Pour qualifier son travail de prospectiviste au service de l’emploi, il utilise une expression à vocation agricole. « 2025 sera l’année de la récolte ! ». Logique, en vérité, car depuis deux ans, à la tête de sa structure entrepreneuriale, issue de la franchise hexagonale éponyme, Philippe BOUVEAU ne cesse de semer des petites graines gratifiantes, auprès des différents secteurs de l’économie qu’il rencontre. Petit à petit, l’oiseau fait son nid. Avec le « MERCATO de l’Emploi » qui se développe dans l’Yonne, notre interlocuteur envisage l’avenir avec sérénité et confiance…
AUXERRE: Ce qui caractérise le plus Philippe BOUVEAU, c’est sa tranquillité apparente. Un calme presque olympien – cela tombe bien dans une année de JO ! – qui lui permet de parler de lui et de son avenir de la manière la plus posée. Le garçon, dirigeant de la structure « MERCATO de l’Emploi » sur l’Auxerrois, aurait-il des raisons de s’inquiéter alors que la préoccupation principale des milieux entrepreneuriaux est précisément le recrutement pour combler les manques dans les effectifs ?
Devant lui, une eau pétillante. Son ordinateur est à portée de main, tout comme son téléphone. Depuis deux ans, Philippe maximise les opportunités professionnelles pour se faire connaître dans le sérail économique. Celui de l’Auxerrois, en priorité, mais pas seulement ! Une stratégie qui commence à porter ses fruits…Sa niche de prédilection, les PME et les TPE. Celles qui ne possèdent pas forcément les bons outils pour assurer leurs besoins en recrutement ; a contrario, des grosses entreprises déjà pourvues de services DRH.
Aujourd’hui, il rayonne bien au-delà de son territoire naturel. Des missions qui le poussent à se rendre en Seine-et-Marne, dans l’Aube et bien sûr, dans tout le territoire de l’Yonne.
Des postes de cadres et de parcours qualifiés en priorité !
Pourtant, après deux années d’exercice et de tests en grandeur nature de ses potentialités de recruteur, Philippe BOUVEAU s’octroie un nouveau terrain de jeu. Celui des PME qui sont en peine d’encadrants et d’agents de maîtrise. Une catégorie socio-professionnelle correspondant davantage à ses aspirations personnelles.
« Dès le 01 janvier, je vais me concentrer sur la recherche de personnels qualifiés pour mes clients, explique-t-il déterminé, c’est-à-dire des cadres et des directeurs de site… ».
Lui-même n’hésite pas à se former. Il suit le processus pédagogique devant le mener à la certification pour l’accompagnement des managers. Un sérieux plus que ce label devant lui ouvrir de nouveaux marchés dès l’année prochaine. Il s’intéresse autant aux jeunes qui désirent intégrer l’emploi que les seniors en recherche du Graal, de plus en plus confrontés à la précarité économique.
Une lettre d’informations pour fidéliser sa clientèle
La grande innovation de cette fin d’année, c’est le lancement de sa lettre d’informations. Une newsletter périodique lui permettant de cibler à date plus de 250 entreprises, fidèles à ses méthodes et à son état d’esprit en matière de recrutement.
« J’ai gagné en maturité dans ma relation à l’autre, confie-t-il, lui qui est membre du réseau d’affaires, « Essentiel » se réunissant régulièrement dans l’Auxerrois.
« Le relationnel, c’est très important, ajoute-t-il, c’est comme dans l’approche d’un mandat qui se vit à deux, c’est une vraie connexion pour renforcer la confiance à l’autre… ».
C’est sûr, avec une telle mentalité et la soif de la gagne, 2025 devrait sourire à Philippe BOUVEAU et à son « MERCATO de l’EMPLOI » très footballistique dans sa sémantique !
