Certes, il y avait un peu moins d’échantillons à déguster que l’an passé. 264 vins lors de l’édition 2024 contre 252 cette année. Mais, qu’importe ! Le sérieux des jurys et la concentration à se plonger dans cet exercice gustatif restaient les mêmes car cette pré-sélection du Concours Général Agricole ne s’effectue jamais à la légère. Coopératives et négociants présentaient donc une palette de leur savoir-faire, soit la représentativité vinicole de 62 professionnels, prêts à relever le défi. Un rendez-vous réussi pour la première étape. Il faudra désormais confirmer à la finale nationale accueillie le 23 février prochain, lors du Salon international de l’Agriculture à Paris…
BEINE : Il y a les habitués. Et il y a les autres ! Parfois, des novices. Comme ce jeune garçon, sorti de l’adolescence, accompagné d’un professionnel de la viticulture qui vient lui apprendre les rudiments de la dégustation, exercée dans les règles de l’art. Car ici, c’est du sérieux ! Apparu en 1870, le traditionnel Concours Général Agricole, placé sous l’égide du ministère de l’Agriculture, fait toujours recette quant à sa notoriété auprès des professionnels de la viticulture mais aussi du public, féru de nectars et autres crus. C’est un rendez-vous qui est quasiment sacralisé dans le calendrier de la filière viticole qui s’empresse de jouer le jeu.
Cette année encore, dans l’antre qui accueille la pré-sélection depuis plusieurs années à Beine, l’enthousiasme est toujours présent au rendez-vous. Dès 09h30, ce sont quatre-vingts dégustateurs, chevronnés ou pas, experts ou béotiens, qui se livrent à cet exercice étrange pour les néophytes de la discipline. Une vraie épreuve de vérité qui exige de la concentration et du sérieux !
Le concours est reconnu tant en France qu’à l’international. C’est peu dire ! Il offre l’excellente opportunité aux viticulteurs de l’Yonne y participant en envoyant leurs échantillons à déguster de valoriser leur travail, en faisant connaître les terroirs et en sa faisant référencer sur un marché de produits de haute qualité.
L’an passé, 57 candidats avaient soumis leurs 264 échantillons à la sagacité gustative des jurys en vue d’être représentés lors du Salon international de l’Agriculture de Paris. Celui-ci, pour mémoire, ouvrira ses portes, le 22 février.
En 2024, l’Yonne revint de ce séjour parisien avec un joli palmarès : 60 médailles qui y furent distribuées, dont vingt en or, vingt-et-une en argent et dix-neuf en bronze ! Qui dit mieux ?!
Nouveauté de cette édition 2025, savamment concoctée par les représentants de la Chambre départementale de l’Agriculture et la Direction départementale des Territoires (DDT), la présence de l’IGP (Indication Géographique Protégée) qui a fait son entrée dans ce concours si prisé. Trois échantillons illustraient cette catégorie. Elle sera directement dégustée au cours de la finale parisienne, prévue le dimanche 23 février.
Thierry BRET
C’est un exercice oral qu’il affectionne tout particulièrement. Il s’y plie avec entrain et facilité depuis plus de deux ans, étant toujours en poste dans ce département de l’Yonne qu’il connaît désormais comme le fond de sa poche. Entre ruralité et vie sportive, caractéristiques viticoles et autres richesses patrimoniales. Devant un parterre très représentatif de la vie institutionnelle, économique et politique de notre territoire, le préfet de l’Yonne Pascal JAN a profité de la séance traditionnelle des vœux il y a peu pour brosser le bilan 2024, vu de la lorgnette de l’Etat à travers ses diverses actions menées sur le terrain, et de rappeler les priorités qui feront le sel de 2025, autour de l’attractivité et de la proximité…
AUXERRE : Le rendez-vous représente toujours l’un des points d’orgue de cette longue série de vœux qui noircissent les agendas des uns et des autres, chaque année sur la période de janvier. Un vaste programme relationnel et parfois de gourmandise – la dégustation des fameuses galettes afin de respecter la tradition d’une Epiphanie qui se prolongerait sur un délai de trente jours ! -, où il est bon de promener sa silhouette, afin d’y saluer ses partenaires qu’ils soient acteurs de la chose publique ou de l’entrepreneuriat. Quand, ce ne sont pas les cercles culturels et sportifs qui s’en mêlent…
Bref, et parmi le saint des saints de ces « mondanités républicaines » conviviales et sympathiques à vivre et qui monopolisent l’actualité de ce mois de janvier, participer à la cérémonie des vœux accueillie sous les ors de la préfecture, avec le représentant de l’Etat en personne qui tire les enseignements de l’exercice antérieur écoulé avant de se lancer dans un exercice prospectiviste pour les douze prochains mois à venir, reste incontestablement le nec plus ultra où il est impératif de se rendre !
