La commune d’Ancy-le-Libre et ses 149 habitants sont bordés par le canal de Bourgogne. Face à l'écluse, numérotée 86, au cœur d'un apaisant paysage fait de verdure se niche un brin discrètement, un petit caboulot. L'enseigne, un rien fatiguée, y indique : le restaurant-bar de l'écluse, « Chez Mémé ». En hommage au prénom du patron Aimé, pâtissier de formation. On en pousse la porte doucement. Les murs sont couleur prune et le comptoir verdoyant où se postent les habitués...et les autres ! L'enseigne dans la langue de Shakespeare précise : « no credit card » ! On s'en serait un peu douté...
ANCY-LE-LIBRE : Mémé et son short ont une certaine tenue. Un brin d'allure, aussi, avec son tablier. Aurait-il l'âge de la retraite ? Quant à la patronne, elle est en cuisine et semble parfois enguirlander son mari de patron. Mais, attablons-nous !
Mémé ne vous demande pas si vous avez des allergies, la ratte qui se dilate ou le foie en marmelade. De toute façon, en ces lieux, il n'y a qu'un menu unique sans choix ! L'eau vient du canal, se plaît à préciser notre aubergiste, un brin facétieux ! Durant une émission en extérieur lorsque j'étais encore sur les ondes de « France Bleu Auxerre », ce taiseux m'expliqua que son fils était pâtissier dans un établissement auvergnat, doublement étoilé au Michelin (chez VIERA à Chaudes-Aigues). Il me confia y avoir emmené la patronne : « c'était bon, mais il n'y a pas grand-chose à becqueter, m'expliqua-t-il alors, d'un jugement sans appel aucun ! Cela nous fit beaucoup rire de l'imaginer attablé dans ce monde gastronomique qu'il semblait ne guère affectionner.
Tout est bon dans le cochon chez Mémé !
Ce midi-là, c'était un peu la « Saint cochon », puisque la semaine précédente, Mémé et ses copains l'avaient tué, le cochon. En entrée, fut servi un impeccable morceau de boudin noir poêlé qui débordait quelque peu de l'assiette à dessert. Le boudin était fort bon et parfaitement assaisonné. Aux tables voisines, deux rois de la pelleteuse connaissant toutes les carrières du coin ainsi que des ouvriers de la SNCF, dévolus à la réfection des voies, se régalèrent.
Puis, arriva une épaisse côte de porc bien poêlée avec le jus de cuisson, accompagnée de riz à la créole. Les suivants eurent des pommes de terre en ragoût, j'aurai préféré, mais c'est ainsi !
La viande est charnue et goûteuse, sûrement plus que cette « pluma ibérique » que proposent actuellement nombre de restaurateurs. Demain, un autre produit aura leurs faveurs, délaissant à tout jamais le produit précédent....
De toutes ces modes, Mémé n'en a cure. Il ne revendique pas d'être un influenceur sur « Tik Tok » ! Son objectif étant que les clients mangent de tout : « faut sucer l'os », assène-t-il à un « p'tit jeunot » qui s'exécute sans délai. Non mais !
De la bonne cuisine, simple et authentique…
En scrutant la copieuse assiette de fromages, je songeais alors au nombre de petits restos de ce type qui existaient ainsi antan dans la France de ma jeunesse : point de site « www », encore moins de boîtes de communication ou d'attaché(e)s de presse. Juste, le souci de faire simple et bon. Comme chez Mémé, finalement.
Les desserts sont dévolus à Mémé. Il est réputé pour cela. Parfois, c'est un Paris-Brest. Le lendemain, une tarte aux fruits de saison. La veille, ce fut un flan. Ce midi-là, nous eûmes droit à un délicieux chou à la crème.
La formule est proposée à 15 euros. Oui vous avez bien lu : 15 euros ! La note est manuscrite. Pour le ticket électronique, faudra repasser !
Une adresse rare et inattendue. Sachons en profiter. Car demain...
Contact :
Chez Mémé
07, Rue de l'église
89160 ANCY-LE-LIBRE
TEL : 03.86.75.62.11.
Ouvert sept jours sur sept (déjeuner uniquement).
Une formule à 15 euros.
Gauthier PAJONA