Le cadre de la conférence de presse est des plus agréables. Une petite salle très cosy dans un décor rétro, située à l’étage de cet établissement plutôt atypique de la restauration sénonaise, « Le Plat d’Etain ». Mais, aujourd’hui, les deux interlocuteurs assis face aux représentants de la presse locale font fi dans leurs propos de recettes gastronomiques alléchantes pouvant titiller les papilles ! Le « plat de résistance du jour » est cependant copieux en termes d’informations : l’immigration dans l’Yonne. Via une note très exhaustive émanant de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie qui offre un inédit état des lieux approfondis de la situation sur notre territoire. Une thématique ô combien importante, à de multiples égards, à l’approche des échéances municipales que n’aura pas manquée de commenter le nouveau président de l’OFII, un certain Guillaume LARRIVE…
SENS : Il sait mettre les petits plats dans les grands, l’ancien parlementaire de l’Yonne, Guillaume LARRIVE, même lorsqu’il s’agit simplement de recevoir les médias au « Plat d’Etain », un estaminet local très apprécié par les épicuriens, autour d’un thé ou d’un café ! Le conseiller d’Etat, membre toujours influent des Républicains dont il est l’un des vice-présidents, organisait une passionnante conférence de presse il y a quelques jours dans la sous-préfecture de la cité septentrionale de notre territoire, à l’occasion de la publication en livre de poche de son dernier opus publié en 2024, « Immigrations, l’heure de la décision » - l’ouvrage a bénéficié de la préface pertinente de l’ex-ministre de l’Intérieur et président de la formation gaulliste, Bruno RETAILLEAU à l’épicentre de l’actualité politique depuis 48 heures – et de la présentation d’une note officielle émise par l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie, se rapportant à notre département.
D’ailleurs, sa tête pensante, le directeur général de l’organisme national, Nicolas POUVREAU-MONTI avait également effectué le déplacement depuis la capitale afin de consacrer un peu de temps aux journalistes, désireux d’en savoir bien davantage sur ce fait de société que représente une immigration très dans l’air du temps pour les sphères politiques et sociétales.
Une défiance record des Français envers l’immigration
Actualisés de manière annuelle par l’INSEE, les chiffres dévoilés par Nicolas POUVREAU-MONTI ont été finement retravaillés par le « think tank » national (un véritable laboratoire d’idées) afin de les rendre nettement plus lisibles auprès des spécialistes de la question. L’orateur en profitait pour présenter les missions essentielles de cet Observatoire de l’Immigration et de la Démographie.
« Avec notre petite équipe de salariés, explique-t-il, nous travaillons de façon professionnelle avec de la rigueur technique et l’attachement aux chiffres et aux faits, l’indépendance politique, ainsi que du réalisme migratoire concernant les flux. Nous passons beaucoup de temps avec des élus de toutes tendances afin de leur présenter ces données… ».
Analysant la situation actuelle concernant l’immigration, Nicolas POUVREAU-MONTI considère le moment comme paradoxal. « Il n’y a jamais eu une telle défiance dans l’opinion sur ce phénomène de l’immigration, des sondages réguliers l’attestent avec deux tiers des personnes interrogées estimant que les niveaux d’immigration reçus en France sont bien trop élevés ; et dans le même temps, il n’y a jamais eu autant d’immigration en France que ces dernières années ! ».
Tout cela engendre aujourd’hui une véritable crise démocratique en France, mais aussi aux quatre coins de l’Europe, avec en corollaire la véritable capacité des femmes et hommes politiques à agir sur ce terrain ultra miné, à l’approche d’échéances électorales capitales pour les démocraties.
Une immigration d’ampleur inédite en France depuis les années 2000
« Nous vivons un contexte migratoire inédit, renchérit l’interviewé, par l’ampleur des flux reçus dans l’Hexagone – le nombre de nouveaux titres de séjour accordés en France a été multiplié par trois depuis la fin des années 90 - ; quant au droit d’asile en pleine croissance ces dernières années, il a triplé depuis 2010. L’immigration clandestine a triplé depuis vingt ans. On le sait grâce à l’Aide Médicale d’Etat en forte hausse. C’est une dynamique que l’on retrouve dans toute l’Europe… ».