Thierry BRET
Le bâtiment est connu de tous à Auxerre. Un point de repère bien identifié dans le milieu de l’emploi comme un phare éclairant la boussole des jeunes générations se projetant dans le milieu du travail, une fois les études terminées pour celles et ceux qui ont eu la chance d’en faire. Autrefois, Foyer des Jeunes Travailleurs, la structure est devenue – elle est d’ailleurs la seule et unique sur notre territoire à se prévaloir de ce titre – une « Résidence Sociale pour Jeunes ». Si l’établissement fonctionne de manière correcte, dixit son directeur Marc PICOT, avec son taux d’occupation qui tutoie les 95 % à l’année, l’entité, en revanche, s’inquiète de l’avenir, au niveau de ses finances très incertaines. Surtout après les coupes sombres dans le budget, imputables aux décisions du Conseil départemental, à hauteur de 70 000 euros, et de la Ville d’Auxerre…
AUXERRE : Ce serait presque la rançon du succès au sein de la Résidence Sociale pour les Jeunes auxerroise, la RSJ, comme il sera de bon ton de la nommer désormais, en lieu et place de FJT, pour « Foyer des Jeunes Travailleurs ». Parfois, les responsables de ce complexe ayant pour vocation d’accueillir en son sein les jeunes gens âgés de 16 à 25 ans dans l’emploi ou en phase de l’être selon leurs statuts, sont dans l’obligation de refuser des demandes d’hébergement, faute de chambres libres. Pourtant, le site idéalement bien placé non loin de la salle Vaulabelle et de son positionnement central à Auxerre près des axes commerçants propose une offre de services composée de 143 chambres. Ce qui lui permet de recevoir plus de quatre cents jeunes à l’année.
Le cadre, décoré aux couleurs de Noël, est plutôt sympathique. Aux côtés de son président, Rémi PROU-MELINE, le directeur de la structure, Marc PICOT, justifie l’invitation faite à la presse de ce jour. « Nous souhaitons dorénavant effectuer des rencontres régulières avec les médias afin de faire un état des lieux de notre feuille de route opérationnelle, explique-t-il en substance, remettant aux journalistes une pochette jaune contenant des tableaux de courbes et de statistiques. Sur l’une de ces feuilles, le bilan 2024 de la restauration, assurée sur place par une équipe de professionnels.
« A fin novembre, souligne Marc PICOT, nous avons déjà servi vingt mille repas, ce qui est à peu près équivalent à l’année antérieure. On la considérait déjà comme une année de haute fréquentation. Donc, on peut dire que notre service restauration fonctionne très correctement… ».
Un AMI en attente pour le mois de janvier
Toutefois, un bémol existe : la baisse importante du nombre de repas servis au cours de l’été. Marc PICOT, pédagogue, apporte des explications fouillées : « Nous étions liés avec l’Etat à un AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) qui s’appelait « Jeunes en rupture » où un certain nombre de repas était prévu. Cet appel s’est achevé en juin et par conséquence les repas n’ont plus été comptabilisés dans nos données, fort logiquement… ».
Mais, très vite, le directeur de la résidence aborda la faiblesse économique qui perturbe les gestionnaires de l’établissement. Notamment en s’appuyant en le démontrant sur l’aspect très aléatoire des sources de financement des AMI, ces Appels à Manifestation d’Intérêt, à condition qu’ils soient retenus.
« Nous sommes dans l’attente d’une réponse à candidature d’un AMI qui, je le rappelle, est limitée dans le temps à trois ans… ».
Un bonus supplémentaire pour mettre du beurre dans les épinards budgétaires de la structure, certes, mais beaucoup trop focalisé sur l’aspect aléatoire du système, selon Marc PICOT.
Quant aux locations de salle, entre 2023 et 2024, permises sur le site, elles auront engendré des revenus complémentaires.
« Globalement, ajoute l’interlocuteur, le site fonctionne bien. Il offre l’opportunité avec des conventions d’Etat de proposer de l’hébergement d’urgence, soit un total de huit places, occupées à 100 % toute l’année… ».
Des indicateurs positifs sur quasiment toutes les lignes du mode opérationnel, ce qui satisfait amplement le duo de responsables aux manettes de la fameuse maison depuis plusieurs mois.
L’étiolement des subventions et la recherche de solutions
Alors, la mariée est-elle trop belle dans cette histoire qui flirterait presque avec une romance idyllique entre ce système d’accueil et ses occupants ?
« Malheureusement, précise un brin amer, Marc PICOT, il y a un sérieux point négatif dans cette photographie ! Ce sont les subventions qui s’étiolent et de manière plus générale, le modèle économique... ».
Une problématique observée par les instances nationales et régionales qui régissent l’existence et le devenir des Résidences Sociales pour Jeunes en France.
« On est obligé désormais de s’appuyer sur les Appels à manifestation d’intérêt (AMI) et de compter sur les collectivités territoriales, celles de proximité en l’occurrence. Or, c’est là que le bât blesse en ce qui nous concerne, insiste Marc PICOT.
En effet, en octobre 2024, a été annoncée la suppression de la subvention annuelle de 70 000 euros du Conseil départemental de l’Yonne, subvention attribuée pour l’année en cours.
« Cette somme correspond à 5 % de notre budget de fonctionnement, stipule le directeur du site, mais en deux ans, on a perdu près de 80 000 euros de subventions avec la Ville d’Auxerre qui a également supprimé son enveloppe de 8 000 euros. Fort de cela, il va nous falloir repenser notre modèle économique pour retrouver un vrai équilibre… ».
