La règle est simple au Moyen-Orient. Immuable à travers le temps et terriblement dissuasive. Elle est la suivante : « Si un homme frappe à mort un être humain, quel qu’il soit, il sera mis à mort… ».
En prononçant de sa voix grave à la tribune des Nations Unies un discours ce vendredi après-midi aux accents terriblement belliqueux et impitoyables, le Premier ministre d’Israël, Benyamin NETANYAHOU, a non seulement balayé d’un revers de la main les velléités tatillonnes d’un cessez-le-feu proposé par les Etats-Unis et la France, suggestion timidement soutenue par les pays arabes et déjà avortée dans l’œuf, mais assuré une véritable démonstration de force.
Qualifiant même de « farce méprisante » la vénérable institution internationale – une organisation onusienne dont l’influence et les pouvoirs sur le terrain s’amenuisent avec le temps car elle n’est plus adaptée à la « real politik » en totale déliquescence de ce vingt-et-unième siècle -, l’homme politique de l’Etat hébreu s’est même payé le luxe publiquement et à la face du monde, même si bon nombre de diplomates de pays en contradiction avec sa ligne de conduite quittaient l’hémicycle rapidement, de proférer des menaces ouvertes au ténébreux régime des mollahs. « Si vous nous frappez, alors nous vous frapperons ! » devait-il lancer prophétique du haut de son perchoir onusien d’une voix de stentor.
Des paroles disruptives dans cet antre de la diplomatie
Une demi-heure plus tard, les paroles disruptives de Benyamin NETANYAHOU avec celles prononcées d’ordinaire dans le cadre de la diplomatie internationale se muaient en une série de puissantes frappes (des bombes chargées de plus d’une tonne d’explosif selon les observateurs de la chose militaire) qui devaient pulvérisées pas moins de six immeubles, dans la banlieue sud de la capitale libanaise, Beyrouth, déjà ravagée par de nombreuses explosions depuis le début de la semaine. Parmi les six édifices devant s’écrouler comme un château de carte en Espagne : celui accueillant le quartier général du Hezbollah, la puissante milice pro-iranienne qui règne d’un joug implacable, et sous le sceau de la terreur, sur le pays des Cèdres depuis tant d’années.
On le savait depuis longtemps, Israël n’a pas pour habitude de se faire dicter des lois par qui que ce soit et de se faire marcher sur les pieds. Même l’administration américaine (elle est de plus en plus affaiblie dans le concert international depuis l’ère de la présidence OBAMA) en a fait les frais. Mais, là, on a pu observer un tout autre visage de cette nation « occidentale » qui rêve pourtant de « paix » comme devait le clamer haut et fort le Premier ministre israélien à la tribune de New York, lui-même conspué dans son pays par toute une frange de sa population qui l’accuse de ne plus s’occuper convenablement du sort funeste de la centaine d’otages, fruits de l’attaque sinistre du « Hamas », survenue le 07 octobre dernier. Bientôt un an, déjà et des négociations au point mort qui laissent les malheureuses familles circonspectes dans l’inexorable attente…
De l’obscurantisme religieux au jusqu’au boutisme forcené
La loi du talion, un vrai code d’honneur étatique, ne s’applique pas seulement du côté de Tel-Aviv ou de Jérusalem. D’autres nations, même d’inspiration musulmane, comme peut l’être le peuple de l’Albanie, y a recours. D’un côté, c’est ce qui fait la force incroyable de ce petit Etat, entouré de « faucons » qui ne lui veulent pas du bien à l’instar de la Syrie, de l’Irak, du Liban totalement muselé par le Hezbollah, le Yémen, tous sous la coupe des obscurantistes ayatollahs iraniens. Téhéran n’a-t-elle pas inscrite dans sa constitution islamique qu’il fallait éradiquer à tout prix la « nation sioniste » de la carte ?!
Mais de l’autre, c’est aussi une volonté invariable du jusqu’au boutisme forcené qui peut engendrer des catastrophes humaines à dimension « génocidaire » comme le qualifieraient bon nombre d’observateurs de l’ONU et certains partis politiques hexagonaux, comme à Gaza où des innocents meurent chaque jour sous les coups de boutoir aveugles de l’une des plus puissantes armées du monde, Tsahal. Pour un soldat israélien tombé au combat, combien de victimes palestiniennes étrangères à la rivalité entre l’Etat hébreu et le Hamas y laisseront leur peau, femmes et enfants compris ?
Les bases d’un chaos planétaire ?
En optant pour la suppression définitive du puissant secrétaire général du Hezbollah, Hassan NASRALLAH, inféodé aux guides suprêmes de l’Iran – on ne sait encore officiellement si le personnage aux discours parfois incendiaires de 62 ans est en vie après le déluge de bombes qui s’est abattu sur le siège de l’organisation terroriste -, Israël a donc résolument opté pour le bras de fer.
Avec ses rivaux qu’ils soient à Damas, Beyrouth, Bagdad, Sanaa ou Téhéran. Mais, aussi sans l’aide franche et avouée de ses alliés occidentaux dont la France fait partie. Un bras de fer à double tranchant, en vérité : soit cela engendrera la désescalade espérée par les populations avec des milices décapitées à leurs têtes et devenues impuissantes pour imposer leurs lois destructrices en asservissant les peuples comme les Libanais et les Palestiniens ; soit a contrario ce sera le renchérissement des combats encore plus meurtriers qui, devenus sans limite, offriraient à l’ensemble du Moyen-Orient de sombres perspectives d’avenir avec un chaos pouvant ébranler le reste de la planète par le jeu des alliances, et la sacro-sainte rivalité anti et pro-Occident. A comprendre en filigrane, les Américains et Européens d’un côté, face aux Russes et Chinois de l’autre.
« Si un malheur arrive, tu paieras vie pour vie, œil ou œil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied, brûlure pour brûlure, meurtrissure pour meurtrissure… ». Un texte que doit lire et relire au quotidien le Premier ministre israélien. Car, tel il est écrit dans la Torah.
Thierry BRET