au sein du gouvernement LECORNU II ! Arrivant de Paris et se rendant ensuite sur ses terres de prédilection dans le département du Doubs, la franc-comtoise Annie GENEVARD n’a pas manqué son rendez-vous biffé sur son agenda avec les professionnels des secteurs agricoles et viticoles du cru, réunis en ces lieux, au cœur du domaine THIBAUT, pour faire sensation, notamment au niveau de ses annonces officielles. Porteuse de bonnes paroles, la représentante du gouvernement devait immédiatement évoquer l’objet de cette visite quasi surprise, connue des services de la préfecture la veille au soir ! Le versement des avances de la PAC, la fameuse Politique Agricole Commune, sous l’égide de l’Europe !
Une manne financière de plus de 4,6 milliards d’euros
En ce jour, soit le 16 octobre, cela correspondait au premier jour de versement desdites avances pour la profession agricole.
« Dans cette exploitation comme dans bon nombre d’entre elles, les agriculteurs sont satisfaits, déclara en guise de préambule une interlocutrice affable et souriante, ils vont pouvoir améliorer leur trésorerie au moment où le secteur souffre de nombreuses crises, qu’elles soient climatiques et budgétaires. Le versement de ces aides PAC est crucial pour les exploitants… ».
Face aux caméras et micros tendus par une belle brochette de journalistes, dont les représentants de « CNews », la ministre évoque la promesse qu’elle avait faite à l’ensemble de la corporation.
« Il y a un an, poursuit-elle, j’ai souhaité que l’on puisse délivrer les aides PAC dans une proportion importante plus que l’Union européenne ne le permette à un très grand nombre d’exploitants agricoles, c’est-à-dire 97,5 % de bénéficiaires qui pourront profiter de ces aides versées dans un intervalle de quelques jours… ».
Dans le concret, ce sont 4,680 milliards d’euros qui vont ainsi alimenter les comptes bancaires des professionnels. Une manne financière importante pouvant aider la filière à préparer avec davantage de sérénité les prochaines campagnes agricoles.
« Ce niveau de versement en volume et en nombre de bénéficiaires est une première, insista l’oratrice, nous avons décidé de le délivrer même quand l’exploitant est en contrôle, afin d’éviter les blocages… ».
Bien sûr, comptablement il s’agit là d’une avance, le solde étant versé un peu plus tard d’ici la fin de l’année. Un engagement pris par Annie GENEVARD à la veille de la nouvelle campagne. Elle ajoute : « on dit les choses, on les fait et on vient vérifier sur le terrain que le dernier mètre est bien franchi… ».
Elle n’en oubliera pas de remercier au passage les services de l’Etat qui ont pu procéder au versement de ces aides. « Cela est possible grâce à l’engagement des agents de l’Etat, souligna-t-elle, et au moment où nous allons renégocier la PAC, on s’aperçoit que ce dispositif est une politique indispensable pour la préservation du tissu agricole français et européen ; ce n’est pas une aumône que l’on verse, c’est une juste contribution de l’effort national et européen à des agriculteurs qui remplissent des fonctions absolument essentielles à la souveraineté alimentaire de notre pays ».

Défendre le principe de la PAC bec et ongles
Une PAC qui était considérée comme une politique d’avenir selon le prédécesseur de l’actuelle ministre, le nouveau député Républicain à l’Assemblée nationale, Michel BARNIER. Un sujet qui devrait occuper dans les mois à venir Annie GENEVARD. Puis, se voulant encore plus convaincante auprès des médias, elle renchérit : « tous ceux qui considèrent que la contribution de la France à la PAC est trop importante au budget européen, risqueraient de mettre en grande difficulté nos agriculteurs… ».
Une Annie GENEVARD bien décidée à défendre bec et ongles la PAC pour que celle-ci demeure suffisante dans son budget et son autonomie décisionnelle.
