Belgique, Pays-Bas, Espagne, Portugal…cela fait bientôt vingt ans que la plupart de ces pays européens ont statué en légiférant sur la pratique de l’euthanasie active. Une « aide à mourir » que réclament les personnes ou leurs familles en phase de situation critique. Même la province canadienne du Québec a adopté ce principe du dernier choix avant de partir. En France, entre polémiques politiciennes à n’en plus finir et aspects sémantiques administratifs à la virgule près, rien n’est encore applicable sur cet épineux sujet. Comme d’habitude, pourrait-on dire dans ce pays miné par sa traditionnelle lenteur en matière de prise de décision…
Lundi
En ce 27 janvier, journée de mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l’Humanité, la commémoration prenait un relief tout particulier cette année, se conjuguant avec le 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau par les troupes soviétiques. Mais, suite à la cérémonie qui s’est tenue à Auxerre, il est permis de s’interroger : pourquoi avoir retenu le monument aux morts plutôt que celui dédié aux déportés, situé à quelques pas de là, certes moins « ripoliné » de frais ? Plus étrange encore : « La Mer » de Charles TRENET était-elle appropriée pour bercer de « ses golfes clairs et reflets d’argent » cet instant de recueillement ? Une incongruité déjà relevée le 11 mars dernier, lors de la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, où la même partition servait déjà de fond musical ! Les autorités et les organisateurs connaissent-ils seulement ce chant de mémoire qu’est le « Chant des marais », écrit par des prisonniers politiques allemands en 1933, devenu depuis la Libération, l’hymne douloureux de la déportation ? Sans doute pas assez glamour, pas assez « fou », pas assez « chantant »… !
Mardi
Le 20 janvier dernier, jour son investiture à la présidence des Etats-Unis, Donald TRUMP, entre outrances verbales, attaques en règle contre son successeur et discours au vitriol, avait donné le ton de ce que serait son second mandat présidentiel. Les premiers décrets pris depuis, ratifiés d’un trait de plume rageur, avec l’emphase qu’on lui connaît, n’ont fait que rajouter à la partition… Pauvre Amérique, pauvre Europe, pauvre monde ! Les nuages s’amoncellent et commencent à recouvrir la planète, sans que l’on sache dans quel état elle retrouvera le jour dans quatre ans… « Make the world great again » !
Mercredi
Bien décidés à jouer un rôle plus prépondérant dans le paysage syndical agricole icaunais, les sympathisants de la Coordination Rurale multiplient les démonstrations de force, comme en témoigne le blocage la semaine dernière pendant plusieurs heures, de l’entrée du centre-ville auxerrois. La vingtaine d’agriculteurs présents sous la banderole « Coordination rurale de l’Yonne », ont reçu le soutien de la députée de la deuxième circonscription, la souverainiste Sophie-Laurence ROY, passée les saluer aux premières heures de la matinée. Pour autant et bien que marqués très à droite sur l’échiquier syndical, pas d’appartenance à un parti politique selon le vice-président de la CR 89, par ailleurs tête de liste aux élections de la Chambre d’agriculture départementale, Xavier DEBREUVE, « nous ne sommes pas politisés du tout…, on s’adresse à tous les élus de la République » (Presse Evasion 21 janvier). Des propos qui ne sont pas sans rappeler un sketch du regretté Coluche : « Nous, on ne fait pas de politique ! On n’est pas de droite, ce n’est pas vrai, on n’est pas de droite ! Mais encore moins de gauche, il ne faut pas déconner non plus… » !
