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Humeur : le coût de la vie y est exorbitant, très chère Martinique !

« Rien ne va plus à la Martinique où le coût de la vie exponentiel fait descendre dans les rues de plus en plus de manifestants qui se battent contre la vie chère… ». « Rien ne va plus à la Martinique où le coût de la vie exponentiel fait descendre dans les rues de plus en plus de manifestants qui se battent contre la vie chère… ». Crédit Photo : Falco/PIXABAY.

C’est une île paradisiaque pour touristes en goguette où vivent des autochtones plutôt paisibles sans revendication d’indépendance marquée. Plusieurs votes ont démontré l’attachement des îliens à la France. Aujourd’hui, la révolte gronde et pour ainsi dire, personne n’en parle ! Normal : en Martinique, les manifestations ont été provisoirement interdites. Après plusieurs nuits d'émeutes, le préfet a aussi décrété un couvre-feu dans certains quartiers de Fort-de-France. Mais que se passe-t-il réellement dans ce territoire des DOM-TOM ?

TRIBUNE : Il y a huit jours, plusieurs centaines d'habitants ont pourtant bravé cette interdiction pour dénoncer une nouvelle fois la vie chère. Ailleurs sur l'île, les blocages continuent. La CRS 8 est arrivée sur place. C'est la première fois depuis 65 ans que des CRS sont envoyés en renfort sur l'île des Antilles.

Depuis mercredi, certains quartiers de Fort-de-France - chef-lieu de cette île française des Caraïbes qui compte quelque 350 000 habitants - et du Lamentin, une commune limitrophe, sont soumis à un couvre-feu, de 21H00 à 05H00. La CRS 8, une unité d'élite spécialisée dans la lutte contre les violences urbaines, créée en 2021, avait notamment été déployée en avril 2023 à Mayotte pour renforcer les effectifs de l'opération de sécurisation de Mayotte, baptisée "Wuambushu".

Malgré le couvre-feu partiel, la nuit de jeudi à vendredi a de nouveau été "agitée" en Martinique, a précisé la préfecture, évoquant trois barrages "érigés et enflammés au Lamentin" et huit dans le sud de l'île.

 

De plus en plus de tensions sur l’île

 

Les tensions, qui sont vives depuis plusieurs jours, s'inscrivent dans un contexte de mouvement contre la vie chère, lancé début septembre. La mobilisation a dégénéré ces derniers jours en actes de pillages et saccages. Des véhicules ont été incendiés, des commerces, vandalisés ou cambriolés, selon la préfecture qui rapporte quinze interpellations, onze fonctionnaires de police blessés et trois émeutiers, également blessés.

Pour justifier l'interdiction de manifestation, le représentant de l'Etat en Martinique a invoqué, dans un communiqué, une mesure destinée à « faire cesser les violences et dégradations commises en réunion, mais aussi les nombreuses entraves à la vie quotidienne et à la liberté de circuler qui pénalisent l'ensemble de la population, notamment pendant le week-end ». Toutefois, « les manifestations revendicatives régulièrement déclarées auprès des autorités compétentes continueront de pouvoir se dérouler », a ajouté la préfecture.

Elle a également annoncé l'organisation, dans les prochains jours d'une nouvelle table ronde sur le thème de la vie chère avec l'ensemble des acteurs, « élus, pouvoirs publics, acteurs économiques et associatifs », sans donner de date précise. En Martinique, d'après une étude de l'INSEE en 2022, les prix alimentaires étaient 40 % plus élevés que dans l'Hexagone.

 

Un contexte économique particulier

 

Depuis début septembre, l'activité des grandes surfaces en Martinique est perturbée par des mobilisations sporadiques de militants qui protestent contre les coûts trop élevés, notamment sur les produits alimentaires. Comment expliquer un coût de la vie aussi élevé dans ce territoire d'Outre-Mer ? Quelle est la part de responsabilité des grands distributeurs dans le maintien des prix élevés ? Doit-on et peut-on réformer la fiscalité martiniquaise ?

A la Martinique, les sols pollués au chlordécone contraignent les agriculteurs à s’adapter. L’exemple d’une ferme créée dans les années 80 est saisissant. Considérée comme une ferme pilote d’environ six hectares peuplée de 2 000 arbres fruitiers, se diversifiant vers la transformation de produits frais, l’élevage de pintades et de 300 poules pondeuses. Pourtant, le sol est contaminé par le chlordécone, abondamment répandu dans les bananeraies de Martinique de 1972 jusqu’à ce que le gouvernement décide en 1993 de l’interdire définitivement. Les produits qui étaient récoltés furent catégorisés cancérigène par l’OMS. La molécule de l’insecticide incriminé a provoqué une pollution durable des sols, des cours d’eau et des milieux marins !  En conséquence, une agriculture qui doit encore s’adapter aux nouvelles conditions environnementales.

 

 

Quinze années de laxisme du côté de l’Etat

 

Quinze ans après la grève historique de 2009, les Martiniquais protestent à nouveau contre la vie chère. « Cette situation était prévisible puisque depuis 2009 (à l’époque une grève générale avait paralysé l’île pendant plus d’un mois), la Martinique s’était déjà levée contre la vie chère et rien n’a été fait. Les prix alimentaires sont plus élevés de 40 % par rapport à la métropole et les pièces automobiles sont plus chères de 500 %... Entre le départ d’un produit et son arrivée dans l’île, il y a treize segments qui rajoutent un coût, le transport, les distributeurs… On sait bien que les prix ne peuvent être les mêmes qu’en métropole, mais il faut trouver des solutions pour faire baisser les prix, mais tant que le gouvernement n’est pas mis en place, ça ne peut pas avancer », se désole le sénateur Frédéric BUVAL (Renaissance). Ajoutons à cela qu’il est formellement interdit d’acheter des produits ailleurs que dans l’Hexagone ou dans un pays membre de la C.E.E., contrainte européenne oblige… 

De plus les retraites sont à un faible niveau : les carrières sont hachées et certains n’ont pas toujours été déclarés !

 

Vers une baisse de « l’octroi de mer »

 

L’octroi de mer est une imposition spécifique des départements d’Outre-mer sur les produits importés qui remonte à l’époque coloniale. Le gouvernement en place devra prendre la pleine mesure des problèmes, non seulement de la Martinique mais aussi de la Nouvelle-Calédonie. Nul doute que « l’octroi de mer » sera au cœur des négociations.

Depuis le début du mois, deux tables rondes ont été organisées à la préfecture de Martinique avec les acteurs de la grande distribution et les institutions, les représentants du RPPRA (Rassemblement Pour la Protection des Peuples et des Ressources Afrocaribéenes). Ces derniers ont, cependant quitté la salle dès le début, suite au refus du préfet de retransmettre les échanges en direct sur les réseaux sociaux. Les participants se sont engagés à baisser de 20 % en moyenne, 2 500 produits de la grande consommation. « Mais le préfet ne peut s’engager à la place du gouvernement », insiste Frédéric BUVAL.

La grogne gagne peu à peu toutes les régions d’Outre-Mer, et la violence s’installe et alimente toujours plus les révoltes. Le NFP (Nouveau Front Populaire) est arrivé en tête des dernières législatives, et il y a hélas fort à parier que les nouveaux élus feront tout leur possible pour attiser les braises des manifestations !

Petite devinette créole à méditer (au second degré) : « Toupiti man toupiti man ka fè zot dansé ! » ou « Si petit que je sois, je vous fais tous danser » ! Réponse, la fourmi...

 

Jean-Paul ALLOU

 

 

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PRESSE EVASION - Mr Thierry BRET

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