« On a touché le fond » ! Interrogée lors de la conférence de presse habituelle d’avant session plénière sur le contexte politique actuel, vécu par l’Hexagone toujours plongé dans la perplexité et en attente de la nomination d’un locataire à Matignon, la présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté Marie-Guite DUFAY s’est montrée plutôt critique à l’égard de la gouvernance et du chef de l’Etat. Des atermoiements qui sont la conséquence logique puisque la dissolution était inévitable, selon la responsable de l’exécutif de la contrée…
DIJON (Côte d’Or) : Comme il en est de coutume lors des points que son service de communication organise avec la presse avant chaque réunion de l’assemblée plénière, la présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté Marie-Guite DUFAY a réagi à la situation politique actuelle. Une prise de position, à la suite d’une interrogation de l’un de nos confrères de la PQR sur la nomination tardive du successeur de Michel BARNIER.
« Je pensais qu’il y aurait une censure du gouvernement mais après le vote du budget, précise-t-elle, je pensais que le Rassemblement National voterait le budget… ».
Observatrice, la présidente de l’exécutif régional avait remarqué que plusieurs éléments allaient dans le sens de la censure courant novembre. Un long processus s’inscrivant dans la logique des choses, après la dissolution de juin dernier, débouchant sur des élections législatives ne donnant aucune majorité à la gouvernance élyséenne.
« Pourtant, le pôle rassemblant toutes les forces de gauche était arrivé en tête après avoir prôné un front républicain contre le RN et cela fut un succès lors du second tour de ces élections. Or, au bout du compte, poursuit l’élue socialiste de Franche-Comté, le gouvernement qui nous a été proposés ne comporte aucun représentant des forces de gauche, ni du front républicain. Un front républicain qui aura, doit-on le rappeler, permis à un certain nombre de députés de droite et du centre d’être élus… ».
Des choses totalement bancales…
Avec en substance, une minorité issue de la droite qui sera mise en exergue au sein du dernier gouvernement BARNIER. « C’était quand même partir d’un point de vue historique de la manière la plus bancale possible, constate-t-elle.
Certes, la France n’est un pays possédant la culture du compromis dans la manière d’aborder la politique, a contrario de l’Allemagne ou d’autres pays du nord de l’Europe.
« Chez nous, chaque composante vient déposer ses amendements dans l’hémicycle sans s’interroger sur ce que l’on peut prendre des uns ou des autres, insiste l’interlocutrice. Le problème, c’est ce que nous avons eu un Premier ministre qui a plus regardé ce qu’il pouvait avoir comme deal avec le Rassemblement National plutôt qu’avec les forces de gauche parce que le RN était à la manœuvre… ».
On connaît la suite avec le dépôt de la motion de censure proposé par la gauche, soutenu par les représentants du parti mariniste.
Que l’Elysée s’intéresse aussi à l’autre bord
« On a touché le fond, le répète sciemment Marie-Guite DUFAY, et moi qui suis d’un naturel optimiste, je me dis que quand on a touché le fond, forcément on se relève en s’y prenant autrement ! Il faut que le Président de la République cesse de regarder toujours du même côté et s’intéresse à l’autre bord. Il faut donc aller chercher un chef de gouvernement dans les rangs de la gauche… ».
Toutefois, prévient-elle lucide, « il faut qu’il y ait une volonté de la gauche d’aller également dans le sens du compromis ». Une position défendue par le Parti Socialiste.
« Il est nécessaire que ce gouvernement comporte des représentants du « macronisme » mais également de la droite et du centre droit, sans oublier des élus des forces de gauche. C’est une question de responsabilité dans l’intérêt national… ».
Abandonner les choses auxquelles les formations politiques font référence devient presque vital pour l’avenir du pays. « Il faut pouvoir s’ouvrir à ses voisins et cela est valable dans les deux sens, à gauche comme à droite… ».
Moralité : plutôt que de toucher le fond, il serait grand temps que la culture du compromis et de l’intérêt national prime dans ce pays.
Thierry BRET