Le préfet de l’Yonne Henri PREVOST s’est aventuré sur l’échafaudage de 60 mètres de haut, adossé à la tour sud de la cathédrale de Sens. Une balade culturelle dans les hauteurs de l’architecture gothique très instructive, menée par Frédéric DIDIER, architecte en chef des Monuments Historiques.

SENS: Près de 900 ans plus tard, la cathédrale de Sens s’érige toujours avec autant de fierté et de vigueur parmi l’une des merveilles patrimoniales françaises. L’édifice fait de nouveau l’objet d’une restauration minutieuse depuis le printemps 2021. Après les travaux des façades ouest et sud de la tour méridionale en 2008 et 2012, les chantiers se poursuivent sur les façades nord et est.

C’était une première pour le préfet Henri PREVOST qui découvrait la tour sud en toute intimité. Une vue d’ordinaire inaccessible. « C’est un honneur a-t-il confié. Le spectacle lui a inspiré « une grande admiration pour le travail réalisé par les artisans des siècles passés ». Il ajoutera : « Je suis vraiment très heureux d’être là aujourd’hui, de découvrir cette vue aussi magnifique de la ville de Sens et ce joyau du patrimoine… ».

« Un ensemble artistique de premier plan »…

Malgré la Révolution française, l’édifice « a encore un ensemble artistique de premier plan » selon Frédéric DIDIER, architecte en chef des Monuments Historiques. La cathédrale Saint-Etienne a conservé une bonne partie de son mobilier et abrite le deuxième trésor de France, « le seul qui puisse rivaliser, c’est Reims », ainsi que la plus grande collection de textiles médiévaux de l’Hexagone.

A l’extérieur, l’échafaudage a révélé aux visiteurs des détails artistiques et architecturaux d’une extraordinaire finesse. D’ailleurs, « plus on s’élève, plus la tour est ornementée » précise Frédéric DIDIER. « Une volonté de faire quelque chose qui tend vers le ciel, qui joue avec les ombres et lumières… ».

Il est également plus aisé de noter une différence de style et de teintes ici et là. La tour s’était effondrée le 05 avril 1268 suite à un grave accident et fut reconstruite. Le chantier ne s’est achevé qu’en 1532, à l’aube des temps modernes.

Un chantier de longue haleine…

Les travaux de restauration se termineront sans doute en 2023. Le planning, très rigoureux, nécessite l’intervention de nombreux experts dont une entreprise de taille de pierre et plusieurs restaurateurs spécialisés qui viennent d’Avignon, sélectionnés suite à un appel d’offres ; un élément pouvant nécessiter jusqu’à deux heures de travail.

La majorité des pierres et des sculptures est bon état, d’origine pour beaucoup et de très bonne qualité. Reste tout de même un certain nombre d’éléments usés, souvent par l’humidité.

« On va reconstituer certaines parties nécessaires, en particulier pour pouvoir rétablir des continuités de lecture ».

Les marquages ont été faits ; les échantillons de pierres ont été sélectionnés. A présent, des ateliers doivent être organisés pour leur remplacement, leur nettoyage et réparation. L’architecte en chef souligne aussi l’importance de mêler des techniques modernes de conservation et des techniques traditionnelles pour un rendu optimal et une pérennisation de l’ouvrage. Une nouvelle restauration ne sera pas utile avant un demi-siècle, si ce n’est plus.

2,6 millions d’euros de travaux...

Conduit par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), en maîtrise d’ouvrage et par l’architecte en chef des Monuments Historiques, Frédéric DIDIER, en maîtrise d’œuvre, le chantier de la cathédrale de Sens s’inscrit dans le plan de relance initié par l’Etat.

« Le plan de relance, finalement, c’est l’occasion d’accélérer ces restaurations. Ce sont des chantiers de longue haleine. Et là, par les moyens apportés par le plan de relance, c’est un bon signal. C’est aussi le moyen d’éviter que le patrimoine continue de se dégrader et que ce soit encore plus difficile de le restaurer » concède le préfet.

L’opération de restauration des six cathédrales de Bourgogne-Franche-Comté s’élève au total à 9,6 millions d’euros, sur 80 millions d’euros dédiés à ces édifices sur tout le territoire français. Les crédits alloués à la cathédrale de Sens, de 2,6 millions d’euros, permettent d’achever la restauration de la tour sud.

Le prochain chantier portera sur la protection incendie...

L’incendie de Notre-Dame de Paris aura tout de même éveillé les consciences au sein du gouvernement sur la nécessité de sauvegarder notre patrimoine. En octobre 2019, le Ministère de la Culture s’était dépêché de faire l’annonce d’un plan de mise en sécurité des 87 cathédrales dont l’Etat est propriétaire.

A Sens, un risque de départ de feu au sein des combles de la cathédrale Saint-Etienne est soudain apparu comme possible car, comme Notre-Dame, sa charpente, d’origine, est en bois.

Le SDIS 89 s’est donc engagé dans une toute première collaboration avec la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) de Bourgogne Franche-Comté pour la sécurité du monument. Un état des lieux a été réalisé au sein de l’édifice le 12 mars 2021 en vue de la mise à jour du plan d’intervention spécifique dit "ÉTARÉ" (ou Établissement Répertorié) qui date de 2014. Le document a été scindé en deux parties : le bâtiment lui-même et les collections.

Floriane BOIVIN