Depuis des lustres, l’économie des états de la planète est plombée par des dettes abyssales. Depuis 1945, la stratégie de l’Occident est basée sur la croissance du PIB et l’endettement. La dette mondiale a ainsi augmenté de 7,5 billions de dollars au cours des trois premiers mois de 2025, pour atteindre un niveau record d'environ 324 billions de dollars, selon un rapport publié par l'Institut Bancaire et Financier international. On s’aperçoit que cela ne marche plus…
TRIBUNE: Si pour la France, la dette avoisine les 3 500 milliards d’euros, avec une charge d’intérêts qui représente le plus gros poste budgétaire, la dette de l’UE s’élève à 15 000 milliards ! La dette américaine va dépasser dans les prochains jours le seuil de 37 000 milliards de dollars. Une situation qui ne risque pas de s'améliorer avec la loi budgétaire de Donald TRUMP, accusé de creuser un peu plus les déficits. 65 % de l'impôt des Américains a servi en mai 2025 à payer les intérêts.
Les Américains savent qu’ils ne rembourseront jamais. Le PIB du monde représente 111 billions de dollars ! Une richesse équivalente à près de 300 % de la dette… Plus personne n’a la capacité de rembourser. En 2012, 100 milliards de la dette grecque furent effacés. La Grèce ne peut plus emprunter, qu’à cela ne tienne, notre Christine LAGARDE, alors ministre des Finances, prêta à la Grèce au taux de 12 %, pour se refinancer à 5 %... C’est conforme à une solidarité européenne proche d’un mercantilisme ignoble ! Cerise sur le gâteau, on emprunte aujourd’hui pour financer les intérêts de la dette !
Alors, quelles solutions ?
Si la France décidait, seule, de rembourser sa dette, avec à la clef, comme le souhaite les plus inconscients, de quitter l’euro et l’UE, la faillite définitive serait assurée. Le FMI considère que l’allégement de la dette dans la plupart des pays d’Afrique peut contribuer à diminuer la pauvreté, mais doit faciliter le recours à l’emprunt pour investir. Selon lui, on peut donc jamais sortir de l’endettement ! La solution ne peut venir que d’une entente globale, au lieu d’une hypocrisie latente, qui consiste à faire semblant de croire que le redressement est possible, et que les solutions d’apurement de la dette sont jouables. Un nouvel ordre économique doit émerger. Un ordre fondé sur des valeurs humaines, sur la richesse produite, et pourquoi pas, comme le vit le Bhoutan depuis longtemps : le BNC, le Bonheur National Brut, évoqué par Nicolas SARKOZY quand il était président.
Et si nous annulions la dette publique ? L’annonce d’une telle décision serait très déstabilisante et la capacité ultérieure de l’Etat à financer sa dette pourrait être gravement compromise, ou chèrement payée en termes de prime de risque. D’autant qu’une telle opération reviendrait à mettre la politique monétaire totalement sous domination des pouvoirs publics. Il s’agit d’un pouvoir régalien qui devra être exercé par chaque pays. Qui sera spolié ? Les prêteurs, c’est-à-dire, les banques centrales, les investisseurs privés (c’est-à-dire ceux qui profitent largement de l’endettement des Etats).
Se pose alors la question des investissements qui ne peuvent se développer que grâce à l’endettement. Peut-être un retour aux heures glorieuses des emprunts obligataires, fondés sur l’épargne publique. Le taux doit être arbitrairement fixé par l’Etat et non par des agences de notation, qui se définissent surtout par des critères politiques plus que techniques. Limiter la croissance ? Pourquoi pas. Une croissance fondée sur des investissements stratégiques, comme la recherche, l’industrie, les infrastructures liées à la défense, la santé, la sécurité intérieure…
Les Etats ne s’imposent aucune limite dans leurs dépenses
On investit grâce à la richesse produite, des échanges commerciaux sains et hors des droits de douanes imposés par un protectionnisme stérile mais appauvrissant pour tous. Olivier KLEIN, directeur général de Lazard Frères Banque et professeur d’économie à HEC, avait déclaré : « enfin, et pour conclure par un raisonnement par l’absurde, si une telle possibilité existait, sans risque et sans douleur, pourquoi n’a-t-on pas laissé depuis longtemps les Etats développer des déficits ad libitum, sans limites de dépenses ? ». Mais, les Etats ne s’imposent plus de limites de dépenses, ils savent très bien qu’ils ne rembourseront jamais…
Les détracteurs de cette solution avancent que l’inflation repartirait de plus belle. Elle est déjà là, mais on parle d’inflation jugulée grâce à la dette et l’intervention des banques centrales vers un endettement de plus en plus fort. L’endettement, ça ne marche plus, l’inflation ne s’arrête pas, les pays sont soumis aux dictats des agences de notation, des marchés financiers et des Etats militairement les plus forts. Militairement uniquement, car leur économie est tout aussi vacillante que celle des autres pays. Notre président n’a manifestement pas lu Albert CAMUS qui écrivit : « la crainte n’a jamais imposé le respect… ».
