La donne changerait-elle enfin de main dans le conflit opposant la Russie à l’Ukraine ? Le voyage inattendu de quatre dirigeants européens ce week-end dans la capitale du pays agressé par les forces russes, dans le cadre de la fameuse « opération militaire spéciale » chère au maître du Kremlin déclenchée en février 2022, pourrait-il avoir des retombées inespérées et heureuses pour le président Volodymyr ZELENSKY et les adeptes d’un véritable cessez-le-feu qui ne soit pas une énième histoire à dormir debout.
Avec le blanc-seing des Américains, les dirigeants de l’Allemagne (le nouveau chancelier Friedrich MERZ investi il y a quatre jours à peine à la tête du pays), de la Grande-Bretagne avec le Premier ministre Keir STARMER, de la Pologne (Donald TUSK) et de la France (le président de la République Emmanuel MACRON) ont décidé de monter en un laps de temps record l’opération de la dernière chance pour la paix et l’instauration d’un cessez-le-feu immédiat, en se rendant par la voie ferroviaire de Varsovie à la capitale ukrainienne, dans la nuit de vendredi à samedi ! Une première que l’on peut qualifier d’historique depuis le lancement des hostilités entre les deux états voisins de l’ancien bloc soviétique…
Un déplacement historique dans le pays agressé
Un déplacement à haut risque pour les leaders européens les plus engagés sur ce dossier brûlant qui s’est décidé en très peu de temps mais qui a suivi les sautes d’humeur d’un président américain, de plus en plus excédé par le comportement virevoltant et obsessionnel en matière d’impérialisme de son « ami » de longue date, Vladimir POUTINE.
Un comportement où pour l’heure, la Russie n’a effectué aucune concession notoire et positive pour que cesse enfin de manière définitive cette terrible boucherie qui lui aura déjà coûtée des centaines de milliers de blessés et de morts dans ses rangs, à l’instar des Ukrainiens qui tentent de résister tant bien que mal aux assauts répétitifs des assaillants et de leurs alliés nord-coréens, voire chinois...ou iraniens.
Serait-ce un énième coup de pipeau pour ne rien dire et surtout ne rien faire ? De la gesticulation évènementielle à la puissance quatre pour remettre les Européens au centre des débats et surtout des prétendues négociations entre les deux puissances que sont la Russie et les Etats-Unis où le résultat n’est absolument pas probant ?
La réponse inhérente au bien-fondé de ce curieux déplacement en terre d’Ukraine que les observateurs ne soupçonnaient même pas il y a quelques jours encore est tombée sur les téléscripteurs des agences de presse ce samedi 10 mai aux alentours de 13 heures.
Une trêve de trente jours sans condition et totale : l’idée de ZELENSKY !
Kiev et ses partenaires (les Alliés) viennent de donner un grand coup de pied dans la fourmilière de ce dossier en totale inertie depuis trois ans, ressemblant de plus en plus au scénario du film, « Un jour sans fin » - des actions très répétitives qui n’aboutissent jamais à une conclusion définitive – en faisant une proposition validée par la partie occidentale : « Moscou doit convenir d’un cessez-le-feu de trente jours à partir du lundi 12 mai 2025, un cessez-le-feu inconditionnel et…complet » !
Un gage de bonne foi et de volonté pacifique de la Russie, en quelque sorte !
Une préconisation lucide pour aboutir à des négociations directes entre les deux belligérants afin d’entrevoir à terme une paix durable et…sécurisée pour la petite Ukraine, face à l’hégémonie de l’ogre russe.
Que penser de cet ultimatum de trente jours, préalable à la véritable mise en place d’un processus de cessation des hostilités ?
Primo, instaurer une trêve de trente jours sans condition et totale dans les airs, sur les mers, et sur la ligne de front n’est autre…que l’idée originelle du président ukrainien Volodymyr ZELENSKY.
Une idée qui a fait depuis son petit bonhomme de chemin parmi les différentes chancelleries européennes et américaines. Les grandes puissances militaires du Vieux continent ont été immédiatement retenu ce précepte en parfaite symbiose et raccord avec cette proposition qui n’a rien de belliqueuse dans les faits. Secundo et chose encore plus surprenante, cela traduit un très net revirement de la position de Donald TRUMP et de son vice-président, l’ultra-conservateur JD VANCE sur la manière d’appréhender la résolution de ce conflit.
Depuis quelques jours, en effet, les Etats-Unis d’Amérique ont donné leur feu vert à ce déplacement européen à Kiev, et à l’adoption de cette proposition de la dernière chance avec une avalanche de sanctions nouvelles en guise de menaces, qui place dorénavant le Kremlin au pied du mur.
Les Russes critiquent l’attitude de confrontation des Européens
Tertio, à la lecture plus approfondie de cette déclaration des responsables européens – ils représentent une vingtaine de pays totalement engagés à la cause sécuritaire ukrainienne -, un point fondamental est à retenir : le contrôle de cette trêve de trente jours sera assuré par les Etats-Unis avec la contribution européenne. Un changement de cap à 360 degrés par rapport à tout ce qui a pu se négocier auparavant entre Washington et Kiev, signataires tous deux cette semaine d’un accord capital sur les minerais et la reconstruction du pays. Un accord plutôt favorable à l’Ukraine, qui n’a pas plu du tout à la Russie…
Enervé par les gesticulations guerrières et arc-boutées du chef de l’Etat russe, Donald TRUMP qui était dans l’impasse depuis le début de son mandat sur le dossier, se disant lui-même « baladé par son homologue », n’a sans doute pas apprécié l’affichage flagrant de la Chine et de quelques autres dictateurs au douloureux et sanglant pédigrée lors des fastueuses commémorations du 09 Mai sur la Place rouge moscovite, synonyme de front anti-occidental. Un Occident dont il est quand même le leader incontesté et incontestable du fait de la grandeur de son pays !
Nota Bene : la réaction des Russes à cette proposition ne s’est pas fait attendre ! Moscou dénonce « l’attitude de confrontation des Européens », sans apporter de réponse précise à l’ultimatum des Occidentaux. De quoi clouer le bec à celles et ceux qui pensent encore que les Etats-Unis et les Européens sont de sinistres va -t-en-guerre dans ce dossier face à l’angélisme de Moscou !
Thierry BRET