C’est finalement l’enseigne allemande « LIDL » qui succédera aux « Mousquetaires » d’Intermarché dans les Hauts d’Auxerre. Les habitants du quartier Saint-Siméon, venus au rendez-vous que leur avait donné Crescent MARAULT vendredi soir, ont eu la primeur de l’information. D’autres sujets étaient sur la table, comme le remplacement de l’agence postale par une maison « France Service », la vidéosurveillance ou la mise en œuvre depuis la rentrée du nouveau réseau de bus qui, à en juger par les vives réactions de certains, est loin de faire l’unanimité.
AUXERRE: Le souvenir du climat tendu dans lequel s’était déroulée l’an passé la première édition de ces réunions publiques, suite à la fermeture d’Intermarché, était encore dans toutes les mémoires, alors autant dire que les déclarations du maire d’Auxerre sur le sujet étaient attendues ! Le « scoop » a été dévoilé rapidement par Crescent MARAULT et l’annonce de l’arrivée de l’allemand « LIDL », a été perçue comme un soulagement pour nombre de personnes présentes, même s’il leur faudra encore s’armer un peu de patience face aux 12 à 18 mois de travaux envisagés pour requalifier le bâtiment. Exit l’ancienne galerie marchande jugée « trop sombre », remplacée par une remise en façade des différents commerces existants. L’enseigne low-cost n’étant intéressée que pour reprendre 2 000 m2 de la surface existante, des activités annexes viendront se greffer au projet a expliqué l’élu auxerrois : « pour augmenter la visibilité des commerces, un court de paddle occupera la partie centrale, complété par des activités de distribution spécialisée restant à trouver… ». En projet également une couverture des toits avec des panneaux photovoltaïques.
La présence postale parmi les sujets de discussion
Quid de l’agence postale aujourd’hui fermée ? Des discussions sont en cours avec la préfecture pour maintenir une présence sous forme d’une maison « France Service ». Une solution insuffisante, selon cette opposante à la politique municipale, qui en a rappelé les limites : « vous avez l’air de faire croire que La Poste restera là, mais qu’en sera-t-il des services bancaires, des envois recommandés et de tout ce qui demande de la confidentialité, compte tenu d’un personnel non assermenté ? ». Voyant dans le dispositif annoncé, « une dégradation du service public pour les gens du quartier… ». Contrairement à la demande de certains riverains, il ne sera pas installé de ralentisseur boulevard de Verdun. « Ce n’est pas du ressort de la ville, souligne le maire, qui pour cela, « invite à saisir les services de l’Etat et du département, moi je n’ai pas le pouvoir… ». Face aux incivilités qui se multiplient, routières et autres, Crescent MARAULT croit plus aux vertus de la vidéo surveillance, particulièrement, lorsqu’elle est suivie de vidéo verbalisation, comme avec le dispositif CSV (Centre de Surveillance Unique). Une centaine de caméras pourraient être déployées sur Auxerre, pour un investissement de l’ordre d’un million d’euros. Assistées par l’intelligence artificielle, elles permettraient d’identifier tout comportement potentiellement à risque. Les tractations étaient bien engagées avec le ministère de l’Intérieur pour récupérer 450 K€ de subventions mais la dissolution est passée par là, rabattant les cartes : « j’étais plutôt bien avec lui mais pas de chance, on a changé de ministre ! J’espère que le suivant aura le dossier sur son bureau et qu’il reste en haut de la pile… ». Comptant bien pour cela, sur l’appui de l’ancien préfet de région, Franck ROBINE, parti rejoindre le cabinet de Bruno RETAILLEAU.
La baisse des dotations et leurs conséquences sur l’Auxerrois
Les modifications apportées au réseau de transport urbain depuis la rentrée sont loin de faire l’unanimité et soulèvent beaucoup d’interrogations, notamment le fait que les élèves du quartier fréquentant le collège Albert-Camus, soient contraints d’emprunter une correspondance pour s’y rendre. Cet habitant s’interroge : « détourner une ligne de bus pour aller au collège directement, est-ce que vraiment, ça va mettre les finances de la mairie en faillite… ? ».
Si le budget mobilité « pèse » 9 millions d’euros dont la moitié en provenance des entreprises et 1,5 M€, de l’ensemble des communes de l’agglomération au titre du principe de solidarité, il n’est pas extensible rétorque Crescent MARAULT : « mettre des bus directs, c’est plus d’argent et c’est encore la facilité, où je ne vois que des intérêts spécifiques en oubliant que l’on est dans un collectif. Et à un moment donné, si on ne fait pas attention, il y aura des gens qui ne voudront plus payer pour les autres ! ».
Une inquiétude accentuée par le fait que le plan d’économies annoncé cette semaine par le Premier ministre Michel BARNIER ne pourra qu’engendrer une baisse des dotations pour les collectivités « 60 milliards, c’est énorme ! Avec François HOLLANDE, c’était 35 milliards et on a souffert, mais là, c’est le double et ça va coincer, c’est sûr ! Si on ne fait pas attention, on va se prendre les pieds dans le tapis, il faut juste qu’on essaie de trouver une articulation sinon, on n’y arrivera pas… ». Rappelant que le plan d’économies sous l’ère HOLLANDE avait entraîné une baisse de 10 millions d’euros de dotations pour l’agglomération auxerroise.
Règlements de compte tous azimuts !
Ils étaient nombreux à être dans le collimateur du maire d’Auxerre, qui a grand ouverte la « boîte à gifles » ! Qu’il s’agisse de l’Etat… : « on se retrouve dans une situation où l’Etat est en train de se défausser sur nous. On nous charge la barque, on nous donne de moins en moins de moyens pour la faire avancer et on est en train de nous faire porter le chapeau… » ; du nouveau Premier ministre… : « même le Premier ministre est en train de nous dire que ce qu’il fait, ce n’est pas de sa faute mais parce qu’on lui a demandé de le faire ! Mais il n’est même pas convaincu de ce qu’il fait », du Conseil départemental… : « je n’en parle même pas, c’est panique à bord ! Le département en ce moment se retire de plein de dispositifs, on ferme tout ! Des dispositifs qui, pour certains, nous concernent, je sais déjà que sur le Conservatoire, il va réduire sa participation », ou bien encore, des parlementaires… : « ce que je fais là, vous savez ce que c’est ? C’est le boulot d’un parlementaire ! Vous les voyez vos parlementaires ? Non ! Même moi, je ne les vois pas… ».
Egratignant au passage ses prédécesseurs à l’évocation des travaux de rénovation du Conservatoire de musique : « un état de vétusté incroyable ! Quand on ne fait pas les travaux en temps et en heure, cela finit par coûter beaucoup plus cher et comme on n’a jamais rien fait depuis les années 70, la facture, c’est 10 millions d’euros ! ».
Même ses opposants ont eu droit à leur petit mot : « j’ai hâte d’être en 2026 car quand vous allez faire des propositions, je vais les chiffrer et vous nous expliquerez comment trouver de l’argent. J’attends avec impatience, ça va être passionnant ! »
Des propos sibyllins pouvant laisser entendre que Crescent MARAULT se positionne déjà pour briguer un nouveau mandat…
Dominique BERNERD