Un blanc lors de cet échange. Histoire de faire reposer les sédiments de cette information dure à digérer quand on se projette vers l’avenir.
Pourtant, Marc PICOT se veut pragmatique mais déterminé : « L’un de nos partenaires, la CAF (Caisse des Allocations Familiales) a décidé de manière exceptionnelle de nous octroyer une subvention de 45 500 euros en 2024 dans le cadre du partenariat que nous avons avec elle… ».
Des partenaires qui poussent la Résidence et ses décideurs vers l’exigence en manifestant leurs soutiens.
La non-reconduction d’un contrat à durée déterminée à l’automne
Deuxième intervention, celle de l’Etat. « L’appareil étatique nous soutient dans ses financements notamment avec l’hébergement d’urgence, rappelle Marc PICOT, en outre, la réponse attendue de l’AMI en janvier s’avère très importante car elle sécuriserait notre budget pour l’année prochaine… ».
Partant sur l’adage, jamais deux sans trois, un autre partenaire suit avec beaucoup d’intérêt la feuille de route stratégique de l’établissement : il s’agit de la Caisse d’Epargne de Bourgogne Franche-Comté.
« Il y a beaucoup de constance dans leur intervention, signale l’orateur, l’établissement bancaire comprend notre situation dans une logique bienveillante… ».
Nonobstant, afin de surfer au-dessus de la vague de ce contexte financier délicat à appréhender, la Résidence Sociale pour Jeunes de l’Yonne a dû prendre deux décisions essentielles en cours d’année afin de préserver l’équilibre de son budget.
« Il y a eu en effet la non-reconduction d’un CDD fin novembre 2024 afin de réduire la masse salariale, observe Marc PICOT, mais on a joué également sur notre trésorerie pour essayer de passer 2024 et 2025 du mieux possible financièrement… ».
La présence de partenaires experts pour valider la feuille de route
Toutefois, la question de l’avenir à long terme reste posée dans les esprits de Rémi PROU-MELINE et de Marc PICOT dans une logique d’égalité des chances des jeunes générations à pouvoir réaliser leurs stages de formation ou leurs parcours d’intégration dans la vie active en bénéficiant de logements qui leur soient faciles à l’accès. Deux organismes confortent les choix stratégiques du binôme qui pilote l’entité de l’Yonne : la Fédération départementale des Foyers Ruraux de l’Yonne avec laquelle il existe un dispositif local d’accompagnement des associations et Bourgogne Active, structure financée par la Région, qui offre une expertise financière poussée. Ces deux partenaires sont également susceptibles de pouvoir apporter des réponses appropriées avec des prêts à taux zéro ou des garanties d’emprunt. En janvier, Bourgogne Active et la Fédération départementale des Foyers Ruraux livreront leurs préconisations, à l’aube de l’exercice 2025.
Un véritable écosystème qui va donc œuvrer dans l’intérêt de l’établissement d’Auxerre afin de lui garantir sa pérennité budgétaire. En serrant les boulons, il s’agira d’adopter toute une série de mesures qui pourrait être profitable aux décisionnaires de la Résidence auxerroise pour équilibrer un budget 2025 établi à 1,3 million d’euros. Un équilibre certes précaire mais ô combien nécessaire pour que vivent les missions quasi régaliennes de cet établissement au service des jeunes gens en devenir dans la vie active. Parce que l’égalité des chances le vaut bien !
Thierry BRET
On connaît l’adage : « jamais deux sans trois ! ». Il faut croire que les animateurs de l’association « Vivre L’Auxerrois » s’y réfèrent volontiers avec le lancement d’une troisième consultation à grande échelle sur la capitale de l’Yonne. Une enquête portant sur le réaménagement de la place des Cordeliers, carrefour névralgique de la vie locale, juste avant les échéances de 2026. Plus de 20 000 flyers sont en phase de distribution dans les boîtes aux lettres des habitants. Sans omettre la possibilité de consulter, via le numérique, le site de la structure associative qui fédère à date une centaine de membres…
AUXERRE : C’est le cœur du cœur du centre-ville auxerrois. Le « saint des saints » diront les puristes ! En tout cas, un lieu qui ne laisse personne indifférent et qui mérite toute notre attention, parce considéré comme hautement stratégique. Tant par l’animation qui peut y régner autour de cette zone, que par la faculté (actuelle) de pouvoir encore y stationner des automobiles (entre 152 et 180 places entre son parking central et les rues adjacentes), et la possibilité d’y trouver les rares restaurants de centre-ville, ouverts le dimanche soir ou le lundi midi ! Bref, on aura reconnu la fameuse Place des Cordeliers, le poumon de la vie diurne et nocturne de la capitale de l’Yonne qui n’a guère évolué en termes de physionomie depuis belle lurette !
