L’eau est un enjeu majeur des politiques locales. Dans l’Auxerrois, le choix d’en déléguer sa gestion à la société SUEZ pour vingt ans a depuis deux ans, suscité la colère des élus d’opposition, qui rejettent l’idée d’en confier la gouvernance au privé. Le collectif « Notr’Eau », qui rassemble des usagers de la Communauté d’agglomération privilégiant eux aussi une gestion publique de « l’or bleu », a organisé une réunion publique sur le sujet, avec comme invité, le député LFI Gabriel AMARD. Spécialiste en la matière qui, fort de son expérience, a multiplié les exemples pour démontrer les atouts que pourraient représenter pour le territoire un tel choix.
AUXERRE : Auxerre aura été la neuvième étape d’une tournée nationale entreprise par le député LFI du Rhône Gabriel AMARD pour défendre la gestion publique de l’eau. Un sujet qui est loin d’être anodin quand on sait qu’en métropole, plus de 430 000 personnes n’ont toujours pas accès à une eau potable sécurisée, qu’elle est aujourd’hui rationnée quasi quotidiennement, dans des départements d’Outre-mer comme Mayotte ou la Guadeloupe et que près d’un million de nos concitoyens n’ont pas accès à des sanitaires de qualité. Droit fondamental pour les uns, marchandise pour les autres, l’eau, ce « commun du vivant », comme l’appelle l’ancien maire de Viry-Châtillon, est au fil des années devenue l’objet de toutes les convoitises et par sa raréfaction, le défi majeur des générations futures.
« A Auxerre, on vous fait passer des vessies pour des lanternes en vous faisant croire que le sens de l’histoire, c’est d’avoir signé en 2023 un contrat pendant vingt ans avec SUEZ ! Le modèle français historique de notre patrie républicaine, c’est la régie publique communale, cela n’a jamais été SUEZ ou VEOLIA… ». S’appuyant sur des données chiffrées, le commentaire du député LFI est sans appel : « en 2010, la France comptait 34 000 services d’eau et d’assainissements, pour 12 400 contrats de délégation confiés au privé. Aujourd’hui, ils ne représentent plus que 6 380 contrats… ». Un mouvement de fond privilégiant la gestion publique et locale qui s’est accéléré ces quinze dernières années, particulièrement, dans les plus petites communes, mais également dans les grandes métropoles, à l’image de Nice, Lyon, Paris ou Avignon, toutes repassées en régie publique : « c’est pour dire que tout le monde peut y venir pour des raisons différentes. A Nice, Christian ESTROSI a fait une régie publique, il n’y est sans doute pas venu pour les mêmes raisons que moi… ».
Pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre le système !
Pour étayer son discours, Gabriel AMARD a brossé un argumentaire explicite, ironisant au passage sur le choix de la gestion de l’eau par le privé, décidé par la majorité communautaire : « ils prétendent qu’il savent tout et que ce sont de bons gestionnaires, là où vous ne seriez dans le meilleur des cas que des illuminés, voire des « bolcheviks », adeptes de je ne sais quel « gosplan » d’un monde révolu et passé, comme si budgéter les choses, les planifier en annuité budgétaire, c’était du stalinisme ! ». (Sic)
Les exemples cités par l’ancien compagnon de route du Parti socialiste, en faveur d’une régie publique, à ses yeux plus efficace et moins dispendieuse dans sa gestion de l’eau, sont multiples, à commencer par le montant de la masse salariale répercutée sur les factures : « avec le public, vous ne payez que les emplois se consacrant avec compétence pour que vous ayez une eau de qualité, là où dans le privé, sont inclus les salaires de directeurs commerciaux et régionaux… ». Selon les règles de comptabilité publique en vigueur, « il n’y a pas non plus de remontées financières vers une maison mère, pas d’impôts locaux, pas d’impôt sur les sociétés… ».