Aussi, ne devait-on pas être surpris de voir que l’assistance était nombreuse dans les salons de la préfecture auxerroise, un soir de fin de semaine, dès la nuit tombée. D’une part, le panorama de la capitale de l’Yonne illuminée par les reflets des lampadaires sur la rivière demeure exceptionnel depuis les vitres du premier étage de l’édifice préfectoral. D’autre part, il est toujours primordial de tâter le pouls de notre territoire par l’analyse détaillée et pertinente qu’en fait le haut fonctionnaire de l’Etat. Et à ce titre-là, Pascal JAN qui présidait ainsi sa troisième cérémonie des vœux en terre icaunaise fut plutôt prolixe en la matière lors de son intervention, devant durer près de trente minutes !
Une intervention dans les règles de l’art, sans aucun temps mort au niveau du contenu informatif. Avec deux leitmotivs récurrents dans les propos du représentant préfectoral : l’attractivité et la proximité. Comme si l’une ne pouvait se passer de l’autre. Une dualité légitime expliquant la politique de l’Etat et ses déclinaisons territoriales.
Préparer l’Yonne à relever les défis de demain
Dès le préambule de son discours, Pascal JAN mit la barre sur le versant de l’émotion. Saluant la mémoire d’un humaniste, doué de fortes convictions et attentif aux autres, le regretté président du Conseil départemental, Patrick GENDRAUD, décédé le 01er janvier. Puis, il rappela le rôle de l’Etat dans une formule liminaire : « nous sommes là pour vous accompagner dans la concrétisation de tous vos projets, toujours plus nombreux et ambitieux…mais pour l’Etat, toujours plus coûteux ! ».
Quelques rires fusèrent parmi l’assistance. Le ton était donné. Pauline GIRARDOT, secrétaire générale de la préfecture et sous-préfète d’Auxerre ainsi que Sébastien HENNON, sous-préfet d’Avallon, présents à cette cérémonie, furent également plébiscités par le préfet pour leur implication sans borne auprès des habitants de ce territoire. Une implication qui s’effectue pour le dernier « sous mode costume ou en jogging, ce qui parfois surprend les élus ! ». Sans omettre Carole DABRIGEON, la nouvelle sous-préfète de l’arrondissement de Sens, absente lors de la soirée.
De l’année 2024, Pascal JAN retiendra qu’elle fut exceptionnelle par la tenue de certains évènements, « au niveau de l’engagement collectif ». Il citera naturellement le fameux relais de la flamme olympique sur notre territoire le 11 juillet dernier, mais aussi des actions plus diffuses mais nécessaires pour l’amélioration de la vie quotidienne en matière de transition écologique. « Leur point commun est d’être couronner de succès, devait-il souligner, parce que ce fut le fruit d’une collaboration intelligente, efficace et sincère entre Etat et les élus, partenaires… ».
La résilience et l’aptitude à faire face dans la gestion des crises furent en vue cette année notamment sur un sujet particulièrement à cœur pour le préfet de l’Yonne : la lutte contre la cybercriminalité.
« Des exercices pilote, innovants, proposés en complément de l’offre de diagnostic et de conseils offerte par la gendarmerie nationale y ont fortement contribué, expliqua Pascal JAN, 2025 se poursuivra sur cette lancée afin de préparer l’Yonne aux défis nouveaux, insuffisamment pris en considération par les uns ou par les autres… ».
En matière de gestion de crise, l’orateur rappela la qualité de la collaboration entre les services municipaux et les services de sécurité civile, en faisant aux allusions aux inondations du printemps dernier.
La sécurité des citoyens, l’un des grands chantiers de 2025
Autres sources de fierté dans cet inventaire à la Prévert des résultats obtenus l’an passé : tout d’abord, l’opération « Grand Site de Vézelay », un formidable vecteur de la dynamique touristique, économique et culturelle de notre territoire. Un projet mené tambour battant depuis trois ans par les services de l’Etat et du Conseil départemental. Le dossier de labellisation sera prochainement déposé avec ses trois axes majeurs : la préservation de la qualité paysagère et environnementale, la découverte de l’esprit des lieux, et le développement local. Ensuite, le préfet citera le projet de la déviation sud d’Auxerre, la LISA. « C’est un projet structurant qui va renforcer l’attractivité de l’Auxerrois… ».
