« Le domaine de l’Abbaye de Pontigny est en train de se réveiller ! ». Prononcée par la directrice de ce vaste projet touristique et culturel, la souriante Amandine SIMPHAL, la petite phrase n’a rien d’anodine, en soi. Elle résonne longuement sous la voûte de la salle capitulaire qui accueille une curieuse « conférence de presse », qui n’en est pas une en vérité, puisque suivie par pléthore d’invités de la chose publique, institutionnels, élus, politiques, représentants associatifs et aficionados de la vie artistique et touristique qui rayonne sur notre territoire. Un réveil toute en joliesse pour cette abbaye et son domaine qui devrait perdurer avec les futures tranches de son embellissement…
PONTIGNY : De la fierté et des sourires. Ouvrant le bal de cette traditionnelle conférence de presse de mise au point selon les étapes évolutives du projet – la précédente eut lieu au même endroit mais dans une configuration pas tout à fait identique en 2022 -, Amandine SIMPHAL, la jeune directrice en charge du développement touristique du site, le domaine de l’Abbaye de Pontigny dans sa nouvelle restructuration telle que l’a imaginée l’homme d’affaires et investisseur François SCHNEIDER, à la tête de sa fondation éponyme, prit soin de présenter l’état des lieux de ce chantier qui devrait courir sur plusieurs années encore.
Un chantier n’ayant qu’une unique orientation, redonner son lustre d’antan (tout en l’améliorant et en le diversifiant) à ce haut lieu patrimonial et spirituel, implanté depuis des siècles en terre de l’Yonne. Notamment son domaine qui offre de sérieuses perspectives en matière de projets, tels qu’ils ont déjà été évoqués par le passé.
Déjà un excellent préambule avec l’exposition « Terre et Fibres » !
D’ailleurs, le site, ouvert depuis le 15 août dernier, attire déjà le public en nombre, local et étranger, trop curieux de voir ce qu’il se passe derrière les murs de cette fameuse abbaye cistercienne dont on ne se lasse jamais de redécouvrir les beautés flamboyantes.
Ici, c’est la terre qui est mise à l’honneur. Celle des bâtisseurs de cet emblématique endroit propice à la méditation et au recueillement, mais aussi celle que ne dédaignent pas travailler les artistes.
On y voit déjà des œuvres diverses et variées autour cette thématique nourricière de l’âme et du cœur, une terre utile à la préservation des ressources pour mieux affronter les lendemains. Une exposition, œuvre du Pavillon de l’Arsenal, AMACO et les Grands Ateliers. Elle se nomme « TerraFibra Architectures », soit le reflet de la créativité architecturale où sont présentés quarante bâtiments lauréats du premier prix mondial des architectures contemporaines à base de terre crue et fibres végétales. Elle a été réalisée avec le concours du CAUE de l’Yonne.
Cette première exposition avec parfois de curieuses interprétations de ce que l’imaginaire fécond peut produire, sera visible jusqu’au 04 novembre mais de cela nous reparlerons.
Ici, sera également prévue plus tard, d’ici une dizaine d’années, la construction de cette agora permettant aux chercheurs, scientifiques, économistes, artistes, entrepreneurs, citoyens, politiques de réfléchir et de partager ensemble sur l’évolution de la Terre et pourquoi pas de panser (penser) ses maux avec des solutions idoines.
Un rayonnement qui est adapté à ce cadre séculaire du patrimoine hexagonal et à la volonté humaniste de François SCHNEIDER qui s’est déjà penché sur la question via sa Fondation, y compris en encourageant l’émergence de nouveaux artistes positionnés sur la promotion de l’art contemporain, l’un de ses dadas intellectuels.
Un vrai melting-pot que ce domaine de Pontigny qui n’a, certes, pas fini de nous surprendre au gré du temps !
Un tour d’horizon des aménagements existants !
Le futur du domaine de l’Abbaye de Pontigny repose donc sur « trois grands piliers ». On se croirait presque dans une phase romanesque à la Ken FOLLETT, le fameux écrivain britannique féru de scénarii historique et moyenâgeux ! Le premier de ces piliers se veut résolument artistique et culturel, avec la création du Centre d’art mettant en valeur le patrimoine. Le second se rapporte au développement du tourisme avec la création d’un établissement hôtelier de niveau trois étoiles et d’un restaurant avec une exigence de qualité importante. Quant au troisième de ces piliers fondateurs, il se traduit par la création d’un pôle de culture agricole mettant en exergue les paysages et les productions locales avec les plantes aromatiques et médicinales.