Chaque centime payé en régie publique et non dépensé, étant affecté au budget de l’année suivante. Dernier argument et pas des moindres, les investissements, dont les opérateurs privés privilégieraient le remboursement en un temps plus rapide que dans le public : « et ce, afin de s’en faire rembourser avant la fin du contrat. Je dis que c’est de la mauvaise gestion, contrairement aux règles de comptabilité publique amorties financièrement sur de longues durées. Si vous faites 10 millions d’investissements, ils coûteront moins cher au mètre cube chaque année si vous les payez en 30 ou 50 ans selon la nature de l’investissement, que si vous devez les rembourser en 10 ou 5 ans, il n’y a pas besoin de sortir de polytechnique pour comprendre ça ! ».
Plus de contrôle pour l’eau au robinet !
Quid du prix de l’eau ? Le député du Rhône milite en faveur de conditions tarifaires différenciées selon l’usage que l’on en fait, ainsi que pour la gratuité des premiers mètres cube indispensables à la survie : « est-ce que l’eau concourant à un chiffre d’affaires permettant à certains de faire du business est l’égale de l’eau dans la cuisine ou la salle de bain du domicile principal, je pense que non… ». Et d’ailleurs, le Conseil d’Etat dans sa grande sagesse, a déjà pris des dispositions en ce sens, différenciant plusieurs catégories de tarifs, à commencer par ceux s’appliquant à une résidence principale ou secondaire.
Une différenciation qu’en sa qualité de législateur, il souhaiterait voir appliquée aux industriels et au monde agricole : « je n’accepte pas que la redevance pour prélèvement d’eau dans la nature payée par les agriculteurs, soit à zéro ! Que celle payée par les industriels, le soit à des taux très bas. Aujourd’hui, la pollution non domestique est à 90 % générée par « l’agriculture industrielle », mais qui paie la dépollution ? A 70 ou 80 %, ce sont les usagers domestiques ! Il y a urgence à ce qu’il y ait un rééquilibrage et que grâce à une redevance déplafonnée, on puisse lever des moyens pour cela et c’est à la loi de finances de le prévoir… ». En réponse à une remarque sur le prix de l’eau multiplié par quinze en cinquante ans, là où le salaire médian l’a été par dix, Gabriel AMARD s’est voulu pragmatique, prônant une pédagogie citoyenne : « il faut rappeler que même multiplié par quinze, le prix de l’eau au mètre cube est à cinq, voire deux euros, là où l’achat en bouteille vous coûtera de 300 à 1 000 euros le mètre cube ! Trop de gens pensent que l’eau en bouteille ne comporte pas de polluants. On est tous dans le même jardin planétaire, mais l’eau la plus contrôlée aujourd’hui, c’est celle du robinet, pas celle de l’eau en plastique ! ».
A un an des prochaines municipales, le message de conclusion ne pouvait être bien sûr, que politique : « nous sommes en 2025 et le sujet de l’eau va être au cœur des politiques locales, s’il vous plaît, ne faites pas de ce « commun du vivant » un sujet à la marge ! Je n’ai d’autre conclusion à vous dire que s’il y en a qui ont été à ce point « scélérats » pour signer en 2023 un contrat les faisant repartir pour vingt ans avec SUEZ, je vous abjure, remplacez- les… ! ».
Un message qui à entendre nombre de personnes présentes, en la salle Anna de la Maison Paul-Bert, « coulait de source », il va sans dire !
Dominique BERNERD
Son style est difficile à étiqueter ! C’est le moins que l’on puisse dire après un premier tour d’horizon scrutateur vécu dans l’espace culturel qui accueille cette exposition jusqu’au 27 avril. Entre pop art et surréalisme. Le tout est auréolé de chaudes couleurs chatoyantes, de personnages décalés (quelques rocks stars à la légende éternelle) ou d’un curieux animal du septième art et du dessin animé qui revient sans cesse comme un fil d’Ariane ! La « Panthère Rose » ! Omniprésente et humoristique. Un personnage qu’affectionne tout particulièrement la peintre Sabine CHAPRON…
GURGY : Un hybride de pop art, un soupçon de surréalisme ! C’est le cocktail gagnant de la nouvelle exposition accueillie à l’espace culturel de la localité périphérique de l’Auxerrois à découvrir jusqu’à la fin de ce mois d’avril. On la doit à une artiste de l’Yonne qui s’émancipe à sa manière des animations collectives avec lesquelles elle a précédemment présenté ses travaux.
