Ils avaient débuté à l’automne 2022. Inscrits dans le projet de territoire 2021-2031, les travaux d’aménagement et de végétalisation de ce qui fut longtemps un parking sans âme ont donné naissance à un espace piétonnier de belle facture, destiné à réduire en été à Auxerre, les îlots de chaleur encore trop présents en centre-ville. Son inauguration a donné lieu à une mise en lumière « haute en couleurs » des façades environnantes et à la projection de vidéos retraçant 2 000 ans d’histoire du quartier.
AUXERRE : Bientôt 22 heures… Les façades des bâtiments annexes de la mairie et de ce qui fut un jour le musée d’Auxerre se parent de couleurs multiples, portées par la magie des LED. Le public venu nombreux semble apprécier et les portables sont de sortie pour immortaliser l’instant : c’est bon signe ! Adjoint à l’urbanisme, aux travaux et à l’accessibilité, Nordine BOUCHROU apporte quelques renseignements aux personnes qui l’entourent : « les LED sont destinées à rester en place et illumineront les façades en fonction des événements, rose en octobre, vert pour la Saint-Patrick, etc… ».
La technique est sans limite et l’on peut imaginer aussi pourquoi pas, des murs aux couleurs arc-en-ciel le 17 mai, pour la Journée internationale contre l’homophobie ou en orange le 25 novembre, pour celle dédiée à l’élimination de la violence à l’égard des femmes…
Des bâtiments chargés d’histoire
Lors d’une consultation de la population auxerroise organisée fin 2022, le choix d’une fontaine végétalisée avait été retenu par plus de 70 % des personnes qui s’étaient alors exprimées. Ses quatre pans de pierre sur lesquels s’accrochent des plantes aquatiques encore timides, trônent au milieu de la place, comme pour rappeler l’ancien castrum, enceinte fortifiée qui courait à cet endroit au IVème siècle, réapparue lors des fouilles archéologiques menées l’an passé pendant plus de quatre mois avant que ne débutent les travaux. Aujourd’hui, quelques clous dorés installés sur le sol, au-dessus de son ancien tracé, en soulignent l’existence aux visiteurs.
Véritable condensé de l’histoire d’Auxerre, la place du Maréchal Leclerc n’a cessé d’évoluer au fil des siècles, comme l’a rappelé le « mapping » vidéo projeté sur la façade de ce qui fut successivement un palais comtal, puis le siège du bailli, avant de devenir tribunal, remplacé dans les années 1860, par un musée et une bibliothèque, en fonction jusqu’à la fin des années 70. Aujourd’hui, seule la salle Eckmühl abritant les souvenirs de la famille Davout et de l’épopée napoléonienne témoigne encore du passé. Une place qui fut aussi lieu d’enfermement, à l’image de cette prison pour femmes érigée en 1820, à l’endroit même où les archéologues de l’INRAP ont mis à jour l’an dernier une nécropole antique.
Quel sera le devenir du mapping vidéo ?
Il faudra sans doute se montrer un peu patient avant que la quinzaine d’arbres plantés pour offrir de l’ombre aux visiteurs et les végétaux couvrant le sol ne transforment la place en « canopée urbaine » mais la curiosité a poussé nombre d’Auxerrois à venir tout au long du week-end « tester » les bancs, installés autour de la fontaine et les premiers retours étaient plutôt positifs.
Elles étaient au programme, mais pour les toilettes publiques, il faudra encore attendre un peu. Idem en ce qui concerne « l’aire de jeux » pour enfants, réduite à ce jour à sa plus simple expression, avec une seule petite balançoire sur ressorts. Mais, on le sait bien, « Autussiodurum ne s’est pas faite en un jour » !
Quid des projections vidéo ? Seront-elles pérennisées dans le temps à destination des touristes de passage les soirs d’été ? Ce serait là un attrait supplémentaire pour Auxerre et une belle occasion de redonner un second souffle à son centre-ville. Un projet d’autant plus facile à réaliser que les deux étages supérieurs de l’ancien immeuble Boucharat, à partir duquel était projetée la fresque vidéo trois jours durant, ont été acquis il y a trois ans par la ville et la Communauté d’agglomération.
Plusieurs partenaires pour subventionner le projet
Faire d’un univers minéral dédié à la voiture un « poumon vert » en cœur de ville possède un coût. Le budget initial de 1,3 million d’euros a très vite été dépassé, pour atteindre in fine plus de 3,1 millions. Si la ville, maître d’œuvre, a apporté la plus grosse contribution avec plus d’un million d’euros, les partenaires de l’opération sont multiples : Union Européenne, ministère de la Culture, Agence de l’eau Seine-Normandie, Fonds Verts, Etat, Communauté de l’Auxerrois, sans oublier la subvention de plus de 470 000 euros en provenance de la région Bourgogne Franche-Comté.
Un chiffre qu’a rappelé sur sa page Facebook, Isabelle POIFOL-FERREIRA, conseillère régionale et élue municipale d’opposition, soulignant au passage que pour autant, la région BFC « n’avait pas soutenu l’implantation du chêne à 89 000 euros provenant des Pays-Bas ».
Le chêne écarlate installé l’an passé dans la cour de la mairie n’a pas fini de faire voir « rouge » dans le landerneau et il faudra sans doute plus d’une fontaine, fût-elle végétalisée et bienvenue, pour éteindre la polémique !
Dominique BERNERD