Les larmes. Elles embuent les regards avant de couler sur les joues de beaucoup d’entre nous, en ce jour funeste de janvier. Au dehors, le ciel est à l’image de l’incommensurable tristesse qui nimbe les cœurs et les esprits de cette assistance nombreuse – plus d’un millier de personnes – venue accompagner pour son ultime voyage en la cathédrale Saint-Etienne à Auxerre, le président du Conseil départemental de l’Yonne, le regretté Patrick GENDRAUD. Parmi les témoignages dans la nef, on notera celui du premier vice-président de l’institution icaunaise, Grégory DORTE. Bouleversant…
AUXERRE : Ses feuilles noircies de lignes dans la main gauche, le maire de Pont-sur-Yonne quitte la chaise de la quatrième rangée formant le parterre réservé aux personnalités politiques et institutionnelles de notre territoire, pour gagner en quelques pas le pupitre, placé face au cercueil de bois clair. Recouverte d’une splendide composition florale, la bière où repose le Président Patrick GENDRAUD est illuminée par les trois grandes lumières de la chrétienté, des bougies aux flammes vives, symbolisant la dimension trinitaire représentée par le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Succédant derrière le micro au Père Joël et à Philippe, le frère du défunt, le premier vice-président du Conseil départemental Grégory DORTE s’accorde encore un peu de répit, avant de prendre la parole, longuement, rendant ainsi un ultime hommage à son président et ami, disparu il y a tout juste une semaine, dans la nuit du Nouvel An. Une nécessaire inspiration et quelques secondes de silence, avant de lire son texte devant une foule importante à l’écoute du moindre de ces mots que l’on imagine de réconfort.
« Nous avions tous envie de le suivre… »
Un exercice que l’élu de l’Yonne aura accompli en respectant les usages protocolaires, saluant au passage les présences de la ministre déléguée de l’Aménagement du Territoire et de la Décentralisation, en charge de la Ruralité, Françoise GATEL – la représentante du gouvernement est assise aux côtés du préfet de l’Yonne Pascal JAN, vêtu de son uniforme de cérémonie -, et de l’ensemble des personnalités régionales et départementales réunies en ce lieu. On reconnaitra entre autres, le sénateur de Côte d’Or François PATRIAT, les anciens ministres Jean-Baptiste LEMOYNE (mais toujours sénateur) et Henri de RAINCOURT, les anciens députés Guillaume LARRIVE et André VILLIERS, les trois députés de l’Yonne Sophie-Laurence ROY, Daniel GRENON et Julien ODOUL, la présidente de la Région Marie-Guite DUFAY, etc. La sénatrice Dominique VERIEN, malade, était représentée par Kevin LEGENDRE-BONIFACE.
La voix forte, amplifiée par la sonorisation audible de l’édifice gothique, Grégory DORTE salua dès les premiers mots la mémoire de « son président bien aimé » que certains des élus du département connaissaient depuis plusieurs décennies. Et de citer les prénoms de ses collègues de l’institution départementale, à l’instar de Marie-Laure (CAPITAIN), d’André (VILLIERS), de François (BOUCHER), etc.
« Vous aviez envie de le suivre ! Il faut dire que Patrick ne laissait pas indifférent. Modéré, raffiné, cultivé, il était l’incarnation de l’honnête homme. Toujours naturel, simple et plein d’humour, il évoluait dans un monde politique parfois loin de ses pensées… ».
Puis, l’orateur continua en évoquant « cette silhouette que l’on retrouve chez certains grands hommes, cette silhouette à l’élégance chiraquienne, un clin d’œil à son mentor… ».
Laisser à chacune et à chacun sa liberté d’expression
Un peu blagueur, Patrick GENDRAUD possédait ce regard déterminé, « il scrutait dans chacun de nous, cherchant dans le fond de notre être le meilleur de nous… ».
Les valeurs humanistes du défunt furent ensuite rappelées par celui qui assure l’intérim de la responsabilité départementale depuis plusieurs mois. Attentif aux autres, Patrick GENDRAUD l’était dans l’exécution de ses mandats. Généreux et humble.