Accessible à tous, le pop art résonne dans son esprit comme le moyen artistique le plus compréhensible auprès du public. « Je ne veux pas cloisonner l’art à une élite, explique la jeune femme en guise de préambule, je souhaite diffuser mes œuvres auprès d’une large majorité… ».
Bon, il est certain que petits et grands s’y retrouveront à la contemplation de la quarantaine d’œuvres dévoilées à l’initiative de la municipalité et de son adjoint, féru de culture, Jean-Luc LIVERNEAUX. Sur les cimaises, on sera surpris du résultat. Mais, une chose est sûre : la compréhension sera évidente pour tous avec des regards différents selon les sensibilités. Une exposition multi-sens avec beaucoup de liberté qui rejaillit via les couleurs utilisés, les coups de pinceaux apposés sur les toiles, le choix des personnages mis en scène avec sérieux ou humour débridé.
Une « Panthère rose » qui la suit comme un fil d’Ariane
Dès ses débuts – ils remontent à quelques années à peine dans la pratique de l’art pictural -, Sabine CHAPRON se prend de passion pour l’un de ses personnages ayant sillonné notre enfance, « La Panthère Rose ». Originellement une série de huit long-métrages que l’on doit au cinéaste britannique Blake EDWARDS et à son dessinateur afin d’illustrer les génériques, Friz FRELENG, donnera naissance au fameux animal malicieux. Sur grand écran, « La Panthère Rose » n’est autre que le nom d’un magnifique diamant, convoité par les voleurs de la Terre entière. Un diamant qui est protégé tant bien que mal par le célèbre inspecteur français (dans les films), Jacques CLOUSEAU, incarné par l’irrésistible comédien anglais, Peter SELLERS. Au vu du succès rencontré dans les années 60 avec cette production cinématographique, il existera ensuite une déclinaison du fameux personnage animalier en dessin animé, agrémenté des fameuses notes de musique qui tournent toujours en boucle dans nos têtes à la simple évocation de ce standard et que Henry MANCINI a composé.
« Ce personnage m’a beaucoup plus pour son design, ajoute Sabine CHAPRON, je l’a met en scène sur mes tableaux de manière parodique en suivant le fil de mes idées. Avec des variations différentes au niveau des couleurs au moment d’Halloween où la robe de la panthère deviendra orange ou bleu ! Il n’y a pas de limite à ma créativité. C’est un peu mon avatar qui me suit… ».
La preuve, on retrouve sur l’une des toiles cocasses par son humour une « Panthère Rose » flottant en bordure de l’Yonne sur les rives de…Gurgy !
Une autre interprétation dudit félin est remarquable. On voit la bestiole grimée en sapin de Noël avec des caractéristiques de brillance sur la toile grâce à l’utilisation nouvelle de la part de la créatrice de la résine époxy.
« A la base, j’emploie un vernis spécifique acrylique huile pour donner un soupçon de brillance, souligne l’artiste, j’aime accentuer les coups de pinceaux avec deux passages du vernis de protection. Cette résine époxy lisse toutes les aspérités des tableaux et cela donne un effet carte postale, effet miroir et ultra brillant. J’expérimente aussi des toiles en 3D avec des sprays aérosols pour donner des aspects différents dans les volumes… ».
Une drôle de « Scène » avec Jim MORRISON incarné en Christ !
Née à Migennes, Sabine CHAPRON quitte l’Yonne pour rejoindre la capitale où elle y effectuera des études de commerce. Mais, elle bifurque vers le dessin et la comédie. « J’ai laissé mes désirs créatifs exploser ! Il faut croire en soi en s’emparant de ses pinceaux… ».
Membre de l’association des « 4 Arts » à ses débuts, Sabine CHAPRON vient de rejoindre en parallèle une autre structure collective, « Mouv’Art ». Des associations lui permettant d’obtenir davantage de visibilité grâce aux expositions organisées par ces deux entités.
Curieuse et imprégnée par la musique dont elle use et abuse tant pour la créativité que dans la pratique du jogging, l’artiste a rendu hommage à sa manière aux groupes ou chanteurs ayant ses préférences lors de cette exposition.