A l’inverse de la théorie d’Adam SMITH (philosophe-économiste écossais du XVIIIème siècle) : « finalement, la notion de « main invisible » repose fondamentalement sur le principe d'un équilibre naturel résultant du jeu de tous les acteurs de l'économie en présence et de la confrontation de leurs intérêts, sans qu'aucune intervention régulatrice ne soit nécessaire ». Beaucoup ont cru à cette approche. Aujourd’hui, le jeu des acteurs est trop égoïste, figé sur le gain absolu et la richesse individuelle, qu’elles qu’en soient les modalités d’application. Les Etats doivent intervenir sur une stratégie fondée sur l’intérêt commun, les principes humanistes et la solidarité.
Propos irréalistes et utopistes, dites-vous ? Souvenons-nous que les utopies ont apporté dans l’histoire de l’humanité des drames et de belles constructions humaines (Hitler, Staline, Gandhi, Mandela…).
Au-delà du pays « d’égoland », que chaque dirigeant s’interroge sur le bien-être du peuple qu’il dirige, sur des conditions de vie dignes pour ses voisins, et le bonheur de la race humaine. Une race ne se définit pas par une couleur de peau, une religion, ou un genre, mais par les caractères universels transmissibles d’une génération à la suivante…Tous doivent se réunir autour de la table afin de trouver des solutions propres à la situation actuelle, avec la volonté d’un meilleur devenir !
« Toute ma vie, j'ai soutenu que les peuples du monde peuvent apprendre à vivre ensemble en paix s'ils ne sont pas élevés dans les préjugés ». Joséphine BAKER.
Jean-Paul ALLOU
Avec les « Gilets jaunes », les agriculteurs, les retraites, la dissolution de l’Assemblée nationale, les conflits russo-ukrainiens et israélo-iraniens, on a le sentiment que notre président n’est pas conscient des réalités de terrain. Quelles stratégies poursuit-il ? Où veut-il embarquer la France ? Il n’a plus aucun crédit : pas plus en France qu’à l’étranger…
TRIBUNE : Le conflit entre Israël et l’Iran, pour ne pas dire la guerre, montre à quel point le locataire de l’Elysée est ignorant de la situation sur le terrain et de l’histoire. Un exemple concret : annoncer dans le même temps qu’il ne faut pas que l’Iran possède la bombe atomique et que la France n’aidera pas Israël dans ses velléités guerrières. Emmanuel MACRON est cohérent avec sa démarche épistémologique : tout affirmer en même temps que son contraire ! Vendredi dernier alors qu’Israël commençait à bombarder l’Iran, le président français se préparait à une conférence de presse prévue à 18h30. Une demi-heure de retard. Pourquoi ?
Le décret du 16 avril 2022 organise l'extinction de deux corps du ministère des affaires étrangères : le corps des conseillers des affaires étrangères et le corps des ministres plénipotentiaires. La France ne regroupe que des ambassadeurs qui n’ont que les informations distillées par les pays d’implantation. Résultat : ni Donald TRUMP, ni Benyamin NETANYAHU n’ont tenu informé Emmanuel MACRON des bombardements en cours. Plus gênant, le président de la République mobilise les énergies européennes pour organiser une rencontre aux fins de négocier un cessez-le-feu avec l’Iran. Dans la foulée, TRUMP déclare que l’Iran pourrait négocier avec les Etats-Unis, à la condition de l’arrêt des bombardements d’Israël, mais jamais avec l’Europe ! Un camouflet retentissant pour les participants et surtout pour la France, l’Allemagne et l’Angleterre !
Le choix entre la guerre et le déshonneur ?
L’Europe et encore moins Emmanuel MACRON ne peuvent infléchir la volonté d’Israël : faire disparaître le régime des mollahs de la surface du globe. De plus, négocier avec l’Iran, c’est leur permettre de maintenir la dictature de terroristes reconnus. Ce que refuse aussi l’immense majorité du peuple iranien ! Comment peut-on vouloir négocier avec des terroristes qui annoncent depuis des années, vouloir éradiquer Israël ? Peut-on négocier avec des révolutionnaires rejetés par de nombreux pays de la communauté internationale et par son peuple lui-même ? Convaincus qu'un accord à tout prix était une meilleure solution qu'une crise, les Européens ont accepté de soutenir le régime iranien ! Oui, Monsieur le Président, « on vous a donné le choix entre la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre… ». Cette phrase fut prononcée par Winston CHURCHILL, juste après les accords de Munich, en réponse à l'affirmation de CHAMBERLAIN. Hélas, pour le monde et pour la France, le conflit prendra fin lorsque l’Iran ne pourra plus nuire à la planète.