Jeudi
Il est des émissions qui sont l’honneur du service public. Le reportage diffusé ce soir dans le cadre d’« Envoyé Spécial » sur cette québécoise de 64 ans atteinte d’un cancer incurable, faisant le choix d’abréger ses souffrances et de partager ses derniers jours de vie face à la caméra, dans un ultime éclat de rire est de ceux-là et restera dans les mémoires. Lumineuse, Odette, filmée en famille, pour une ode à la vie et à la mort, bien loin du débat sur la fin de vie en France, où le plus urgent est … de ne rien faire ! Alors que l’euthanasie est légale au Canada depuis 2016, le Québec est devenu la première province canadienne à légaliser l'aide médicale à mourir, plébiscitée par une grande partie de la population et perçue ici comme soin ultime. A l’image d’autres faits sociétaux, celui-ci est douloureux, mais notre pays saura-t-il un jour s’affranchir des positions partisanes ou politiciennes pour dépassionner le débat et légiférer sereinement sur le sujet ? A l’issue de sa courte vie, Odette a su s’inventer une route, puissions-nous un jour, trouver la nôtre…
Vendredi
Depuis un quart de siècle, l’armée française faisait fabriquer une partie de ses uniformes « de gala », notamment ceux portés par nos valeureux « pioupious » lors du défilé parisien du 14 juillet, par un atelier textile calaisien. Un marché représentant la quasi-totalité de la production de l’entreprise nordiste, mais qu’elle vient de perdre au bénéfice d’un concurrent disposant d’usines à… Madagascar ! Une décision conduisant la société-mère MARCK & BALSAN à fermer son site de fabrication de Calais, entraînant de facto le licenciement de 65 salariés. La « Grande muette » semble coutumière du fait, ayant déjà dans le passé, remplacé son emblématique « Famas », fabriqué trente ans durant à Saint-Etienne, par des fusils d’assaut allemands, jugés moins onéreux… A quand une bombe atomique tricolore « made in China » ?
Samedi
Joie et soulagement après la libération de premiers otages israéliens détenus depuis le 7 octobre 2023 par le Hamas. Mais que la trêve semble fragile et sombre l’avenir face au sentiment commun de haine, partagé par les populations en présence. D’un côté, Gaza et ses dizaines de milliers de victimes, de l’autre, le souvenir de 1 200 personnes assassinées ou enlevées, terreau fertile pour jeter à la trappe toute idée de deux états vivant en paix côte à côte… Comme toujours, les extrêmes se réjouiront de la situation et sauront en tirer parti, surtout pas pour le meilleur, mais bien pour le pire !
Dimanche
Episode neigeux, goutte de froid venue de Scandinavie, vent polaire, des départements en alerte… les superlatifs ne manquent pas lorsque venue la sacro-sainte heure de la météo, les médias rivalisent pour soliloquer sur les températures enregistrées. Il fut un temps, pas si lointain, où l’on savait s’affranchir de ces prévisions anxiogènes et se contenter d’un constat aussi naturel que rassurant : c’est l’hiver, il fait froid et c’est normal !
Dominique BERNERD
Le mot de la semaine, en passe de devenir viral, sur les réseaux sociaux est le suivant : « submersion » ! Craint-on une nouvelle dépression météorologique qui frapperait les côtes de l’Hexagone ? Un risque de raz-de-marée sur le littoral breton, déjà bien éprouvé par les tempêtes hivernales successives qui s’y abattent depuis plusieurs semaines ? Que nenni !
En fait, il faut ajouter un autre terme à ce mot à la connotation si maritime et aquatique qui est à l’origine d’une nouvelle passe d’arme politique, entraînant de facto son lot de polémiques abusives depuis lundi en France : le mot « migratoire ». Une polémique qui pourrait aboutir à une nouvelle censure du gouvernement, rien que ça, et ce, dès la présentation et le vote du budget, la semaine prochaine…
Une censure que pourrait prendre à son compte cette fois-ci les parlementaires du Parti Socialiste, désireux à faire pression de toute part sur la gouvernance malmenée de l’Elysée, pour montrer qu’ils existent.
Ah, encore une de ces expressions toute faite et pleine de brutalité qui émane d’un porte-parole du Rassemblement National un peu trop bavard sur les plateaux de « CNews » ! Ou pire de l’un des sbires transgressifs de chez ZEMMOUR vilipendant un peu plus les méfaits de l’immigration au quotidien !
Perdu ! Pour celles et ceux qui ne s’en souviennent plus : ce « sentiment de submersion migratoire » qui touche à l’heure actuelle notre beau pays de cocagne, est l’œuvre orale du…Premier ministre François BAYROU ! Un pur produit du sectarisme et du racisme comme chacun le sait depuis des lustres, lui le chantre du centrisme modéré et de la conciliation tous azimuts dans une parfaite tradition de médiation !
