Face à la feuille de papier symbolisant la pétition contre la fermeture de l’établissement sanitaire local et en faveur de l’accueil d’un nouveau médecin généraliste aux origines étrangères, elle n’hésite pas une seconde ! La députée de la deuxième circonscription de l’Yonne, Sophie-Laurence ROY, appose sa signature, ajoutant ainsi son paraphe aux nombreuses signatures de citoyens de la localité de Tanlay qui souhaitent sortir du marasme habituel, celui de la désertification médicale…
TANLAY : Elle le clame haut et fort : s’il le faut, elle sollicitera une audience exceptionnelle auprès de la ministre de la Santé, Catherine VAUTRIN, afin de lui expliquer clairement la situation. Mais, auparavant, c’est en qualité de parlementaire siégeant au sein de l’hémicycle du Palais Bourbon qu’elle agira en conséquence en posant une question écrite au gouvernement, après avoir déposé sa signature au bas du document faisant office de pétition. Un paraphe ajouté à ceux de nombreux habitants de la localité, sur cette feuille qui circulait encore quelques jours avant la fin de l’année.
En visite le 20 décembre dernier à la Maison de Santé, l’élue de l’Yonne, Sophie-Laurence ROY, accompagnée de son attaché parlementaire, Quirian ELARD, a rendu une visite plus que de courtoisie à l’établissement sanitaire du cru, menacé de fermeture. Histoire de mieux appréhender les tenants et aboutissants de ce dossier qui sur le fond s’avère ubuesque !
Pour maîtriser le français rien de tel qu’un stage de 3 ans à l’hôpital !
Afin d’anticiper le départ à la retraite de l’actuelle praticienne généraliste, âgée de 70 ans, l’élu de la commune a lancé un appel pour qu’un nouveau médecin vienne s’installer en bonne et en due forme dans l’établissement de soins. S’évitant ainsi un casse-tête chinois insurmontable à résoudre dans l’intérêt de la patientèle, constituée des villageois et des habitants de la proche région. Parmi les réponses positives – elles n’étaient pas pléthore pour choisir cette bourgade icaunaise forte de ses…897 habitants -, il y avait celle d’un jeune thérapeute aux origines étrangères, puisque en provenance du…Venezuela et résidant dans la péninsule ibérique, en Espagne depuis trois ans. Son nom, il le signe à la pointe de son stéthoscope : Andro Da SILVA CORDERO. S’installer à Tanlay n’est pas un problème en soi. Du moment que le jeune praticien puisse être utile ! Surtout sur un territoire nord-bourguignon déjà confronté à la raréfaction médicale…
Ne restait alors qu’une simple histoire d’homologation du diplôme et le tour était joué à la grande satisfaction de l’élu local, Eric DELPRAT, et de ses habitants, trop heureux de trouver un successeur au docteur Thérèse PICOCHE. Oui, mais voilà, c’était sans compter sur l’avis du Conseil national de l’Ordre des médecins qui a jugé après coup que la maîtrise de la langue de Molière par celui qui pratique habituellement celle de Cervantès laissait un tantinet à désirer pour la bonne compréhension des futures consultations. L’indispensable homologation a finalement été rejetée. Dont acte.
Toutefois, une préconisation a été suggérée au praticien vénézuélien âgé de 38 ans : effectuer un stage de trois ans dans un service hospitalier afin d’améliorer son élocution. La belle affaire !
Sortir l’Yonne de la sempiternelle « diagonale du vide » !
On imagine aisément la déception devant cette prise de décision plutôt surprenante de la part de l’édile et des habitants alors que le devenir sanitaire de la bourgade était en très bonne voie. D’autant, précise la députée de l’Yonne, investie à fond sur le dossier, que « ce praticien possède la maîtrise de quatre à cinq langues étrangères, donc la compréhension du français ne devrait pas être une problématique pour lui ! ».
Pour l’heure, l’actuelle généraliste pourrait rester quelques mois de plus afin d’accompagner le futur praticien pendant que ce dernier trouve ses marques. Dans le cas inverse, elle rendrait définitivement son tablier dès le mois de février.
« Je ne comprends pas une telle décision, constate avec amertume Sophie-Laurence ROY, on manque cruellement de médecins sur notre territoire et on empêche ceux qui veulent exercer de s’y installer ! Ce jeune homme vit à Barcelone et possède même des attaches familiales près de Tanlay, c’est pourquoi il est intéressé par cette contrée… ».
Lancée il y a quelques semaines, la pétition a fait mouche auprès des habitants de Tanlay et de ses environs, engrangeant déjà plusieurs centaines de signatures favorables à l’installation du jeune généraliste à la culture hispanisante.
« Je me battrai en haut lieu pour obtenir gain de cause sur ce dossier, réitère Sophie-Laurence ROY, déjà que l’Yonne se situe dans la « diagonale du vide » ! ».
A l’heure de l’harmonisation européenne, et du grandissime besoin de praticiens dans l’Hexagone, il ne faudrait pas que les projets d’installations tournent à « l’auberge espagnole » pour une simple question de langue, surtout quand on a affaire avec un polyglotte de surcroît !
Il en va de la qualité des soins de près de deux mille habitants, ceux de Tanlay et de ses proches environs…
Thierry BRET