Oui mais voilà, les échéances électorales de 2026 – si, si, les municipales au cas où vous les auriez oubliées sont déjà dans le viseur des politiques – et il est de bon ton de revoir un peu la copy stratégie de la ville, en envisageant moult projets de réaménagement. C’est donc le cas des responsables de la structure associative, « Vivre L’Auxerrois » qui se penchent sur la question en ayant lancé il y a quelques jours une consultation en ligne et sur papier auprès des habitants de la préfecture de l’Yonne.
La Place des Cordeliers : elle mérite que l’on s’y intéresse !
Objet de leurs interrogations : la fameuse place centrale d’Auxerre qui pourrait être relookée si les résultats des scrutins venaient à leur sourire d’ici quelques mois ! Aujourd’hui, parking où s’entassent les véhicules à longueur de journée, la place des Cordeliers accueillit jadis…une église, puis un marché couvert. La fameuse halle dont les plus anciens évoquent encore le souvenir. Un lieu qu’il est donc impératif de redéfinir en le faisant muer en un lieu de rencontre et d’échange, comme l’ont très clairement expliqué les trois orateurs devant s’exprimer lors d’une conférence de presse au lancement de la consultation, l’élue socialiste Sophie FEVRE, la conseillère régionale et locale PRG, Isabelle POIFOL-FERREIRA et le secrétaire fédéral du Parti Socialiste de l’Yonne, Mani CAMBEFORT.
« Il n’y a pas eu depuis quatre ans de nouveaux projets concernant l’évolution de ladite place, argumente Mani CAMBEFORT, or, cet endroit représente un emplacement stratégique pour les Auxerrois. Celui qui fut porté par l’ancienne gouvernance à la municipalité actuelle en 2019 n’a pas connu de suite. Or, la place des Cordeliers mérite que l’on s’y intéresse… ».
Deux visions d’avenir faisant la part belle à la végétalisation
Passant des mots aux actes et fidèles à leurs principes de concertation participative, les chefs de file de « Vivre l’Auxerrois » ont donc inscrit cette troisième consultation dans leur programmatique après celles se rapportant à la Place de l’Arquebuse et la potentielle création d’une plage sur les bords de l’Yonne, symbolisant ainsi un « Auxerre Plage » ! Côté chiffres, précisons que la toute première consultation avait largement dépassé les deux mille retours auprès de la population preuve que le devenir de la Place de l’Arquebuse interpellait quelque peu Auxerroises et Auxerrois…
Dans le cas présent, deux hypothétiques aménagements sont donc soumis à la sagacité des citoyens, souhaitant apporter leur pierre à la construction du futur projet. Ce sont deux visions d’avenir qui comportent au-delà de nombreuses similitudes des points de différenciation appréciables.
Sur le premier schéma, on suggère une Place des Cordeliers avec son parking réaménagé qui maintiendrait un socle de 75 possibilités de stationnement mais en accordant des espaces réservés aux piétons, une couverture végétale en son centre et l’opportunité de pouvoir étendre les terrasses des cafés-restaurants limitrophes.
Seconde hypothèse : la place serait quasiment en format piétons, ne conservant de manière très raccourcie et aléatoire que 35 places de stationnement de courte durée et accueillant des espaces de partage et de loisirs, avec cerise sur le gâteau l’accueil de carrousel ! Un projet qui serait toujours favorable aux commerces de proximité en étendant leurs superficies en terrasses et facilement utilisées par les personnes à mobilité réduite.
De nouvelles consultations dès 2025
Certes, ils ne l’auront pas dit ouvertement mais il semblerait que nos trois élus d’opposition auraient une préférence pour la seconde préconisation architecturale.
Les habitants sont donc invités à donner leur point de vue sur ces deux schémas et ce sur plusieurs semaines. Parallèlement, la responsable des groupes de travail, inhérents au bon fonctionnement de la structure associative, Sophie FEVRE, réfléchit déjà à la suite, car les thèmes d’analyses ne manquent pas pour l’année 2025. Faisant irrémédiablement mentir le fameux adage (« jamais deux sans trois ») car d’autres consultations pourraient très bien voir le jour sur les thèmes de préoccupation des Auxerrois.
Pour l’heure, à vos stylos ou à vos claviers, « Vivre l’Auxerrois » attend avec impatience vos réponses !