Le PS dégaine et s’engouffre dans la brèche
Bref, ce simple constat d’observation, assumé totalement par le nouveau patron du gouvernement – il réitèrera par deux fois la tenue de ces propos dans l’hémicycle du palais Bourbon sous les huées des députés de gauche – a fait l’effet d’une envolée de boutique aussi rapide et désastreuse qu’un énième foyer d’incendie brûlant Los Angeles depuis sa prononciation par la frange de la gauche pourtant la plus encline à vouloir collaborer avec ce gouvernement qui peine toujours à trouver ses marques et surtout à valider son budget 2025 !
La phrase exacte du pensionnaire de Matignon est la suivante, pour être très clair. « La France s’approche d’un sentiment de submersion migratoire ». Tout est dans la nuance et dans la retenue, des propos fidèles à la pensée politique de l’édile de Pau depuis quatre décennies. Ne pas faire de vagues, ni de vaguelettes dans la forme et sur le fond !
Loupé ! Le Parti Socialiste s’est donc immédiatement engouffré avec sa planche de surf et ses véliplanchistes ragaillardis dans la brèche pour enfoncer un coin dans cet édifice gouvernemental, construit à la façon d’un château de sable en Espagne. Déstabilisant davantage l’exécutif qui franchement n’avait pas besoin de tout cela en cette période où le nécessaire budget 2025 n’a toujours pas été adopté par le vote parlementaire, plongeant dans les abîmes du doute les Français et les milieux économiques.
La réalité économique de la France entre fiscalité et charges à outrance
Dixit un Bernard ARNAULT, patron de LVMH et cinquième fortune mondiale, remonté comme un coucou suisse qui en a remis une couche véhémente pour protester contre le projet de surtaxation des entreprises du CAC 40 – à noter que les dividendes versés aux actionnaires ont battu tous les records en 2024 ! – et Patrick MARTIN, le responsable national du MEDEF qui devait aussi lui emboîter le pas : au secours, mais les patrons hexagonaux n’ont plus envie d’être les vaches à lait de la fiscalité nationale et ont, pour celles et ceux qui pourraient en avoir l’heureuse opportunité, la volonté d’aller s’installer ailleurs ! Suivant ainsi les subjectifs conseils de Donald TRUMP qui se frotte les mains en triomphateur de sa guerre commerciale déclarée contre le reste du monde à grands coups de taxes douanières !
Si « les rats quittent le navire », comme aura lâché tout en finesse la secrétaire générale de la CGT, Sophie BINET, avouez que ces patrons excédés par la pression fiscale délirante de l’Etat providence auraient tort de s’en priver ! Même les chefs d’entreprise des TPE et PME, voire les artisans et les commerçants, aimeraient bien délocaliser leurs activités à l’international afin de ne plus avoir le sentiment de travailler pour peau de chagrin une fois les impôts prélevés et à supporter les charges à répétition prélevées qui les privent d’embaucher de nécessaires collaborateurs…Telle est la réalité économique de l’entrepreneuriat en France en ce bas monde.
69 % des Français en osmose avec les propos du Premier ministre
Alors, mesdames messieurs, les politiques – et plus particulièrement ceux de gauche - qui persistent et signent dans cette énième polémique de plus, lassant au passage une population qui ne croit plus en vous, plutôt que de faire perdre son temps aux millions de Françaises et de Français qui travaillent, créent de la richesse, emploient, exportent et votent aux élections pour vous permettre de représenter leurs intérêts et de défendre les forces vives de notre pays, il serait peut-être plus judicieux de se retrousser les manches, de relever les défis et se mettre réellement au travail en validant une bonne fois pour toute ce satané budget que bon nombre de citoyens réclame – les acteurs de l’économie qu’ils soient patrons ou salariés – et surtout en exonérant les entreprises de ces charges insupportables qui briment notre société et le marché de l’emploi. Tout en simplifiant les contraintes administratives et normatives qui font aujourd’hui de l’Europe la dernière roue du camion mondial. Un camion d’occasion juste bon à aller au rebus si l’on n’y prend pas garde, quand on voit ce qui se passe aux Etats-Unis ou en Chine.