« Il n’en était pas moins un homme engagé, ajouta Grégory DORTE, au service de ce départemental rural. Il disait volontiers qu’il fallait juste un petit coup de main pour faire avancer les choses. Parfois, aussi, un coup de pied au derrière ! C’était sa façon de se construire et de progresser… ».
Homme de consensus, le président du Département était avant tout autre chose un fédérateur dans son approche de la fonction.
« Il laissait à chacune et à chacun sa liberté d’expression au sein de notre assemblée, et ce quel que soit son opinion. Nous faisons partie de la grande famille au service de l’Yonne, disait-il… ».
Sensible, l’élu trop disparu travaillait avec son cœur au service des autres. « En fin politique » qu’il était.
Puis, employant le « tu » dans la formulation, Grégory DORTE aura ses mots justes : « tu as été à la hauteur de l’œuvre, mon Président ! ».
« Tu as tout donné à l’Yonne, à ses communes, à ses habitants, à ses élus, à tes agents, avec ta grande bienveillance et ta volonté. Tu as fait le choix de passer des pactes dans les territoires, pour une meilleure offre de santé. Ensemble, nous avons servi l’attractivité de l’Yonne… ».
Un grand moment vécu ensemble : le passage de la flamme olympique
Une « attractivité » qui deviendra la boussole de Patrick GENDRAUD durant toutes ces années à la tête de notre territoire. L’intervenant citera ensuite quelques exemples concrets de ces réussites favorables à l’attractivité de l’Yonne : l’achèvement du contournement de Sens, le déploiement intégral de la fibre optique, la réalisation du contournement sud d’Auxerre, du foyer départemental de l’enfance, l’accélération tant espérée du Grand Site de Vézelay qui aura permis de renforcer la complémentarité entre les collectivités et l’Etat…
« A ce propos, souligne Grégory DORTE, les préfets Pascal JAN et Henri PREVOST savent parfaitement de quoi je parle… ».
Il est question à présent de « la foudre qui tombe ». Un blanc dans les propos lourds de signification avec un orateur qui peine à prononcer les mots.
Des sanglots dans la voix et éprouvé par l’émotion qui lui enserre la gorge, Grégory DORTE évoquera la maladie.
« Il t’aura fallu du courage, Président, et tu l’as démontré tous les jours. Protecteur envers tous, tu l’as été avec nous. Cela ne pouvait pas t’arriver à toi car tu avais encore de nombreux projets à réaliser pour l’Yonne. Nous avons été témoins de ta bravoure : tu t’es battu comme un lion… ».
Le voile de tristesse s’épaissit davantage parmi l’auditoire. Pesant et inexorable.
« Toi qui incarnais l’élégance de l’esprit et l’élégance politique, tu auras lutté jusqu’au bout dans le respect des autres… ».
La flamme olympique et son passage dans l’Yonne arrivent enfin. Un item qui va redonner de la ferveur dans les propos de Grégory DORTE.
« Tu sais, Président, il y a quelque chose qui me tient à cœur : c’est le passage de la flamme sur notre territoire ! Tu t’es battu pour l’avoir, cette flamme ! Ce fut un grand moment vécu ensemble à Chablis… ».
Féru de pétanque – il pratiquait cette discipline aux origines méridionales avec certains de ses collègues de l’hémicycle icaunais -, Patrick GENDRAUD n’en était pas moins un passionné de football. Surtout de l’AJ Auxerre !
Le premier vice-président eut ensuite quelques mots d’encouragement pour la famille de l’être cher (son totem), à son épouse, Marie-Hélène, ses deux filles et ses petits-enfants pour qui Patrick GENDRAUD était tout bonnement le « Papé ».
« Je suis certain que tu gardes le sourire, de là où tu es, sache que tu resteras toujours dans mon cœur… ». Avant de citer quelques phrases empruntées au répertoire d’André MALRAUX.