Thierry BRET
La voix, grave, résonne dans la salle, amplifiée par une sonorisation de belle facture. Sa chaleur est envoûtante. A l’instar de l’écrin, à l’épure parfaite, qui accueille les amateurs du septième art, réunis pour vivre un moment merveilleux. Soit l’inauguration de ce site, un cinéma-théâtre flambant neuf, après de longs mois de réhabilitation, astucieusement baptisé le « Cyclope ». Tel l’Ulysse mythique reconnu pour sa grande intelligence, Lambert WILSON sort de la pénombre et avance au centre de la scène, en adoubant en qualité de parrain ce concept cinématographique novateur, véritable aubaine pour la localité de Cédric CLECH.
TONNERRE : L’acteur de 66 ans n’est pas le seul à apporter son total soutien au projet culturel porté dans la commune de l’est de l’Yonne. Comédienne de talent et à l’avenir prometteur, Solène RIGOT, jeune trentenaire à la verve pleine de fraîcheur, a le cœur plein de nostalgie à l’évocation de sa première « rencontre » avec la ville à la Fosse Dionne, quand elle tourna pour le compte du réalisateur Guillaume BRAQUE, en 2013, dans son long métrage, intitulé sobrement « Tonnerre ». Le dénominateur commun avec Lambert WILSON est évident. Elle sera la marraine, lui le parrain, de cet endroit qui ravit depuis qu’il est opérationnel dans sa nouvelle configuration les férus du septième art et de la chose artistique dans sa globalité.
Un drôle de nom qui n’a rien de mythologique !
« Le Cyclope » ! Quel drôle de nom de baptême pour un site artistique qui se veut résolument moderne dans ses aspirations et ses choix de programmation – on doit cela à la très professionnelle et toujours souriante Mariana GIANI, responsable de la salle -, bien loin de la mythologie grecque. D’ailleurs, que l’on ne s’y méprenne pas, foi de Cédric CLECH, l’édile, qui en apportera l’explication : le nom est une référence à l’œil de bœuf situé sur la façade à l’avant de l’édifice. Tout simplement ! De quoi décevoir les aficionados de tragédies grecques ou les férus de symbolisme à la limite de l’ésotérisme !
Ouvert depuis février dernier, le complexe culturel sis à proximité de l’hôtel de ville aura en Lambert WILSON – il est devenu un peu le régional de l’étape culturelle depuis qu’il s’est installé dans notre contrée dont il est fier – un ambassadeur de poids à la voix agréable et magnétique. Une histoire d’amour que le fils du regretté Georges WILSON, grand homme de théâtre, revendique bec et ongles.
Chanteur et comédien, à la renommée internationale, Lambert WILSON aime le verbe. Et le maîtrise si bien, dans toutes les occasions. A la scène comme dans la vie comme auront pu l’apprécier la présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté Marie-Guite DUFAY qui n’a pas hésité à faire le déplacement depuis Dijon pour cet évènement inaugural ou le préfet de l’Yonne, Pascal JAN, grand amateur de belles lettres, un souvenir de son passé de recteur au sein de l’Education nationale.
Un western en guise de premier film projeté à la campagne
L’intervention de l’acteur qui a incarné Charles de Gaulle ou Jacques-Yves COUSTEAU dans « l’Odyssée » - pas étonnant qu’il soit associé au parrainage du « Cyclope » et par ricochet aux aventures mythiques d’Ulysse ! -, aura en ce point été remarquable. Avec le phrasé posé et réfléchi qu’on lui connaît. Une balade dans l’intime puisque l’acteur évoquera même un épisode de sa prime enfance…
« Quand j’étais petit dans un village de la région parisienne, très agricole, il y avait une épicerie café qui organisait très régulièrement une projection de cinéma. C’est là que j’ai vu mon premier film, c’était un western ! Cela réunissait les gens du village et l’ambiance se voulait joyeuse même si la projection était « pourrie » ! Pour moi, cette première vision du cinéma dans un village correspondait à une réunion, de joie de vivre et d’excitation pour l’enfant que j’étais… ».
Puis, il s’attardera sur la tournée promotionnelle, effectuée à travers l’Hexagone en 2023 aux côtés de la réalisatrice Emilie DELEUZE – son film « 5 hectares » dans lequel apparaît la merveilleuse Marina HANDS était à l’affiche le soir même au Cyclope – dans des cinémas associatifs et d’art et essai.
« Je me suis rendu compte de l’importance du tissu associatif pour la défense du cinéma, souligna l’acteur, et du soutien des salles municipales. On a ratissé une France plus rurale à travers des cinémas indépendants. J’ai été épaté par le travail de toutes ces personnes qui s’en occupent et bouleversé par la présence du public, dans ces salles pourtant très isolées… ».
