En ces 125 ans du guide Michelin, ayons tout d'abord une pensée pour ces génies visionnaires que furent les frères MICHELIN, André et Édouard. En éditant en 1900 à 10 000 exemplaires, ce fameux guide tandis que circulaient en France sur des chemins terreux 4 000 voitures, ils eurent une de ces idées marquantes de la France automobile depuis lors. Grand nom de capitaines d'industrie dès le XIXème siècle, Michelin se confondit avec l'époque et devint un nom commun.
TRIBUNE : L'histoire pneumatique est fort belle, et l'on ne saurait que trop vous recommander, en passant par ce qui demeure encore son fief dans la capitale auvergnate, d'aller visiter le musée de l'aventure Michelin, une visite aussi émouvante qu'instructive. Et tout récemment encore, en allant chercher une moto nouvelle, le mécano était fier d'annoncer qu'elle était chaussée des mêmes pneus Michelin que les rutilantes BMW de la Gendarmerie nationale.
Alors oui, en 125 ans, le guide référence incontournable a quelque peu changé (trop peut-être, en oubliant ses fondamentaux qui firent sa gloire) ou trop vite évolué, comme soucieux de trop vouloir ressembler désormais à ce curieux monde toujours pressé qui nous entoure !
Il n'en reste pas moins vrai que cette cérémonie annuelle des étoiles Michelin, demeure toujours un moment d'émotion. Mais, c’est aussi une ode à la France, sa cuisine, et au bel ouvrage d'une façon générale. Il faut avoir vu tout à l'heure ce jeune chef patron, en larme évoquer le prénom de Monique, celui de sa grand-mère cordon bleu, devenu celui de leur restaurant désormais.
Lors de cette cérémonie, l'on vit aussi le prix Michelin du chef mentor, revenir à Bernard PACAUD (prix partagé avec son épouse fort légitimement) lui qui fut apprenti chez la célébrissime « Mère BRAZIER » au col de la Luère, dans les monts du Lyonnais.
Cap sur 2025 avec nos félicitations aux heureux promus. Des courageuses et des courageux, la plupart du temps, même si désormais quelques promus semblent s'affranchir des règles anciennes, en sautant le tourniquet du métro, à l'instar de vulgaires fraudeurs.
Toujours trois tables étoilées dans l’Yonne…
On pouvait penser qu'avec trois promotions bourguignonnes de « bib » gourmand (sur 77 dans la France entière) dont deux dans l'Yonne et un en Côte d'Or, cela pourrait être suivi d'un peu d'étoiles. Las ! Il n'en fut rien ou presque, sauf pour le « Château de Courban » dans le 21, qui après sa perte en 2024 suite au départ du chef, la récupère cette année. Un bémol sur cette maison que je ne connais pas, plutôt faite pour les noctambules, car ouverte que le dimanche au déjeuner…
On aurait pu s'attendre à une double étoile aux « Terrasses » à Tournus (superbe maison que le Michelin d'antan aurait su avec finesse promouvoir) ou bien encore Frédéric DOUCET à Charolles. Même le collègue du « Figaro » y songeait...
Dans l'Yonne, nous conservons trois tables étoilées avec « La Côte Saint-Jacques » à Joigny, « La Madeleine » à Sens ainsi que le château du Vault-de-Lugny. Dans les années 90, il y en avait huit ou neuf ! Et toujours aucune distinction nouvelle dans la Nièvre, ni en Franche-Comté, ce qui est une anormalité de plus.
Un prix sommellerie chez Frédéric DOUCET à Charolles
Petit cocorico, cependant, avec le prix Michelin de la sommellerie décerné à Jean DUMONTET, chef sommelier de la table de Frédéric DOUCET à Charolles. Cet ancien cuisinier troqua sa veste pour un costume de salle, avant de se spécialiser dans la sommellerie. Celle des bons vins de propriétaires, accessibles à tous les prix. C'est notre petite distinction bourguignonne, Saint-Vincent doit s'en ravir, Jean aussi !
Nous n'évoquerons pas ici les neuf promotions doublement étoilées. Elles ne sentent que l'entre-soi de vieux chefs repus d'honneur (ALLENO, ETCHEBEST et consorts). Ils sont plus décorés que des maréchaux soviétiques après la bataille de Stalingrad ! Idem pour les deux promotions en trois étoiles.
Un repas dans une belle table étoilée est, en général, source de grand plaisir. Nous l'évoquerons un de ces jours prochains. Espérons désormais dans le Michelin 2026 ! Bon appétit et large soif, dixit les « bouchons lyonnais » !
Gauthier PAJONA