Peut-être que de là-haut, Patrick GENDRAUD aura apprécié la formule et ce vibrant hommage prononcé par l’édile de Pont-sur-Yonne à fleur d’émotion, un petit verre de chablis à la main et son sourire éclatant d’humaniste au grand cœur qui aimait tellement les gens…Espérons…
Thierry BRET
Face à la feuille de papier symbolisant la pétition contre la fermeture de l’établissement sanitaire local et en faveur de l’accueil d’un nouveau médecin généraliste aux origines étrangères, elle n’hésite pas une seconde ! La députée de la deuxième circonscription de l’Yonne, Sophie-Laurence ROY, appose sa signature, ajoutant ainsi son paraphe aux nombreuses signatures de citoyens de la localité de Tanlay qui souhaitent sortir du marasme habituel, celui de la désertification médicale…
TANLAY : Elle le clame haut et fort : s’il le faut, elle sollicitera une audience exceptionnelle auprès de la ministre de la Santé, Catherine VAUTRIN, afin de lui expliquer clairement la situation. Mais, auparavant, c’est en qualité de parlementaire siégeant au sein de l’hémicycle du Palais Bourbon qu’elle agira en conséquence en posant une question écrite au gouvernement, après avoir déposé sa signature au bas du document faisant office de pétition. Un paraphe ajouté à ceux de nombreux habitants de la localité, sur cette feuille qui circulait encore quelques jours avant la fin de l’année.
En visite le 20 décembre dernier à la Maison de Santé, l’élue de l’Yonne, Sophie-Laurence ROY, accompagnée de son attaché parlementaire, Quirian ELARD, a rendu une visite plus que de courtoisie à l’établissement sanitaire du cru, menacé de fermeture. Histoire de mieux appréhender les tenants et aboutissants de ce dossier qui sur le fond s’avère ubuesque !
Pour maîtriser le français rien de tel qu’un stage de 3 ans à l’hôpital !
Afin d’anticiper le départ à la retraite de l’actuelle praticienne généraliste, âgée de 70 ans, l’élu de la commune a lancé un appel pour qu’un nouveau médecin vienne s’installer en bonne et en due forme dans l’établissement de soins. S’évitant ainsi un casse-tête chinois insurmontable à résoudre dans l’intérêt de la patientèle, constituée des villageois et des habitants de la proche région. Parmi les réponses positives – elles n’étaient pas pléthore pour choisir cette bourgade icaunaise forte de ses…897 habitants -, il y avait celle d’un jeune thérapeute aux origines étrangères, puisque en provenance du…Venezuela et résidant dans la péninsule ibérique, en Espagne depuis trois ans. Son nom, il le signe à la pointe de son stéthoscope : Andro Da SILVA CORDERO. S’installer à Tanlay n’est pas un problème en soi. Du moment que le jeune praticien puisse être utile ! Surtout sur un territoire nord-bourguignon déjà confronté à la raréfaction médicale…
Ne restait alors qu’une simple histoire d’homologation du diplôme et le tour était joué à la grande satisfaction de l’élu local, Eric DELPRAT, et de ses habitants, trop heureux de trouver un successeur au docteur Thérèse PICOCHE. Oui, mais voilà, c’était sans compter sur l’avis du Conseil national de l’Ordre des médecins qui a jugé après coup que la maîtrise de la langue de Molière par celui qui pratique habituellement celle de Cervantès laissait un tantinet à désirer pour la bonne compréhension des futures consultations. L’indispensable homologation a finalement été rejetée. Dont acte.
Toutefois, une préconisation a été suggérée au praticien vénézuélien âgé de 38 ans : effectuer un stage de trois ans dans un service hospitalier afin d’améliorer son élocution. La belle affaire !
Sortir l’Yonne de la sempiternelle « diagonale du vide » !
On imagine aisément la déception devant cette prise de décision plutôt surprenante de la part de l’édile et des habitants alors que le devenir sanitaire de la bourgade était en très bonne voie. D’autant, précise la députée de l’Yonne, investie à fond sur le dossier, que « ce praticien possède la maîtrise de quatre à cinq langues étrangères, donc la compréhension du français ne devrait pas être une problématique pour lui ! ».