En poste dans l’Yonne depuis bientôt trois ans – ce sera effectif en avril prochain à moins que…-, Pascal JAN reste sur une ligne stratégique très claire pour le développement de ce département bourguignon, qui puise ses références sur deux termes : l’attractivité et la proximité. « Chacun de vous se retrouve derrière ces mots… ». Des mots qu’il est bon de conjuguer ensemble dans le respect de l’engagement écologique.
« Pour y parvenir, renchérit l’interlocuteur, il faut s’appuyer sur la méthode, l’efficacité recherchée et le rendu compte de l’action de l’Etat. La proximité se traduit par le renforcement de la présence de l’Etat sur le terrain pour rapprocher les services publics des citoyens. En 2025, nous évaluerons systématiquement les actions menées afin de répondre aux attentes de la population… ».
Il fait référence ensuite aux espaces France Services dont le maillage garantit une présence étatique auprès de tous les usagers du territoire. « La couverture utile de notre département est réalisée, constate Pascal JAN, sachant que des compléments de service pourraient voir le jour même si les administrés en sont satisfaits, on pourrait y associer les services de la Banque de France à l’avenir là où dans certains secteurs il y a des entreprises… ».
Quant à la mise en œuvre de la restauration de la sécurité au quotidien, le préfet en fera allusion, bien évidemment dans ses propos. « La baisse marquée des atteintes aux biens, la stabilisation des atteintes à l’intégrité physique des personnes ou encore la diminution de l’insécurité routière avec des mesures chocs comme la mise en fourrière systématique des véhicules qui ont commis de lourdes infractions – de 62 cas constatés de mise en fourrière à sa prise de fonction en avril 2022 à 1 083 à date ! -, sont des signes extrêmement encourageants ! ».
Et le préfet de rajouter que ses services feront encore mieux en 2025 ! Afin que la peur change enfin de camp ?
L’Etat, un partenaire engagé et fiable pour porter les projets
Un chapitre s’ouvrit ensuite sur le SDIS et ses représentants, les soldats du feu ! « Ils sont là au bon moment et au bon endroit ! Cela suppose des nombreux personnels volontaires avec des efforts qui ont été pris en ce sens avec les collectivités territoriales dans le cadre de la politique du volontariat. Y compris vers les entreprises… ».
Une proximité qui se traduit par l’accompagnement des collectivités publiques et des entreprises dans la réalisation de leurs projets. Soit l’attractivité du territoire. « Je le maintiens et je vais même l’accentuer en 2025 ! ».
L’action de l’Etat ne se limitant pas à l’instruction des dossiers et à la vérification de leur conformité réglementaire !
« En 2025, nous souhaitons aller encore plus loin dans le soutien et l’accélération des projets, favorables à l’attractivité de notre territoire ». Toutefois, Pascal JAN prévient : « l’attractivité, c’est un mot attrape-tout ! ».
« Pour notre département, elle est rurale. C’est le fondement de la feuille de route France Ruralité lancé en 2024, ce sont chez nous 18 mesures déclinables issues des 96 que comporte le plan national, sur trois axes : travailler, habiter et s’épanouir… ».
Un envol de ce plan France Ruralité est attendu cette année avec des actions menées qui soient palpables par les citoyens. Des indicateurs de performance prendront régulièrement le pouls de ces actions devant satisfaire in fine les administrés.
Quant à l’attractivité économique, industrielle et culturelle, le préfet en fera mention dans sa longue allocution. Avec l’aide de tous les acteurs institutionnels, facilitant les financements et en s’appuyant sur les programmes Territoires d’industrie ou France 2030. Le tout est aussi de favoriser la réindustrialisation de l’Yonne. Clin d’œil du préfet à Frédéric ROURE, le dirigeant de la société « GEOCHANVRE » à Lézinnes, une entité qui a su innover et doit trouver son marché. Mais aussi, la MANA à Champignelles ou à la Fondation SCHNEIDER dans le cadre du projet de réhabilitation du domaine de l’abbaye de Pontigny furent également cités par l’orateur. « Ces projets illustrent parfaitement la dynamique attractive de l’Yonne ! ».
D’ailleurs, face à ces belles initiatives profitables à notre département, Pascal JAN n’a pas hésité à affirmer qu’il veillera à ce que « l’Etat demeure un partenaire fiable et engagé à leur côté… ».