Quant au sujet de polémique du jour, écoutez donc les Français : 69 % d’entre eux, selon un sondage publié cette semaine, sont du même avis que les propos du Premier ministre, tout heureux de réaliser un tel score à sa cause. A méditer, non ?!
Thierry BRET
Cap sur 2027 et son échéance présidentielle ? Voire, peut-être avant, ironiseront les plus fins observateurs de la chose politique hexagonale au vu de la gabegie actuelle ! Notamment, celles et ceux qui se retrouvent derrière l’estampille des Républicains et de leur leader charismatique, qui travaille depuis le départ tonitruant de l’ancien président Eric CIOTTI, ayant suivi d’autres chants de sirènes, à la reconstruction de la droite républicaine dans ses plus pures traditions gaullistes. A l’invitation de Guillaume LARRIVE et de Céline BAHR, Laurent WAUQUIEZ effectuera un déplacement dans l’Yonne, la semaine prochaine, afin de remettre un peu d’espérance et d’ordre dans les cœurs des LR ?
AUXERRE : Déjà en 2027, il le clamait haut et fort à tous celles et ceux qui voulaient l’entendre, y compris par voie de presse : « Laurent WAUQUIEZ serait le meilleur des prétendants pour présider l’équipe de direction du parti des Républicains ! ».
En 2025, visiblement, Guillaume LARRIVE qui prononçait ses mots antan, n’a pas changé d’un iota sur sa vision stratégique des choses. La dernière visite du président du groupe parlementaire des Républicains au Palais Bourbon et candidat quasi déclaré à la présidentielle de 2027 en terre de l’Yonne datait de février 2022. Une intervention remarquée aux côtés de Gérard LARCHER, président du Sénat, en soutien à la candidature de Valérie PECRESSE lors des présidentielles au « Skénét’eau » ! Elle fit salle comble, on s’en souvient…
Cette fois-ci, le natif de Lyon viendra seul et ira faire un petit tour en Puisaye-Forterre. Précisément dans la commune de Ouanne, ce mercredi 05 février en fin d’après-midi.
L’ancien fief de l’ex-député de Guillaume LARRIVE qui est à l’origine, en sa qualité de président des Républicains de l’Yonne, de cette invitation qui frappe presque les trois coups de la pourtant lointaine campagne électorale de la présidentielle, programmée normalement au printemps 2027. « Normalement ? » : oui, car tout peut arriver dans ce paysage très spécial de la vie politique hexagonale, faite de dissolution surprise et d’élections législatives aux résultats plutôt étonnants !
Un large tour d’horizon de l’actualité qui préoccupe les Français
En substance, le message lié à cette visite se traduisant par la tenue d’une réunion publique, accueillie dans la salle des fêtes de la commune, est clair : la droite républicaine prépare l’avenir, et surtout l’anticipe !
Gageons que les thématiques et autres sujets de l’actualité ne manqueront pas de fleurir dans la bouche de l’orateur vedette de la soirée, lui qui désire la refondation des LR – la formation avait essuyé une sévère défaite lors de la dernière présidentielle ne dépassant pas les 5 % de suffrages -, éviter la sempiternelle guerre des chefs qui plombe en règle générale la droite traditionnelle à chaque échéance nationale, lui qui est contre de nouvelles hausses d’impôts qui grèveraient encore plus le pouvoir d’achat des Français déjà dans le rouge, lui qui pourrait donner une nouvelle appellation au mouvement qu’il dirige, lui qui refuse toute compromission avec la droite souverainiste, etc. etc.
Que de sujets d’actualité à évoquer pour un Laurent WAUQUIEZ qui excelle toujours dans cet exercice oratoire et qui peaufine minutieusement sa carapace de présidentiable depuis plusieurs années, ayant choisi pendant un temps de ne pas trop s’exprimer et de se faire discret, en termes de stratégie.