Des enjeux multifactoriels
Pour beaucoup, les enjeux sont d’abord économiques. Nous pouvons le constater, depuis le début du conflit, les cours du pétrole s’envolent. Le blocage du détroit d’Ormuz est aussi une menace non négligeable ! La reprise d’une inflation galopante est à notre porte. Pour la France, c’est encore pire. Dépôts de bilan et son cortège de chômeurs et de pauvreté, nous sommes quasiment en cessation de paiement et incapables de redresser la situation, faute de stabilité politique.
Tuer le guide suprême de l’Iran ne débouchera pas sur la fin du régime. Agé de 86 ans, l'ayatollah KHAMENEI occupe la fonction politique et religieuse la plus élevée en Iran, celle de « guide suprême » de la révolution islamique. Le régime iranien est assis sur les « Gardiens de la Révolution », fréquemment abrégé en Pasdarans. C’est une organisation paramilitaire de la république islamique d'Iran dépendant directement du Guide suprême de la révolution, le chef de l'État iranien. Depuis sa création en 1979, le corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) est la branche la plus puissante des forces armées iraniennes. Il est distinct de l'armée nationale et plus puissant que celle-ci. Il dispose de ses propres forces terrestres, navales, aériennes, et de renseignements, totalisant environ 125 000 hommes ou 236 000 selon les sources. Ils n’ont pas hésité à massacrer les citoyens iraniens, dans le cadre de manifestations anti-régime ! Aujourd’hui, la balle est dans le camp des Iraniens pour abolir le régime mais on peut comprendre leur hésitation.
Vladimir POUTINE se propose comme médiateur. Emmanuel MACRON a rejeté immédiatement l’initiative, tandis que Donald TRUMP la juge prématurée. POUTINE possède des liens privilégiés avec l’Iran. Il devrait plutôt profiter de s’assoir à une table de négociations avec l’Ukraine !
Les Perses, une des grandes civilisations de l’humanité
Enfin, nos dirigeants ignorent l’histoire. Les Iraniens sont un grand peuple. Historiquement, les Perses furent à l’origine d’une grande civilisation. Zoroastre (entre le VIIème et VIème siècle avant notre ère) fut l’un des piliers religieux et civilisationnel de la Perse antique. Pour Zoroastre, la devise de la foi est de posséder de bonnes pensées, de bonnes paroles et de bonnes actions. Cette triple voie est au cœur de la foi zoroastrienne. Les zoroastriens croient que l'on connaît le bien grâce à l'aide divine de Vohu Manah (le Bon Esprit), de la conscience divinement inspirée (Daena) et de l'écoute de Dieu pour les humains (Sraosha). On est proche de la vision trinitaire des chrétiens… Toute l’Antiquité préchrétienne montre que les Juifs n’avaient pas alors d’alliés plus solides que les Perses. Les Juifs sont déportés à Babylone par les Assyriens à la suite de la prise de Jérusalem par le roi Nabuchodonosor en 586 avant J.-C. Cinquante ans après, les Juifs sont libérés par le roi de Perse Cyrus. Entre-temps, les Perses (indo-européens) avaient éliminé les Assyriens (sémites) et pris Babylone… L’histoire ouvre des voix pour la paix et la rencontre…
Tout est possible, le pire comme le meilleur. Le pire est hélas encore prégnant. Comment ne pas s’insurger, quand on est une civilisation « évoluée », contre ceux qui applaudissent lorsque tel ou tel homme meurt sous les balles de leurs ennemis. Quand d’autres se réjouissent du bombardement d’un hôpital, au prétexte qu’il se situe dans le camp de ceux que l’on déteste … Zoroastre a prêché ce que Jésus a repris quelques siècles plus tard : « ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas que l’on te fasse… ».
La guerre est bien là, qu’on le veuille ou non, mais les hommes, humanistes, sages, épris de l’essence de leur religion ont la capacité de retrouver la paix ! Méditons ce propos de Paul VALERY : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas… ».
