Il est évident que la relation conflictuelle entre l’Algérie et la France constitue le fonds de commerce du gouvernement algérien depuis des lustres. Les ressentiments des Russes vis-à-vis des Ukrainiens, la haine des Palestiniens vis-à-vis des Israéliens est de même nature. La colère proclamée ne concerne pas nécessairement les peuples !
Durant près de trois siècles, l’Algérie est un vaste territoire constitué de tribus parfois nomades. Province sous la régence ottomane de 1587 jusqu'à 1830, l'Algérie a toujours bénéficié d'une grande autonomie. Dans ce vaste territoire vivaient des populations diverses, généralement réparties dans des tribus et encadrées par des confréries religieuses. La colonisation du Maghreb par les Ottomans concerne l’Algérie et la Tunisie (reprise à l’Espagne) mais pas le Maroc. Lorsque la France débarque à Alger en 1830, il n’y a pas véritablement de colonisation au sens moderne du terme : soumettre un pays autonome et indépendant, aux frontières parfaitement établies et face à une civilisation clairement identifiée. C’est ainsi que la France fera de l’Algérie un département français et non une colonie. Durant la période d’occupation française, les lois concernant la propriété individuelle et l’exploitation des richesses naturelles se fera au détriment des autochtones et au profit des colons. L’ambiguïté du statut de l’Algérie attisera peu à peu la colère des Algériens face aux spoliations de la France. Au fil du temps, un nombre croissant de musulmans se sont sentis déçus par la domination française et par leur manque de statut politique et économique dans le système colonial. Ce qui a commencé comme une revendication pour une plus grande autonomie s'est rapidement transformée en une guerre ouverte pour l'indépendance.
La guerre d'Algérie prend place dans le mouvement de décolonisation qui affecta les empires coloniaux occidentaux après la Seconde Guerre mondiale. Elle s'inscrit dans le cadre du combat anti-impérialiste et conduira au terme d'une histoire sociale de l'Algérie française parfois antagoniste. Soulignons, qu’au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, les Américains participeront, insidieusement, aux révoltes du Maghreb pour leur indépendance. Quelles sont les causes de la guerre d'Algérie (1954–1962) ? La guerre d'Algérie, ou guerre d'indépendance algérienne, est causée par deux évènements : la conquête de l'Algérie par les forces françaises et la montée légitime des idéologies nationalistes défendant le droit d'autodétermination. La condamnation de toute forme de colonisation est prégnante dès 1945. De GAULLE avait déclaré en confidence à un journaliste : « Si, à l’époque, j’avais déclaré que l’Algérie devait et sera indépendante, ce que je pensais, je n’aurais jamais été élu président… ». Les horreurs d’une guerre larvée, de massacres orchestrés par les dirigeants de nos deux pays, bien montée en épingle par les partis de gauche, ouvrira la porte aux invectives que l’on connaît aujourd’hui.
Qu’en est-il du rapport entre les peuples ?
Le président Algérien Abdelmadjid TEBBOUNE prend souvent la parole pour stigmatiser la politique française, rejeter tout compromis économique et financier, réduire à la portion congrue les visas accordés aux français, rejeter l’accueil des Algériens expulsés de la France… Mais en est-il de même pour la population française et algérienne ?
La 5ème session du Comité intergouvernemental de haut niveau franco-algérien (CIHN) à Alger, les 9 et 10 octobre 2022, s’est ouverte sous la direction d’Elisabeth BORNE et du Premier Ministre algérien. L’objectif étant de promouvoir des accords économiques entre les deux pays. Renforcer le dialogue politique fut souligné dans les intentions. Les deux parties sont également convenues de consolider les mobilités légales entre les deux pays qui contribuent au renforcement des échanges humains, institutionnels, universitaires, scientifiques, culturels et économiques. Ces bonnes dispositions sont aujourd’hui en stand bye, mais montre la complexité de rapports en dents de scie, mais la volonté sporadique d’œuvrer pour le bien commun.
L'Association Amitié Franco-Algérienne (AFA) trans partisane et respectueuse de la laïcité a pour objet de concourir au développement des relations amicales et au progrès de la coopération entre Français et Algériens. L'association a vocation à structurer les élus franco-algériens, et tous membres de la société civile ayant un lien avec l'Algérie, afin de porter entre les deux pays des projets de coopération décentralisée et bénéfiques aux deux pays. Les rencontres de l’AFA se poursuivent aujourd’hui dans nos deux pays, marquant ainsi la volonté des peuples de se rapprocher dans le respect des droits de l’homme.
Agir ensemble, c’est le désir profond des peuples à s’entendre
Les Français sont-ils en majorité anti-algériens, bien sûr que non. Les Algériens veulent -ils pérenniser un conflit entre la France et l’Algérie ? Toujours non ! De nombreux Algériens, ou personnes d’origine algérienne sont satisfaites de vivre en France. Elles vivent dignement dans une réalité sociale faite de travail, de domicile, d’accès aux soins… De nombreuses associations proposent des échanges sur l’art culinaire et de nombreux artistes partagent leur culture et leur savoir-faire. L’espoir de l’entente entre les peuples est au bout de la route, très loin de la considération égocentrée des dirigeants, des manipulations de certains médias et partis politiques. Il est évident que le locataire de l’Elysée a commis un acte impardonnable en qualifiant la guerre d’Algérie, de « crime français contre l’humanité » ! La volonté est présente, l’espoir est là, et arrêtons de relayer les propos de nos dirigeants vis-à-vis desquels nous sommes étrangers.
Pour les relations conflictuelles du Moyen-Orient et de la guerre russo-ukrainienne, c’est plus complexe mais aussi révèlent des signes d’espoirs pour des peuples qui désirent avant tout la paix. Soulignons cette association, qui à Tel-Aviv, réunit des femmes palestiniennes et israéliennes qui partagent leur culture sur le tricot, la couture et la cuisine. Ces femmes ont un point commun : avoir un parent tué, blessé ou prisonnier durant le conflit… Alors que j’étais maître de conférences aux universités, j’ai eu l’occasion d’échanger des recettes de cuisine avec une jeune étudiante d’origine algérienne. Elle voulait connaître la recette du « bourguignon » ! Après cet échange, elles furent plusieurs à me demander de pareils demandes… Une goutte d’eau, dites-vous ! Mais l’océan n’est qu’un ensemble de gouttes d’eau, salées…
« Pour des gens qui ne sont jamais sortis de leur peur, l'ailleurs est un abîme. » Boualem SENSAL.
Jean-Paul ALLOU