L’économiste Marc TOUATI vient de révéler que « l’agence de notation FITCH a bel et bien dégradé la note de la France ». Notre économie est marquée par un projet de loi de finances 2025 très contesté et par une défaillance d’entreprises atteignant des niveaux alarmants. Cette semaine, débutera dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale la session parlementaire devant entériner le budget 2025. Un budget qui ne convainc personne ou presque, y compris parmi certains représentants du gouvernement, ayant déjà menacé de rendre leurs tabliers…
TRIBUNE: Précisons tout de suite que l’affirmation de Marc TOUATI est bien réelle. FITCH passe sa note de la France de AA- à A+. La seule nuance, c’est que l’agence de notation américaine annonce que « c’est ce que vaut à date la France sur les marchés financiers, mais attend encore avant de la rendre opérationnelle ». La tradition gouvernementale semble maintenue : on ne parle pas de FITCH, on a occulté les révoltes récentes en Martinique, on refuse d’évoquer le retour des « Gilets jaunes », les barrages routiers de nos agriculteurs qui sont toujours en révolte…
Quant aux défaillances d’entreprises, elles sont en hausse : sur douze mois glissants, leur nombre atteint 73 741. En septembre 2024, 19 % de hausse en un an aura été constaté. Parmi les secteurs les plus touchés, on relève la construction (+ 33 %), l’immobilier (+ 47 %) et le commerce, pour une croissance des faillites de plus de 21 %.
Des statistiques promues par l’Etat qui sont trompeuses…
Les partis politiques ont tracé des lignes rouges au-delà desquelles le budget ne sera pas voté. A l’Assemblée nationale, on n’est plus dans les bandes rouges, mais c’est la mer Rouge ! Le Premier Ministre devra prendre le bâton de Moïse pour passer sans encombre tous les dangers d’un budget contesté et éviter la motion de censure ! Michel BARNIER a franchi une ligne rendant impossible un vote favorable : l’augmentation des impôts.
De plus, contrairement aux promesses de rigueur budgétaire, les dépenses publiques continuent d’augmenter et représentent près de 57 % du PIB ! Pointons les 1 800 agences de l’Etat qui coûtent 93 milliards d’euros. Ces agences, mandatées par des ministères, échappent à tout contrôle. Des structures autonomes et opérationnelles qui mettent en place une politique publique pour le compte de l’Etat…
De nouvelles taxes voient le jour en 2025. Elles concernent l’électricité, le gaz et les transports. Ces taxes vont grever le pouvoir d’achat de tous les Français. Les statistiques promues par l’Etat sont trompeuses. L’inflation diminue quelque peu, oui mais les prix augmentent dans l’alimentaire : on ne parle pas de la même chose. Autre subtilité, les prix de l’énergie diminuent, mais les taxes augmentent considérablement. En fait, si le prix de l’énergie augmente moins vite que ce qui était prévu, c’est donc qu’il est en diminution ! Courage, fuyons ! De là à penser qu’on nous prend pour des imbéciles, il n’y a qu’un pas… Synthétisons : plus on avance moins vite moins on recule plus rapidement !
Une dette publique qui inquiète de plus en plus
La dette publique française devrait atteindre 114,7 % du PIB en 2025. Les économistes s’accordent sur un point : le niveau de la dette est insoutenable. La crédibilité de la France sur les marchés financiers est remise en cause, et les taux d’intérêt vont fortement augmenter dans les prochains mois. Cette situation accentue la faillite de l’Etat et obère gravement notre avenir de tout projet d’investissement dynamique.
Les réformes structurelles semblent passées à la trappe. Il est impérieux de diminuer le nombre de fonctionnaires, surtout à la territoriale, de supprimer les aides de l’Etat aux communes qui soutiennent des associations illicites, de réformer la politique d’immigration, de réorienter les emplois dans la fonction publique, dans les secteurs de la Santé, de la Justice, de l’Education Nationale ou de la Police…
Les risques pour l’avenir de la France : un inventaire à la Prévert
Le budget 2025 risque de diviser par deux la croissance, alerte l’OFCE. En l’état, selon l’Observatoire français des conjonctures économiques, le projet de loi de finances pèserait beaucoup plus lourdement sur l’économie que ce que prévoit le gouvernement.
La France bascule peu à peu en récession. Et encore, si la réforme des retraites devait être abrogée par le gouvernement, une spirale dévastatrice de hausse des taux, de récession et de chômage achèverait d’assombrir le tableau. Et ce, d’autant que tous les secteurs sont concernés par cette débâcle, autant dans l’industrie que dans les services, le bâtiment, le commerce de détail et le commerce de gros. Pour ceux qui osent encore annoncer que les Jeux Olympiques de Paris vont doper la croissance française, il serait bon de se réveiller !
Une hausse des taux trop importante et la France peut basculer dans le « défaut de paiement ».
La fiscalisation, même temporaire, des grandes entreprises, peut entraîner la chute du PIB, la progression du chômage donc l’augmentation des contributions sociales de l’Etat, la diminution de la productivité pour les entreprises… Quant à la taxation des particuliers les plus riches, c’est une mesure démagogique qui rapportera une goutte d’eau et accentuera la fuite des capitaux à l’étranger ! N’oublions surtout pas les conflits sociaux qui finiront tôt ou tard par éclater dans la rue.
Qui découvre que l’Etat est en faillite ?
Les marges de manœuvre du gouvernement BARNIER sont quasiment nulles. Le Premier ministre doit faire face à tous « … ces serpents qui sifflent sur sa tête… » : les partis politiques à l’Assemblée nationale, le Sénat, le Conseil d’Etat, le Conseil Constitutionnel, le Conseil européen, la rue… Il ne peut agir qu’avec une pince à épiler et faire de la communication sans trop agir…
Tous les spécialistes de l’économie et de la finance, les dirigeants politiques, les grands patrons nous racontent qu’ils avaient annoncé la catastrophe financière de la France depuis des lustres. Tout le monde semblait savoir, mais personne n’a rien dit, nous présentant une France en difficulté mais avec les moyens de continuer de prospérer. Même les médias semblent découvrir le problème depuis quelques mois. Maintenant, il est temps de sortir les parapluies, Bruno LE MAIRE a déclaré récemment dans une phrase sibylline : « la vérité finira par éclater ».
Il est temps de suggérer à nos élus de fréquenter les « cafés du commerce » ; les discussions de comptoir qui nous offrent, depuis de nombreuses années, la réalité du quotidien de la France et des Français. Au menu des palabres populaires : l’insécurité, la misère, des politiques hors circuit, des finances au plus bas, la faillite de l’Etat… « ça va finir dans la rue car c’est la catastrophe… ».
Alors pour conclure, laissons le soin à Raymond DEVOS de nous faire méditer sur un sketch écrit en 1968 : « Je dis au gouvernement actuel, attention, à quoi ça sert de remettre au lendemain la catastrophe que l’on pourrait faire le jour même, d’autant que l’opposition risque de s’en emparer » !
Jean-Paul ALLOU