Outil que l’on doit se servir au quotidien pour mieux appréhender la liberté de conscience, notamment dans la pratique ou pas d’un culte quelle que soit la religion, la laïcité n’est jamais trop éloignée de la pensée des sachants et des intellectuels dans l’Hexagone. Comme l’a encore démontré il y a quelques semaines la Journée nationale qui lui était consacrée dans sa ville de prédilection, Auxerre, berceau originel de cet état d’esprit qui nous conduit à aller vers la liberté, l’égalité et la fraternité…
AUXERRE: Plus que jamais, la laïcité est au cœur de l’actualité en France. Un rôle qui demeure à bien des égards primordiaux auprès de toutes les strates de la population, qui grâce à elle et sa découverte dès la plus jeune enfance à l’école, offre en le garantissant par la République le libre exercice du culte et du choix de la pratique (ou pas) d’une religion. Une laïcité qui se veut généreuse et dont il faut parler avec enthousiasme et optimisme même si parfois elle est malmenée au gré de l’actualité.
Il y a quelques jours et sous un froid quasi polaire, bon nombre de représentants de structures associatives qui en défendent ses valeurs et son existence sont venus à Auxerre aux côtés des représentants de la préfecture et de la Ville dans cet antre de la laïcité que représente le petit square éponyme du centre-ville, témoigner de la force séculaire de cette dimension intellectuelle qui au-delà de ses considérations éthiques et philosophiques régissent notre République.
Des principes vertueux qui sont par ailleurs rappelés sur le fronton des édifices publics par ces trois mots : liberté, égalité et fraternité. Un juste retour aux sources puisque la commémoration de la fameuse loi du 09 décembre 1905, visant la séparation des églises et de l’Etat, a été actée oralement lors de la venue du Président du Conseil à l’époque – l’équivalent du Premier ministre actuel sous la Vème République -, Emile COMBES.
Une page d’histoire de notre pays, que personne ne manquera de célébrer une fois l’an, dans ce square orné d’une douzaine de portraits de figures sociétales de notre Nation.
Un discours improvisé de Souleymane KONE tout à son honneur
Il revenait ainsi à Souleymane KONE, élu auxerrois, conseiller municipal délégué aux Anciens Combattants mais aussi de la Francophonie, de prononcer quelques mots. D’origine malienne, le garçon sait de quoi il parle lorsqu’il évoque les bienfaits de la laïcité, lui le gaulliste de toujours.
« Aucun discours ne pourrait suffire pour vous remercier tous, lance-t-il à la petite assistance de vaillants défendeurs de la laïcité, présents face à lui – on y voit les représentants de la Libre Pensée, de l’UFAL, de la Ligue de l’Enseignement, etc. -, la laïcité a toujours du sens aujourd’hui, aussi bien sur le plan national que sur le plan international. La laïcité, grâce à vos actions et à votre travail, c’est garantir que le ciment qui nous unit tous soit maintenu… ».
D’ailleurs, l’élu d’Auxerre s’interroge : « s’il n’y avait pas eu la laïcité en France, au vu du contexte international, on se demande ce que l’on serait devenus… ».
Une laïcité dont la pratique bienfaitrice aura été anticipée par la République française, l’ayant intégrée dans sa Constitution. Auxerre peut donc s’enorgueillir d’être le berceau de cette laïcité avec le fameux discours d’Emile COMBES.
« Ma voix est même insignifiante face à l’œuvre que vous portez, souligna en guise de conclusion Souleymane KONE, empreint à de l’émotion.
Mettant un terme définitif à un discours non écrit mais improvisé de la part de l’élu auxerrois, à qui l’on pardonnera quelques petites hésitations dans le phrasé lors de sa prise de parole au pupitre.
Les 120 ans de laïcité vu d’Auxerre en 2025 ? Un grand évènement à venir…
Quant à Michel CANET, président de l’UFAL 89 (Union des Familles Laïques) de l’Yonne, il évoqua la genèse de ce square de la laïcité porté par cinq structures associatives laïques (la Libre Pensée, la Ligue des Droits de l’Homme, l’Observatoire de la Laïcité, la Ligue de l’Enseignement et l’Union des Familles Laïques).
Puis, il aborda un anniversaire qui devrait être commémoré comme il se doit à Auxerre avec les cent vingt ans de la promulgation du texte de loi de 1905 – « on devrait faire quelque chose de plus important à cette occasion… » - avant de rappeler ce qu’est l’UFAL, qui prône les mêmes droits pour tous.
« Nous nous adressons à toutes ces familles qui doivent être les acteurs de la liberté de pensée en France et sur notre territoire… ».
Un constat lourd de signification enfin de la part de Michel CANET qui intervient régulièrement dans les écoles pour prôner les vertus de la laïcité : « les enfants sont très réceptifs à nos paroles, précise-t-il, ce sont surtout leurs parents qui devraient revenir sur les bancs de l’école pour parfaire leur connaissance sur la laïcité… ».
Sans commentaire, non ?
Thierry BRET