La confiance dans les atouts du département
Quant aux filières agricoles et viticoles qui font face à de multiples soubresauts, le son de cloche sera identique : « ce sont des chefs d’entreprise, nous devons les soutenir et être à leur écoute, en déclinant certaines actions en travaillant avec les organisations syndicales. Nous le faisons depuis plusieurs années au nom du dialogue et de la compréhension. Il nous faut prendre aussi selon les circonstances des mesures fortes comme en 2024 avec le Fonds d’urgence mobilisé pour un soutien national totalisant 270 millions d’euros, aux versements anticipées des aides de la PAC ou encore au dégrèvement de la taxe foncière avec une exonération notable de 80 %, ce qui fut unique en France pour la viticulture biologique… ».
Des efforts qui seront maintenus au cours de ces douze prochains mois. Faire gagner du temps aux agriculteurs et simplifier leur existence sera mis en place autour d’un nouveau système de contrôle.
Reste l’attractivité inhérente à la transition écologique. Elle s’inscrit également parmi les préoccupations essentielles de la préfecture. « Elle sera traduite dans des actions concrètes, ajoutera Pascal JAN, y compris avec les acteurs privés. Mieux se nourrir est une nécessité avec les plans alimentaires territoriaux (PAT), indispensables pour préserver la santé publique et un accompagnement des filières agricoles… ».
Avant de conclure, Pascal JAN identifiera encore deux clés essentielles, enjeux de notre territoire : les mobilités sur lesquelles les EPCI et les communes jouent un rôle majeur et la rénovation énergétique. Sur ce point, le préfet se satisfait de la signature de la convention récente avec l’ANAH (Pacte Territorial) devant encourager différentes actions immobilières.
« Je compte sur toutes les forces vives du territoire, conclura Pascal JAN, et votre engagement pour optimiser le rayonnement de l’Yonne. J’ai confiance en vous comme dans les atouts de ce territoire… ».
Alors, ont-ils été rassurés les élus et représentants du milieu économique à l’issue de cette cérémonie ? En tout cas, ils savent qu’ils ne seront pas seuls pour relever les défis conjoncturels se présentant à eux : les services de l’Etat continueront à travailler avec volontarisme et souci de résultats pour les aider dans leur quotidien. Foi de Pascal JAN !
Thierry BRET
Elle a même poussé le luxe de venir sur place avec les croissants, chouquettes et autres gougères ! Il est vrai que cette dernière gourmandise bien de chez nous fait partie des spécialités dont elle vante le goût incomparable parmi les cénacles parisiens qu’elle fréquente avec son étiquette de parlementaire, mais aussi en qualité de présidente d’une fameuse association. Mais, aujourd’hui, elle a fait fi de ses préférences culinaires pour venir en soutien du monde agricole, celui représenté par la Coordination Rurale qui proteste dans le froid à Auxerre…
AUXERRE : Elle ne craint pas le froid, la députée de la deuxième circonscription de l’Yonne ! Une paire de gants noirs lui protégeant les mains, un foulard aux coloris chatoyants lui couvrant le cou et un chaud manteau rouge lui permettant de braver gaillardement les températures quasi polaires de ce petit matin blême et incertain du début de semaine, et voilà Sophie-Laurence ROY sur le pied de guerre, rue du Temple – tiens, tiens, mais ce n’est pas vraiment sa circonscription ! -, pour encourager la poignée de manifestants du monde agricole qui remettent le couvert contre l’Etat afin d’obtenir enfin quelque chose !
Sur le pont des revendications dès 08 heures du matin par une telle froidure, il ne fallait pas oublier de se réchauffer près d’un brasero flamboyant, d’ingurgiter un salvateur café chaud et de reprendre des calories au passage en se sustentant des viennoiseries en provenance d’un boulanger-pâtissier artisanal amenées par l’élue de l’Yonne. De quoi joindre l’utile à l’agréable, non ?! Et de faire, pourquoi pas, une publicité indirecte aux célèbres gougères que la parlementaire encense dès qu’elle en a l’opportunité ?!
Plus sérieusement, Sophie-Laurence ROY voulait soutenir les représentants de la Coordination Rurale, au cours de leur matinée de protestation – ils avaient coupé l’entrée de la Rue du Temple avec tracteurs à l’appui – afin de faire entendre leur voix. Auprès des élus, de l’Etat et des institutionnels mais aussi de la population frigorifiée.