Une résurgence du passé colonialiste de la part de bon nombre de pays du Vieux continent, assurément. Un phénomène qui concerne toutefois des pays n’ayant pas eu de visions expansionnistes dans les siècles derniers à l’instar de la Suède ou de la Suisse.
« Au-delà de ce phénomène d’ampleur inédite en France, poursuit Nicolas POUVREAU-MONTI, il y a aussi la nature qualitative de cette immigration. Notre pays accueille l’immigration la plus africaine d’Europe avec six personnes sur dix qui arrivent du Maghreb. Idem pour l’Afrique subsaharienne, avec une population qui a doublé depuis 2006… ».
Des arrivées massives qui impactent le marché de l’emploi ou…pas. Aujourd’hui, il s’avère que les personnes issues de l’immigration éprouvent de sérieuses difficultés à s’intégrer sur le marché du travail en France. Le taux d’emploi des immigrés légaux est l’un des plus faibles du continent européen, dans notre pays, avec 62 %. Plus de 40 % des entrées sur notre territoire se sont faites pour des motifs familiaux. Quant à la pauvreté des immigrés, elle est la plus importante à hauteur de 50 %. Soit quatre fois plus que le taux de pauvreté des Français.
Une accélération beaucoup plus forte de l’immigration dans l’Yonne
Quand est-il de l’Yonne, fort de ces données nationales ? Le directeur général de l’Observatoire de l’Immigration et de la Démographie continue son analyse.
« Il y a une forme de paradoxe sur ce département, c’est à la fois celui qui accueille un peu moins d’immigrés que la moyenne nationale (7,8 %) en 2022 au lieu de 10,2 % pour l’Hexagone. En revanche, l’accélération de la part des immigrés est plus forte que sur la moyenne nationale… ».
Précisons que dans le classement des communes hexagonales où la part des immigrés avait le plus augmenté parmi la population, signalons la présence dans le Top 25 national des petites villes, celle de Joigny, avec une hausse de dix points en quinze ans, entre 2006 et 2021. Des phénomènes de diaspora peuvent expliquer cela, avec une concentration familiale importante.
Quant aux origines de ces immigrés, quelles sont-elles ? « Il y a une singularité forte dans ce département de l’Yonne, c’est la forte présence de la population marocaine, confirme Nicolas POUVREAU-MONTI, à Auxerre et à Sens. C’est une petite spécificité départementale par rapport au national puisque la population algérienne est la plus importante de toutes les populations maghrébines. 19 % des immigrés de l’Yonne viennent du Maroc contre 7 % d’Algériens… ».
Dans le tiercé de tête icaunais, on retrouvera bien naturellement la population issue de la première génération de migrants, celle du Portugal. Bon nombre de ses ressortissants ont depuis acquis la nationalité française. Cette immigration était la conséquence directe des Trente Glorieuses et de ses besoins économiques dans un marché de l’emploi florissant alors que l’immigration actuelle répond davantage à des besoins de protection des individus avec l’accueil de réfugiés de tout ordre.
L’intégration dans le travail peut se révéler très vite comme une sinécure pour ces populations de la nouvelle vague migratoire. Dans l’Yonne, 27 % de ces personnes étrangères de plus de 15 ans se retrouvent sans emploi, ni en études ni à la retraite contre 12 % des non-immigrés.
« Les difficultés d’intégration sur le marché du travail sont spécialement marquées par les origines migratoires, ajoute le conférencier, prenons l’exemple de la population turque, 42 % ne sont ni en emploi, ni en études, ni à la retraite. Cela s’explique par le fort phénomène d’inactivité des femmes. 65 % des femmes originaires de Turquie vivant en France n’ont aucune activité… ».
La spécificité française vis-à-vis de l’Algérie et des titres de séjour !
