L’entente économique entre tous ces pays cache surtout la volonté de la Chine et de ses alliés de devenir les maîtres du monde. Ne nous y trompons pas ! Derrière la façade annoncée, à travers l’économie, la parité monétaire et enfin la volonté d’intégrer de nombreux autres pays comme la Turquie et l’Algérie, la Chine est en embuscade pour déstabiliser l’Occident. Attention danger !
TRIBUNE : L’acronyme de référence correspond aux premiers pays ayant souhaité cette organisation. A savoir : le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. D’autres pays ont rejoint le mouvement : l’Iran, les Emirats Arabes Unis et l’Ethiopie, auxquels il faut ajouter des partenaires comme la Turquie, l’Algérie, le Vietnam, la Bolivie, Cuba… Soit une quarantaine de pays qui souhaitent rejoindre le groupe.
En 2001, un économiste de la banque d'investissement Goldman Sachs, Jim O'NEILL a créé l'acronyme « BRIC » pour Brésil, Russie, Inde et Chine. L’Afrique du Sud est arrivée en 2010. Il s'agit de grands pays à revenu intermédiaire dont l'économie connaissait une croissance rapide à l'époque. Il a prédit qu'ils pourraient devenir les premières économies mondiales d'ici 2050. Les BRICS ont été créés pour trouver des moyens de réformer les institutions financières internationales telles que le FMI et la Banque mondiale, afin de permettre aux économies émergentes de mieux se faire entendre et d'être mieux représentées.
Les BRICS, une coalition anti-occidentale aux intérêts divergents
En 2014, les BRICS ont créé la Nouvelle Banque de Développement (NBD), dotée de 250 milliards de dollars, afin de prêter aux pays émergents, de l'argent pour leur développement. Des hommes politiques brésiliens et russes de premier plan ont récemment suggéré la création d'une monnaie pour le bloc des BRICS, dans le but de contester la domination du dollar américain dans le commerce et la finance internationale. On doit souligner le silence de la Chine sur ce sujet. Elle représente la monnaie la plus forte du groupe, mais le yen est une monnaie faible sur le plan international. De plus, nos amis de l’Empire du Milieu souhaitent pour l’instant, ne pas froisser ses partenaires commerciaux que sont l’Europe et les Etats-Unis…
Les pays membres des BRICS ont de multiples points de désaccord plus ou moins officiels : la volonté de briser l’hégémonie occidentale dans les domaines économiques et financiers, le désir de créer une monnaie capable de mettre à genoux le dollar et l’euro, les tiraillements militaires entre l’Inde et la Chine, les complexités culturelles et religieuses de ses membres…
Le sommet des BRICS, qui s'est ouvert le 22 octobre dernier à Kazan, est le plus grand événement international organisé en Russie depuis le début de la guerre avec l'Ukraine. Kazan fut bombardée par les Ukrainiens et se situe à une portée de missiles de Volodymyr ZELENSKY ! Non seulement personne n’a craint de se retrouver sur les bords de la Volga, mais Vladimir POUTINE a considéré le sommet des BRICS à Kazan, comme une réunion d'une coalition anti-occidentale. Observer le sommet à travers le prisme de l’Ukraine, c’est pour le président russe, se montrer, non comme un paria mais comme un partenaire digne d’intérêt !
Déni, oubli et incapacité : les trois dimensions des BRICS
L’autre prisme à analyser, c’est celui de l’émergence de la demande des pays du Sud pour un nouvel ordre mondial, différent de celui des Occidentaux. Les BRICS sont porteurs d’une économie alternative et souhaitent mettre fin au dollar comme monnaie internationale dominante. Même si le yen ne peut pas remplacer le dollar, certains économistes prédisent la fin du dollar d’ici 2035. L’euro aura hélas sombré avant !
Les BRICS, c’est aussi la moitié de la population mondiale et 35 % du PIB de la planète. Et ce, avant l’intégration des pays qui souhaitent les rejoindre.
Trois dimensions tendent à se superposer : déni, oubli et incapacité. La politique étrangère européenne ne constitue qu’une compétence d’appoint. Pas de position claire, si ce n’est des relations bilatérales, souvent contradictoires. En effet, nous remarquons des engagements souvent diamétralement opposés entre la Commission européenne et certains membres, concernant les conflits russo-ukrainien, Israélo-palestinien-iranien-libanais… Il existe de nombreux contacts et accords entre des états membres des BRICS et des pays de la CEE. Le pire de tous : les possibilités d’accords commerciaux avec le MERCOSUR (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay). Officiellement, cet accord négocié de haute lutte depuis deux décennies, serait tout proche d’aboutir. En ramenant à zéro les droits de douane sur 90 % des biens commercialisés entre les deux blocs (UE et MERCOSUR), il officialiserait la création historique d’un marché intégré de 720 millions de consommateurs sud-américains et européens. Gardons en mémoire le MERCOSUR, c’est aussi les BRICS : naïveté ou incompétence du côté d’Ursula Von Der LEYEN ? De quoi alimenter la colère des agriculteurs !
« Si tu vois tout en gris, déplace l’éléphant »
C’est un proverbe indien. Il faut être aveugle pour ne pas voir que le principe de conditionnalité politique des BRICS fut initialement programmé par la Chine. C’est ce même principe qui est affiché par la Russie en Afrique, en matière d’assistance militaire et sécuritaire. La rhétorique chinoise met en avant dans le tiers-monde l’exemplarité de sa réussite économique. De plus, les BRICS souhaitent copier le modèle européen, assimilable aux Droits de l’Homme et au maintien de la survivance de sa culture coloniale !
L’objectif final, c’est non seulement de coaliser les pays du Sud, mais surtout de bâtir un nouvel ordre mondial, dont la Chine sera le cœur… Une discrétion sournoise (BRICS, c’est la 4ème lettre de l’acronyme), la Chine est bien plus que la plus grosse brique de l’édifice, elle représente le ciment. Pour avoir engagé des négociations commerciales avec des Chinois, j’ai appris une chose fondamentale : ils ont l’éternité devant eux.
Alors on peut souligner la prédiction d’Alain PEYREFITTE dans son livre de référence publié en 1973 : « Quand la Chine s’éveillera ». Il écrivit : « quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera ».
Cependant, c’est en 1816 que Napoléon (alors qu’il était à Sainte Hélène), aurait confié : « Laissez la Chine dormir, quand elle s’éveillera, le monde tremblera… ».
En réactivant les vieilles valeurs confucéennes et impériales, Xi JINPING entend redessiner la géopolitique mondiale et justifier sa future suprématie planétaire. Il répand une pensée chinoise deux fois millénaire, à savoir, la soumission de l’individu au collectif et aux ordres d’un guide suprême… On peut redouter que les Chinois déclarent un jour : « quand l’Europe s’éveillera… ».
« La ruse doit être employée pour faire croire que l’on est où l’on n’est pas, que l’on veut ce qu’on ne veut pas » disait Charles de GAULLE. Xi JINPING aurait pu ajouter : « et faire croire qu’on ne veut pas ce que l’on veut… ».
Jean-Paul ALLOU