On appelle cela l’art de l’anticipation. De la prévoyance, aussi ! Quarante-huit heures avant que ne tombent de manière surprenante les premières chutes de neige sur notre territoire et une large bande septentrionale de l’Hexagone, le Conseil départemental de l’Yonne passait en revue les dispositions techniques de son plan de « viabilité hivernale ». Un dispositif bien huilé destiné à gérer de la façon la plus optimale les routes de l’Yonne, sous la responsabilité de l’institution…
APPOIGNY : Ils étaient déjà sur le pont, lundi après-midi, lors de la présentation du plan « viabilité hivernale » avec démonstration à l’appui ; cette fois-ci, quarante-huit plus tard, ils sont rentrés dans le vif du sujet ! Les premiers flocons d’une neige qui aura eu le particularisme de bien tenir au sol dans les zones rurales ont pu éprouver la sagacité technique des professionnels des services ad hoc de la gestion des routes du Département.
C’est dans l’une des salles agréablement bien chauffées du dépôt technique, situé aux abords de l’autoroute A 6, que le vice-président du Conseil départemental Christophe BONNEFOND et les services techniques de l’organe institutionnel avaient convié les représentants de la presse. De manière, à ce que le Pôle des infrastructures départementales leur expose les stratégies à venir, en fonction de la variabilité de la météo et de ses conditions hivernales. Et ce, sur une période qui court du 115 novembre 2024 au 15 mars 2025. Sachant que si le « général Hiver » poursuivait l’offensive au-delà de cette date, les services étaient toujours mobilisés pour apporter des conditions de circulation optimale aux automobilistes de l’Yonne.
Nonobstant, dès le début de sa prise de parole, Christophe BONNEFOND s’est voulu rassurant : « un épisode neigeux dans l’Yonne, cela ne représente qu’un ou deux jours dans l’année, dorénavant… ». Mais dans le cas présent, les flocons l’ont pris au mot en arrivant nettement plus vite que prévu !
Automobilistes, pensez au choix de vos pneumatiques !
Placée sous le sceau de la nouveauté, la conférence de presse se voulait très didactique pour les représentants de la presse. Outre les principaux chiffres qui furent évoqués avec leurs analyses lors de la présentation de slides, les organisateurs avaient ajouté une cerise sur le gâteau – une cerise un tantinet glacée puisque à déguster à l’extérieur sous un vent aux origines quasi polaires ! – soit une démonstration de montage et démontage sur deux véhicules pouvant être utilisés comme de potentielles saleuses après transformation technique.
Durant ses explications, le vice-président de l’institution départementale rappela que tout devait être fin prêt en ce début de période délicate, avec le verglas et la neige, pour faire face.
« Nous avons des usagers de la route qui ne sont pas forcément préparés à affronter les conditions météorologiques de l’hiver, expliqua l’orateur, en visant notamment l’importance des pneumatiques parfois méconnue des automobilistes. Evoquant les principes de la loi montagne, Christophe BONNEFOND insista sur les pneus toute saison qui devraient équiper selon lui les véhicules tout au long de l’année.
Puis, il y eu une présentation du site Internet.
« Tous les citoyens peuvent naviguer chaque matin sur le site du département pour aller consulter en temps réel les conditions de circulation des 4 800 kilomètres des routes départementales à notre charge… ».
Un montage/démontage en un laps de temps record !
Des tablettes furent distribuées parmi l’assistance afin de passer à la phase pratique de ces explicatifs. Un site naturellement consultable via les smartphones.
Côté matériel, et afin de ne pas l’immobiliser toute l’année du fait de la raréfaction des épisodes neigeux dans la partie nordique de la Bourgogne ce qui pourrait engendrer des coûts inutiles, le CD 89 a développé un système d’adaptabilité du matériel spécifique anti-neige et verglas, selon les besoins. Plutôt astucieux au vu de la démonstration qui fut assurée quelques minutes plus tard sous le vent !
« Cette opération du montage/démontage nécessite à peine une demi-heure de manutention, se félicita Christophe BONNEFOND, et grâce à cela on peut utiliser les camions en mode saleuse toute l’année ! ».
Dans les faits, le Département de l’Yonne dispose d’une flotte de trente-six véhicules, pouvant être transformés à tout moment en potentielle saleuse. Un minimum afin d’assurer le maintien des conditions de circulations satisfaisantes pour garantir la sécurité des usagers et la continuité des activités économiques de notre territoire. A la base, il faut résoudre les problèmes d’adhérence sur des accès où la neige peut s’accumuler, le verglas, voire le givre rendre la circulation dangereuse, à la limite du possible.
L’un des techniciens explique : « pour y parvenir, il nous faut faire fondre la pellicule de neige ou de verglas à l’aide d’un fondant routier ».
825 tonnes de sel ont été utilisées en 2023
Deux solutions peuvent alors être employées. « Pour la glace ou la neige compactée, nos services utilisent de la saumure, un mélange d’eau et de sel, qui agit instantanément mais pas longtemps. Le sel en grains ne tient pas sur la chaussée puisque chassé par le trafic routier. Mais, il agit plus lentement au-dessus de – 7 °. ».
Les stocks sont bien fournis. Plus de 5 500 tonnes de sel qui sont répartis sur une dizaine de sites, un peu partout dans le département. Toutefois, l’intégralité du réseau routier ne dépend pas que du seul Conseil départemental. Les autres acteurs de cette gestion ô combien importante pour la mobilité se nomment les collectivités locales pour le réseau communal ; APRR ayant en responsabilité les autoroutes et la DIR Centre-Est (Direction Interdépartemental des Routes) qui intervient uniquement sur les routes nationales. Il est parfois difficile de s’y retrouver notamment depuis le déclassement desdites voies de circulation !
L’an passé, on a recensé une quinzaine de jours d’intempéries dans l’Yonne, soit un jour de neige et treize journées de verglas. 825 tonnes de sel furent utilisées. Un constat que ne manque pas de signaler Christophe BONNEFOND, le nombre de jours d’intempéries diminue depuis les dix dernières années. De quoi jeter le doute dans les esprits des climato-sceptiques ?!
Nonobstant, la gestion de cette viabilité hivernale engendre un coût pour le Département. Il s’est élevé à 374 000 euros l’an passé contre 367 000 euros lors de l’exercice antérieur. Soit environ 27 000 euros ramené au jour d’intervention.
« Parmi ces coûts, explique en pédagogue Christophe BONNEFOND, cela englobe le sel, la main d’œuvre en intervention, les astreintes, le site météo et les stations météorologiques. Elles sont au nombre de cinq et fournissent de précieux renseignements… ».
Une équipe de 66 agents pour traiter 4 800 kilomètres de routes
En termes d’effectifs, ce sont 66 personnes dont 41 pour le traitement des routes départementales et 25 assurant la surveillance du réseau qui constituent cette force de frappe contre les rigueurs de l’hiver. Elles ont pour mission des fonctions de patrouilleurs, de mécaniciens, de chefs d’opération, etc. Avec une prédominance des périodes d’intervention se faisant la nuit.
Les automobilistes icaunais ont la faculté de pouvoir en direct suivre l’évolution de l’état des routes et de la circulation en consultant le site du Département. Très pratique, en vérité ! Moyennant quoi, la consigne demeure toujours la même dès que les conditions de circulation patinent sur les routes, soyez prudents !
Thierry BRET