On peut aussi ajouter à la liste, les immigrés en provenance du Maroc (33 %), ceux de l’Algérie à 32 % mais seulement 11 % des immigrés portugais, du fait d’une intégration dans le travail plus aisée, parfois couronnée par la création d’une entreprise. L’Afrique subsaharienne représente un contingent de 30 % des immigrés actuellement accueilli dans l’Yonne. 30 % qui sont eux-aussi sans emploi, sans études et sans retraite…Une réalité que l’on peut aussi observer localement.
A noter que le taux de chômage des populations issues de l’Asie du Sud-Est s’élève à 3 % en France ! Soit quatre fois moins que la proportion du nombre d’immigrés.
Reste le cas très particulier de la Tunisie. La représentativité de sa population est la plus importante au cours de ces dernières années (2000) grâce à un cadre politique bilatéral ayant facilité l’immigration. Malgré les relations assez distendues entre Alger et Paris, il se délivre les deux tiers des titres de séjour chaque année en France, soit la plus forte progression de toute l’Europe. Faisant de l’Hexagone une spécificité migratoire unique !
Cas particulier : les autres pays d’Europe comme l’Ukraine et ses cent mille réfugiés en France dont certaines familles ont échoué dans l’Yonne. Idem pour les Afghans (100 000 personnes) et les Syriens (50 000) en France.
Un impact considérable sur les politiques publiques
Sur un point strictement micro de l’étude, il était temps alors d’aborder la physionomie auxerroise. La capitale de l’Yonne accueillait en 2027 12,7 % d’immigrés en ces murs – c’est plus que la moyenne nationale de 10,2 % – car la part de cette population immigrée a augmenté deux fois plus vite que la moyenne nationale avec une forte présence de Marocains, de Portugais, d’Algériens mais aussi des Africains de la zone subsaharienne. Avec là aussi, une forte concentration de personnes n’ayant ni emploi, ni retraite, ni cursus pédagogique, soit 34 %.
« C’est ce qui m’a le plus frappé, précise Guillaume LARRIVE, ancien député de la première circonscription de l’Yonne, c’est ce chiffre. C’est énorme ! Un tiers des immigrés algériens vivant dans le bassin auxerrois qui ont l’âge de travailler, d’étudier ou d’être à la retraite, sont inactifs et hors des codes, c’est 2,5 fois supérieur à la normale. Ce qui me surprend le plus, c’est l’accélération et l’existence de cette vague migratoire additionnée à cette problématique de l’intégration sur le marché du travail. Cela a pour conséquence de peser sur le système social… ».
Un impact sociétal indéniable, assurément, sur les politiques publiques. A l’instar des retraites ou des allocations chômage, contrepartie de cotisations. En moyenne, les immigrés en France perçoivent un montant de prestations sociales qui est deux fois supérieurs à celui des personnes sans ascendance migratoire. Quant à la surreprésentation dans le logement social, elle est évidente : 24 % des ménages immigrés occupent des logements sociaux dans l’Yonne. Des chiffres démontrant de sacrés différentiels dans la réalité et qui pourraient bien faire les gorgées chaudes des adeptes du Rassemblement national ?!
Alors est-il nécessaire de reprendre la capacité de contrôle autour de ces flux migratoires dans les semaines et les mois à venir ? « C’est vrai, admet Nicolas PROUVEAU-MONTI, la gestion des conséquences est très certainement imparfaite ! ».
Quant à Sens, plus de 19,3 % de la population est issue de l’immigration contre 10,2 % au niveau national. « Là aussi, confirme l’intervenant, la part des immigrés dans la population locale a augmenté deux fois plus vite que le niveau national, à 54 %. Dont 20 % de ressortissants de l’Afrique subsaharienne… ». Constat similaire, au niveau de l’intégration sur le marché du travail et de ses conséquences sociétales…
Fin de la première partie.
Thierry BRET
Présidée par Alexandre BOUCHIER, maire de Saint-Denis-les-Sens et vice-président du Conseil départemental de l’Yonne, la rentrée politique du relais départemental du parti dirigé par Edouard PHILIPPE s’est tenue dans un lieu hautement symbolique : le centre de formation de l’AJ Auxerre. Une trentaine de militants, sympathisants et élus de terrain, ont partagé réflexions, inquiétudes et ambitions, le temps d’une réunion placée sous le signe du collectif et de l’engagement.