Il ne sera donc pas surprenant d’admirer les réalisations consacrées à DEPECHE MODE, les portraits très colorés de David BOWIE ou de Mick JAGGER – elle a d’ailleurs été éduquée aux ROLLING STONES par un ami photographe ayant travaillé avec les cinq musiciens originels plutôt que les BEATLES qu’elle trouve moins rock’n’roll selon elle ! -, ou de contempler une insolite fresque rappelant la fameuse « Cène » de Léonard de VINCI, une « Cène » ou l’ancien chanteur des DOORS, l’iconique Jim MORRISON, occupe la place du Christ aux côtés d’autres célébrités de la pop-music aujourd’hui passées de vie à trépas ! Un tableau qui se nomme d’ailleurs la... « Scène ».
Le carton ondulé brut sert aussi de trame pour proposer un portrait très assagi de Kurt COBAIN, le regretté chanteur de NIRVANA ou de l’interprète allemande des heures punk, Nina HAGEN. Du pop art avons-nous dit ! Réalisé avec réussite, talent et humour !
En savoir plus :
Exposition Sabine CHAPRON
Jusqu’au 27 avril 2025 à l’Espace culturel de Gurgy
Ouvert le mercredi, samedi et dimanche de 14h à 18h en présence de l’artiste
Entrée libre.
Thierry BRET
C’est un peu l’histoire du verre à moitié vide et celui du verre à moitié plein. La métaphore est troublante. Mais, ici, cela se rapporte aux droits des femmes et à l’égalité entre les deux sexes. Donc, quelque chose de très sérieux. Car, une question éthique demeure au premier quart de ce XXIème siècle : est-il normal, et ce malgré les textes de loi qui se succèdent, de constater avec profonde amertume que les représentantes de la gent féminine continuent à subir harcèlement psychique, physique, sexiste et sexuel, au quotidien dans notre société dite « civilisée » ?
AUXERRE : L’interrogation méritait d’être posée. Elle le fut en guise de préambule à cette énième assemblée générale du CIDFF de l’Yonne, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles. Une manifestation annuelle, animée par la présidente de la structure départementale, Simone PARIS. Une question prenant tout son sens dans l’un des départements de l’Hexagone où les violences conjugales et intrafamiliales sont les plus élevées chaque année. Déjà en 2024, à pareille époque, les cheveux des participants à ces travaux toujours passionnants se hérissaient sur la tête quand furent annoncés les chiffres de l’année précédente. 883 personnes vivant à Auxerre avaient été reçues par le service juridique de la structure associative, plus de 1 300 à l’échelle du territoire départemental, pour des faits mêlant étroitement violences physiques et psychologiques à caractère sexistes et sexuelles. Des faits se produisant tant dans le cercle intimiste et privé de la famille mais aussi sur le lieu de travail, avec le plus souvent des menaces verbales, pour ne pas dire plus…
Les quelques hommes présents à cette AG, suivant l’énumération de ces données peu reluisantes, se sont-ils affaissé davantage dans leur fauteuil à l’écoute de ce réquisitoire cinglant contre des représentants de leur sexe ? Simone PARIS a jeté d’ailleurs un pavé dans la mare dès le préambule de ces travaux : « Même là où l’égalité semble acquise, il faut toujours à la femme l’obligation d’en faire davantage, de devoir se justifier, conquérir sa légitimité… ». Sic !
Soutenir des femmes devenues des proies à briser psychologiquement
Heureusement que le CIDFF 89 existe ! Sinon, il aurait fallu l’inventer. La structure est précisément l’une des composantes judicieuses de l’arsenal de dispositifs destinés à faire changer les mentalités sur le sexisme et les violences envers les femmes. Et là, il y a de la besogne à produire ! Les droits des femmes à protéger en 2025 ? Ce n’est pas de l’histoire ancienne qui aurait pu concerner jadis une fougueuse George SAND ou une révolutionnaire Olympe de GOUGES ! Non, la réalité de ce siècle n’en est malheureusement que trop palpable à la lecture des chiffres et des faits cités par le brillant duo de jeunes juristes qui résume d’un trait l’exercice 2024. L’an passé, Carolane et Julie (les duettistes en question !) ont pu procéder à plus de 1 200 entretiens individualisés dont 227 relevaient de sujets gravissimes autour des violences sexistes et sexuelles. Il n’y a pas que dans les journaux ou à la télévision que s’étalent ainsi de sinistres faits divers où les femmes (voire leurs enfants en sus) représentent d’innocentes victimes. Des proies devenues objets de misérables convoitises…
Le droit des femmes ? Mais, de quels droits parle-t-on véritablement ? Simone PARIS l’explique lors de son intervention liminaire : « c’est aussi à travers le droit des familles, mais aussi le droit du travail, quand cela ne s’applique pas au droit des étrangers, explique-t-elle, tout cela représente nos missions premières au sein du CIDFF 89 ! ».