Pour l’heure, l’actuelle généraliste pourrait rester quelques mois de plus afin d’accompagner le futur praticien pendant que ce dernier trouve ses marques. Dans le cas inverse, elle rendrait définitivement son tablier dès le mois de février.
« Je ne comprends pas une telle décision, constate avec amertume Sophie-Laurence ROY, on manque cruellement de médecins sur notre territoire et on empêche ceux qui veulent exercer de s’y installer ! Ce jeune homme vit à Barcelone et possède même des attaches familiales près de Tanlay, c’est pourquoi il est intéressé par cette contrée… ».
Lancée il y a quelques semaines, la pétition a fait mouche auprès des habitants de Tanlay et de ses environs, engrangeant déjà plusieurs centaines de signatures favorables à l’installation du jeune généraliste à la culture hispanisante.
« Je me battrai en haut lieu pour obtenir gain de cause sur ce dossier, réitère Sophie-Laurence ROY, déjà que l’Yonne se situe dans la « diagonale du vide » ! ».
A l’heure de l’harmonisation européenne, et du grandissime besoin de praticiens dans l’Hexagone, il ne faudrait pas que les projets d’installations tournent à « l’auberge espagnole » pour une simple question de langue, surtout quand on a affaire avec un polyglotte de surcroît !
Il en va de la qualité des soins de près de deux mille habitants, ceux de Tanlay et de ses proches environs…
Thierry BRET
Ses obsèques se dérouleront ce mercredi 08 janvier au beau milieu de la matinée, peut-être avec la présence d’un salvateur rayon de soleil signe d’espérance... Une cathédrale Saint-Etienne à Auxerre que l’on imagine bien trop petite pour accueillir toutes celles et tous ceux qui souhaitent accompagner dans son ultime voyage le déjà très regretté Président du Conseil départemental de l’Yonne, disparu, ironie du sort, la nuit de la Saint-Sylvestre. A 72 ans, Patrick GENDRAUD a donc rendu les armes après avoir livré courageusement son dernier combat contre la maladie.
AUXERRE: Du monde, sans doute bien au-delà du flamboyant édifice gothique de la capitale de l’Yonne. Sur les parvis, certes, mais aussi aux alentours de la cathédrale Saint-Etienne, idéalement nommée en pareille circonstance : un clin d’œil plein de tendresse pour ce suiveur passionné de l’AJ Auxerre qui avait retrouvé les faveurs de l’élite sportive du football en éliminant les Verts lors de mémorables barrages d’accession à la Ligue 1, ce qui faisait la joie du responsable de l’exécutif départemental dont on vivra malheureusement la cérémonie des obsèques en ces murs, ce mercredi 08 janvier à 10h30.
Comme le chantait si bien le regretté lui-aussi David CROSBY en 1993, « Too young to die ». Trop jeune pour mourir…A 72 ans, Patrick GENDRAUD a donc tiré sa révérence. Un choc pour les uns, une surprise de taille pour les autres, même si l’ancien édile de Chablis luttait depuis le printemps 2023 contre un implacable fléau, un cancer. Mais, au bout du compte, c’est la tristesse pour tous qui prévaut en ce début d’année 2025.
Un humaniste soucieux de l’intérêt général
Patrick GENDRAUD nous a donc quittés un soir de réveillon, celui du Nouvel An. Comme si désormais la date sera à jamais gravée dans nos mémoires pour ne pas l’oublier. Et d’ailleurs, comment l’oublier, lui ce personnage si agréable dans sa relation à l’autre, si humaniste et soucieux de l’intérêt général, si tempéré dans ses échanges politiques même si parfois la moutarde lui montait au nez lorsque trop d’injustices pesaient sur les actes et dans les débats ?