AUXERRE : C’est par une visite du musée « AJA Expérience », symbole de réussite collective et d’ancrage territorial, qu’a débuté la rentrée politique d’« Horizons 89 ». Une visite qui n’avait rien de fortuite explique Alexandre BOUCHIER : « Quand on voit l'histoire de l’AJA, quand on voit son parcours, quand on voit les hommes et les femmes qui l'ont composée au fil du temps, c'est une belle source d'inspiration à plein d’égards… ». Rappelant que la réussite du club n’aurait jamais été possible, sans « un collectif soudé, des partenariats solides et une ambition ancrée dans le territoire ». Autant de valeurs qu’« Horizons » entend bien incarner sur l’échiquier politique.
Cette rentrée politique avait aussi des allures de bilan et de projection. Un an après le lancement du collectif départemental d’« Horizons » dans l’Yonne, la formation compte désormais neuf comités locaux et près d’une centaine d’adhérents, « on se déploie gentiment, ce n’est qu’un début, mais les fondations sont là. On avance, on s’ancre, on construit… ».
« Trois députés du RN dans l’Yonne, c’est insupportable »
Une implantation progressive mais solide dans un département que le maire de Saint-Denis-les-Sens, qualifie de paradoxal : « la situation de l’Yonne est quand même un peu atypique, nous sommes un département de droite et de centre-droit et on se retrouve avec trois députés RN. C'est tout bonnement insupportable… ».
L’agenda politique est chargé et l’objectif affiché, limpide : soutenir Edouard PHILIPPE dans sa marche vers l’élection présidentielle de 2027. Mais à dix-huit mois de l’échéance, le patron d’« Horizons 89 » n’a pas caché ses inquiétudes, face à une situation politique nationale jugée « préoccupante », où l’incertitude sur la composition du futur gouvernement, les tensions sociales, les dérives populistes interrogent : « le monde bouge fort et il faut se raccrocher au mât ! Ça tangue, ça va tanguer fort et pendant encore un petit moment, on a intérêt à être costaud… ».
Parmi les témoignages des différents intervenants, celui du maire de Cruzy-le-Châtel, Thierry DURAND : « être maire d’un village de 240 habitants sur 6 000 habitants, c’est un peu le Sahel » ironise le vice-président de la Communauté de communes du Tonnerrois. Engagé en politique avec « Horizons », cet édile défend une autre voie face à la monté du RN dans les campagnes et entend bien convaincre sur le terrain, qu’il existe une autre voie : « aujourd’hui, 30 %, voire 50 % parfois des gens votent RN en milieu rural et fait nouveau, ils ne s’en cachent plus. Pour beaucoup, le RN, c’est la baguette, le béret, le drapeau, il faut montrer qu’on peut défendre la France autrement… ».
Inspiré par l’ancien député de la circonscription, André VILLIERS, puis par Edouard PHILIPPE, qu’il juge « terre à terre » et « à l’écoute », il souhaite lui aussi faire bouger les lignes et redonner confiance : « les gens en ont marre des politicards, il faut leur parler vrai ! ».
« Faire de la politique, c’est travailler et bâtir »
Une approche qui se veut pragmatique et territorialisée, loin du tumulte des réseaux sociaux et des polémiques stériles, souligne Alexandre BOUCHIER : « faire de la politique, ce n’est pas faire le plus joli tweet ! C’est travailler, bâtir, rassembler… ».
Rejetant en bloc postures politiciennes et autres invectives parlementaires, il en appelle à une gouvernance plus verticale et plus lisible, à l’écart des divisions actuelles : « la situation est si grave qu’il faut s’unir et essayer de ne pas trop abîmer la France pendant l’année et demie qui reste. Et à l’image de ce qui se fait dans nos conseils municipaux respectifs, marier la carpe et le lapin pour avancer… ».
Avec, pour reprendre une métaphore footballistique, l’ambition clairement affichée de « gagner le match » en 2027 !
