La dernière réunion remontait à janvier dernier. Si le record d’affluence d’alors n’a pas été battu, quelques 120 personnes étaient néanmoins présentes à la Maison du bâtiment, à l’appel du collectif d’opposants au projet d’abandon de la collecte des ordures ménagères en porte-à-porte. Depuis plus d’un an, la détermination est restée la même. Les « Poubelles de la colère » sont toujours dans l’action, bien décidées à entraîner dans leur sillage le plus grand nombre possible de contestataires, avec pour objectif l’arrêt d’une stratégie considérée comme « une ineptie ».
AUXERRE : « Une comédie en plusieurs actes ! ». L’élue de Jussy, Danièle BOISSON-BERGOT ne mâche pas ses mots à l’évocation du scénario visant à remplacer la collecte des déchets ménagers en porte-à-porte par un dépôt en points d’apports volontaires (PAV). Une stratégie, rappelons-le, votée par seulement cinq voix d’écart lors du Conseil communautaire de septembre 2023. Était prévue notamment une phase d’expérimentation sur trois mois seulement, entraînant un vent de fronde contraignant le maire d’Auxerre et président de l’Agglo, Crescent MARAULT, à revoir sa copie en octobre dernier.
Le 04 novembre, la Commission des déchets de l’Auxerrois, par un vote majoritaire, a validé l’expérimentation du process pour sept communes de l’agglomération, sur une période plus longue, débutant en juin prochain pour se terminer en août 2026, suivie un mois plus tard d’un premier bilan. Pas de quoi rassurer les membre du collectif « AuxR_M sa Collecte en porte-à-porte », à l’image de Christophe MOUY, premier adjoint à Coulanges-la-Vineuse et membre de la Commission environnement à la Communauté d’agglomération de l’Auxerrois, qui s’interroge sur la validité des décisions prises par les maires des communes retenues pour expérimenter le dispositif : « j’invite les gens des communes concernées à prendre connaissance des délibérations de leurs conseils municipaux, pour voir si elles ont réellement eu lieu… ».
Concernant les déchetteries et le projet de n’en maintenir que deux sur le territoire, l’heure paraît au statu quo : « le sujet semble pour le moment être mis sous le boisseau car il ne devrait rien se passer d’ici la fin du mandat… ».
Un chiffrage largement sous-estimé selon Mani CAMBEFORT
Membre du collectif, Mani CAMBEFORT se pose des questions sur « l’urgence » à voir déployé si vite le dispositif sur l’ensemble du territoire de l’Auxerrois : « à l’origine, quand on a demandé pourquoi ils voulaient aller si vite, il nous a été répondu que c’était parce que les coûts allaient exploser et que si on ne faisait rien, la taxe sur les ordures ménagères allait doubler… ».
L’élu auxerrois a fait les comptes, révélant que la section de fonctionnement enregistrait un excédent de plus de 2 millions d’euros : « certes, il faut agir, mais quand on nous dit qu’il y a péril en la demeure, je n’en suis absolument pas convaincu et je pense que vous non plus… ».
Estimant le coût global du projet entre 40 et 60 millions d’euros, loin des 22 millions d’euros annoncés au départ : « on voit que le chiffrage est largement sous-estimé et je ne vous parle même pas des capacités de l’agglomération à faire ce genre d’investissement… ».
Un projet qui ne fait grincer des dents à Saint-Bris-le-Vineux
Plusieurs personnes déjà concernées par la mise en place du dispositif de points d’apports volontaires ont apporté leur témoignage, à l’image de Rodolphe, habitant de Saint-Bris-le-Vineux : « depuis août dernier, six PAV ont été installés, visant à supprimer la collecte dans neuf rues du village. Aucune information au préalable des habitants concernés et d’ailleurs, pendant cette période, certains étaient en vacances… Une nouvelle organisation fondée sur des motifs contestables et intervenue de manière autoritaire, en parfaite illégalité ! ».
Dans le viseur du Saint-Brisien, l’atteinte à la salubrité publique et à l’environnement, avec la présence constatée de mouches, de rats et les nuisances olfactives, notamment en cas de fortes chaleurs : « comme c’est très sale, cela favorise en plus les dépôts sauvages, avec de surcroît, l’un des bacs installés à quelques mètres de l’école… ».
Dénonçant aussi les difficultés engendrées par la hauteur des bacs et le poids des couvercles pour des personnes de petite taille, âgées ou handicapées. L’image du village s’en trouverait même dégradée auprès des touristes et visiteurs : « nous avons la chance à Saint-Bris d’avoir un patrimoine exceptionnel avec l’église, classée monument historique. De telles nuisances ne sont pas bonnes non plus pour la clientèle locale des caves viticoles… ».
Cet habitant ne décolère pas, regrettant que le maire de la commune confirme l’adhésion d’une majorité de personnes à la nouvelle expérimentation de déchets, alors même qu’en juillet dernier, 162 signatures avaient été recueillies à Saint-Bris-le-Vineux et Bailly appelant au maintien de la collecte en porte-à- porte. S’appuyant sur le Code général des collectivités territoriales, pour envisager de porter l’affaire devant le tribunal administratif : « malgré l’ensemble des signalements, des actions, des sollicitations qui ont été menées, nous sommes face à des personnes sourdes et aveugles ! ».
Des actions qui vont se poursuivre contre la décision
Plus que jamais persuadé que la population de l’agglomération auxerroise n’est pas prête et ne souhaite en aucune manière, passer à un système généralisé de points d’apports volontaires, le collectif entend bien poursuivre ses actions, en adressant notamment un courrier à l’ensemble des élus de la Communauté d’agglomération et demandant à la population à interpeller chacun d’entre eux sur le sujet. Des réunions publiques dans les sept communes concernées par l’expérimentation sont également à l’étude. Un appel a également été lancé pour une mobilisation massive le jeudi 21 novembre, de 8h30 à 9h, jour du conseil communautaire. La réunion se déroulant à la salle polyvalente de Laborde, les « Poubelles de la colère » avaient bien décidées à s’y faire entendre !
Dominique BERNERD