Il semblerait que le silence ne soit plus dans l’air du temps pour l’ancien ministre des Affaires européennes du gouvernement FILLON ! L’heure est à la rencontre et aux échanges avec les Français ! Il en sera ainsi à l’invitation des Républicains de l’Yonne, mercredi soir au cœur de la Puisaye !
Thierry BRET
Quelque 180 personnes ont bravé la rigueur hivernale pour assister aux deux spectacles de solidarité organisés par le couple iconique du théâtre de la Closerie, Gérard-André et sa muse, Andrée de SMET en faveur des Mahorais. Tous bénévoles et venus d’horizons divers, les artistes se sont succédé à tour de rôle sur scène, pour un voyage en musiques et chansons aux couleurs d’humanité…
ETAIS -LA-SAUVIN : Pas facile de se livrer à l’exercice de la scène et de « chauffer la salle » lorsque l’on se revendique « chanteur des rues » ! Plus habitué aux foires et autres fêtes de Saint-Vincent, JEAN-MI n’en a pas moins répondu présent quand son ami Gérard-André l’a sollicité et, le « tourneur de manivelle » comme il aime s’appeler, fait pleurer son orgue de barbarie sur des notes mécaniques. Une figure connue de tous, avec son « landau à musique », chapeau melon sur la tête et moustache 1900 blanchie par le temps en bandoulière, qui pour l’heure n’en mène pas large : « un chanteur de rue, d’ordinaire, il est au niveau du public, chanter sur une scène, ce n’est pas trop mon truc… ». Il suffira d’une valse musette avec l’accent d’Arletty, comptant « la romance d’une jeune midinette et d’un « p’tit » parigot », reprise en chœur par le public, pour oublier le trac, « comme de bien entendu » ! Pas de meilleur sésame que le « sirop de la rue », pour soigner les cœurs et les âmes… « La manifestation de solidarité est ouverte ! » Gérard-André, l’hôte des lieux, en « Monsieur Loyal » de circonstance, lance le spectacle. Nul besoin dans la salle d’attacher sa ceinture, il suffit de se laisser transporter, au fil d’un voyage en toute liberté, qui a pour port d’attache, Mayotte !
Le coup de fil à Mayotte en direct de la scène
Musicien icaunais, Alain BOUSSIN a posé sa valise six ans durant à Mayotte, où ses filles et ses petits-enfants demeurent aujourd’hui. Il connaît bien cette petite île de l’océan Indien et partage ses souvenirs avec le public présent : « c’est une île qui généralement ne connaît pas les cyclones, arrêtés par celle de Madagascar. En six ans je n'en ai pas connu un seul. Mayotte, c’est le tiers du département de l’Yonne en superficie pour 350 000 habitants, peut-être 450 000, on ne sait pas trop… ». Allo Mayotte… ? Au bout du fil, Chris, son gendre, pour un point de la situation en direct : « les routes sont toujours impraticables, partout des petits bobos à cause des bouts de tôle, l’eau, ce n’est pas tous les jours et quand elle arrive, on ne sait jamais pour combien de temps. Le plus compliqué est qu’elle n’est pas potable et il y a la queue dans les boutiques pour s’approvisionner… ».
D’autant plus difficile que, les cultures ayant disparu avec le cyclone, tout ce qui se vend est importé, on n’ose imaginer à quel prix ! Educateur de rue, Comorien d’origine, lui et son épouse se sont reconvertis dans l’humanitaire et distribuent jusqu’à 500 repas par jour : « tout le monde ici a été touché, qu’il ait des papiers ou non, que ce soit psychologiquement, physiquement ou financièrement… ». L’île est exsangue et n’en finit pas de panser ses plaies, avec une population paupérisée qui, avant le passage de « Chido » vivait déjà à 80 % sous le seuil de pauvreté. Un département « au rabais » où se cristallisent un peu plus aujourd’hui les tensions autour de la question migratoire, accusée de tous les maux, un sujet entretenu savamment par tous ceux qui depuis quatorze ans n’ont pas tenu les promesses de la départementalisation.