Certes, il existe les permanences. Utiles, précieuses et rassurantes pour toutes celles qui ne supportent plus de vivre un tel cauchemar et endurer le pire, sous le sceau du silence. Là, grâce à cet espace de communication, il est possible d’épancher son cœur. De se livrer à fond et de parler aussi éducation, prévention, santé mentale, connaissance juridique, etc. Il existe même des ateliers spécifiques proposés auprès des jeunes scolaires – il ne faut jamais omettre les enfants qui vivent dans ce genre d’univers désastreux pour leur construction -, voire destinés aux professionnels.
« C’est le 08 mars tous les jours au CIDFF 89 ! »
Rompue à l’exercice de l’assemblée générale, Simone PARIS dirige depuis plus d’une décennie ce vaisseau amiral de la protection de la femme et de l’enfance. Un navire qui aime aborder des côtes qui lui sont favorables à l’instar de ces manifestations grand public lors de la Journée internationale des droits aux femmes le 08 mars. « Chez nous, rappelle-t-elle avec un zeste d’humour, c’est le 08 mars tous les jours ! ».
Plutôt encourageant en somme pour toutes celles qui vivent dans la peur de l’autre – de leur mari, compagnon ou époux – et qui n’osent plus respirer de crainte de se voir frapper encore une fois.
« Il y a aussi le 25 novembre, ajoute l’épouse de Guy PARIS, président de la structure de réinsertion professionnelle, AMIDON 89, assis au premier rang aux côtés de l’inoxydable Jean-Luc TABOUREAU, correspondant de presse de L’Yonne Républicaine, fidèle suiveur de l’actualité de l’organisme. C’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes… ».
Alors qu’il existe à date cent trois entités de la sorte à l’échelle de l’Hexagone, le CIDFF 89 accueille aujourd’hui plus d’une vingtaine d’adhérents bien conscients des réalités que subissent les femmes au sein de leur cellule familiale.
Un téléphone pour alerter sur les dangers
Parmi les actions maitresses de 2024 pilotées par le tandem de juristes, citons « Angéla dans le Sénonais » et « Mon corps, ton corps, nos droits ». La première comme son appellation l’indique se déroule dans la partie septentrionale de l’Yonne. L’action est destinée à mettre en place et à former les acteurs volontaires d’un dispositif de lutte contre le harcèlement sur le domaine public. La seconde de ces animations se rapporte à Auxerre. Notamment dans les deux écoles du quartier Sainte-Geneviève.
Un autre aspect important se nomme selon le sigle retenu, le dispositif « TGD ». Traduction littérale : le téléphone grave danger. L’Yonne a été retenue par les instances nationales à titre expérimental. Concrètement, des téléphones sont attribués sur décision des procureurs de la République aux femmes concernées par des violences conjugales. Un précieux appareil qui, équipé d’une touche d’alerte, réagit vingt-quatre heures sur vingt-quatre et tous les jours de la semaine en étant relié aux autorités si besoin. 73 femmes en ont été les détentrices en 2023…
Côté finances, la situation demeure favorable au terme de l’exercice 2024 avec un excédent de plus de 26 000 euros dans les comptes.
« Cela nous permet de consolider notre trésorerie, souligne Simone PARIS, mais la prudence est de mise pour le nouvel exercice 2025, année de grande incertitude à plus d’un titre… ».
Puis, optimiste, elle signale que l’activité reste intense, la trésorerie est bonne et que la « boutique » est bien tenue !