Sympathique, altruiste, généreux, fidèle en amitié, le Président du Conseil départemental de l’Yonne avait su tisser un réseau relationnel éclectique depuis son entrée dans la vie publique, à Courgis, puis à Chablis, tant dans les milieux institutionnels que politiques, culturels, économiques, sportifs et associatifs. Avant de rejoindre ce conseil départemental qu’il affectionnait tant.
Lui-même avait été jadis un entrepreneur efficient sur le Chablisien et l’Auxerrois avec sa société d’auto-école qui lui aura permis de transmettre son sens de la pédagogie et de la communication à bon nombre de conductrices et de conducteur du sérail qui possèdent encore le précieux sésame rose !
Une approche constructive de la politique
Se voulant rassurant – même sur son état de santé lorsqu’il l’évoquait en public -, très engagé dans ses missions – on se souviendra de l’enthousiasme qu’il portait au passage de la flamme olympique dans l’Yonne l’été dernier et de la rencontre avec Tony ESTANGUET, alors président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris, avec qui il avait apposé sa signature au bas d’une convention de partenariat, Patrick GENDRAUD avait le profil de l’homme d’action, aimant avant toute chose le consensus, la droiture et l’harmonie dans la manière de pratiquer la politique. Peut-être des réminiscences de son attachement personnel et idéologique à l’ancien président de la République Jacques CHIRAC qu’il avait longuement côtoyé dans son jeune temps ?
Depuis le mois de juillet 2017, cette figure politique proche de ses administrés et accessible envers ses concitoyens assurait la destinée en sa qualité de président de l’institution départementale. Avec passion et envie, dévouement et engagement comme ce fut le cas durant dix-sept à la municipalité de Chablis.
Ne pratiquant pas la langue de bois, pourfendeur des abus et des dysfonctionnements en tout genre, intègre et honnête même dans les moments les plus éprouvants de son traitement, Patrick GENDRAUD est donc parti rejoindre un autre grand personnage de la politique icaunaise, l’ancien ministre et édile d’Auxerre, Jean-Pierre SOISSON.
Beaucoup vont donc pleurer le départ de Patrick GENDRAUD, ce mercredi et les jours d’après. Mais, beaucoup se souviendront éternellement de ces agréables moments vécus en sa compagnie, au détour d’une manifestation, d’un conseil communautaire, d’un évènement sportif ou festif, d’une manifestation culturelle où la chaleur de sa poignée de main réconfortait, sa joie de vivre et son sourire irradiaient l’assistance.
Au-delà de la tristesse qui nous étreint, c’est aussi cela la chance de pouvoir côtoyer chaque jour des gens finalement simples et ordinaires car si vertueux et humbles dans leurs convictions, ayant un parcours existentiel extraordinaire à partager…
Thierry BRET
Le manque. Il est constaté inexorablement depuis plusieurs années. En 2022, on évoquait déjà l’absence d’une vingtaine de professionnels sur le territoire de l’Yonne, à l’instar de la Nièvre limitrophe. L’offre vétérinaire rurale s’étiole au gré du temps. Une vraie problématique qui inquiète les éleveurs, soucieux de la conjoncture économique. Pourtant, les Chambres d’Agriculture se mobilisent. Ne serait-ce que pour promouvoir la filière et ses opportunités…
AUXERRE : Tout mettre en œuvre pour faire toute la lumière sur une profession indispensable au quotidien des agriculteurs, les vétérinaires ruraux. Voilà un objectif que s’est fixée la Chambre départementale d’Agriculture de l’Yonne en 2025, en mode grande résolution, afin de susciter les jeunes générations à embrasser ce métier et si possible de venir s’installer, une fois le diplôme obtenu, sur notre territoire. Une initiative conjointement partagée par la chambre consulaire de la Nièvre qui observe les mêmes méfaits, soit la raréfaction de ce métier dans les secteurs champêtres qui en sont de plus en plus dépourvus.
Inciter à l’installation de jeunes vétérinaires est devenu un credo pour les institutionnels de l’agriculture qui constatent que les éleveurs éprouvent de sérieuses difficultés à solliciter des professionnels dans les moments importants.