La poésie, une arme pour se révolter contre les maux
« Mon cœur s’est exilé sur une plage de l’océan Indien… ». C’est en chansons et au son du ukulélé qu’Alain BOUSSIN évoque l’île Maurice, après une balade à la guitare et à l’harmonica au fil de la Loire. Des chansons de belle facture et d’écoute agréable… Autre artiste venu en voisin, GÉHEL, pour des compositions personnelles ou des reprises dont il a le secret, aux accents de jazz et de musiques d’ailleurs, comme cette chanson d’Emilie LOISEAU : « on dit qu’il y fait toujours beau à l’autre bout du monde… », des mots qui en cet après-midi de soutien à Mayotte prenaient un sens tout particulier. Il y a chez Thierry MAGNE, comme un petit air du grand « Léo », quand, s’accompagnant rageusement au piano, il fait de sa poésie une arme et de ses mots une révolte. Belle reconversion pour cet auteur-compositeur interprète qui fut un jour, dans une autre vie…, pilote de courses automobiles ! Le programme était des plus éclectiques et « l’Olympia de campagne » d’Etais-la-Sauvin, comme aimait l’appeler le regretté Julos BEAUCARNE a résonné de la voix sublime de la chanteuse lyrique Maud GNIDZAZ, portée par les notes du piano d’Alexandre SAADA. Une voix qui n’est pas sans rappeler celle dont l’artiste a su puiser dans le répertoire pour régaler l’assistance, une certaine Joan BAEZ ! Une dernière pour la route… ? Gérard-André, accompagné pour l’occasion d’Andrée, sa complice, son « amie-amour », sa « Mélinée », a tôt fait de prendre sa guitare et d’entonner un « Temps des cerises » à la fibre communarde, repris en chœur par tous les amis présents : « C’est de ce temps que je garde au cœur, une plaie ouverte… ».
On remet le couvert pour une deuxième journée !
Bis repetita le lendemain, avec d’autres musiciens ou comédiens au programme : Duo Bathyscape, Eugene LAMPION, Emile SALVADOR, Alain BOUSSIN, Gérard-André bien sûr, tous avec la même générosité partagée que la veille. Une solidarité multiforme, que ce soit au travers de la douzaine de toiles mises en vente par l’artiste peintre Jipe VIEREN au bénéfice des Mahorais ou des pots de miel de « Sébastien » qu’il était possible d’acquérir dans les mêmes conditions. Finalement, ce sont quelques 2 760 euros qui ont été collectés pour Mayotte qui seront prochainement remis au Secours Populaire de Nevers. Une somme en deçà peut-être de ce qui était attendu, mais le barde d’Etais-la-Sauvin veut y voir surtout un bilan humain et artistique à nul autre pareil : « c’est un exercice extrêmement difficile que d’être à la fois sur scène et dans la salle, comme tous les artistes présents l’ont fait, tout en gardant sa concentration, très compliqué d’avoir plusieurs artistes en même temps sur scène. D’un point de vue technique, on a sorti le ban et l’arrière-ban, grâce à l’aide de tous… ». Deux superbes après-midis de fraternité, d’amour et d’amitié dont n'aurait pas eu à rougir l’ami Julos, qui écrivit un jour ces mots dans l’une de ses chansons : « Ah, si l′amour prenait racine, dans mon jardin j'en planterais ». Nul doute que du côté d’Etais-la-Sauvin, la récolte aura été bonne !
Dominique BERNERD
Doit-on s’en réjouir ? Ou est-ce l’arbre qui cache la forêt ? Toujours est-il que la Bourgogne Franche-Comté, à la lecture des premières statistiques sur le sujet, a ainsi évité le pire en 2024. Et pour une fois, notre contrée ne figure pas dans le top cinq des régions hexagonales les plus touchées par les défaillances d’entreprises ! Même si la situation par bassins d’emploi départementaux n’est guère réjouissante par chez nous, à en écouter les audiences des tribunaux de commerce, les rapports d’enquête de la Banque de France, les prospectives des chambres consulaires ou tout simplement les états d’âme des syndicats patronaux, toutes disciplines corporatistes confondues, qui font grise mine en évoquant le contexte si particulier dans lequel nous nous mouvons à l’occasion de leurs traditionnelles cérémonies des vœux. Et encore, pour ceux qui en font !
