Elle a même poussé le luxe de venir sur place avec les croissants, chouquettes et autres gougères ! Il est vrai que cette dernière gourmandise bien de chez nous fait partie des spécialités dont elle vante le goût incomparable parmi les cénacles parisiens qu’elle fréquente avec son étiquette de parlementaire, mais aussi en qualité de présidente d’une fameuse association. Mais, aujourd’hui, elle a fait fi de ses préférences culinaires pour venir en soutien du monde agricole, celui représenté par la Coordination Rurale qui proteste dans le froid à Auxerre…
AUXERRE : Elle ne craint pas le froid, la députée de la deuxième circonscription de l’Yonne ! Une paire de gants noirs lui protégeant les mains, un foulard aux coloris chatoyants lui couvrant le cou et un chaud manteau rouge lui permettant de braver gaillardement les températures quasi polaires de ce petit matin blême et incertain du début de semaine, et voilà Sophie-Laurence ROY sur le pied de guerre, rue du Temple – tiens, tiens, mais ce n’est pas vraiment sa circonscription ! -, pour encourager la poignée de manifestants du monde agricole qui remettent le couvert contre l’Etat afin d’obtenir enfin quelque chose !
Sur le pont des revendications dès 08 heures du matin par une telle froidure, il ne fallait pas oublier de se réchauffer près d’un brasero flamboyant, d’ingurgiter un salvateur café chaud et de reprendre des calories au passage en se sustentant des viennoiseries en provenance d’un boulanger-pâtissier artisanal amenées par l’élue de l’Yonne. De quoi joindre l’utile à l’agréable, non ?! Et de faire, pourquoi pas, une publicité indirecte aux célèbres gougères que la parlementaire encense dès qu’elle en a l’opportunité ?!
Plus sérieusement, Sophie-Laurence ROY voulait soutenir les représentants de la Coordination Rurale, au cours de leur matinée de protestation – ils avaient coupé l’entrée de la Rue du Temple avec tracteurs à l’appui – afin de faire entendre leur voix. Auprès des élus, de l’Etat et des institutionnels mais aussi de la population frigorifiée.
« Rien n’a été fait pour les agriculteurs… »
« Ma présence à leur côté s’imposait car la Coordination Rurale est composée de professionnels qui possèdent des exploitations à dimension humaine, souligna la députée de l’Yonne, ce sont un peu les TPE et PME de la filière agricole. Ce sont aussi ceux que l’on ignore le plus dans la corporation parce que leur siège social national ne se situe pas à trois pas des bureaux des ministres ! ».
Puis, soudain, une vive explosion, non loin de là ! Temps mort dans la conversation, interrompue du fait du tir d’un effaroucheur servant d’ordinaire à effrayer les oiseaux dans les champs !
« Les agriculteurs de la Coordination Rurale représentent exactement la typologie de Français pour lesquels je me suis investie en politique, ajoute-t-elle une fois la surprise du bruit passée, en me présentant aux dernières législatives… ».
Analysant le contexte de cette crise agricole qui perdure depuis un an, Sophie-Laurence ROY est à la fois catégorique et ironique : « c’est simple, en un an, la France a eu quatre Premiers ministres, quatre ministres de l’Agriculture et tous n’ont rien fait ! C’est une honte ! Cela traduit le comportement de la gouvernance macroniste qui ne sait faire qu’une seule chose, « je parle, je parle, je parle… » ! ».
Une banderille que la parlementaire décoche avec le sourire, après avoir goûté furtivement à l’un de ses croissants.
« J’ose espérer que cette fois-ci avec ce gouvernement dirigé par un Premier ministre qui a eu le job de sa vie, les agriculteurs ne seront pas seulement écouté mais qu’ils obtiendront enfin le fruit de mesures prises dans l’intérêt des Français… ».
Une éleveuse plus visitée par le loup que par les ministres !
Parmi ces mesures indispensables, l’élue de l’Yonne cite la disparition des normes excessives imposées par l’Europe. Une Europe qui, selon elle, depuis Bruxelles et Strasbourg décident de tout pour le monde entier.
Sa présence à Auxerre, hors de sa circonscription, Sophie-Laurence ROY l’argumente volontiers : « il y a des agriculteurs qui viennent de ma circonscription et que je voulais soutenir ! ».
Des professionnels de la filière que l’élue, lors de sa courte campagne d’environ trois semaines seulement – le laps de temps minimum laissé par l’Etat lors des législatives de l’été dernier – avait pris soin de rencontrer à plusieurs occasions. Notamment Laurence BODIN, éleveuse dans la partie orientale de notre territoire : « son exploitation est beaucoup plus visitée par les loups que par les ministres ! ».
Un message que Sophie-Laurence ROY n’a eu de cesse de marteler en discutant avec la vingtaine de manifestants refroidis par les conditions météo : « je suis là pour défendre la France des territoires, et pas celle des élites parisiennes et de Bruxelles qui prétendent mieux savoir ce qui convient aux autres ! C’est vrai pour le domaine de l’agriculture, ça l’est tout autant pour le secteur de la santé… ».
La pensionnaire du Palais Bourbon a adressé, par ailleurs, il y a quelques jours une lettre explicative au ministère concerné, à propos de la non-nomination d’un médecin généraliste, originaire du Venezuela à Tanlay.
« Je n’ai toujours pas eu de réponse, constate-t-elle avec un brin d’amertume, mon collaborateur parisien a pour mission de harceler le cabinet du ministre de la Santé parce que je ne vais m’arrêter à l’envoi d’une seule lettre ! Je veux rencontrer le ministre. Parce que l’accès aux soins est prioritaire dans notre territoire… ».
Une ultime bouchée de croissant avalée, avant de saluer les protestataires du monde agricole et revoilà partie la « dame au manteau rouge » en direction de la capitale pour une nouvelle session dans l’hémicycle.
Une nouvelle réunion de travail avec l’audition de Pierre MOSCOVICI, président de la Cour des Comptes, l’attend d’ici quelques heures : « j’aimerai quand même qu’il nous explique pourquoi le gouvernement a pu se tromper à ce point dans ses évaluations budgétaires ! Et que l’on comprenne les véritables origines de cette dette abyssale… ».
Pas sûr qu’elle obtienne les réponses à sa question !
Thierry BRET