Dominique BERNERD
Novateur. Le concept l’est réellement. Le bailleur social DOMANYS s’est donc engouffré tout naturellement dedans. Il profitera d’une rencontre conviviale, accueillie dans la résidence étudiante Denfert Rochereau à Auxerre lundi soir pour le présenter publiquement. Il s’agit d’un nouveau service d’équipements partagés mis à la disposition des locataires fréquentant cette résidence. Un service porté avec l’appui des « Biens en Commun »…
AUXERRE : C’est une question de bon sens. Né de cette volonté de mutualiser le plus largement possible l’utilisation des objets, au même titre que le partage de bicyclettes et d’automobiles. Un concept qui est étendu à d’autres services et objets dont nous avons besoin dans notre quotidien. Nous ne les possédons pas nécessairement chez soi. Cela peut concerner, pourquoi pas, un aspirateur, une perceuse, un appareil à raclette ou toute autre chose encore !
Inspiré par ce constat, le bailleur social icaunais, DOMANYS, dévoilera ce soir une toute nouvelle initiative lors d’un moment convivial, vécu en présence des habitants de la résidence étudiante Denfert Rochereau à Auxerre.
Un « apéro partagé » fort sympathique pour mieux s’approprier ce service plus, organisé autour de la pose de deux casiers à l’estampille du dispositif des « Biens en Commun ». Deux casiers désormais fonctionnels, l’un dans la capitale de l’Yonne, l’autre à Sens, la sous-préfecture la plus septentrionale du territoire.
Soutenu par l’ADEME et le Fonds de soutien à l’innovation de la CGLLS (Caisse de garantie du Logement Locatif Social), le projet a été réalisé grâce à l’implication des responsables de DOMANYS dont sa directrice Karine LASCOLS. Il permettra à près de 120 foyers de pouvoir louer des objets du quotidien au lieu de les acheter. Une idée résolument astucieuse, économe et pratique. Une autre manière de consommer plus durable, bien meilleure pour le pouvoir d’achat !
Conclusion de Karine LASCOLS à propos de cette judicieuse initiative : « On se donne deux à trois ans pour voir si on arrive à faire bouger les lignes, la façon d'utiliser ces équipements et installer ces nouvelles façons de faire... ».
Thierry BRET
Julien ODOUL, député RN de l’Yonne, a donné le coup d’envoi de la rentrée politique de son parti, en présence de la députée européenne Julie RECHAGNEUX et de Thomas MÉNAGÉ, député du Loiret et porte-parole du groupe à l’Assemblée nationale. Entre ambitions affichées, stratégie d’ancrage local et volonté de conquête dans plusieurs villes clés du département, le Rassemblement National se projette déjà comme acteur central des municipales de 2026.
JOIGNY : L’organisation d’une conférence de presse à Joigny dimanche matin ne relevait sans doute pas du hasard, quand on sait que la cité maillotine fait partie des trois villes, avec Sens et Auxerre, que la formation mariniste présidée par Jordan BARDELLA espère bien faire tomber dans son escarcelle aux prochaines municipales ! Une rentrée politique marquée par la préparation de ces futures échéances et d’emblée, le ton est donné : « premier parti de France et du département, nous avons de grandes ambitions pour aborder cette échéance importante. C’est l’élection de la proximité et ce sera la dernière avant la bataille suprême des présidentielles… ».
Contrairement à 2020 où cinq listes seulement étaient présentes dans l’Yonne, la donne a changé et le RN prévoit désormais de s’implanter dans une quinzaine de communes dont plusieurs chefs-lieux majeurs, avertit Julien ODOUL : « nous comptons bien, non pas seulement jouer les trouble-fête, mais l’emporter, que ce soit à Sens, Auxerre ou Joigny où nous aurons des listes estampillées RN… ». Et de rappeler que lors des élections européennes de 2024, le parti souverainiste était arrivé en tête dans la ville préfecture, une première dans l’histoire politique du département.
Selon le conseiller régional d’opposition, les mauvais bilans municipaux des équipes en place offrent des ouvertures, comme à Joigny, dont le maire, Nicolas SORET est pointé du doigt : « sa gestion socialiste montre son incapacité à répondre aux besoins, notamment en termes de sécurité et nous espérons une liste d’unions rassemblant toutes les forces pour l’alternance, tous les patriotes et sommes en bonne voie pour le faire… ».
