Le 15 octobre, c’était la Journée internationale des femmes rurales. Elle avait pour but de visibiliser le rôle des femmes dans l'amélioration de la sécurité alimentaire et l'élimination de la pauvreté en milieu rural ainsi que les difficultés spécifiques des femmes dans ces territoires. « NousToutesAuxerre » a choisi de s'inscrire dans la célébration de cette journée pour sa deuxième action.
AUXERRE ; Ce sont deux banderoles sur les conditions de travail des femmes dans l'agriculture qui ont été déployées sur les grilles de la Chambre d'agriculture de l’Yonne. L'une sur la condition des femmes dans l'agriculture affiche le chiffre de 132 000 femmes travaillant dans l'agriculture sans statut. Un chiffre qui représente 20 % des femmes travaillant dans le secteur agricole, qui n'ont ni salaire, ni retraite, ni protection sociale.
En effet, les femmes sont majoritairement le "conjoint collaborateur" dans un couple paysan, un statut qui invisibilise le travail féminin. A noter qu'au-delà de cette absence de statut, les femmes restent cependant la personne du couple qui gère l'essentiel du travail administratif lié à la ferme et aussi le travail domestique.
Et une autre sur le fait que 40 % des agricultrices ne prennent pas de congé maternité, un chiffre effarant alimenté par l'absence de statut des femmes souvent conjoint collaborateur et la désertification médicale. C'est la double peine, celle d'être une femme et celle d'être rurale.
Une autre banderole sur le salaire des agricultrices qui est 29 % moins élevé que celui d'un homme soit 1/4 de plus que dans les autres secteurs, a été mise en place sur les grilles de la FDSEA.
Une triste réalité de terrain où les femmes sont doublement stigmatisées comme femme et comme rurale.
Enfin, sur la N6, c'est une banderole plus générale sur la condition des femmes dans nos campagnes qui rappelle que 47 % des féminicides concernent la ruralité pour "seulement" 33 % de la population. Nos territoires ruraux concentrent 50 % des interventions pour violence intrafamiliale alors que ces territoires ne représentent qu'un tiers de la population. Des chiffres qui illustrent l'isolement de ces territoires. Isolement d'autant plus grand que les femmes rurales sollicitent peu les dispositifs d'aide (seulement 26 % des appels au 3919) et bénéficient d'un suivi médical amoindri par la désertification médicale.
Comme toujours, dans les situations les plus précaires, ce sont toujours les femmes que l'on retrouve dans les premiers rangs. Précaires parmi les précaires de par leur statut de femme.
« Habitants de zones rurales, nous avons souhaité profiter de cette journée dédiée aux femmes rurales pour mettre en avant les difficultés spécifiques aux femmes dans nos territoires pour informer, alerter et espérer la prise de conscience nécessaire à des changements efficients.
Les femmes en ruralité ne sont pas des bêtes de somme.
Nous voulons plus que cela parce que nous valons plus que du bétail.
Pour nous soutenir, retrouvez-nous à Auxerre pour la manifestation du samedi 23 novembre 2024.
Le Comité Local #NousToutes Auxerre