Faut-il réellement s’alarmer des performances économiques obtenues par les entreprises de l’Yonne en ce début de nouvelle saison 2024/2025 ? Lors de la traditionnelle conférence analytique concoctée par la Banque de France et son directeur, Xavier DUALE – ce dernier devant présenter dans les moindres détails les résultats de la dernière étude de conjoncture régionale -, le président de la chambre professionnelle départementale des Experts-Comptables et des Commissaires aux comptes de notre territoire, Eric CHEVALLIER a eu l’opportunité de commenter cette enquête.
AUXERRE : Intervenant devant un parterre d’entrepreneurs et de représentants de la sphère institutionnelle territoriale, réunis dans l’un des salons de l’hôtel « Ibis Style », le président de la chambre professionnelle départementale des Experts-Comptables et des Commisaires aux comptes de l’Yonne a pu donner son avis sur la situation économique de notre département, une fois la très longue présentation effectuée par le directeur de la Banque de France Xavier DUALE terminée.
Un commentaire important puisque les experts-comptables et commissaires aux comptes suivent de très près les moindres soubresauts névralgiques venant tempérer ou pas la vie des entreprises dont ils ont la charge en termes de suivi sur le mode gestion.
« Nous constatons à date que la création et la reprise d’entreprises sont encore soutenues sur notre territoire, devait souligner Eric CHEVALLIER, on le constate aussi avec le réseau « Initiative France ». La tendance actuelle est plutôt favorable à l’émergence de microentreprises. On a l’impression avec l’avènement de ces systèmes free-lance que l’entrepreneuriat connaît une nouvelle évolution. Avec des gens de plus en plus jeunes aux commandes… ».
Un élément informatif plutôt encourageant et porteur d’espérance, dans le contexte économique actuel.
La crainte de renégocier ses prêts
Il est vrai que les primo-entrepreneurs se lancent très tôt dans l’aventure professionnelle dès l’âge de 18 ans – ce qui n’était pas vraiment le cas encore ces dernières années - : « c’est un élément positif, ajouta Eric CHEVALLIER devant une assistance attentive à son analyse, sans doute, ne sont-ils pas trop effrayés par la prise de risques. En France, nous avons une position sur l’échec qui est un peu dégradante alors que c’est tout le contraire dans certains pays ! ».
Un point satisfaisant à relever sur la création de nouvelles structures ! « Les gens, à tout âge, ont toujours envie d’entreprendre, quel que soit leur profil ».
Quant au développement de l’outil de production, le président de la chambre professionnelle départementale des Experts-Comptables et des Commisaires aux comptes observe que la trésorerie et sa constitution restent un nœud gordien dans le quotidien de l’entreprise de nos jours.
« Les situations peuvent être très complexes avec des dirigeants qui ont du mal à rembourser les PGE (prêts garantis de l’Etat), le plus souvent, ils sont obligés de pratiquer des règles d’étalement et de renégociations de ces crédits… ».
Avec en toile de fond la crainte de renégocier ces prêts pouvant engendrer une perte de cotation de leurs entreprises.
« In fine, on voit peu de dirigeants renégocier leurs prêts alors que c’est une solution louable pour éviter d’arrêter la dégradation de leur société, explique l’interlocuteur.
Un vrai ras-le-bol : la solitude de l’entrepreneur
Toutefois, Eric CHEVALLIER fera part de ses inquiétudes au cours de cette analyse conjoncturelle.
« Les carnets de commandes sont à la baisse et cela pourrait durer sur 2025 sauf si la reprise de la consommation est au rendez-vous… ». Pas si sûr !
Quant au décalage des investissements, il faut savoir que bon nombre d’entreprises les reportent en attendant des jours meilleurs.
« L’inconvénient, c’est que cela va se répercuter sur toutes les autres entreprises si l’on parle de sous-traitance… ».
L'intervenant ne pouvait pas omettre dans ses propos un autre aspect très inquiétant qui est observé aujourd’hui, celui de la santé mentale des dirigeants. « Bon nombre de mes clients viennent me voir pour m’exprimer leur vrai ras-le-bol de leur quotidien. Souvent, le chef d’entreprise se retrouve isolé, sans mesures d’accompagnement et de prévention, en cas de difficultés. Il y a un vrai travail à réaliser sur l’accompagnement des dirigeants d’entreprise… ».
Qu’attend-on pour le mettre en place ? Car, il y a une réelle urgence dans bon nombre de domaines…
Thierry BRET