Des boîtes à gifles et des avis convergents !
La « boîte à gifles » était ouverte et le maire d’Auxerre, Crescent MARAULT, visé lui aussi : « c’est jouable de remporter la ville, d’une part parce que le RN n’y a jamais été aussi fort et d’autre part, parce que le maire est fébrile, il a un bilan calamiteux. On dit même qu’il réussit à faire regretter les socialistes ! ».
Mais pour l’heure, affirme Julien ODOUL, la tête de liste n’a pas encore été désignée officiellement. Le conseiller régional Pascal BLAISE, longtemps pressenti, aurait-il de la concurrence ? « Il y a d’autres personnes autour de lui et vous serez peut-être surpris ! ». Réponse dans quelques semaines… A ce jour, pas encore de liste non plus à Avallon, même si le message est clair : « il faut soutenir le changement, c’est-à-dire renvoyer la municipalité en place dirigée par Jamilah HABSAOUI… ».
Pas de liste RN en revanche à Migennes et pour cause : « je pense que le maire de Migennes a prouvé aux dernières législatives, avec beaucoup de courage d’ailleurs, qu’il faisait passer ses convictions avant les consignes de parti. Je salue son engagement et le travail qu’il fait depuis son élection, c’est un très bon maire et c’est un maire libre ! ».
L’intéressé, en l’occurrence, François BOUCHER, appréciera ! Même satisfecit à l’adresse du président du conseil départemental et maire de Pont-sur-Yonne, Grégory DORTE, avec qui le dialogue semble ouvert : « on n’a pas la même étiquette politique, il n’appellera jamais à voter pour Marine LE PEN, pour Jordan BARDELLA ou pour moi, pourtant on arrive à défendre et porter des projets communs, comme la construction d’un second lycée dans le nord du département et c’est l’essentiel… ».
Si Julien ODOUL ne sera pas tête de liste l’an prochain à Sens, un nom devrait prochainement être divulgué : « un candidat de grande qualité et avec de belles ambitions… »
On attend les actes des Républicains au-delà des mots
En interne, le RN veut aussi se prémunir contre les « brebis galeuses ». Echaudé par certaines polémiques autour de candidats ou élus lors des précédents scrutins, à l’image de Daniel GRENON dans l’Yonne, le parti assure avoir renforcé ses procédures de sélection et de formation. Thomas MÉNAGÉ évoquant des « auditions systématiques », des « vérifications poussées » et un accompagnement des candidats. Un dispositif piloté au niveau national par Julien SANCHEZ, maire RN de Beaucaire. Objectif affiché : présenter des listes « solides », éviter les affaires embarrassantes et asseoir davantage la légitimité du parti : « on a pris acte des erreurs passées et on a mis en place des procédures pour s’assurer que nos candidats soient à la hauteur des attentes parce qu’on n'a pas le droit à l’erreur… ».
Interrogé sur d’éventuelles alliances avec Les Républicains à l’heure des municipales, Julien ODOUL se montre sceptique : « le problème avec LR, c’est qu’ils ont les mots mais pas les actes et on observe toujours chez eux la tentation du macronisme et de la trahison. Bien gentil à Monsieur RETAILLEAU de reprendre les mots de Jordan et de Marine, mais dans les faits, il est où le bilan ? ».
Peindre le paysage politique de l’Yonne aux couleurs bleu marine !