Il y a quelques semaines, en octobre, dans le cadre de la Semaine découverte des Métiers et des Territoires, plusieurs acteurs de l’économie ont porté un évènementiel sur les fonts baptismaux pour mettre en exergue la profession de vétérinaire rural.
Parmi ces partenaires, citons les conseils départementaux de l’Yonne et de la Nièvre, les Groupements techniques vétérinaires de Bourgogne Franche-Comté, la Fédération des GDS de notre contrée, le Syndicat régional des vétérinaires d’exercice libéral ou encore l’Ordre des Vétérinaires de la région.
Lors de cette manifestation à vocation pédagogique, les étudiants vétérinaires des écoles nationales de Maisons-Alfort et de Lyon étaient visés en priorité. Une dizaine de ces jeunes gens avaient effectué le déplacement en terre icaunaise. Afin de découvrir l’attractivité et les avantages offerts par le territoire en cas de futures installations.
Il est vrai qu’il y a péril en la demeure dans le département septentrional de Bourgogne. Il manquerait de vingt à trente vétérinaires ruraux sur notre secteur géographique alors que les besoins des éleveurs restent les mêmes depuis plusieurs saisons. C’est d’ailleurs le nord de l’Yonne qui est le plus impacté par cette pénurie à l’installation de la part des jeunes diplômés ; un peu à l’identique de la filière médicale, soit dit en passant.
L’initiative prise par la Chambre d’Agriculture et ses partenaires ne peut être que profitable aux éleveurs qui, sans vétérinaire, ne peuvent plus exercer dans les règles de l’art, leur métier, sans vaccination et sans contrôle sanitaire.
Thierry BRET
Le résultat est plus que probant. Une trentaine de nouveaux collaborateurs ont ainsi été recrutés à l’issue de l’année 2024. Comment ? Tout simplement en assurant une promotion inhabituelle mais efficiente autour des métiers de la filière, en optant pour un processus novateur, celui de l’itinérance, aux quatre coins du territoire de l’Yonne. De nombreuses communes ont accueilli le mini-bus de l’entreprise AJ SERVICES 89 cette saison ; un mode de locomotion original qui vante les métiers de la filière des aides à la personne, secteur qui dans sa globalité propose du travail à celles et à ceux qui aiment pratiquer la solidarité et l’entraide aux personnes âgées, handicapées, voire très actives…
AUXERRE: Pourquoi changerait-on une formule s’avérant payante au sein de la structure professionnelle de l’Yonne ? Bien au contraire, il s’agira plutôt de la renforcer en 2025 ! Depuis deux ans, date du lancement de ce mini-bus aux caractéristiques si particulières, la société AJ SERVICES 89 assure la promotion de la filière des métiers de services à la personne aux quatre coins de notre territoire, avec le concours des collectivités, majoritairement rurales, qui accueillent le temps d’une matinée ce moyen de communication ambulant en ces murs. Une carte de visite visuelle et efficace pour l’ensemble de la profession, qui n’avantage pas que les intérêts de l’entreprise auxerroise, à travers cet évènement qui parle de…recrutements !
En une demi-journée de présence, le bus et son animateur, Sébastien CAMBUZAT, un ancien spécialiste de la communication, s’ouvrent à tous les publics en privilégiant la pédagogie. D’une part en les renseignant sur les attentes et les besoins de celles et ceux qui montent à bord et d’autre part, en présentant la kyrielle de métiers et opportunités professionnelles offertes par la corporation au sein de ces structures entrepreneuriales qui interviennent dans l’Yonne au service des particuliers, en majorité les seniors et les personnes à mobilité réduite, mais aussi des entreprises.
La promotion de la filière dans un esprit de non-concurrence
Lorsque l’on examine de près ce que peuvent proposer les entreprises de cette filière en matière de diversités de fonction, cela agrandit le cercle des possibilités professionnelles, il est vrai : aide à domicile pour personne âgée, aide à la mobilité, entretien du domicile, garde malade, livraison de courses à domicile, livraison de repas, maintien à domicile, portage de repas à domicile pour personne âgée, préparation de repas à domicile, repassage, entretien de jardins et parcs, etc.