« Rien n’a été fait pour les agriculteurs… »
« Ma présence à leur côté s’imposait car la Coordination Rurale est composée de professionnels qui possèdent des exploitations à dimension humaine, souligna la députée de l’Yonne, ce sont un peu les TPE et PME de la filière agricole. Ce sont aussi ceux que l’on ignore le plus dans la corporation parce que leur siège social national ne se situe pas à trois pas des bureaux des ministres ! ».
Puis, soudain, une vive explosion, non loin de là ! Temps mort dans la conversation, interrompue du fait du tir d’un effaroucheur servant d’ordinaire à effrayer les oiseaux dans les champs !
« Les agriculteurs de la Coordination Rurale représentent exactement la typologie de Français pour lesquels je me suis investie en politique, ajoute-t-elle une fois la surprise du bruit passée, en me présentant aux dernières législatives… ».
Analysant le contexte de cette crise agricole qui perdure depuis un an, Sophie-Laurence ROY est à la fois catégorique et ironique : « c’est simple, en un an, la France a eu quatre Premiers ministres, quatre ministres de l’Agriculture et tous n’ont rien fait ! C’est une honte ! Cela traduit le comportement de la gouvernance macroniste qui ne sait faire qu’une seule chose, « je parle, je parle, je parle… » ! ».
Une banderille que la parlementaire décoche avec le sourire, après avoir goûté furtivement à l’un de ses croissants.
« J’ose espérer que cette fois-ci avec ce gouvernement dirigé par un Premier ministre qui a eu le job de sa vie, les agriculteurs ne seront pas seulement écouté mais qu’ils obtiendront enfin le fruit de mesures prises dans l’intérêt des Français… ».
Une éleveuse plus visitée par le loup que par les ministres !
Parmi ces mesures indispensables, l’élue de l’Yonne cite la disparition des normes excessives imposées par l’Europe. Une Europe qui, selon elle, depuis Bruxelles et Strasbourg décident de tout pour le monde entier.
Sa présence à Auxerre, hors de sa circonscription, Sophie-Laurence ROY l’argumente volontiers : « il y a des agriculteurs qui viennent de ma circonscription et que je voulais soutenir ! ».
Des professionnels de la filière que l’élue, lors de sa courte campagne d’environ trois semaines seulement – le laps de temps minimum laissé par l’Etat lors des législatives de l’été dernier – avait pris soin de rencontrer à plusieurs occasions. Notamment Laurence BODIN, éleveuse dans la partie orientale de notre territoire : « son exploitation est beaucoup plus visitée par les loups que par les ministres ! ».
Un message que Sophie-Laurence ROY n’a eu de cesse de marteler en discutant avec la vingtaine de manifestants refroidis par les conditions météo : « je suis là pour défendre la France des territoires, et pas celle des élites parisiennes et de Bruxelles qui prétendent mieux savoir ce qui convient aux autres ! C’est vrai pour le domaine de l’agriculture, ça l’est tout autant pour le secteur de la santé… ».
La pensionnaire du Palais Bourbon a adressé, par ailleurs, il y a quelques jours une lettre explicative au ministère concerné, à propos de la non-nomination d’un médecin généraliste, originaire du Venezuela à Tanlay.
« Je n’ai toujours pas eu de réponse, constate-t-elle avec un brin d’amertume, mon collaborateur parisien a pour mission de harceler le cabinet du ministre de la Santé parce que je ne vais m’arrêter à l’envoi d’une seule lettre ! Je veux rencontrer le ministre. Parce que l’accès aux soins est prioritaire dans notre territoire… ».
Une ultime bouchée de croissant avalée, avant de saluer les protestataires du monde agricole et revoilà partie la « dame au manteau rouge » en direction de la capitale pour une nouvelle session dans l’hémicycle.
Une nouvelle réunion de travail avec l’audition de Pierre MOSCOVICI, président de la Cour des Comptes, l’attend d’ici quelques heures : « j’aimerai quand même qu’il nous explique pourquoi le gouvernement a pu se tromper à ce point dans ses évaluations budgétaires ! Et que l’on comprenne les véritables origines de cette dette abyssale… ».
Pas sûr qu’elle obtienne les réponses à sa question !
Thierry BRET
En ces temps d’Epiphanie, les reines et rois d’un jour ne sont pas seuls à se voir ainsi couronnés. L’Office du chablis a « tiré les rois » à sa façon, décernant 19 médailles sur les 292 vins dégustés lors du Concours 2025 de l’appellation, 39e édition du nom.
