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L’abstention, ce mal hexagonal : trois Français sur dix pourraient bouder les urnes le 10 avril

« Il faut faire confiance aux Français pour qu’ils pimentent le premier tour de l’élection présidentielle prévue dans moins de vingt-cinq jours. Toutefois, trois concitoyens sur dix pourraient ne pas se rendre dans les bureaux de vote le 10 avril…Et profiter de ce jour dominical pour se détendre ! ». « Il faut faire confiance aux Français pour qu’ils pimentent le premier tour de l’élection présidentielle prévue dans moins de vingt-cinq jours. Toutefois, trois concitoyens sur dix pourraient ne pas se rendre dans les bureaux de vote le 10 avril…Et profiter de ce jour dominical pour se détendre ! ». Crédit Photo : D.R/PIXABAY.

Les isoloirs seront-ils boudés massivement par les Français pour cette présidentielle 2022 ? Nous nous dirigeons vers une abstention record au premier tour de cette échéance alors que la campagne semble mobiliser peu de monde. Pour motiver ces abstentionnistes, il faudra faire des propositions qui les motivent et pas/plus se contenter de demander aux électeurs de barrer la route de l’Elysée à un candidat qui leur fait peur. Cela ne suffit plus, notamment auprès des électeurs de gauche.

TRIBUNE : Cette abstention sera en outre très différenciée sur le plan socio démographique : elle culmine (entre 33 % et 46 %) auprès des jeunes, des catégories populaires, des habitants des petites villes et auprès des femmes. Elle est aussi totalement corrélée aux préférences politiques des Français : elle concerne plus d’un tiers des sympathisants et électeurs de gauche alors qu’elle n’affecte que moins de 15 % de ceux de droite et 8 % de ceux d’Emmanuel MACRON. Or, c’est l’inadaptation de l’offre politique qui semble à l’origine de cette future sur-abstention : plus des trois-quarts (77 %) des abstentionnistes actuels disent qu’ils n’iraient pas voter « par choix » plutôt que par désintérêt pour l’élection présidentielle (28 %).

 

Que faire pour encourager les Français à aller aux urnes ?

 

Réveiller le sens citoyen ? Difficile pour certains et notamment les plus jeunes. Brandir le spectre d’une extrême droite diabolisée ? Le fameux « bouclier républicain » qui avait fait ses preuves lors de l’élection présidentielle de 2002 ne fonctionne plus : Jacques CHIRAC l’emporte sur Jean-Marie LE PEN alors avec plus de 80 % des voix ! Un score digne de ceux du parti communiste russe de la grande époque ! La diabolisation de Marine LE PEN ou d’Eric ZEMMOUR s’essouffle au fil de la campagne. On annonce que  l’exécutif réfléchit à des actions pour mobiliser les Français. Qu’il s’abstienne : voter ne s’ordonne pas et encore moins dans un contexte où les citoyens refusent que leurs libertés soient aliénées. Dans cette situation, toute démarche visant à rendre le  vote obligatoire en instaurant une amande pour les réfractaires (sauf si elle est au chocolat), serait pire et pris pour de la provocation.

 

Une population française de plus en plus désabusée…

 

Depuis le temps, les causes de l’abstentionnisme commencent à être connues. En vrac, ce sont des propositions jugées inadéquates, des doutes sur la sincérité des candidates et candidats ou le sentiment que l’identité du futur président ne changera pas grand-chose à son quotidien, ce qu’expriment 52 % des sondés. Le désintérêt guette et rend notre démocratie malade. Pour contrer cette tendance, des initiatives affleurent ici et là. Elles sont très diverses mais guidées par une problématique commune : comment reconnecter les citoyens et les responsables politiques qui les gouvernent ? Position d’autant plus périlleuse que Nicolas SARKOZY avait balayé d’un revers de main le vote national contre le traité de Lisbonne en affirmant clairement à toute l’Europe que le vote n’avait pas véracité juridique et qu’il avait trouvé la solution pour dire « oui » au traité !  Les Français ne seraient pas moins concernés par la chose politique. Juste désabusés.

« Les gens sont prêts à débattre, à s’investir. S’ils ne le font plus – notamment par le vote – c’est peut-être parce qu’on ne débat pas des bons sujets et de la bonne façon », estime Aurélien DELPIROU. Cet agrégé de géographie vient de publier, avec Frédéric GILLI, professeur à l’Ecole urbaine de Sciences Po, un atlas intitulé « 50 cartes à voir avant d’aller voter » (édition Autrement).

L’essor de la démocratie participative…

 

Le but de nos enseignants est de donner « des grilles de lecture autres que celles rabâchées par les candidats », résument les chercheurs, sur des thèmes « indispensables mais qui nous paraissent opaques dans l’espace public, les médias et les discussions politiques ».

« Ce que l’on entend dans la campagne nous semble très éloigné des préoccupations relevées sur le terrain et très faux ». Ces brillants chercheurs en rajoutent dans la confusion ambiante. Faire croire que les préoccupations des Français sont très éloignées des problèmes d’immigration, de sécurité et de fiabilité de la justice est un acte de manipulation mentale très ancrée à gauche. Dans les territoires s’organisent d’ailleurs de plus en plus d’expérimentations de démocratie participative, afin de renouer le lien entre habitants et élus. « C’est une tendance qui n’est plus marginale », note Katharina ZUEGEL, codirectrice de « Décider Ensemble », visant à diffuser la culture de la participation citoyenne. Le problème aujourd’hui serait de construire des ponts entre une élection présidentielle et l’initiative citoyenne.

Alors que faire ? Faire confiance aux Français tout simplement ! Le résultat de l’élection présidentielle peut nous offrir la surprise du siècle avec par exemple, une élection affichée dès le première tour et avec une participation record ! A moins d’être « Madame Soleil », tout est possible et tout est ouvert ! Et pour en ajouter à la confusion : « C'est la fin de la Ve République telle qu'on la connaît : Emmanuel MACRON n'aura pas de majorité, ou alors de circonstance, et cela durera ce que durent les amours de vacances. [...] Son élection, ce qu'au diable ne plaise, précipiterait la France dans l'instabilité institutionnelle et conduira à l'éclatement de notre vie politique. » Une citation attribuée à un certain Gérald DARMANIN qui en 2017 présentait Emmanuel MACRON comme un « bobo » populiste ! Allez, gardons confiance, les Français ont du cœur, de l’humour et savent œuvrer positivement le moment venu !

Jean-Paul ALLOU

 

 

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