Paul GUILLON
La langue de bois ? Une discipline pourtant si usitée dans la sphère politique qu’il ne pratique pas, l’ancien ministre de l’Education nationale et professeur de philosophie, Luc FERRY ! L’essayiste et écrivain très médiatisé – il a son actif la rédaction et traduction de plus de 220 ouvrages ! – a régalé par sa verve pertinente le public auxerrois, féru des « Conversations de l’Abbaye », sur une thématique qui le passionne : l’intelligence artificielle. Une causerie calibrée en trois quarts d’heure lui permettant d’évoquer pêle-mêle ses performances, ses conséquences sur l’emploi et le retard coutumier pris par les Européens sur le sujet…
AUXERRE : Il n’est pas tendre avec les représentants du monde politique. « C’est normal, je les connais de très près ! », précise-t-il avec un brin d’ironie. Il les invite même à se réveiller (ainsi que nous tous, d’ailleurs) avant qu’il ne soit trop tard. Si ce n’est pas déjà trop tard ! Thématique de la soirée nécessitant un vrai débat : l’intelligence artificielle. Logique, en somme, pour le conférencier, invité de la énième « Conversation de l’Abbaye » auxerroise, une animation introduite par la cheffe d’orchestre de ces rencontres intellectuelles (Céline BAHR) où il est bon de se mettre des choses sensées et réfléchies entre les oreilles, qui vient de consacrer un ouvrage complet sur ce sujet : « IA : grand remplacement ou complémentarité ? ».
« Le tsunami va être dingue de chez dingue, c’est sûr ! ». Ecouter le professeur de philosophie, essayiste, écrivain et homme politique, habitué des plateaux télévisés depuis des lustres – il faut le savourer lors de ces joutes orales avec Daniel COHN-BENDIT chaque dimanche en fin de journée sur LCI ! - lors d’une conférence sur un item aussi capital comme peut l’être l’IA n’est pas synonyme d’assoupissement, d’ennui et de désintérêt pour le public, même de profanes !
Une IA au top des connaissances
Une salle de conférence, pleine comme un œuf avec plus de deux cents spectateurs dont bon nombre au cheveux d’argent où il aura fallu ajouter des chaises supplémentaires coûte que coûte jusqu’à la dernière minute afin de permettre à chacun de profiter d’une place assise, au grand dam de Luc FERRY, devant couper par deux fois son élan introductif lui servant de préambule ! Il suffisait que les retardataires arrivent à l’heure, non ?!
Il persiste et signe, l’ancien ministre de l’Education nationale, sous l’ère de…Jacques CHIRAC ! « Il faut vraiment que les hommes politiques se réveillent sur ce sujet ! On est encore en train de discuter de conclave sur les retraites à prendre à 62 ans ou pas ! Franchement, c’est affligeant, voire dramatique ! Il faut s’intéresser à l’IA, y réfléchir sérieusement en pensant aux futurs métiers de nos enfants et petits-enfants pour qu’ils ne soient pas bouffés par l’IA à l’avenir… ».
Il ajoute que les métiers qui associeront la technologie, le cœur et la main sont ceux qui disparaîtront le moins vite. « Mais, un très bon vendeur, c’est difficile à remplacer car c’est un métier de relations humaines. Il faut que l’Education nationale oriente nos enfants vers des métiers qui ne seront pas des voies sans issue… ».
Est-ce vraiment le cas aujourd’hui ? Pas certain !
A l’aise dans l’exercice oratoire, additionnant son cocktail d’informations de plaisanteries, de remarques personnelles, de chiffres à faire peur lorsqu’il s’agit du retard abyssal de l’Europe et de la France sur ce dossier, Luc FERRY déroule en consultant de temps à autre ses quelques feuilles noircies de notes un plan qu’il a savamment rodé au fil de ses conférences hexagonales. Ici, distillées auprès de grands pontes des corps militaires, là auprès des dirigeants chez ORANGE !
En guise de longue introduction, celui qui déplore que « le système éducatif français fabrique de l’échec sans parvenir à y porter remède » énumèrera des exemples de performance concrets de cette technologie maîtrisée par les Américains et les Chinois. Via l’outil « Chat GPT ».
Dans la traduction de textes (désormais, le métier de traducteur est condamné à finir aux oubliettes !), dans la réalisation artistique (œuvres d’art dupliquées et plagiées en toute impunité malgré les innombrables procès des auteurs et artistes ), dans la résolution de problèmes mathématiques (l’une des variantes de l’intelligence artificielle, « IA Alpha Géométrie » a obtenu la médaille d’or aux récentes olympiades mathématiques, reléguant le scientifique Cédric VILLANI à ses chères équations !), dans le domaine juridique, de l’édition, de la presse, et de l’éducation.
« L’IA peut obtenir aisément le baccalauréat et même les agrégations ! Elle est même plus intelligente que moi qui possède doctorat et agrégations ! », plaisante Luc FERRY. Une IA qui peut faire de la mécanique, de la maçonnerie, de l’électricité, de la plomberie. La seule différence avec l’humain ? C’est que l’IA n’a pas besoin d’arrêt de travail, ne milite pas à la CGT et n’emmerde personne ! ». Rires garantis parmi l’assistance qui apprécie la démonstration, visiblement !