Un cadeau inestimable fait au public qui aime le cinéma
Logique, en somme, que Lambert WILSON devienne le parrain naturel de ce « Cyclope » qui va offrir désormais un autre regard sur le septième art.
« C’est un grand honneur d’être le parrain d’une salle comme celle-ci, je suis fidèle à la Bourgogne depuis quarante ans et à Tonnerre… ».
Délivrant ensuite un message aux Tonnerrois, le comédien et chanteur – on n’oublie pas son excellente interprétation des grands succès du regretté Yves MONTAND, ce qui lui permit d’enregistrer un album de reprises en 2016 -, qualifia cet outil de culture local comme étant un « trésor ».
« C’est rare aujourd’hui de posséder cela, car les cinémas disparaissent de nos villes de province, c’est aussi une mission qui va dans les deux sens pour celles et ceux qui promeuvent le cinéma. Il y a la mission des gens qui font cette proposition comme les responsables d’une équipe municipale et celle des gens du cinéma qui le font vivre avec sa programmation. Mais, il y aussi la mission du public qui se doit d’encourager l’initiative en allant voir les films. C’est un cadeau que l’on vous fait ! ».
Un luxe inouï avec cette salle qui propose une programmation de belle qualité assurée par Mariana GIANI, dans des conditions optimales.
« Prenez-en soin de votre salle, conclut un Lambert WILSON enthousiaste, faites en sorte que le cinéma vive ! C’est encore un dernier endroit alors la société est froide comme le théâtre où chacun peut recevoir une respiration commune dont on a grandement besoin… ».
Une formule qui fut longuement applaudie au final par l’assistance. Normal, la parole du « Parrain » vaut de l’or. Comme ce « Cyclope », bon pied, bon œil, qui a vu sa fréquentation progressée de 55 % depuis sa réouverture…
Thierry BRET
« On communique quand on a des choses à dire ! ». En guise de préambule à la très longue conférence de presse où il aura finalement beaucoup parlé – plus de deux heures d’entretien très détaillé face aux représentants des médias régionaux -, le Président-Maire de l’Auxerrois Crescent MARAULT a évoqué les principes stratégiques de ce rendez-vous annuel, coïncidant avec la présentation de sa feuille de route 2025 et de son indispensable corollaire financier, le budget.
AUXERRE: Il aime mettre les points sur les « i » ! De cela, on n’en avait jamais douté depuis sa prise de fonction ! Ses rencontres officielles avec les journalistes étant rares et pouvant se compter sur les doigts d’une seule main lors d’une année civile, il ne fallait pas manquer le rendez-vous annuel, concocté par le service communication de l’institution auxerroise, à l’hôtel Ribière, lundi en fin de matinée, une rencontre placée sous le sceau de la pédagogie budgétaire, l’explication de texte très fournie se rapportant aux dossiers en cours et surtout aux projets à réaliser, à l’aube de 2025 ! D’autant que ce jeudi 19 décembre se voteront en séance plénière les budgets du conseil communautaire et du conseil municipal, juste avant de placer les clés de ces vénérables collectivités au pied de l’arbre de Noël, trêve des confiseurs oblige !
D’entrée de jeu, Crescent MARAULT, très à l’aise dans sa prise de parole et le sourire aux lèvres, clarifie sa position vis-à-vis de cet exercice qu’est la communication. « Quand on ne communique pas, cela signifie que l’on travaille beaucoup ! ». Evidemment ! Mais, il prévient toutefois que « la gouvernance auxerroise sera amenée à communiquer davantage l’année prochaine par rapport à un certain nombre de dossiers… ». Plutôt rassurant, non ? Pour quelqu’un qui l’avoue sans ambages ne pas « être un grand communiquant » !
« On communique avec la presse quand on a des certitudes, enchaîne-t-il pour bien marteler le message, le temps politique est un temps long. Au début, la plupart des élus font des effets d’annonce – il l’affirme haut et clair, ce n’est pas le style de la maison ! -, et à la fin d’un mandat, les projets étant plus matures, voire réalisés, il est plus facile d’en parler avec aisance… même si parfois certains n’y croient toujours pas ! ».
Et bing, une première banderille décochée vers l’opposition : Crescent MARAULT a décidé de joindre l’utile à l’agréable en ce qui le concerne lors de ce rendez-vous oratoire, ne se privant de replacer au bon endroit les curseurs de la vérité en ironisant avec humour sur ses détracteurs !
