L’Europe face aux drones russes : le déni américain…
Serait-il victime de profonde cécité, le président américain ? De problèmes de myopie ou de presbytie qui lui ôteraient tout discernement constructif et logique dans sa vision stratégique envers ses alliés traditionnels, ceux issus du continent européen ? Un aveuglement intempestif qui ne cesse de s’aggraver au fil des mois depuis que le locataire de la Maison Blanche est arrivé au pouvoir et s’est mis dans l’idée entêtante de recevoir à tout prix le Nobel de la paix, quitte à renier les valeurs originelles du parti Républicain, jusque-là foncièrement opposé à pactiser avec le diable ? Rouge, de préférence !
On connaissait son appétence très particulière à apprécier les autocrates et les dictateurs de tout poil, voire les hommes forts, notamment ceux qui viennent de l’Asie centrale et de son extrême, mais là, Donald TRUMP semble dépasser les bornes dans ses jugements et appréciations sur le déroulement des dernières actualités.
Notamment depuis le récent épisode, cette semaine, qui vient de secouer très fortement le cocotier du flanc oriental de notre continent européen, après qu’une vingtaine de drones originaires de Russie (et fournis par les Iraniens) n’aient terminé leur trajectoire dans les champs de céréales (ou sur les toitures des habitations) de quelques agriculteurs polonais, encore dépités et apeurés devant l’ampleur du drame. Le pire aura été évité : on ne déplore aucune victime…
L’épisode des drones sur la Pologne : un nouveau déni !
Vingt-sept engins, très précisément, ayant largement franchi dans la nuit de mercredi à jeudi, la frontière entre l’Ukraine et la Pologne, voire la Biélorussie et la Pologne, et qui se sont enfoncés en profondeur vers l’ouest, à parfois 400 kilomètres de la zone de conflit existant sur le sol ukrainien. Alors que le commandement de l’OTAN n’a pas hésité une seule seconde à enclencher le processus de destruction de ces objets volants clairement identifiés – les avions F 35 et F 16 de conception…américaine ont nettoyé le ciel de toutes ses scories en les détruisant, mobilisant au passage les avions de chasse de plusieurs pays européens de l’Alliance Atlantique - ; le président américain du fond de son bureau ovale ou peut-être du practice de golf où il passe une grande partie de son emploi du temps a très laconiquement commenté la situation, en annonçant que cela ne pouvait pas être une agression de la part de Moscou mais sans aucun doute…une « erreur » !
A croire que ses services secrets ne sont pas précipités pour écouter les avis convergents des spécialistes militaires du reste de la planète qui eux n’ont pas l’ombre d’un dote quant à l’intentionnalité de cette opération surprise, faisant office de test grandeur nature sur nos capacités de réaction.
Drôle d’erreur en vérité, même si les drones n’étaient pas équipés de charges explosives mais procédaient à un survol méticuleux mais pas inaperçu de la zone de ravitaillement militaire, sise en Pologne et située à la frontière orientale avec l’Ukraine. D’ailleurs, à ce propos, Varsovie comme l’ensemble des capitales européennes (et de l’OTAN) ont réagi dans ce sens, y compris les Etats-Unis le soir même ou presque à la tribune du Conseil de sécurité des Nations Unies, en protestant officiellement contre les incartades provocatrices et répétitives de la Russie vers les territoires de l’OTAN. Sic ! « Non, ce n’était pas une erreur ! dixit Varsovie !
Vers le déclin américain dans son rôle de puissance mondiale ?
Certes, Donald TRUMP considère aujourd’hui que son « ami » Vladimir POUTINE ne se précipite pas à la vitesse olympique à la table des négociations pour trouver un compromis pouvant mettre un terme à cette boucherie d’un autre âge, via un cessez-le-feu ou un accord de paix, dans cette guerre qu’il a lancée en 2022 en Ukraine en dépit du bon sens et contre l’avis de ses généraux. Ce qui l’irrite au plus haut niveau. Mécontent, déçu, dépité par tant de mensonges et d’inconstance, d’impatience en camouflets, de litanies en désillusions, chacun se demande jusqu’où et combien de temps Donald TRUMP acceptera-t-il d’être ainsi baladé ainsi par l’homme fort et roublard du Kremlin ?!
L’aveuglement persistant du président américain et le refus de prise de position tranchée en faveur du camp occidental dont il est pourtant le premier représentant du fait de sa puissance est en train, assurément, de le décrédibiliser au niveau international.
Si les Alliés traditionnels s’en trouvent totalement marris, aujourd’hui, ce qui ne peut qu’engendrer qu’inquiétudes, désillusions et craintes à l’avenir pour la sauvegarde de nos démocraties et de nos libertés, les adversaires et rivaux habituels des Etats-Unis d’Amérique, eux, se frottent les mains avec jubilation !
Que ce soit la Chine, la Russie, la Corée du Nord, l’Iran et les autres pays de l’axe du mal économique ou militaire, mobilisés contre l’Occident, tous apprécient et encouragent le déni actuel (et absurde) de Washington envers la protection de l’Occident et de ses valeurs.
Cela aura pour double conséquence de précipiter un peu plus le déclin et la respectabilité grâce à la force des Etats-Unis en tant que première puissance mondiale et de pousser tous les autocrates de la planète à s’affranchir des règles imposées par le droit international et de nous plonger un jour ou l’autre vers cette fameuse Troisième Guerre mondiale dont tout le monde parle en boucle à tort et à travers, dorénavant.
Le prix Nobel de la paix, longtemps espéré par le président américain, pourrait à terme se transformer en accélération sans retenue vers la guerre, à l’instar de la nouvelle appellation de son ministère de la Défense, renommé il y a peu ministère de la guerre. Cela ne s’invente pas et est sans doute prémonitoire…
Thierry BRET