CHABLIS : Comme il est de tradition, c’est dans les locaux du BIVB (Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne) à Chablis que s’est déroulée la 39e édition du Concours des vins, rassemblant cette année 72 dégustateurs venus d’horizons divers : restaurateurs, sommeliers, journalistes, courtiers, œnologues ou amateurs éclairés, à l’image de François, venu tout spécialement de Saulieu pour l’occasion.
Ancien négociant en vins et produits régionaux, cet adepte des vins « minéraux » se veut prudent face aux crus 2023 et 2022 en lice aujourd’hui : « il va falloir faire attention au fait que ce ne soit pas des vins trop « chaleureux », car l’on a affaire à des années un peu chaudes. Il est important que subsistent ces belles acidités caractéristiques du chablisien… ».
A quelques tables de là, Marine officie pour la première fois au concours. Œnologue de profession, c’est sans hésiter qu’elle répond à la question de savoir où se situe le chablis dans son « Panthéon » personnel : « la première bien sûr ! ». (Rires). Cette amoureuse des vins suisses voue néanmoins une passion aux vins du cru : « il est évident que dans le panel des vins français, il est dans le « Top 3 » et fait partie des plus grands blancs que l’on puisse trouver… ».
Les qualités inhérentes à l’exercice de la dégustation ? « Savoir mettre de côté ses goûts personnels car la qualité n’est pas directement liée à la notion d’aimer ou non quelque chose. Ce n’est pas parce qu’on n’apprécie pas un vin, qu’il n’est pas qualitatif et il est important pour ce genre de dégustation, de savoir s’affranchir des idées préconçues… ».
Le poids du « super jury » dans le concours
Preuve s’il en était besoin de la féminisation de la filière et du renouvellement des générations, c’est une jeune étoile de la sommellerie française, Marie WODECKI, qui présidait cette année le concours des vins. Formée auprès de Philippe FAURE-BRAC, meilleur sommelier du monde 1992 et Xavier THUIZAT, sacré meilleur sommelier de France en 2022 (excusez du peu !), elle a vu son talent récompensé par plusieurs titres, notamment celui de « meilleure jeune sommelière » de France en 2023, atteignant la demi-finale du concours national de la sommellerie l’année suivante. Sa présence était un peu un retour aux sources pour la Francilienne, qui exerce aujourd’hui son art dans un restaurant gastronomique d’Annecy, après plusieurs séjours dans le passé, en terre chablisienne : « un réel bonheur et un honneur aussi, de revenir ainsi au cœur du vignoble bourguignon… ».
Spécificité du Concours des Vins de Chablis : le « Super Jury », chargé d’apporter un avis ultime sur les notes émises au fil des échantillons dégustés de la matinée par les dégustateurs. Une technique inspirée du « Guide Hachette », reconnaît Benoit DROIN, cheville ouvrière incontournable du concours au point de ne même plus savoir depuis combien d’années ! Un « Super Jury » auquel participait bien sur Marie WODECKI, dans lequel on pouvait retrouver également d’anciens présidents comme Gérard MORGEON et Jean-Luc JAMROZIK ou bien encore le journaliste japonais Toshio MATSUURA, autant habitués de la cité chablisienne et de ses trésors.
Les échantillons du jour revêtus d’un habit noir opaque, garants d’une confidentialité absolue, attendent sagement au pied des dégustateurs le début des hostilités. Sur les tables, carnet de note, crachoir et bouteille d’eau pour « décrasser » les papilles sont bien en place. Bientôt 9h15, passé le « quart d’heure bourguignon » de retard traditionnel et les dernières consignes données, le concours peut commencer… Dans un silence de cathédrale bien sûr, propice à la concentration. Et pour ce qui est du vin de messe, aucune inquiétude, on en a connu des pires !
Interview
A quoi sert un concours de ce type ?
Benoît DROIN : « Je pense que pour les domaines déjà connus, c’est surtout une sorte de challenge pour se situer face aux collègues. Par contre, c’est quelque chose d’intéressant pour les nouveaux, pour les aider à voir s’ils vont dans le bon sens et se faire connaître. D’autant plus que les vins médaillés sont rachetés par le BIVB et servent ensuite pour la promotion du chablis, que ce soit en France ou à travers le monde. Une belle opportunité pour tous les nouveaux domaines et une belle vitrine susceptible d’ouvrir de nouveaux marchés ».
Le concours a-t-il évolué au fil des éditions ?