L’avenir se prépare en l’anticipant !
« Depuis 2020, on a réalisé un travail au quotidien avec toute l’équipe – il en profite pour saluer ses premiers adjoints, tant Carole CRESSON-GIRAUD pour la municipalité que Christophe BONNEFOND du côté de l’Agglo mais, également son directeur de cabinet Yves LASMASTRES et le directeur général des services, Gilles ROUVERA – dans une stratégie de prospective. On essaie toujours de se dire par rapport au Projet de Territoire quels pourraient être les aléas qui nous empêchent de réaliser notre projet, en les identifiant. On les mesure en les analysants afin de réduire leur impact en matière d’incertitude. Nous sommes toujours en capacité depuis le début du mandat (et ce malgré toutes les crises multiples et variées qui sont survenues) de définir nos stratégies afin de ne pas subir mais d’agir… ».
Un raisonnement complexe à appréhender pour les béotiens, selon l’interlocuteur, mais plutôt efficace dans l’absolu pour garder le cap sur la marche en avant de la stratégie à mener.
« On s’assure toujours de posséder la capacité d’investir sur notre territoire, il n’y a pas de secrets ! C’est ce qui nous permet de préparer, en l’anticipant, l’avenir… ».
Une équation plutôt simple à résoudre, selon Crescent MARAULT. A contrario, ce qui fut dur à gérer pour la nouvelle gouvernance, c’était le passif.
« Franchement, je ne mesurai pas le passif que l’on avait à gérer en plus de préparer l’avenir, observe-t-il, et ce citer le dossier des écoles dans la foulée : c’est une catastrophe ! Et encore, on n’en a fermé certaines ! Mais, nous, on ne va pas fermer mais rationnaliser, ce qui est une approche totalement différente… ».
Face à ces écoles vétustes où il était complexe d’y mettre enseignants et élèves, la Ville d’Auxerre ordonne la mise en vigueur d’un PPI (Plan Particulier d’Intervention) s’élevant à 40 millions d’euros. Quant au patrimoine historique de la ville, c’était de la même veine, selon l’édile icaunais.
« J’ai été voir la charpente de l’abbaye Saint-Germain, et au-dessus de la crypte, j’ai été abasourdi par l’état du site alors que l’édifice accueille les plus vieilles fresques de France ! ».
Préserver le patrimoine historique de la capitale de l’Yonne
D’où une enveloppe de plusieurs millions d’euros pour remettre à flot une charpente en très mauvaise posture afin de la préserver coûte que coûte, une autre enveloppe d’un million d’euros destinée à la cathédrale Saint-Etienne avec des travaux de conformité incendie et électricité – un sinistre survenu en 2016 avait déjà fait craindre le pire dans le quartier ! - ; quant à l’église Saint-Pierre, des travaux estimés à plusieurs millions d’euros seront réalisés, idem à l’église Saint-Eusèbe.
« Le clou du spectacle, ironise Crescent MARAULT, ce sont les Visitandines ! On possède un bijou situé rue de Paris que l’on ne peut pas ouvrir au public car il est en péril ! ».
Un comble pour la cité auxerroise qui intègre pourtant le club très restreint des villes possédant le plus de maisons à pan de bois de la période médiévale…
« On devrait tout faire pour protéger ces édifices, ils sont plus de 500 dans notre ville, insiste le maire, alors qu’auparavant, on n’a pas été suffisamment vigilant sur le sujet… ».
Une nouvelle flèche décochée de l’arc visant les auteurs du passif ! Puis, l’orateur de poursuivre sur un ton sarcastique : « on entend toujours que nous n’avons pas d’idées, que tout ce que l’on fait c’est de l’esbroufe, que la ville va être endettée, que nous faisons de la dette cachée ! Mais, tout cela fait « psichtt » ! Sur la ville et l’agglomération, on va investir 50 % en plus cette année (40 millions d’euros), et si l’on compare sur un bloc de quatre années par rapport au précédent mandat, sur la ville, c’est 50 % d’investissement en plus et sur l’Agglo l’équivalent de 200 %, et quand on regarde l’encours de la dette, c’est bizarre, c’est le même ! ».
L’édile s’interroge à son tour faussement dubitatif : « j’aimerai qu’ils m’expliquent comment on a pu investir autant sans augmenter l’encours de la dette ?! Un encourt de dettes que l’on a récupérées, certes, mais qui n’a sans doute pas servi à financer des choses utiles ! ».
Jubilation sur le visage de Christophe BONNEFOND qui écoute la démonstration de l’élu auxerrois en savourant chaque argument !
