Le réveil est brutal pour les Européens. Même chez les Atlantistes les plus convaincus. Il n’aura fallu finalement que six semaines à peine pour que le puissant allié américain, sous la tutelle de la nouvelle administration républicaine, ne détricote d’un coup sec plusieurs décennies de cordiale entente et amitié, au détriment des valeurs de respect mutualiste qui existaient entre nos peuples, tant unis dans l’espoir et la souffrance depuis les folles années de guerre du XXème siècle.
Au nom du dollar, du business et du fric à tout prix, voire de l’impérialisme exacerbé l’impétueux et imprévisible Donald TRUMP, accompagné d’une kyrielle de sbires du même acabit qui le suivent comme des serviteurs dociles en buvant ses paroles, a donc choisi de donner un grand coup de pied dans la fourmilière mondiale, cassant ainsi les codes et bafouant le droit international, en guise de signature stupéfiante de ce que sera son second mandat jusqu’en 2029.
A la surprise générale des gentils et trop naïfs européens, ou des alliés naturels du pays de l’Oncle Sam, qui n’y ont vu que du feu ou qui n’ont pas voulu croire ce que finalement le président républicain affirmait de longue date lors de chacune de ses prises de parole enflammées durant la ténébreuse campagne électorale, indigeste à souhait…
C’est sûr ; le peuple américain est souverain dans ses choix démocratiques. Ce n’est pas nous, Français, qui diront le contraire. L’élection incontestable du milliardaire américain s’inscrit dans la plus pure logique des choses ; à partir de préceptes nationalistes, protectionnistes et individualistes. Nous avons les mêmes courants de pensées de l’autre côté de l’Atlantique, c’est-à-dire par chez nous.
Pour autant, les Américains, porte-flambeaux de la démocratie, de la liberté et des valeurs chères à nos yeux – le rêve américain de la réussite et de l’élévation sociale dans toute sa splendeur – s’imaginaient-ils un jour devoir copiner en faisant ami-ami à tout crin avec le régime du Kremlin, dont on connaît l’étroitesse d’esprit – c’est le moins que l’on puisse dire – en matière de liberté d’expression, de démocratie et de liberté tout court…Un régime russe qui pactise avec la Corée du Nord et l’Iran, sous le regard bienveillant de la Chine.
Ce n’est plus un renversement de tendance ni d’alliance comme le précisent bon nombre d’observateurs de l’Hexagone dans leurs billets de géopolitique, mais bel et bien un divorce à l’américaine qui se situerait près à la limite du cocufiage pour les partenaires européens de toujours, ceux qui ont donné pourtant naissance à la puissante américaine grâce à leurs colons partis il y a plus de deux siècles occupés les terres de l’autre bout de la Terre…A la conquête du Nouveau Monde.
Bref, c’est donc une resucée de nouvelle ère qui nous guette dès à présent. Avec ses amitiés surprenantes, construites en dépit du bon sens et sur des bases qui ne correspondent plus à l’entendement logique. Les Etats-Unis d’Amérique, alliés de la Russie, pour mieux casser la Vieille Europe et le monde occidental. Qui l’eut cru ?
Et comme le dit l’adage, il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis ; les Européens trop dépendants de la puissante Amérique depuis des lustres doivent revoir désormais leur copie et reprendre très vite leur destin en main s’ils ne veulent pas tomber tout cru dans l’escarcelle d’une nation américaine en proie à de profonds soubresauts idéologiques, totalement contradictoires et se rapprochant des autocraties.
Un divorce à l’américaine qui, espérons-le, ne se fera pas à l’amiable tant au niveau des droits de douane prohibitifs que souhaitent mettre en place Donald TRUMP pour pénaliser tous ses alliés historiques, ni au niveau de notre souveraineté et indépendance d’esprit. Il en va de notre survie…et de la démocratie.
Thierry BRET