Bonnet et écharpe lui permettant de mieux se protéger de la fine pluie et du vent froid qui accompagnaient les agriculteurs sur le rond-point de l’Europe, jeudi en début de soirée, la sénatrice Dominique VERIEN tenait à être présente à ce rassemblement revendicatif de la filière agricole de l’Yonne, mobilisée à Auxerre contre les accords (toujours en discussion) du MERCOSUR, le marché économique commun de l’Amérique du Sud. Une météo incertaine à l’image de la conjoncture économique qui ne l’a pas empêché de s’exprimer…
AUXERRE : Le bonnet bien rivé sur la tête, l’écharpe blanche la protégeant des premiers frimas de l’hiver qui s’amorce avec un peu d’avance, la sénatrice de l’Yonne Dominique VERIEN n’a pas hésité à se frayer un chemin parmi la circulation automobile dense de cette fin de journée pour rejoindre le terre-plein central du rond-point de l’Europe, hier soir à Auxerre, dès les premières minutes du lancement du rassemblement de protestation agricole, organisé par la FDSEA de l’Yonne et les Jeunes Agriculteurs 89.
S’entretenant longuement avec le président de la Fédération départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de notre territoire, Damien BRAYOTEL, non loin du « feu de la colère » érigé tel un feu de la Saint-Jean au centre du rond-point, la parlementaire, originaire de Saint-Sauveur-en-Puisaye, a pu nous livrer ses impressions à l’issue de cet échange.
« Les agriculteurs n’ont pas à subir une telle concurrence déloyale »
Un soutien légitime pour Dominique VERIEN : « Les agriculteurs ont vécu une très mauvaise année. Suite à leur mouvement de protestation de l’hiver dernier, le gouvernement s’était pourtant engagé à prendre un certain nombre de mesures. Un texte de loi a déjà été voté à l’Assemblée nationale mais malheureusement, la dissolution aura eu pour conséquence de tout arrêter. Au Sénat, nous sommes prêts à reprendre ce texte parce qu’il est très important que ces professionnels puissent vivre de leur travail en leur simplifiant la tâche. Il était normal que je vienne soutenir leur mouvement… ».
Une élue nationale qui comprend également les craintes engendrées par les accords du MERCOSUR.
« C’est un sujet délicat quand on est parlementaire, concède-t-elle, sur le fond, l’agriculture y perd tandis que d’autres industries sont gagnantes devant l’application de ce traité commercial. Mais, je pense que les agriculteurs n’ont pas besoin aujourd’hui de subir une telle concurrence déloyale. Importer des produits d’Amérique du Sud alors que l’on n’arrive pas à obtenir les clauses « miroir » sur les produits qui vont être importées, c’est complexe… ».
Une sénatrice signataire de la pétition des 600 parlementaires contre les accords
Non loin de là, un tracteur amène du combustible pour alimenter le feu qui prend naissance et éclaire quelque peu la scène. Une scène où la bruine ne gêne pas la bonne humeur des manifestants.
« En étant présente à leurs côtés, ajoute la sénatrice, je voulais leur montrer que je les soutenais ! ».
Un soutien qui n’est nullement de façade puisque la parlementaire a également acté par l’écrit ce geste fort en signant, à l’instar de six cents de ses collègues, une pétition contre les accords du MERCOSUR.
Dominique VERIEN regrette que le projet de loi, au demeurant très attendu et devant aussi faciliter la transmission des exploitations agricoles, ait été bloqué lors de l’épisode de la fameuse dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier.
« Nous interpellions dès le mois de septembre au Sénat le gouvernement en rappelant l’urgence de ce dossier, souligne l’interlocutrice, mais la ministre de l’Agriculture nous a répondu qu’il fallait attendre le mois de janvier, et le vote du budget. Le gouvernement ne pouvant pas être sur tous les fronts… ».
Une agriculture sacrifiée sur l’autel de…l’industrie
Toutefois, l’élue de l’Yonne reconnaît l’urgence du dossier qui ne doit pas être oublié. Surtout par le Sénat !
« Nous sommes les représentants de la chambre des territoires et plus particulièrement des territoires ruraux et agricoles, affirme-t-elle, a contrario, j’espérais qu’Annie GENEVARD, nouvelle ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, s’emparerait du sujet immédiatement, étant franc-comtoise et connaissant bien le milieu rural. Mais, bon, attendons de voir en janvier ce qu’il en adviendra… ».
Déplaçant le curseur vers Bruxelles, Dominique VERIEN espère que l’Europe ne signera pas ces accords du MERCOSUR en l’état.
« D’autres pays nous rejoindront à coup sûr comme l’Italie, l’Autriche, la Pologne. L’agriculture a été un peu sacrifiée sur l’autel de l’industrie. Mais, notre vraie fragilité provient de notre solitude. Il faudrait être tous trans-partisans pour dénoncer ces accords préjudiciables à l’agriculture européenne… ».
Le message est on ne peut plus clair. Dominique VERIEN n’a pas seulement fait acte de présence. Se promettant de suivre l’évolution du dossier avec grand intérêt…
Thierry BRET