Et de trois ! Après Florence LOURY et Mathieu DEBAIN, c’est devant plus de 250 personnes, réunies au Silex mercredi soir, que le premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste dans l’Yonne, Mani CAMBEFORT, a officialisé sa candidature aux élections municipales. Fort du soutien du PCF, du PRG, de Place Publique et de personnalités de la société civile auxerroise, il entend bien incarner une alternative à l’actuelle majorité. Le candidat a évoqué quelques-unes des 250 propositions de son programme.
AUXERRE : La voix chaude et veloutée d’Yves MONTAND résonne en sourdine pour accueillir les derniers arrivants, sur fond du « Temps des cerises ». Les 120 places assises ont été prises d’assaut et beaucoup devront se réfugier au balcon ou rester debout. Une soirée, rappelle l’élue PS d’opposition, Sophie FEVRE et maîtresse de cérémonie, « qui parle de nous tous, de vous tous, de celles et de ceux qui croient encore que la politique locale peut changer la vie des gens… ».
La concrétisation d’un travail collectif mené depuis plusieurs mois, « autour d’une idée simple, faire bouger les choses à Auxerre ». Premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste dans l’Yonne et élu d’opposition depuis 2020, Mani CAMBEFORT bénéficie du soutien du Parti Communiste Français, du Parti Radical de Gauche, de Place Publique et de personnalités de la société civile, à l’image d’Emmanuel RONOT, ancien président de l’association « Service Compris » et fer de lance du festival « Catalpa ». Mais l’union reste partielle : manquent à l’appel les écologistes, avec Florence LOURY, partie pour une course individuelle et des Insoumis encore dans l’expectative, même si Adrien PROVENCE, co-animateur LFI dans l’Yonne, était présent mercredi soir au Silex.
La porte de l’union de la gauche est grande ouverte
« L’union de la gauche, c’est nous ! ». Première à prendre la parole lors de cette soirée de lancement de campagne, Pascale MARLIN, représentante du PCF dans l’Auxerrois, a rappelé avec force les origines et les ambitions du rassemblement de la gauche locale. Revenant sur l’initiative prise en octobre 2023, au lendemain d’une manifestation intersyndicale, qui a permis la construction de ce collectif, œuvrant de concert sur le terrain et dans la préparation des conseils municipaux, pour construire pas à pas une dynamique unitaire : « la porte de cette union à gauche est grande ouverte et nous savons que d’autres nous rejoindront. Nous sommes tournés vers le même objectif : en finir avec cette majorité brutale qui gère la ville comme si c’était une entreprise… ».
Figure reconnue du secteur social et culturel, Emmanuel RONOT, directeur de l’EPNAK et ancien président de l’association « Service compris » a pour sa part, rappelé toute l’importance d’un engagement citoyen. Affirmant, lui qui se disait jusqu’alors « éloigné de la politique », sa volonté de représenter la société civile et tous ceux qui, sans étiquette, veulent néanmoins faire bouger les lignes. Dénonçant une municipalité actuelle « déconnectée » des réalités sociales, en particulier du monde associatif et culturel, son engagement a notamment été ravivé par le manque de soutien au festival « Catalpa », symbole selon lui, d’une politique qui tourne le dos à la culture : « c’est important pour moi d’avoir un maire qui soit en proximité, d’un maire qui parle aux gens, qui les rencontre, qui les regarde dans les yeux, qui les écoute… ».
« Ce qui nous motive, ce sont les gens, pas l’argent ! »
Même tonalité dans le discours de l’ancien conseiller municipal d’opposition Rémi PROU MÉLINE, aujourd’hui représentant du mouvement Place Publique, qui appelle à un renouveau éthique pour Auxerre, aux côtés du candidat socialiste : « une ville n’avance pas seulement avec des projets et des budgets, elle avance grâce à la confiance que ses habitants placent en celles et ceux qui les représentent. Et cette confiance repose sur un socle unique, l’éthique, qui pour nous, n'est pas un mot abstrait, mais une exigence concrète… ». Dénonçant par ailleurs des pratiques municipales qu’il juge incompatibles avec les exigences de sobriété et de responsabilité attendues en période de crise, ainsi que certains choix politiques et dépenses publiques, à ses yeux, inacceptables : « sans confiance, aucun projet collectif n’est possible, sans exemplarité, chaque effort demandé aux habitants devient injuste et une ville digne de ses valeurs républicaines, commence nécessairement par des élus exemplaires… ».