Gare aux usages dévastateurs des « deep fake »
Puis, l’orateur bifurqua sur l’une des craintes majeures de l’intelligence artificielle son impact dans le monde du travail. Sans omettre de balancer quelques saillies acidulées contre les représentants politiques !
« Quels sera l’impact de ces IA génératives sur l’emploi de demain ?, s’interroge Luc FERRY, Bill GATES qui est tout sauf idiot estime que l’IA est capable de remplacer les pilotes dans tous les jobs ! L’IA est capable de fournir tous les services de soins dont nous avons besoin ! A quoi va ressembler ce monde de demain ? On doit y réfléchir très vite, y compris nos politiques qui eux sont à côté de la plaque ! Pas comme le Premier ministre qui veut interdire la vente de couteaux de cuisine aux mineurs alors qu’il suffit d’en récupérer un exemplaire dans la cuisine familiale ! Ou comme les deux autres députés (un écologiste et un socialiste) qui veulent interdire la vente des portables au moins de 15 ans ! C’est complément idiot ! Idem d’interdire l’usage des réseaux sociaux aux moins de 15 ans alors que l’on peut contourner très facilement le problème, c’est totalement débile… ».
Du Luc FERRY dans la quintessence de son art oratoire ! L’IA est-elle peu créative ? « C’est faux ! L’argument est idiot ! Il y a des réussites artistiques issues de l’IA qui sont exceptionnelles…Il y a des œuvres proposées par l’IA qui sont plus créatives qu’un tableau de Pierre SOULAGES ! ».
Sur le sujet de la régulation de l’IA, l’intervenant en rajoute une couche : « je ne suis pas poujadiste, mais prenons l’exemple des « deep fake », ces fausses vidéos qui sont fabriquées en quelques minutes et peuvent faire croire des tas de choses totalement inexactes – il s’amuse à en partager quelques-unes, sonores, où les fausses voix d’Emmanuel MACRON et de Barack OBAMA, tressent des louanges à l’écrivain philosophe et à son dernier ouvrage ! -, j’alerte sur les effets dévastateurs et malveillants de ces messages… ».
L’UE se situe à des années-lumière de la galaxie IA !
Autre point évoqué : « l’IA force ». Ce serait une machine qui posséderait la conscience de soi, créant ainsi une nouvelle ère, celle de la post-humanité. Un cerveau artificiel qui serait tellement performant que la conscience de soi se traduirait par des émotions.
« Personnellement, je n’y crois pas du tout ! Ceux qui y pensent sont des matérialistes au sens philosophique du terme. Je n’y crois pas pour des raisons scientifiques et philosophiques, en vérité. Il y a deux différences entre l’IA et l’humain : l’IA ne possède pas de corps ni d’organisme, donc elle n’a pas de libido ni de projets personnels. Même si elle peut imiter les émotions. Quant aux codes éthiques, ils sont introduits par les programmateurs qui peuvent être de multiples origines et orientations diverses au niveau de la pensée… ».
Quant au poids de l’Europe et de la France par rapport à la maîtrise de l’intelligence artificielle, il semble inexistant à date. Un constat que déplore Luc FERRY.
« Nous nous situons à des années-lumière de la réalité, souligne le philosophe, même si la France propose sa propre IA avec « Mistral », mais cela n’a strictement aucun rapport avec le modèle américain. C’est comme si nous devions courir le Grand Prix de Monaco de formule un avec une 2 CV ! ».
Une Union européenne qui est donc totalement dans les choux de l’avis de l’essayiste, qui fit une digression ironique sur les volontés de réarmement du Vieux continent. Démontrant au passage que les drones, nouvelles armes redoutables de la guerre moderne, se pilotent de manière numérique.
Favorable à l’adoption d’un service civique pour les adultes, Luc FERRY y va de son analyse pertinente sur les usages de l’IA et de l’emploi, grand sujet de préoccupation pour les Français, abasourdis par tout ce déferlement technologique.
« Face à l’IA, il ne faut pas arrêter de travailler. Il faut garder l’utilité sociale sinon on perd son estime de soi. Il y aura des gains de productivité grâce à l’IA dans les secteurs industriels. Certains estiment que seuls les emplois automatisables seront impactés par l’intelligence artificielle : c’est complétement faux. Je peux citer les traducteurs, les géomètres, les médecins, les architectes, les comptables…autant d’emplois qui seront remplacés par l’IA. Quant à la théorie que l’IA affectera uniquement les « cols blancs » et non les « cols bleus », là aussi, c’est source d’erreurs ! Les robots permettront tout ! Quant à la destruction massive des emplois, la théorie ne tient pas debout : d’autres emplois seront créés à la place. Le passé industriel nous l’a déjà démontré… ».