Le parti bleu marine entend toutefois, en vue des élections des 15 et 22 mars prochains, varier les approches selon les territoires. Là où l’ancrage partisan n’est pas jugé pertinent, notamment dans les petites communes rurales, le RN soutiendra des candidats sans étiquette au sein de listes d’intérêt communal. Ailleurs, il apportera son appui à des candidats partageant ses idées, même s’ils ne sont pas issus de ses rangs. En toile de fond des élections municipales, la perspective d’une dissolution de l’Assemblée nationale reste bien présente dans les esprits, rappelle Thomas MÉNAGÉ : « le pays est bloqué, la seule porte de sortie, c’est la dissolution. S’il n’y a pas un changement de cap très fort de la part de Sébastien LECORNU au moment du discours de politique générale et du budget, il devra partir et prendre la même direction que ses prédécesseurs… ». Cette stratégie de double anticipation (municipales 2026 et législatives anticipées), semble conforter un RN en quête d’ancrage local, mais aussi d’élargissement. A l’image de Julie RECHAGNEUX, candidate à Bordeaux, le parti espère percer dans les grandes villes en misant sur un thème cher au mouvement, celui de la sécurité, mis en avant dans toutes les campagnes. « Quand il n’y a pas de sécurité, il n’y a plus rien », affirme Julien ODOUL, rappelant que le maire, même sans compétence régalienne peut agir : « brigades de nuit, éclairage, parc locatif, le sport, la prévention, tout cela ce sont des politiques de sécurité pouvant être mises en œuvre au niveau municipal… ».
Au final, un fil conducteur se dessine : celui d’un RN qui assume sa mue, entendant bien passer de parti contestataire à celui de parti de gestion, ce que le député de l’Yonne a résumé en ces termes : « que ce soit dans nos communes ou nos cantons, le Rassemblement National s’est notabilisé, avant, il faisait partie du paysage électoral, aujourd’hui, il fait partie désormais du paysage politique ».
Avec deux députés dans le département, des ambitions locales renforcées, une stratégie rodée et une base militante étoffée, le parti entend bien le prouver dans les urnes. Pour l’heure, il affiche la couleur, privilégiant bien sûr le bleu marine pour repeindre le paysage politique !
Dominique BERNERD
On lit un peu d’inquiétude dans le regard des deux agents de sécurité. Scrutant le parking de la grande et moyenne surface auxerroise, ciblée par la délégation des agriculteurs de la FDSEA et des JA de l’Yonne, ils cherchent des yeux les premiers protestataires qui pourraient s’engouffrer d’ici peu dans le magasin pour cette action de revendication. Une opération « coup de poing » menée sans heurts ni violences, et se voulant surtout pédagogique, voire informative, auprès des consommateurs habitués à fréquenter ce commerce. Objectif : porter le discrédit sur tous les produits alimentaires qui ne respectent pas les normes européennes et qui pourtant envahissent abondamment les rayons !
AUXERRE: Combien sont-ils exactement ? Une trentaine ? Une cinquantaine ? Un peu moins ? Ou légèrement plus ? Un comptage minutieux que les représentants des renseignements territoriaux de l’Yonne, discrets mais présents, prendront soin d’effectuer avec grand intérêt, comme à chaque rendez-vous social dans la rue. Mais cette fois-ci, ce n’est pas sur l’asphalte de la chaussée ni sur les trottoirs que la manifestation contestataire se déroule. Mais, bel et bien, au cœur d’un supermarché du cru, aux heures de pointe de ce milieu d’après-midi vraiment tristounet au niveau de la météo. La pluie redouble d’intensité à l’extérieur et nous sommes en période de fin de mois : conséquence prévisible, la clientèle regorge dans les allées du commerce GMS du cœur de ville. Pas si simple de trouver une place de parking pour y poser son véhicule. Idem pour dégoter un caddie, indispensable à la collecte de ses produits, prélevés ici et là parmi les gondoles.
Sensibiliser les consommateurs aux dangers des accords du Mercosur
Le mot d’ordre est simple chez les agriculteurs qui s’engouffrent munis d’un chariot à l’intérieur du magasin : vérifier la provenance de certains produits alimentaires sensibles (huiles, farines, charcuteries, fruits et légumes…) dont certains sont issus de l’importation. Un contrôle minutieux parmi les rayons, notamment sur les produits et les marques étrangères ne respectant pas les cahiers des charges hexagonaux.
« L’idée est de dénoncer les accords du Mercosur, confie l’un des agriculteurs contrôleurs, la casquette verte de la FDSEA rivée sur la tête, il serait grand temps qu’il y ait une vraie cohérence entre la France et l’Europe au niveau des réglementations. N’importons plus ces produits agricoles non respectueux de nos normes et que nous ne voulons pas sur nos étals ! ».