Puis, Amandine SIMPHAL procéda à un état des lieux de ce qui a été réalisé depuis la dernière conférence de presse, remontant à deux ans. La Fondation SCHNEIDER n’est pas restée les deux pieds dans le même sabot, c’est sûr ! En témoigne l’aménagement de la Maison du Jardinier, un édifice qui se situe à l’entrée du domaine. Ainsi que le bâtiment des convers où a été donnée cette conférence de presse.
Huit à dix mois de travaux auront permis de redonner un look atypique à la Maison du Jardinier. Elle comprend le point d’accueil, le passage obligé de tous les visiteurs devant s’acquitter de leur ticket d’entrée, une boutique où s’entreposent des livres mais aussi des produits du terroir ainsi qu’un espace de collation. Un chantier qui aura vu la collaboration d’une quinzaine d’entreprises artisanales du cru, depuis la maçonnerie aux huisseries, de la couverture à la charpente, etc. Un chantier géré par un architecte des Bâtiments historiques et l’accompagnement de la structure, Yonne Equipement. Ces travaux ont respecté la démarche environnementale avec la gestion des eaux de pluie, la présence de chaux et de chanvre. Signalons que l’entreprise MICHEL a sorti 293 tonnes de matériaux dans l’aile des convers !
Le premier chapitre des travaux se « découvre » !
Quant aux activités, elles sont nombreuses à être proposées, notamment avec la création de nouveaux parcours de visite du site, dont certaines sont guidées chaque jour. On notera le parcours en immersion sonore. Mais, les touristes de passage peuvent également découvrir le lieu à leur rythme et en toute liberté. A cet effet, a été créé le salon de thé, l’un des points névralgiques de la Maison du Jardinier. Ici, c’est la gougère qui est mise à l’honneur, produit du patrimoine culturel et gastronomique de la Bourgogne ! Les férus de vins y trouveront aussi des nectars du terroir dont des variétés réalisées à partir du bio. Précisons qu’une dizaine d’emplois ont été créés in situ, notamment à la tenue de la boutique et pour les visites guidées. Quant aux artistes, ils sont les bienvenus pour y dévoiler leurs réalisations en art contemporain. Même la signalétique de l’abbaye a été pensée par des créateurs artistiques, jouant ainsi sur la lumière et la vie.
La DRAC, la direction régionale des Affaires Culturelles, a apporté son soutien au financement de ce vaste projet, notamment pour les études historiques réalisées sur le lieu et l’aménagement de l’aile des convers. Parmi les autres contributeurs importants, citons la Région Bourgogne Franche-Comté, mais aussi l’ADEME et le Crédit Agricole Champagne Bourgogne. Soit deux millions d’euros pour la réalisation de la première phase de travaux, le chapitre initial, baptisé « la Découverte » par ses auteurs. Le projet dans son aménagement global prévoit 20 millions d’euros d’investissements !
Une succession de nouvelles étapes à venir
Le domaine sera désormais payant lors de sa visite. Amandine SIMPHAL le justifie : « Ce n’est pas pour un quelconque enrichissement que nous faisons payer le droit d’entrée, souligne la jeune dirigeante, mais c’est plutôt dans une vision patrimoniale. Toute personne qui vient découvrir le lieu s’acquitte de ce ticket qui permet d’améliorer la visite suivante. Chacun des visiteurs est un petit ruisseau qui vient grossir une rivière, tout cela dans un esprit de loyauté et de respect du territoire… ».
La jeune femme ne pouvait clore son intervention sans évoquer naturellement les prochaines étapes de ce chantier gargantuesque. A venir, la création du centre d’art contemporain dans le bâtiment des convers ainsi que la création du centre d’interprétation historique du site (des cisterciens à nos jours).
Le complexe hôtelier, assorti de son restaurant de belle facture culinaire, est prévu ensuite, à horizon 2026.
Très prochainement, la Fondation SCHNEIDER va lancer son concours sur la terre comme elle l’a déjà fait avec l’eau au centre d’art de Guebwiller, un concours ouvert aux artistes « talents » d’art contemporain.
« Nous voulons ce projet vivant et intégré dans son environnement, résuma Amandine SIMPHAL toujours avec le sourire, sous le regard bienveillant de François SCHNEIDER, assis parmi l’assistance, ses environnements même (devait-elle corriger en y ajoutant les dimensions sociales, économiques et humaines), un projet ancré sur le territoire. Ce ne sera jamais une simple destination touristique mais un lieu de participation où chacun deviendra acteur de ce projet et de son destin… ».
Ravie de ses belles paroles, la présidente de la Région Marie-Guite DUFAY, accompagnée de l’édile de Joigny, Nicolas SORET, pouvait applaudir ensuite l’interlocutrice, le sourire aux lèvres…
Thierry BRET