Trouver des solutions à la transition énergétique
Etre un territoire qui doit se préparer à la résilience tout en continuant ses investissements dans l’intérêt général est la feuille de route de l’ancien maire de Saint-Georges-sur-Baulche.
« Il nous faut garantir un équilibre qui nous permette de faire face à toutes les circonstances, négatives ou positives. C’est l’investissement qui est à la base de tout ! Un gros travail a été effectué sur le fonctionnement, en 2024, on est quasiment sur les charges de fonctionnement de 2016… ».
Grâce au triptyque mécanisation, optimisation et mutualisation. « On a fait le job, assure Crescent MARAULT, et nous n’avons pas attendu pour le faire ! ».
La recette du système est ensuite expliquée : « contrairement à d’autres collectivités qui sont dans l’obligation de réaliser des coupes sombres, nous, on continue à mettre en place des projets efficients, à travailler en mode projets, pour amener une transversalité qui mécaniquement produit des bienfaits financiers afin d’investir davantage… ».
Quant à la transition écologique, elle sera également évoquée au cours de ce long entretien. « On voit bien que cela commence à poser des problèmes pour les collectivités, constate l’orateur, ceux qui sont en retard et qui ont moins de capacité d’investissements connaîtront encore plus de difficultés pour accompagner la population vers la transition écologique. Le modèle d’avant a plus que vécu, il va falloir penser le modèle d’après… ».
Un modèle d’après où chacun devra être solidaire de la dette dont chacun a pu bénéficier.
« Cette dette nationale va augmenter encore un peu, donc l’effort sera un peu plus important, mais il faut l’intégrer. Nous contribuerons à notre manière au désendettement de la France… ».
Un édile prêt à aider plus l’Etat : « je ne vois pas comment on peut y échapper financièrement. On nous parle déjà d’une fiscalité supplémentaire sur l’eau. On n’a pas attendu et dès 2020 nous avions déjà anticipé pour y faire face… ».
A l’instar de l’électricité, où une taxe supplémentaire sur la ressource énergétique devrait être appliquée dans le pays dès 2025. D’où l’intérêt de travailler sur l’autonomie énergétique et d’adopter le schéma bénéfique de l’économie circulaire.
« Il y a une filière naissante, affirme Crescent MARAULT, du fait de la raréfaction des ressources. On en aura besoin. La mobilité est également une autre thématique importante. On va trouver des solutions à notre modeste niveau pour faire des choses utiles… ».
Une décision prise en décembre 2025 pour les municipales
Naturellement, les échéances municipales de 2026 arrivèrent tôt ou tard dans la discussion avec les journalistes. Réponse de l’intéressé : « je ne fais pas de politique ! Mon job est de continuer et de terminer les dossiers que nous avons commencés. Le jour où on fait de la politique, c’est mort ! On ne pense plus qua çà et on ne se concentre plus sur les projets. Si je faisais de la politique, je ne me battrais pas sur la stratégie des déchets ni sur la création d’un établissement social de l’habitat ! Le jour où l’on fait de la politique, il n’y a plus de coup d’avance et on se met à trembler. Je ne me pose pas ce genre de question mais j’aimerai que les gens comprennent ce que nous faisons. Nous avons la volonté d’expliquer et de conceptualiser… ».
A l’exemple de la réhabilitation de la friche du quartier du Batardeau. « On a besoin d’informer les personnes mais pas de communiquer, renchérit l’édile, je fais de l’information ! ».
Neuf réunions publiques ont pu être mises sur pied à l’automne. « C’était un rendez-vous très important, car on se donne bonne conscience avec les réseaux sociaux mais cela ne suffit pas ! On communique par ce biais-là mais on ne s’assure pas que le message soit bien compris de tous. Le politique crée le fossé avec le citoyen car il ne l’informe pas assez de ses intentions… ».
Des réunions publiques qui auraient de meilleure vertu que de courir les plateaux de télévision ? « Oui ! Si tous les politiques le faisaient, il y aurait moins de problèmes. Je fais le maximum en les multipliant mais je ne suis pas une machine… ».
Alors, au bout du compte et pour satisfaire la curiosité des journalistes présents, sera-t-il candidat à sa succession Crescent MARAULT ?
« Je vous donne rendez-vous en…décembre 2025 où je vous dirai ce que je vais faire ! Mais, je n’ai pas envie de me mettre la pression et nous avons encore plein de projet à réaliser. Les investisseurs que je rencontre sont surtout interpellés par les stratégies que nous faisons…pas par les élections ».
Encore un coup d’avance stratégique, synonyme d’anticipation ? Le futur nous le dira toujours assez tôt !
Thierry BRET