Les perspectives de 2025 augurent d’une saison riche en activités avec la poursuite des actions qualifiées d’aller vers, des actions s’appuyant aussi sur les espaces France Services et les élus référents des communes rurales. La visibilité du CIDFF 89 en zones rurales est d’ailleurs revue à la hausse. Dans le Grand Sénonais, l’opération « Angéla » se poursuit avec une soixantaine de commerçants inféodés au concept. Quant à la prévention auprès du premier des publics concernés, elle continuera tout au long de cette année.
Et comme l’écrivait si bien Gisèle HALIMI, « se battre est un devoir, tendre la main aux autres femmes une responsabilité, convaincre les hommes de la justesse de la cause une nécessité… ». A se remémorer sans cesse…
Thierry BRET
Avoir comme invité de sa conférence mensuelle un ancien président de la République était sans nul doute une première pour le Cercle Condorcet auxerrois. Une soirée où François HOLLANDE, s’inspirant de son dernier essai politique, « Le défi de gouverner », a livré ses réflexions sur la gauche au pouvoir à travers l’histoire et sur cette social-démocratie qu’il appelle de ses vœux pour contrer les extrêmes et peser sur la bonne marche du monde.
AUXERRE: Il y avait du monde jeudi dernier salle Vaulabelle et c’est peu de dire que François HOLLANDE a fait « recette » ! Sympathisants ou compagnons de route d’hier ou d’aujourd’hui du Parti socialiste bien sûr, parmi lesquels l’ancien édile auxerrois Guy FEREZ, mais aussi un public venu d’horizons divers, pour un rendez-vous « républicain » avec celui qui dirigea le pays de 2012 à 2017.
Face à lui sur scène, pas moins de trois intervieweurs de renom : Pascal PERRINEAU, professeur des Universités à Sciences-Po, bien connu des habitués des « Entretiens d’Auxerre », Jean-Vincent HOLEINDRE, professeur en Sciences politiques à l’université Panthéon-Assas et président de ces mêmes « Entretiens », ainsi que la politologue et directrice de recherche au CNRS, Anne MUXEL, qui d’emblée, s’interroge : « quelle est la spécificité de la social-démocratie et pourquoi séduit-elle si peu les électeurs aujourd’hui ? ».
Le salut viendra de la bipolarisation de la vie politique française
Pour l’ancien président, pas de salut sans le retour d’une forme de bipolarisation dans la vie politique, appelant pour cela les partis qui ont longtemps pesé, à se renouveler et se réinventer : « alors que l’extrême droite reste à un niveau très élevé, qu’une alliance avec l’extrême gauche devient quasi impossible, il est plus que jamais nécessaire de reconstituer deux familles politiques, dont l’une pourrait se définir comme sociale-démocrate… ».
Une forme de pensée qui a longtemps dominé en Europe, identifiée comme « Etat providence » à même d’avancées sociales, mais aujourd’hui fragilisée : « face à des populistes, à des autocrates, la démocratie devient l’élément essentiel, mais comment faire, pour ne pas simplement la préserver, mais la « réenchanter » ? Ce sera là la grande question politique de ces prochaines années. Comment faire pour que nous puissions encore vivre ensemble, dans des sociétés beaucoup plus fragmentées, fractionnées, séparées même… ? ».
Avec la tentation pour certains, de ne parler qu’à leur électorat : « c’est ce qui se passe par exemple pour le RN, pour LFI, et je pense que ce serait une grave erreur pour le Parti socialiste, pour les sociaux-démocrates, de faire de même. L’histoire de la gauche, de la gauche réformiste en particulier, a montré l’importance à parler à tout le monde, à garder cette universalité pour qu’au-delà des minorités existantes, nous puissions trouver les éléments pour faire vie ensemble… ».
Quand François HOLLANDE remercie…Donald TRUMP pour son soutien !
Mais comment le pays peut-il entendre les propositions d’une gauche sociale-démocrate quand on connaît l’état du rapport de force électoral existant aujourd’hui dans le pays, marqué par une droitisation des plus extrêmes ? Un terme que se refuse à employer l’actuel député de Corrèze, préférant évoquer « une défiance vis-à-vis du collectif, qu’il soit institutionnel ou syndical… ». Mais quid de cette volonté affichée par l’électorat, de vivre seul pour être protégé des autres ? « De ce point de vue, les réseaux sociaux ont amplifié le caractère où chacun pense être un auto-entrepreneur politique se suffisant à lui-même et dont les relations sociales se sont considérablement amoindries, alors que la politique et notamment à gauche, supposait des relations sociales multiples… ».