Conseillère régionale déléguée à la culture, Isabelle POIFOL-FERREIRA a elle aussi témoigné de son soutien plein et entier à son collègue municipal, défendant lors de son intervention, les marqueurs qui à ses yeux, déterminent l’action de la Région : « la solidarité, la transition écologique, la fraternité, l’investissement sur l’humain. Tout cela, nous sommes à gauche les seuls à en faire une priorité car ce qui nous motive, ces sont les gens, pas l’argent ! ». Tarification sociale, transports à moindre coût, soutien aux associations, rénovation écologique, formation…, autant d’exemples transposables à l’échelle municipale, selon l’élue d’opposition auxerroise.
La suppression de la réforme sur la gestion des déchets
La feuille de route du désormais candidat déclaré à la mairie d’Auxerre est tracée, s’appuyant sur 250 propositions construites collectivement. Mani CAMBEFORT a présenté les grandes lignes de son projet pour la ville, articulé autour de cinq axes majeurs, au premier rang desquels, une transformation de la gouvernance municipale. Fustigeant une démocratie locale réduite selon lui à sa plus simple expression : « on ne peut plus accepter que les citoyens décident une fois tous les six ans et subissent le reste du temps. Ça a été notre leitmotiv quand nous avons créé notre association « Vivre l’Auxerrois », ça reste notre boussole… ». S’appuyant sur l’exemple de la réforme contestée des déchets, il promet son retrait et annonce la création d’un véritable budget participatif doté de 3 millions d’euros sur le mandat, avec l’objectif de permettre aux habitants de proposer et voter des projets dans chaque quartier. Pour faire face à la précarité croissante, l’élu socialiste entend bien également utiliser les leviers municipaux, proposant notamment la gratuité des premiers mètres cubes d’eau, avec une tarification progressive ainsi que l’expérimentation de la gratuité des bus le week-end. Souhaitant développer en parallèle, des achats groupés d’énergie et étendre cette logique à d’autres domaines comme les assurances ou la santé.
Il y a aussi les volets de l’éducation et de la santé des plus jeunes au cœur du programme, avec en perspective, la création d’un service municipal de santé scolaire doté d’infirmières, à l’image de ce qui se fait déjà à Clermont-Ferrand et l’engagement d’un ATSEM présent dans chaque classe de maternelle auxerroise. Concernant les habitants plus âgés, Mani CAMBEFORT souhaite voir Auxerre obtenir le label « Ville amie des aînés » : « ce n’est pas juste un label pour faire joli, à apposer à l’entrée de la ville pour se donner bonne conscience, mais une démarche exigeante… ».
La sécurité renforcée sans la peur ni la démagogie
Avec notamment une enquête pour évaluer leurs besoins et leurs attentes, que ce soit en matière de transports ou d’espaces publics et en point d’orgue, une feuille de route évaluée et revue tous les trois ans : « ça va être difficile, mais Auxerre se doit d’être une ville pour toutes et tous, ça n’a pas de prix et c’est un sujet non négociable… ».
Face aux difficultés croissantes du monde associatif, il promet la concrétisation de la « Maison des associations », souvent annoncée, jamais réalisée, proposant un « pacte de confiance » pour offrir une visibilité pluriannuelle sur les subventions, viatique indispensable à ses yeux, pour garantir la pérennité des actions menées. Cinquième et dernier axe de sa feuille de route : faire d’Auxerre une ville garantissant la tranquillité publique et la sécurité. Un credo qui n’est « ni un thème de droite, ni un tabou de gauche. Ce n’est pas un épouvantail, ni un slogan électoral. Ça ne doit surtout pas être l’apanage de ceux qui veulent mener un combat politique exclusivement nourri par la peur et par la démagogie ».
Privilégiant une approche plus équilibrée plutôt que des discours anxiogènes et autres promesses sécuritaires sans effet : « prévenir autant que possible et interpeller autant que nécessaire », il propose de rétablir les correspondants de nuit, supprimés sous le mandat actuel et de créer en parallèle des correspondants de jour, afin de renforcer la prévention et la médiation. Un dispositif qui viendrait en appui d’une police municipale recentrée sur ses missions.
Le printemps 2026 sera-t-il celui de renouveau pour la gauche auxerroise ? Réponse dans cinq mois tout juste après le premier tour de scrutin. Pour l’heure, la dynamique est en marche à en juger par l’enthousiasme des militants et sympathisants présents au Silex qui, avant d’entonner une « Marseillaise » de circonstance, se sont pris à rêver, en écho aux paroles de « Bella Ciao », ponctuant comme de tradition tout rassemblement de gauche : « Una mattina mi sono alzato ». Un matin, je me suis réveillé…
Dominique BERNERD