Benoît DROIN : « Oui bien sûr, ne serait-ce que le nombre d’échantillons présentés. Une cinquantaine je crois, lors de la première édition, pour une quinzaine de domaines. Un chiffre resté stable pendant une dizaine d’années, jusqu’à l’arrivée de nouveaux dans la profession. Aujourd’hui, la compétition est beaucoup plus rude, avec 79 domaines en compétition et la probabilité de recevoir une médaille, beaucoup moins grande. Un changement important à mes yeux s’est produit il y a une quinzaine d’années, lorsque l’on a décidé de ne plus inscrire de viticulteurs chablisiens dans le jury, de sorte de ne pas prendre le risque qu’ils puissent goûter leurs propres vins. Assurant une légitimité sans pareil au concours, car on ne peut à la fois être juge et partie »
Quelles sont les caractéristiques des deux millésimes en lice ?
Benoît DROIN : « Pour ce qui est des chablis, petit-chablis et chablis 1er cru, l’on est sur un millésime 2023 assez classique, chaud sur la fin au moment des vendanges, ce qui a un peu changé la donne et on s’est retrouvé avec des vins qui ont perdu un peu de « fraîcheur » et gagné en concentration. Avec à l’arrivée, des vins forcément plus « gourmands » et plus accessibles jeunes. Les Grands crus 2022 se distinguant par un côté plus minéral et plus iodé, la différence se jouant sur le petit coup de chaud des vendanges, absent cette année-là ».
Avez-vous déjà prévu une édition particulière pour les quarante ans du concours l’an prochain ?
Benoît DROIN : « La question pour le moment est de savoir si l’on pourra même faire un concours, tant le millésime 2024 aura été catastrophique, avec pour certains domaines des rendements ne dépassant pas les 5 hl à l’hectare, voire pour d’autres, pas de récolte du tout ! Avec au final une moyenne très faible et beaucoup de vins en moins. Mais on se sent obligé et le concours se fera très certainement, même si l’on a à peine plus de 150 échantillons à présenter ».
En savoir plus :
PALMARES 2025
Petit Chablis 2023
Médaille d’Or :
Domaine JOLLY et Fils
Médaille d’Argent :
Domaine ELLEVIN
Médaille de Bronze :
Domaines CHARLY NICOLLE
Domaine GAUTHERON Alain et Cyril
Chablis 2023
Médaille d’Or :
Domaine des MALANDES, Envers de Valmur
Domaine ORION
Médaille d’Argent :
Domaine des HATES, Les Chatillons
Domaine CHARLY – NICOLLE, Ante MCMLXXX
Médaille de Bronze :
SCEV FRANCLET, Vieille Vigne
Chablis Premier Cru 2023, Rive Gauche
Médaille d’Or :
Domaine des MALANDES, Côte de Léchet
Médaille d’Argent :
Domaine DE LA TOUR, Montmains
Médaille de Bronze :
Domaine VERRET, Beauroy
Chablis Premier Cru 2023, Rive Droite
Médaille d’Or :
Domaine des MALANDES, Fourchaume
Médaille d’Argent :
Domaine Jean COLLET et Fils, Mont de Milieu
Domaine GAUTHERON Alain et Cyril, Vielles Vignes Les Fourneaux
Médaille de Bronze :
Domaine ELLEVIN, Vaucoupin
Chablis Grand Cru 2022
Médaille d’Or :
Domaine Jean COLLET et Fils, Valmur
Médaille d’Argent :
Domaine Jean-Paul et Benoit DROIN, Valmur
Médaille de Bronze :
Domaine Jean-Paul et Benoit DROIN, Grenouilles
Dominique BERNERD
D’ordinaire, la rue du Temple à Auxerre est interdite à la circulation automobile le mercredi. Afin de piétonniser et de sécuriser davantage la voie pénétrante menant au cœur de la ville et de favoriser ainsi le commerce de proximité qui en a grandement besoin par les temps qui courent. Mais, là, dès potron-minet ce mardi, les véhicules ne pouvaient y pénétrer du fait de la présence d’un brasero, autour duquel tentait de se réchauffer vaille que vaille des protestataires du monde agricole, bien emmitouflés. Leurs tracteurs positionnés de part et d’autre comme une haie d’honneur. La Coordination Rurale de l’Yonne avait décidé d’occuper le terrain. Pour faire entendre leurs revendications…
AUXERRE : Il y a urgence à trouver des solutions ! Foi de Xavier DEBREUVE, vice-président de la Coordination Rurale de l’Yonne et tête de liste du syndicat aux élections de la chambre agricole départementale. On le sait depuis des lustres, rien ne va plus ou presque pour les professionnels de la filière, confrontés à de réelles problématiques de pouvoir d’achat et de contraintes réglementaires imputables à l’Europe (entre autres) qui n’en finissent plus de décourager les esprits, même les moins farouches. L’agriculture hexagonale souffre. Et ce ne sont pas les dernières décisions prises par Ursula Von Der LEYEN, au nom de l’Union européenne, sur les accords commerciaux avec les pays du MERCOSUR (Amérique du Sud) qui vont infléchir la tendance.