Une intelligence artificielle qui aura suscité quelques réactions de la part du public. Réactions à chaud plus ou moins intéressantes où Luc FERRY apportera là aussi des réponses probantes, avant qu’il ne quitte la scène de l’Abbaye pour regagner une petite table où il devait signer quelques ouvrages dans une courte séance de dédicaces, avant de saluer son ami Guillaume LARRIVE, venu en spectateur, et repartir vers de nouvelles aventures épistolaires et sans IA, loin de l’Yonne…
Thierry BRET
Prévenir et lutter contre les incendies de forêt. La cause est juste et noble. Afin de sensibiliser le plus de monde possible, le sportif de l’extrême bien connu des Icaunais, le sympathique Karim MOSTA, s’est lancé un vrai défi de titan en 2024. Un défi de « ouf », comme on le dit désormais sur les réseaux sociaux ! Rallier Casablanca au Maroc à Pékin en Chine, à bicyclette comme l’aurait si bien chanté le regretté BOURVIL ! Soit la traversée de quinze pays pour plus de 15 000 kilomètres parcourus ! Une exposition accueillie à la MJC Auxerre présente jusqu’au 13 juin une belle vitrine de photographies…
AUXERRE : Le voyage est extraordinaire. Un peu « dingo » à imaginer mais quand on connaît le tempérament et le sens de l’abnégation du champion de l’extrême icaunais, on n’est guère surpris, en effet ! Des défis fous, Karim MOSTA, les accumule depuis plusieurs années ! 2019 : c’est le départ de Casablanca la magnifique pour une autre destination qui l’est tout autant dans le cœur des musulmans, La Mecque en Arabie Saoudite ! Thématique du voyage de l’époque, le premier de la série au départ de la belle métropole du royaume chérifien, la découverte de la culture, du sport et la spiritualité.
Trois ans plus tard, notre homme remet le couvert ! Ou plutôt se remet en selle avec le périple qui part d’Amsterdam aux Pays-Bas cette fois-ci pour relier Dakar. La lutte contre toutes les formes de violence sert de fil d’Ariane au valeureux sportif ayant dérogé à la règle de ne pas partir de Casablanca comme il était prévu initialement. Sans doute devait-il trouver que le trajet pour rejoindre la capitale du Sénégal n’était pas suffisant en kilomètres pour accomplir un exploit !
Pugnace, l’organisateur du Bourgogne Tonnerre Trail et de la Race Désert Marathon, disputée au Maroc, décida en 2024 de s’aventurer à vélo du côté de la Chine en empruntant à sa manière la Route de la Soie ! Plus de quinze mille kilomètres parcourus à bicyclette en traversant une quinzaine de pays serait presque un jeu d’enfant pour celui qui a participé à 165 raids dans le monde et couru une trentaine de marathon des sables !
Plus de 15 000 kilomètres à travers 15 pays !
Le double vainqueur de la Coupe du monde de l’ultra-marathon nous revient avec une exposition photographique de très belle facture, installée dans la très belle salle capitulaire de la MJC Auxerre. Des clichés remarquables, empreints de chaleur humaine et de fraternité, illustrant ce voyage extraordinaire effectué entre Casablanca et Pékin !
Au total, ce sont 15 370 kilomètres parcourus par un opiniâtre Karim MOSTA qui a traversé des paysages à couper le souffle, des routes sinueuses d’Afrique aux vastes étendues d’Asie. Son aventure l’a mené sur la mythique « Route de la Soie », un itinéraire riche d’histoire et de défis, où chaque kilomètre témoigne d’un effort exceptionnel et d’une détermination sans faille.
Cerise sur le gâteau, Karim MOSTA viendra lui-même à la rencontre du public auxerrois ce vendredi 06 juin à 18 heures commenter ces images lors d’une conférence que l’on suppose passionnante et riche en anecdotes. Son thème : « le goût de l’effort et le dépassement de soi ». Tout un programme, en vérité, pour l’ultra-marathonien de l’Yonne qui possède à son actif l’équivalent de cinq tours du monde en raids effectués ! De l’or dans les jambes et l’envie insatiable d’explorer le monde, bon sang, mais c’est bien sûr Karim MOSTA !
En savoir plus :
Exposition de Karim MOSTA
« Un voyage extraordinaire de Casablanca à Pékin »
Du 02 au 15 juin 2025, à la Maison des Jeunes et de la Culture (MJC) d’Auxerre.
Conférence le vendredi 06 juin à 18 heures.
Entrée libre.