Rien ne va plus ou presque dans le monde professionnel ! Ce n’est pas une nouveauté puisque d’année en année et ce, depuis le début des années 2020, quand ce n’est pas antérieur à cette période synonyme de crise sanitaire et de conflits meurtriers aux portes de l’Europe, le torchon brûle entre développement des affaires et effondrement sine die du business, se terminant par l’inévitable dépôt de bilan de ces entreprises à bout de souffle.
Le couperet fiscal américain va rebattre les cartes
Bon, le monde économique souffre à quelques exceptions près selon les secteurs d’activité, mais cela risque de changer et surtout d’empirer depuis l’élection présidentielle de l’Américain Donald TRUMP et de sa cohorte de mesures coercitives pour que les Européens et les Français en particulier rentrent dans le rang de la bienséance tels des moutons à tondre sans tendresse, pressurisés par de nouvelles taxes douanières qui devraient laisser quelques entreprises supplémentaires sur le carreau.
A moins que ces dernières n’optent pour l’installation de leurs outils de production directement dans l’un des cinquante états de la première puissance mondiale, afin d’éviter le couperet fiscal ! C’est le cas du groupe automobile STELLANTIS qui sitôt l’annonce faite par le nouveau locataire de la Maison-Blanche à Davos cette semaine a décidé d’injecter promptement 5 milliards de dollars dans ses investissements américains. Au détriment, peut-être, de la pérennité de ses sites de production français ? La suite nous le dira mais les nuages noirs planent incontestablement au-dessus de l’industrie tricolore…
Près de 68 000 défaillances en 2024 : l’année record !
Alors que les prévisionnistes tablent sur des plans sociaux à répétition dans les semaines et les mois à venir en France – ils citent déjà des fourchettes de suppression d’emplois pouvant concernés de 250 000 à 400 000 personnes, rien que ça ! -, les chiffres du nombre de défaillances d’entreprises viennent d’être publiés pour l’exercice 2024. Et là, il n’y a pas photo ! Il y a eu le feu dans la maison France l’année dernière, c’est sûr !
Premier enseignement, tous les records ont été battus avec un total de 67 380 procédures de défaillance sur ces douze derniers mois. Seconde conséquence : cela concerne et met en péril plus de 250 000 postes de travail dans le pays ! Autrement, dit, une claque pour celles et ceux de nos politiciens de tout bord qui pensaient que la France était sur la voie du redressement industriel tant espéré et tant cité dans les réunions à vocation électorale.
Faire le distinguo entre redressement et liquidation judiciaires
Parmi les régions qui boivent le calice jusqu’à la lie, citons la Normandie, l’Ile-de-France voisine – le poumon économique de notre nation -, la Nouvelle-Aquitaine et le triptyque Auvergne-Rhône-Alpes. Bref, que des poids lourds dans le mode industriel et métiers de services…Et çà, cela ne prête pas à sourire, bien évidemment. Seul bémol, dans ce jargon de « défaillances d’entreprises » mortifère pour notre économie, il faut sans doute atténuer un peu les choses en faisant le distinguo entre les redressements et les liquidations judiciaires. C’est maigre…
Du côté du prisme Bourgogne Franche-Comté, la situation serait moins pire qu’ailleurs, ce qui est plutôt réjouissant. Le nombre de défaillances a reculé de – 5 % en 2024. Peut-être un motif d’espérer alors que des pans entiers de l’industrie automobile sont tombés comme des châteaux de carte depuis 2020 ? C’est ce que nous dira l’avenir. Dans un prochain éditorial, on analysera les secteurs les plus touchés par cette chute vertigineuse de la productivité.
Pour l’heure, on croise les doigts en espérant que le budget hexagonal soit enfin voté par les parlementaires, sous peu, pour que la France du travail et de l’entreprenariat sorte de l’ornière et retrouve enfin des couleurs…Celle de l’optimisme ?
Thierry BRET