La semaine dernière, les représentants de la Coordination Rurale avaient déjà fait part de leurs intentions protestataires en diffusant sur l’ensemble de la région Bourgogne Franche-Comté des bulletins, intitulés « J’accuse » - le clin d’œil historique à la ZOLA ! -, une série de revendications inhérentes au devenir de la filière.
« Si on ne fait rien pour l’agriculture aujourd’hui, précise Xavier DEBREUVE, bonnet jaune enfoncé sur la tête, alors, c’est le milieu rural dans son ensemble qui va pâtir de cette situation… ».
Le revenu des agricoles, priorité des priorités…
D’où l’idée de cette action se limitant à la matinée de ce mardi 21 janvier au cœur même de la capitale de l’Yonne, à l’entrée de la Rue du Temple, pour empêcher toute circulation. La crainte du vice-président de la CR ? « La désertification du monde rural qui va s’accentuer dans notre pays… ».
Si les revendications restent globalement les mêmes par rapport à l’hiver 2024, le contexte, quant à lui, a empiré.
« Les charges fiscales sont toujours élevées alors que les prix agricoles chutent, explique notre interlocuteur, économiquement, la situation est encore plus dure sur les fermes que la saison dernière. Mais, la revendication principale reste la rémunération des agriculteurs… ».
Arithmétiquement, c’est simple. Après le calcul sur les heures travaillées, le coût de la rémunération équivaut à cinq euros de l’heure ! Impensable alors que l’inflation continue de flamber dans l’Hexagone, avec de nouveau une envolée des prix à la pompe !
« Ce n’est plus du travail, insiste Xavier DEBREUVE, c’est de l’esclavage… ».
Il y a une dizaine de jours, la Coordination Rurale a mené une action revendicative dans la capitale.
« Cinq tracteurs de la section icaunaise ont pu faire le déplacement, précise l’orateur, nous avions organisé une première vague en pensant qu’une deuxième serait effective un peu plus tard. Mais, on nous a empêchés de nous rendre à Paris… ».
Une manifestation dans la métropole hexagonale qui aura été respectueuse avec les forces de l’ordre.
« Nous avons réussi à stationner deux tracteurs sous la Tour Eiffel, s’amuse Xavier DEBREUVE, je considère que l’ensemble de nos actions paient… ».
Une Coordination Rurale qui multiplie les petites actions
L’idée étant de réaliser plein de petites actions qui perdurent afin de ne jamais baisser en termes de visibilité et de maintenir une pression constante sur les pouvoirs publics.
A date, la Coordination Rurale représente une quarantaine d’adhérents dans l’Yonne. Mais, de nombreux sympathisants soutiennent le mouvement. Candidat aux élections de la Chambre d’Agriculture, le syndicat présente une liste dans le collège des exploitants.
« Notre but premier est d’améliorer le score obtenu il y a six ans, ajoute le vice-président de l’organisme, nous avions terminé à la deuxième place derrière la FDSEA… ».
Quant à la tendance droitière que l’on prête généralement à la Coordination Rurale, ce serait une image d’Epinal pour son représentant.
« Nous ne sommes pas politisés du tout, affirme-t-il, a contrario, quand on lance des invitations sur nos manifestations, ce sont le plus souvent des gens de droite, voire d’extrême droite qui nous soutiennent. Mais, nous, on s’adresse à tous les élus de la République… ».
Installés juste à côté du monument aux morts – « c’est un symbole qui va bien avec notre situation, souligne Xavier DEBREUVE -, les agriculteurs ont reçu tôt dans la matinée la visite de la députée de la deuxième circonscription de l’Yonne, Sophie-Laurence ROY, et de son attaché parlementaire, Quirian ELARD. La parlementaire n’aura pas manqué de s’enquérir de la situation et d’apporter ses commentaires, à lire dans l’article consacré à son intervention…
Thierry BRET