Thierry BRET
Les Etats-Unis où une équation à plusieurs inconnues, histoire, culture, traditions, mentalité…au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Général de GAULLE avait déclaré : « ne nous y trompons pas, à la première occasion, les Etats-Unis nous laisserons tomber ! ». Prophétique ou terriblement réaliste ?! Le clairvoyant général avait donc vu juste quelques cinquante ans après sa disparition : avec l’Amérique de Donald TRUMP, c’est l’avènement d’un nouveau paradigme…et de changement d’alliance ?
TRIBUNE : Le premier peuplement de l'Amérique fait l'objet de débats au sein de la communauté scientifique. Selon la génétique, la plupart des populations amérindiennes actuelles sont issues d'une population souche, les Paléo-Indiens, qui auraient traversé la Béringie il y a environ 24 000 ans. De leur côté, les archéologues ont mis au jour des sites préhistoriques plus anciens de plus en plus nombreux, datés entre 16 000 et 40 000 ans avant notre ère. En tout état de cause, une vieille histoire qui prend racine bien avant les civilisations antiques (Sumer, Egypte…). Lorsque les Européens commencèrent à s'installer en Amérique du Nord, au XVIIe siècle, les Amérindiens étaient dispersés sur le continent et parlaient des centaines de langues différentes. La diversité ethnique et culturelle des premiers peuples était relativement forte à l'aube de la colonisation européenne, selon qu'ils se trouvaient en Alaska, dans l'Est, au sud des Grands Lacs, dans le Sud-Ouest ou près du Pacifique. Des tribus devenues célèbres grâce aux westerns : Iroquois, Cheyennes, Sioux, Apache… des dizaines de groupes ethniques et autant de langues. Environ 12 millions d'autochtones furent massacrés aux États-Unis entre 1492 et 1900, selon Russell THORNTON, professeur d'anthropologie à l'université de Californie à Los Angeles.
L’histoire moderne des Etats-Unis commence par un génocide, encore plus important, si l’on intègre l’esclavage des noirs venus du continent africain, enjeu majeur d’une guerre de Sécession, qui à elle seule fera près de 360 000 morts. Le nouveau monde est peuplé d’Européens, souvent des voyous en rupture de ban… Un peuple violent, sans scrupules et avide de gloire et d’or ! Ajoutons que de 1874 à 1878, les Américains, « Buffalo Bill » (Bill CODY), massacrent la quasi-totalité des bisons : condamnant du même coup les indiens à la misère.
Il faudra attendre les années 1970 pour que le cinéma américain fasse amende honorable et arrête de présenter les indiens comme des sauvages, des barbares, justifiant ainsi leur massacre.
L’argent devient le nerf de l’action
Les Américains vouent dès le départ leur intérêt pour l’or et les manipulations financières. Quelques exemples significatifs avec les fameux accords de Bretton Woods, conclus le 22 juillet 1944 entre les Etats-Unis et 44 pays, qui instaurèrent un système monétaire basé sur la libre convertibilité des monnaies et la fixité des taux de change. L’Amérique détenait à elle seule les deux tiers des réserves d’or mondiales. L'hégémonie du dollar, dont la valeur était définie par rapport à l'or, y fut consacrée. De ces accords sont nés aussi le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque internationale de reconstruction et de développement (BIRD), plus connue sous le nom de Banque mondiale. Soulignons la date : 22 juillet 1944. Le débarquement n’est pas encore terminé, la guerre n’est pas encore gagnée et les Américains présentent déjà l’addition. Les accords de la Jamaïque mettront fin à Bretton Woods : l’or ne garantit plus le billet vert, la facture de la guerre du Vietnam est trop lourde.
La cavalerie financière, prompte à sauver la veuve et l’orphelin, arrive : le fameux plan Marshall, un programme de reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. Il est proposé en 1947 par le secrétaire d'Etat américain aux Affaires étrangères George MARSHALL, accepté par l'ensemble des pays occidentaux, refusé par les pays de la zone d'influence soviétique. Les Etats-Unis consacrent plus de 15 milliards de dollars à la reconstruction de l’Europe. Ce plan est un programme américain de prêts accordés aux états d'Europe pour aider à la reconstruction des villes et des installations bombardées lors de la Seconde Guerre mondiale. Ces prêts sont assortis de la condition d'importer pour un montant équivalent d'équipements et de produits américains. En 1962, la France a apuré toute sa dette. La messe est dite : l’intérêt financier des Américains est en première ligne ! Ce plan fut certes important pour l’Europe mais avec en filigrane la volonté américaine de gagner de l’argent !