Bâtir ensemble et durablement pour faire société commune et prôner l’ouverture là où d’autres privilégient le repli sur soi, c’est le défi relevé par François HOLLANDE : « je remercie Donald TRUMP pour son soutien ! En quelques mois, même pas, en quelques semaines, il aura réussi à démolir le « trumpisme » ! L’idée que si on s’enferme, on se protège des autres et de tout. La démonstration est faite, si vous tentez de vous enfermer trois jours, vous lâchez tout le quatrième car ça ne peut pas tenir ! ».
La gauche serait-elle sujette à la malédiction du pouvoir ?
Dans son livre, l’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste revient à plusieurs reprises sur la « malédiction du pouvoir » et la difficulté pour la gauche, une fois qu’elle l’exerce, de ne pas donner le sentiment de « trahir » ceux qui l’y ont conduite, comme le rappelle Pascal PERRINEAU : « quand on vous lit, on est frappé de voir que le rapport au pouvoir n’est jamais simple dans la tradition socialiste et que ce défi de gouverner pose beaucoup de questions et inquiétudes. Comme si ce n’était pas quelque chose de naturel, contrairement aux traditions de droite, que de prendre le pouvoir… ».
Même si à ses yeux, l’invité du jour ne s’en est pas si mal tiré : « sous votre quinquennat, vous assumez parfaitement l’aspect du pouvoir, en particulier au moment de la lutte contre le terrorisme, vous sentant à l’aise pour annoncer la déchéance de nationalité, au risque de vous faire taper dessus par vos camarades car vous sortiez de l’épure socialiste… ».
Un sentiment de « trahison » savamment entretenu au fil de l’Histoire, par les divisons fratricides entre gauche de responsabilités et gauche révolutionnaire, rappelle l’ancien président : « accepter le pouvoir, l’exercer, c’est entrer dans une zone dont vous ne savez pas exactement ce que vont être les turbulences, c’est entrer dans une période de désordre… ».
D’autant qu’un président élu sous l’étiquette socialiste l’est plus pour des raisons d’ordre économique que de défense ou de sécurité et que toutes mesures prises en ce sens sont le plus souvent source de controverses : « a-t-on le droit de recourir à la force ? Faut-il pour lutter contre le terrorisme, prendre des mesures pouvant à un moment être attentatoires aux libertés ? Hors, accepter le pouvoir, c’est accepter qu’une autorité légitime puisse utiliser la force… ».
Prenant pour exemple certains maires de villes importantes s’étant converti à la sécurité, aux polices municipales armées ou à la vidéo surveillance : « même les écologistes ont évolué en la matière, mais il a fallu du temps ! ».
La France a-t-elle encore les moyens de ses ambitions à l’international ?
Quid des relations internationales et de la façon dont la gauche s’est positionnée, que ce soit aujourd’hui ou hier, face aux enjeux du monde s’interroge Jean-Vincent HOLEINDRE ? Quelle politique étrangère mener pour préserver la paix ? Usant de l’oxymore, François HOLLANDE se veut pragmatique : « la paix exige pour être préservée, d’être capable de faire la guerre et pour nous qui avons été élevés dans l’idée de paix et de guerre impossible, cela ne peut se faire que grâce à la dissuasion nucléaire… ».
Surfant sur l’actualité récente pour décliner ce qui à ses yeux serait une véritable politique étrangère de gauche : « alors que Donald TRUMP vient d’arrêter tous les programmes d’aides, soit près de 40 milliards de dollars à destination de pays luttant contre la famine, le sida, mettant en œuvre des économies de développement, s’il y avait une seule décision à prendre, ce serait de se substituer aux Etats-Unis pour assurer ce rôle de solidarité internationale… ».
A condition toutefois, a-t-il omis de préciser, que notre pays ait encore en la matière, les moyens de ses ambitions !
Petit florilège de choses entendues…
Pascal PERRINEAU : « Au moins, nous nous partageons le micro, c’est cela la social-démocratie active ! ».