A l’intérieur de la grande surface, et par petits groupes munis de leurs caddies, les manifestants progressent en toute docilité parmi les rayons et la clientèle surprise par les tenues vestimentaires et les drapeaux identifiant ces hôtes un peu particuliers. Certes, l’action n’est pas spectaculaire mais elle s’avère efficace car en prise directe avec les consommateurs.
La distribution de tracts dénonçant la présence de produits alimentaires étrangers ne respectant pas les normes imposées par l’Europe s’effectue entre deux échanges explicatifs pour celles et ceux des clients qui prennent le temps (et le désir) d’écouter les revendications des adhérents de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs de l’Yonne.
Dans un coin, le président de la Fédération départementale des Syndicats Exploitants Agricoles Damien BRAYOTEL livre ses explications face à la caméra de nos confrères de France Télévisions.
« Il faut sensibiliser grâce à cette action les consommateurs aux dangers qu’implique la signature des accords du Mercosur, une trahison pour la cause agricole hexagonale… ».
Travailler plus pour gagner moins !
Pendant ce temps, certains agriculteurs posent une étiquette jaune sur les chariots, voire sur les produits « interdits » ; quand ce ne sont pas des rouleaux de rubalise qui délimitent un rayon entier de céréales à proscrire de sa liste de courses !
« Par cette action, renchérit Charles BARACCO, à la tête des Jeunes Agriculteurs 89, on souhaite interpeller Emmanuel MACRON pour qu’il tienne réellement ses promesses. A savoir ne pas ratifier les accords de libre-échange avec le Mercosur et refuser les taxes douanières des Etats-Unis sur les produits agricoles français… ».
Autre constat, l’énigmatique étiquetage de produits qui garnissent le rayon des huiles végétales. On peut y lire la mention production « Union Européenne ». Sans en connaître la véritable origine identitaire, ni les conditions de fabrication et encore moins les normes qui sont respectées par ledit article !
Des agriculteurs qui pratiquent l’art de la pédagogie auprès de la clientèle du magasin LECLERC auxerrois en alertant sur leurs difficultés à vivre convenablement de leurs productions. « Travailler plus pour gagner moins, ajoute l’un d’entre d’eux, très amer. Des agriculteurs qui promettent d’autres rendez-vous en novembre, sans doute moins pédagogique mais plus virulents si rien n’est fait d’ici là !
« Nous demandons des actes pour une vraie souveraineté alimentaire européenne, souligne Damien BRAYOTEL, plus d'un an après la mobilisation d'ampleur nationale, les agriculteurs sont encore en attente de mises en œuvre concrètes des promesses obtenues du gouvernement d’alors (celui de Gabriel ATTAL) pour simplifier leur métier et assurer leur compétitivité sur les marchés mondiaux… ».
Depuis, les choses ont évolué mais pas dans le bon sens pour la corporation. Un nouvel accord avec le Mercosur est à l'ordre du jour et ravive ses inquiétudes. Les syndicats dénoncent une situation de « deux poids, deux mesures ».
« En France, les normes environnementales et sanitaires continuent de s’empiler et pèsent de plus en plus lourdement sur les exploitations. Dans le même temps, nous importons toujours davantage de produits agricoles qui ne respectent pas ces mêmes normes. L’incohérence est flagrante, aussi bien à l’échelle intra-européenne (exemple : interdiction de l’acétamipride en France alors qu’il est autorisé dans d’autres pays de l’Union) qu’à l’échelle extraeuropéenne (importations massives de blé et de sucre en provenance d’Ukraine, ou encore de viande issue des pays du Mercosur). Ces importations pèsent sur les prix et mettent en péril la pérennité des exploitations françaises en fragilisant le revenu des agriculteurs, déjà sous pression… ».
Une seule chose serait acceptable pour les manifestants : l’application de règles simples, c’est-à-dire des règlementations communes en Europe, où tous les produits alimentaires qui ne respectent pas les normes françaises ne puissent pas être importés. De la pure logique en somme dans un monde qui l’est de moins en moins !
Thierry BRET