Cette présence sur le terrain dans des localités aussi diverses que variées à l’instar de Champignelles, Charny-Orée-de-Puisaye, Chassy, Sainte-Magnance, Thorigny-sur-Oreuse, Villeneuve-la-Guyard ou Ancy-le-Franc (à titre d’exemple, car la liste n’est pas limitative !) a porté ses fruits depuis deux ans. Rien que cette saison, ce sont plus d’une trentaine de personnes, en recherche d’emploi, qui ont trouvé chaussure à leur pied en intégrant l’une des entreprises icaunaises positionnées sur ce secteur. Un premier bilan plutôt efficace qui pourrait peut-être inspirer France Travail à l’avenir ?
« Les gens que je rencontre se disent intéressés par notre démarche de l’aller vers l’emploi, explique Sébastien CAMBUZAT, qui conduit le bus depuis son intégration au sein de la société auxerroise en juin dernier, bon nombre de collectivités jouent le jeu en proposant de nous accueillir afin de faire la promotion de la filière mais aussi connaître les besoins de leurs administrés. Parfois, nous essuyons malheureusement des refus de certaines municipalités. Mais, nous, nous ne sommes pas là pour exercer une quelconque concurrence. Même s’il existe déjà des entités sur place, nous sommes complémentaires dans notre stratégie qui visent à recruter du personnel par un effet de ruissellement sur l’ensemble des acteurs qui agissent dans cette filière… ».
Et pourquoi pas la journée spéciale de solidarité avec tous les bus ?
Une mission sociétale servie à la sauce de l’intérêt général, en somme. D’ailleurs, la question de la rentabilité pour l’entreprise qui s’est payée le luxe d’investir dans un mini-bus en l’aménageant ne compte pas.
« Cette rentabilité n’est pas numéraire, ajoute Jérôme ATTIAVE, le dirigeant fondateur d’AJ SERVICES 89, elle nous apporte de la visibilité sur nos missions et nos métiers, et se traduit par cette possibilité d’embaucher de nouveaux collaborateurs dont nous avons besoin pour faire progresser nos opérations de services envers autrui… ».
La rentabilité se développe autrement pour l’entreprise qui possède aujourd’hui six vitrines commerciales implantées dans le département nord-bourguignon. Parallèlement à sa vitrine mobile, AJ SERVICES 89 n’hésite jamais à prendre part, comme bon nombre de ses confrères, à des évènementiels collectifs tout au long de l’année. Il y a eu Cité 89 à Auxerre à l’automne mais aussi le Salon des Seniors, porté par le Conseil départemental de l’Yonne, ou plus récemment la Nuit de l’Orientation, évènementiel adoubé par la Chambre de Commerce et d’Industrie. Même au sein de l’IFSI d’Auxerre (Institut Français de Soins Infirmiers), AJ SERVICES 89 a accueilli une trentaine de jeunes filles en formation lors de stages qualifiants entre juillet et octobre.
Les projets ne manquent pas. Le premier d’entre eux serait de créer une manifestation départementale à la manière d’une « Journée des Bus » dans l’optique d’une opération solidaire où tous les organismes disposant d’un mini-bus équipé viendraient présenter les spécificités de leur outil mobile (on pense au Conseil départemental avec son Family Bus, l’UDAF 89, le SDIS, France Services, mais aussi le Secours Populaire ou d’autres…). Mais, il y a aussi dans les tiroirs à idées d’un évènementiel destiné aux aidants familiaux.
Bref, le concepteur de « l’AJ Bus », Jérôme ATTIAVE n’est jamais à court d’idées pour assurer le développement promotionnel de sa filière corporatiste dont les Icaunais auront nécessairement besoin de plus en plus à l’avenir du fait du vieillissement de la population. Prometteur pour 2025 !
Thierry BRET