De l’émotion. A fleur de peau. Il s’agace quelque peu en tapotant sur les micros, placés devant lui durant plusieurs secondes. La pendule de l’hémicycle du Conseil départemental de l’Yonne indique l’heure, il est 10h22. Obtenant 34 voix contre 7 à son adversaire, le représentant de l’opposition, Yves VECTEN, le président par intérim de la vénérable institution Grégory DORTE valide de manière élective son mandat, succédant ainsi au regretté Patrick GENDRAUD, dont il était très proche, dans le fauteuil de président de l’exécutif. Son seul mot d’ordre : se mettre au travail en se relevant les manches…
AUXERRE : C’est fait ! Le Conseil départemental de l’Yonne a désigné son nouveau président, lors de la session accueillie en cette matinée du vendredi 31 janvier à la Pyramide, siège de l’assemblée représentative. Les quarante-deux élus en présence – seulement deux manquaient à l’appel mais avaient donné procuration - ont pu exprimer leur choix dans cette joute électorale interne qui opposait in fine seulement deux candidats : le représentant de la majorité de la droite, du centre et des indépendants, le maire de Pont-sur-Yonne, Grégory DORTE – il officiait depuis le retrait aux affaires de Patrick GENDRAUD en qualité de président par intérim – et celui du groupe de l’opposition, Yves VECTEN, maire d’Escamps.
Une pirouette de dernière minute mit fin au suspense annoncé par voie de presse ces jours derniers avec la possible candidature de l’ancien député de la deuxième circonscription et ex-président du Département, André VILLIERS. Celui-ci finalement expliqua dans une brève intervention sa décision de ne pas affronter un autre candidat de la majorité départementale, faisant preuve de sagesse de l’avis des autres élus de l’Yonne, en se retirant et en soutenant l’initiative logique du maire de Pont-sur-Yonne.
Un score net et clair, sans appel !
Quant à la candidature d’Yves VECTEN – il devait in fine récolter les six voix habituelles de l’opposition plus une, ce que ne manqua pas de saluer la conseillère Frédérique COLAS avec un zeste d’humour ! -, elle se justifiait par principe démocratique afin de faire entendre la voix de l’opposition. Sans autre prétention, visiblement puisque Yves VECTEN ne se lança nullement dans un discours programmatique pour l’avenir du territoire.
En l’espace de deux heures à peine, la chose fut donc entendue au terme de ce scrutin sans réelle surprise. Il fut conforté par l’implacable décompte monocorde des bulletins tirés de l’urne par le tandem Frédérique COLAS et Michel DUCROUX, à la manœuvre en qualité d’assesseurs, un décompte évidemment favorable à Grégory DORTE après vérification du pointage. Le score est sans appel : 34 voix pour le premier vice-président de l’exécutif, devenu président intérimaire, contre sept obtenus par le candidat de l’opposition. On notera un bulletin blanc, tombé là par hasard ?!
Entre émotion et remerciements, les premiers mots du président élu
Appelé par Colette LERMAN qui procédait au bon déroulé de cette élection « présidentielle » départementale, Grégory DORTE se rendit sur l’estrade pour y siéger à sa place de président. Il devait y prononcer ses premiers mots de nouvel élu. Non sans émotivité…
« J’ai une pensée pour plusieurs personnes, dit-il après les remerciements d’usage à l’ensemble de ces collègues votants. Un blanc. Et des larmes qui embuent petit à petit les yeux du nouveau président. « J’ai une pensée pour mon père. C’était un être extraordinaire… ». Les sanglots s’étouffent à peine dans la voix avant que l’orateur ne reprenne le fil de ses commentaires : « il m’a apporté les valeurs de la loyauté et de la droiture… ». Puis, un silence lourd qui s’en suivit. « Il est parti trop tôt… ». Puis, ce sera le souvenir de son oncle et de sa mère. « Elle m’a inculquée la patience… ». La famille, ensuite. Avant que le président n’évoque son épouse. « Elle est la bonté incarnée, elle m’a appris la bienveillance et la tempérance… ». Enfin, Grégory DORTE ne put conclure ce préambule personnel, à chaud, sans évoquer la mémoire de son mentor en politique, le regretté Patrick GENDRAUD, son prédécesseur disparu le 01er janvier dernier.
Puis, s’adressant à André VILLIERS – il le remerciera au passage -, Grégory DORTE eut cette petite phrase énigmatique : « la politique me surprendra toujours, mais je vais faire mes armes… ».
Bien sûr, les premiers mots de l’heureux impétrant se rapportèrent aussi au budget du Conseil départemental dans un contexte conjoncturel et économique complexe à plus d’un titre.
« Il nous faut maintenir notre tissu social, sportif et culturel sans oublier toutes ces associations que nous devons soutenir absolument, elles font le ciment de notre société. Elles permettent de conserver la concorde dans notre pays qui est fortement bousculé et qui en a beaucoup besoin… ».
Grégory DORTE invita ses collègues à relever les manches et à se remettre très vite au travail.
« Les défis à relever sont importants ! ». Avant de redéfinir le rôle de ce département, outil de proximité permettant de lutter contre les extrêmes qui peuvent attirer les sirènes de nos concitoyens. Le tout couronné par un tonnerre d’applaudissements.
Thierry BRET