François HOLLANDE : « Je crois que mon dernier passage à Auxerre, c’était quand j’étais candidat aux élections présidentielles. Guy FEREZ m’avait accueilli, il faisait très beau, contrairement à la légende qui s’est installée après… ».
« La question qui sera posée n’est pas seulement de savoir comment accéder au second tour pour être sûr de gagner face à Marine LE PEN. Aujourd’hui, la question est de savoir qui peut gagner face à elle ou à Jordan BARDELLA … ».
« La gauche pense toujours que c’est en ajoutant des revendications les unes aux autres qu’elle va finir par convaincre les électeurs, populaires notamment, qui se sont détournés pour des raisons objectives. Non, c’est faux ! ».
« La décision la plus lourde que j’ai eu à prendre, c’était sur un terrain extérieur, d’envoyer les soldats au Mali. Je savais que plusieurs d’entre eux seraient ou blessés ou tués. C’est une responsabilité que de décider de la vie ou de la mort et c’est pour cela qu’il faut bien réfléchir à qui on envoie à l’Elysée… ».
« Je me suis longtemps posé la question pourquoi la Hongrie de Viktor ORBAN est-elle encore membre de l’Union Européenne ? A un moment j’ai espéré qu’il parte mais il ne veut pas partir ! Quand vous êtes à la fois l’ami de POUTINE et l’ami de TRUMP, le soutien de toutes les extrêmes droites et que vous défendez même le Brexit, j’avais envie de lui dire que la porte était ouverte… ».
« Si je n’avais discuté qu’avec des démocrates, je n’aurais pas fait beaucoup de voyages… ».
« En réalité, être de gauche, c’est aimer la France ! Hors, il y a une partie de la gauche qui n’aime plus la France, qui déteste la France. C’est la partie de la gauche qui n’a jamais accepté l’idée même du pouvoir. Si on veut le pouvoir, c’est pour servir la France… ».
Dominique BERNERD
A 54 ans, Nhu Anh DO devient la nouvelle déléguée départementale de l’Yonne pour la formation souverainiste et de la droite dure, « Reconquête ! ». Candidate lors de la dernière campagne des législatives 2024, cette ingénieure aéronautique de formation succède ainsi à Jean-Christophe LETIERCE, co-responsable du mouvement à l’estampille d’ErIC ZEMMOUR en Bourgogne Franche-Comté.
AUXERRE : Le communiqué de presse est bref. Mais, suffisamment explicite. « C’est pour donner suite à des évènements dans ma vie personnelle et après une agréable et passionnante période comme délégué départemental de notre mouvement dans le département de l’Yonne, qu’il est temps pour moi de transmettre cette responsabilité à mon amie Nhu Anh DO, qui était, jusqu’à présent notre responsable des adhésions et trésorière départementale… ».
Exit donc, du paysage politique départemental, Jean-Christophe LETIERCE ! Un rôle qu’il avait pourtant joué en qualité de représentant de la formation de la droite dure, « Reconquête ! », depuis plusieurs années. Le personnage, même s’il change de cap personnel, n’en reste pas moins inféodé aux idées véhiculées par la formation de l’ancien éditorialiste Eric ZEMMOUR.
« Je reste bien entendu fidèle à notre mouvement qui représente le mieux et le plus efficacement nos idées sur la scène politique française, et vous reviens très prochainement avec de nouvelles annonces… ».
Originaire du Vietnam, maman de trois enfants, Nhu Anh DO relève donc le défi en devenant la nouvelle déléguée départementale dans l’Yonne de « Reconquête ! ». Elle s’était déjà essayée à la vie politique par le passé chez Les Républicains, avant de bifurquer un peu plus à droite en se présentant sur la liste des européennes conduite par Marion MARECHAL en 2024. Elle y figurait en 65ème position. Résidente de Bœurs-en-Othe, cette ingénieure en aéronautique a effectué la majeure partie de sa carrière professionnelle dans ce secteur industriel. Soit au sein de grands groupes, soit en qualité de consultante. Elle gère aujourd’hui des gîtes près de la forêt d’Othe, dans la partie orientale du département.
Thierry BRET