Plus que jamais, valoriser la vie associative est devenue une priorité pour la plupart des collectivités de l’Hexagone. Il est vrai qu’en matière de cohésion sociale, on a rarement fait mieux. Rassembler et fédérer autour d’une idée, d’un projet, d’un concept, d’une manifestation, des personnes de toutes origines et de toutes confessions, se retrouvant réunies sous la bannière d’une action commune, représente le meilleur des moteurs de la démocratie et du vivre ensemble. Un moteur qui ne semble pas encore être privé de carburant, même si d’année en année, il est de plus en plus complexe d’accueillir de nouveaux membres et de recruter.
Faute de temps ? Manque d’argent ? Développement caractéristique de l’individualisme ? Carence de communication ? Abondance de choix ? Désintérêt chronique ? Un peu tout cela à la fois !
Pourtant, le tissu associatif, à l’instar de la vie professionnelle pour celles et ceux qui exercent encore une activité, demeure l’un des ultimes espaces de vie collective qui nous est encore proposé selon nos préférences et nos inspirations dans notre pays. Un lieu à privilégier car si précieux des rencontres effectuées, des échanges qui s’inscrivent dans l’aboutissement de choses concrètes, de la connaissance de l’autre qui permet de sortir de l’entre soi, de la tolérance et de la fraternité, aussi, des éléments fondamentaux à respecter dans une démocratie qui est fière de l’être, comme peut l’être notre pays de cocagne.
Une sorte d’agora utile faisant naître idées et projets…
Aujourd’hui, au premier quart de ce siècle, pourtant si exacerbé par les réseaux sociaux numériques et tant inféodé à la digitalisation à tout crin créant de l’individualisme, ils sont encore en France près de 20 millions de bénévoles à prendre part à des activités associatives au sein d’1,3 million de structures. Au profil divers et varié, selon la formule !
L’association : c’est une façon pertinente d’intégrer des structures qui offrent des horizons parfois insoupçonnables tant leur diversité est sans limite ou presque. Un moyen de s’évader au contact de l’autre, de se rendre utile à quelque chose et de redonner du sens à sa vie quand parfois certaines ou certains ont oublié de se donner des objectifs.
Œuvrant dans le domaine de la santé, des sports, de l’action sociale et de la solidarité, de la vie quotidienne et des loisirs, de l’international, de l’économie, voire pourquoi pas dans la politique (et à ce titre, il y en a vraiment pour tous les goûts !), l’association est le premier rempart contre l’isolement, la non-implication citoyenne, le manque de discernement, la réalisation de ses désirs.
La philosophie, aussi. Car cette envie de se regrouper ne date pas d’hier, au regard de l’Histoire, et elle aura permis de fortes avancées sociétales faisant avancer les Hommes.
Sortir du cadre des simples « Journées des Associations »…
L’initiative, portée par la Ville de Nevers, cette semaine, en proposant des « Assises de la Vie associative », n’en est que plus méritoire ! A bien des égards, réunir de multiples représentants de ces structures aux finalités si éclectiques pour certaines en leur permettant de se rencontrer et de se connaître, tout en y apportant la plus-value ô combien indispensable de conférences et de débats autour de thématiques fondamentales comme peuvent l’être de nos jours les enjeux de l’intelligence artificielle (IA) et le regain d’intérêt à la vie collective fait montre d’utilité publique ou presque !
Troisièmes du nom, ces Assises, sous ce format mêlant intellectualisme et échanges concrets, encouragées par la municipalité de Nevers, devraient se décliner ailleurs en circonstance analogue.
Certes, de nombreuses agglomérations de l’Hexagone proposent de nos jours des « Journées des Associations », d’un classicisme habituel quant à la formule simplifiée à l’extrême où une empilade de stands et d’animations un tantinet folklorique, réalisées par les associations elles-mêmes, offrent une simple vitrine distrayante à la population qui manque de repères et de contenus à se mettre entre les deux oreilles.
Un exemple à Nevers dont beaucoup devraient s’inspirer
L’intelligence collective ne commencerait-elle donc pas justement par cette étape-là : en donnant toutes les cartes du jeu aux citoyens qui repartiraient de ce genre d’évènement avec le maximum de renseignements sur l’attractivité des métiers dans le monde associatif, les partenariats avec l’Europe ou l’international, les méthodes à utiliser pour optimiser sa communication (et pas uniquement sur les réseaux sociaux, que diable !), le développement de l’économie sociale et solidaire, les aspects juridiques des dirigeants associatifs ou encore les aides au financement et au fonctionnement desdites structures, le nerf de la guerre fondamental afin d’en assurer pérennité et projets.
Beaucoup de nos collectivités qui veulent donner un coup de projecteur sur leur secteur associatif devraient y réfléchir à deux fois lorsqu’elles proposent une manifestation grand public devant privilégier le focus sur ces entités ô demeurant si importantes pour tâter le pouls de la vitalité d’un territoire et de son attractivité !
A Nevers, la méthodologie semble être la bonne depuis trois saisons. Au regard de la fréquentation, nombreuse chaque année, et des partenaires institutionnels et économiques soutenant la démarche en y remettant des prix, à l’instar du Lions Club local (Nevers Les Eduéens), la société de service ARMATIS ou de la fondation DACTYL OMR créée par l’enseigne KONICA MINOLTA !
Que les autres villes en prennent de la graine ! Le tissu associatif représente au titre d’une ambassadrice l’accueil et le dynamisme d’une collectivité, plus solidaire et à l’écoute de ses habitants. Un terreau où naissent les idées, les propositions, les retours d’expérience essentiels dans la construction de réflexions collectives utiles à la réalisation des actions futures…En réalité, à la stratégie politique d’une ville.
Thierry BRET