« C’est un combat fondamental, explique-t-elle, plusieurs pays ont déjà signifié à la Commission européenne qu’ils n’étaient pas satisfaits de la première mouture de la PAC, car une partie n’est plus commune alors que des défis considérables sont devant nous à gérer en commun, avec par exemple le défi du renouvellement des générations, l’adaptation au changement climatique, la réponse aux crises sanitaires. Il est indispensable que sur ces sujets, nous puissions mener une politique coordonnée comme cela s’est fait par le passé. Le niveau d’efficacité des politiques européennes est de se concentrer sur les priorités en soutenant la vie rurale, assurer la sécurité alimentaire et c’est l’enjeu le plus important, celui de la souveraineté alimentaire où il faut pouvoir se nourrir… ».
Une souveraineté alimentaire qui fait écho dans la bouche de la ministre à la « souveraineté militaire » où il faut pouvoir se défendre.
Prenant l’exemple du département de l’Yonne, située dans une zone intermédiaire, Annie GENEVARD fit ensuite une démonstration de la répartition de cette PAC selon des critères spécifiques d’une grande technicité. « J’ai souhaité que l’on puisse améliorer les aides aux zones intermédiaires qui en ont un grand besoin, confirma-t-elle.

Les accords du MERCOSUR dans l’œil du cyclone
Naturellement, le porte-voix du gouvernement ne put éluder l’inévitable question se rapportant à la position de la France face au MERCOSUR, ce fameux marché commun comprenant plusieurs pays de l’Amérique du Sud à l’instar de l’Argentine ou du Brésil.
« C’est le plus grand accord de libre-échange jamais conclu, observa-t-elle, à date, le projet d’accord a été signé par Ursula Von Der LEYEN, présidente de la Commission européenne, mais cet accord ne nous convient pas du tout. Il exacerbe la concurrence que nous jugeons grave et préoccupante à la fois pour les volumes engagés à l’export et aussi parce que les modes de production ne sont pas du tout exigeants comme les nôtres… ».
Un projet d’accord qui ne trouve pas grâce aux yeux des Français, mais également des Polonais, des Hongrois, des Autrichiens, des Roumains, des Irlandais, des Belges ou des Italiens !
« Nous avons obtenu une clause de sauvegarde qui s’appliquerait en cas de crise de déséquilibre des marchés avec la possibilité de mettre des freins d’urgence (c’est ce que nous avions fait avec l’Ukraine) afin de préserver nos propres productions. Mais, il faut encore que les pays du MERCOSUR acceptent cette clause… ».
Quant au respect de la réciprocité des normes de production, c’est le point d’achoppement entre les deux futurs partenaires ! A ce propos, Annie GENEVARD élève quelque peu le ton : « il n’est pas normal que la viande importée ait été élevée aux antibiotiques interdits en France, aux hormones de croissance, que des productions végétales qui ont été traitées avec des substances interdites en France et en Europe inondent notre marché… ».
Un combat que la ministre de l’Agriculture entend bien mener, certes en France et en Europe, mais surtout à l’international. Elle ne manquera pas de faire référence aux droits de douane !
Sur le dossier de la DMC, pathologie très grave, Annie GENEVARD considère qu’il faut un traitement rapide, radical, assurer la détection des foyers infectés, et procéder à la vaccination obligatoire, de véritables mesures de sécurité. « Cette stratégie fonctionne mais il faut faire montre de rigueur dans les exploitations et interdire tous les déplacements des bovins… ».
Quant à la prolifération du loup, sujet de prédation que connaît bien visiblement la ministre, il est nécessaire de protéger l’espèce même si le niveau de protection a évolué au fil du temps et en y apportant des nuances.
« Il faut veiller à ce qu’il y ait un bon état de conservation de l’espèce, propose-t-elle, mais il faut aussi protéger nos éleveurs et le pastoralisme. Il faut protéger les cheptels. J’ai vu sur mon territoire la détresse des éleveurs face aux dégâts occasionnés par le loup. Il y aura des avancées dans la gestion de la prédation, j’y travaille de très près avec la préfète en charge à la gestion du loup… ».
A bon entendeur salut, ce que la ministre promet à l’instar des avances financières de la PAC, elle le tient ! Moyennant quoi, le loup n’a qu’à bien se tenir envers les agneaux !
Thierry BRET