Evincer à tout prix de GAULLE du pouvoir
Charles de GAULLE campe le décor de la Seconde Guerre mondiale : « jamais les Anglo-Saxons ne consentirent à nous traiter comme des alliés véritables. Jamais ils ne nous consultèrent, de gouvernement à gouvernement, sur aucune de leurs dispositions. Par politique ou commodité, ils cherchaient à utiliser les forces françaises pour les buts qu’eux-mêmes avaient fixés, comme si ces forces leur appartenaient et en alléguant qu’ils contribuaient à les armer ».
Des Français d’hier, fraîchement naturalisés Yankees, fournissaient leur appui aux intentions de ROOSEVELT, qui apparaissaient à de GAULLE, du même ordre que « les rêves d’Alice au pays des merveilles », mais que rendaient redoutables la puissance économique et militaire des États-Unis. Pour le président américain et le premier ministre britannique, la France était un domaine où leurs choix devaient s’imposer. ROOSEVELT exige que les Français libres soient exclus du débarquement de novembre 1942 en Afrique du Nord ; il traite avec DARLAN, pousse GIRAUD, envoie à Djibouti son consul à Aden pour détourner la population de se rallier à de GAULLE, intrigue pour empêcher le ralliement de la Martinique et de la Guyane… Le président ROOSEVET, sous le couvert de proclamations qui publiaient le contraire, entendait que la question française appartînt à son propre domaine, que les fils de nos divisions aboutissent entre ses mains, que les pouvoirs publics qui sortiraient un jour de ce désordre naissent de son arbitrage.
C’est pour cela qu’il avait d’abord misé à la fois sur de GAULLE et sur PETAIN, puis lancé GIRAUD dans la carrière quand il fallut prévoir la rupture avec le maréchal, abaissé ensuite la barrière devant DARLAN et en dernier lieu, remis GIRAUD en piste. Evincer de GAULLE et l’écarter du pouvoir, tel était l’objectif des Alliés.
La détestation des Anglo-Américains envers de GAULLE
Winston CHURCHILL montrait du doigt « l'intolérable impolitesse » de ce de GAULLE, personnalité « vaine et malfaisante » selon lui, et souhaitait que Londres lui retire son soutien. C’est ce que montre les documents confidentiels dévoilés par le Bureau des archives publiques de Grande-Bretagne. Le « Vieux Lion », qui a sans doute un peu trop écouté la propagande antigaulliste alors concoctée à Washington, invite son gouvernement à couper les vivres au « connétable » avant d'envoyer un second câble, dans lequel il dénonce les « tendances fascisantes » du Français et l'accuse, sur la foi de « renseignements américains, d'être prêt à s'allier avec la Russie, voire à s'arranger « avec l'Allemagne ». Les archives confirment que CHURCHILL voulait promouvoir à la place de de GAULLE le général GIRAUD, basé en Afrique du Nord et proche des Américains. ROOSEVELT avait lui aussi une dent contre le Général dont il jugeait que la conduite frôlait « l'intolérable ». Il suggéra, pour s'en débarrasser, de l'expédier en exil, comme « gouverneur à Madagascar ». La France fut ainsi écartée de Yalta ! Des archives déclassifiées à Londres révèlent que Winston CHURCHILL voulait ainsi « éliminer » le général de GAULLE du pouvoir.
La France d’aujourd’hui doit beaucoup à l’homme de Colombey-les-Deux-Eglises. D’abord écarté du Débarquement du 6 juin 1944 (l’information lui sera donnée la veille), il doit faire face à la volonté anglo-américaine de faire de la France une colonie. De GAULLE entend mettre les Alliés devant le fait accompli et éviter leur ingérence. Son gouvernement, dont tous les ministres sont encore à Alger, doit donc administrer, maintenir l’ordre, assurer le ravitaillement, commencer et encadrer l’épuration. Tâche immense ! De plus, il évitera que les Américains inondent la France d’une « fausse monnaie » afin d’éliminer le franc et asservir l’économie française. À l'approche du Débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes françaises, le gouvernement américain, qui a jusqu'ici refusé de reconnaître le CFLN (Comité Français de Libération Nationale) présidé par le Général comme le gouvernement français, décide d'émettre des billets de banque pour remplacer les billets français, émis durant l'Occupation. Les billets français seront échangés contre les billets drapeau. Cet échange de billets doit au passage permettre d'éliminer les billets accumulés en quantité importante par les trafiquants du marché noir. Ces projets monétaires accompagnent celui plus politique des Alliés, qui est l'instauration d'une administration militaire de la France libérée, l'AMGOT.
Le général de GAULLE obtiendra que les Alliés finissent par accepter la libération de Paris en août 1944 par le Général LECLERC. Finalement, au grand dam des Allemands, la France sera bien représentée lors de la capitulation allemande du 08 mai 1945 !
Fin de la première partie
Jean-Paul ALLOU