L’Europe est KO : « les Ricains » ne sont plus là !
C’est la consternation. Pire encore, un KO asséné debout, laissant groggy à en voir trente-six chandelles la plupart des chancelleries européennes qui ont bien du mal à avaler la pilule amère depuis une semaine. Une période de pure folie et de déconnexion totale avec la réalité où se sont succédé les évènements les plus dingues depuis 1945 qui devraient ternir pour longtemps les relations pourtant ô combien amicales et fraternelles jusque-là entre les deux alliés historiques de l’Atlantique. Les Etats-Unis d’Amérique ont tiré les premiers à la manière des Anglais, mais cette fois-ci, ce sont les Occidentaux, leurs amis et alliés de toujours, qui en paient les frais ! Incompréhensible car les USA viennent de se tromper de cible, lourdement !
On connaissait de longue date le manque d’empathie de Donald TRUMP envers la cause ukrainienne et son charismatique président Volodymyr ZELENSKY, aujourd’hui traité par la Maison Blanche de « dictateur » alors que le monde entier avait salué son courage ! On savait qu’une large frange des Républicains se la jouaient gros bras en shérifs arrogants et donneurs de leçon sur la liberté d’expression à travers le monde (même la puissante agence de presse américaine AP est désormais interdite aux conférences de presse présidentielle) !
On s’était déjà aperçu que le milliardaire Elon MUSK n’était pas avare en ingérences diverses et variées en tout genre pour venir troubler les élections de démocraties européennes, à l’instar de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne soutenant au passage des partis politiques ayant des relents cyniques d’autrefois. Mais, là, on vient singulièrement de toucher le fond !
Une politique transactionnelle à coup de billets verts et de terres rares
Mais, où est donc passé le rêve américain ? Celui que chantait si bien le plus américain des chanteurs français, le sympathique Joe DASSIN dans les années 70 avec son titre éponyme : « L’Amérique, je veux l’avoir et je l’aurai… ». Quand, dans le même temps, un certain Michel SARDOU rappelait à nos mémoires le rôle et le poids tout à fait légitime des GI lors de la Seconde Guerre mondiale en 1968, venus en sauveurs : « Si les Ricains n’étaient pas là, vous seriez tous en Germanie, à parler de je ne sais quoi, à saluer je ne sais qui… ».
Oui, mais, ça c’était avant ! Alors que la plupart des dirigeants du Vieux continent tirent la sonnette d’alarme sur la menace existentielle et prédatrice de la Russie et de son président aux réelles ambitions impérialistes grandissantes, notre plus puissant partenaire, tant militaire qu’économique, nous lâche in fine en rase campagne, en nous faisant comprendre que dorénavant une nouvelle ère de la géopolitique commençait, à grand renfort de billets verts et de terres rares à convoiter là où il est possible.
Les spécialistes appellent cela la politique transactionnelle de l’homme fort installé depuis un mois dans le bureau ovale de la Maison Blanche…Une affaire de fric et d’immoralité à outrance. Ainsi va le monde d’aujourd’hui et de demain, du moins pour les quatre années à venir…
En un mois de présidence, le monde est déjà bouleversé !
La morale, l’équité et la justice n’ont donc plus leur place sur cette Terre exsangue et défigurée ; surtout dans la conception actuelle de la politique américaine. Brutale, rapide, excessive, outrancière, exagérée, stupide.
En l’espace de quatre semaines, Donald TRUMP n’y a pas été avec le dos de la cuillère au nom du protectionnisme et d’un bien curieux procédé de l’isolationnisme : projet d’annexion du Groenland qui appartient depuis des lustres au Danemark (oui, mais sous la glace se concentrent des gisements abyssaux de pétrole et de gaz de schiste !), récupération du canal du Panama au nez et à la barbe d’un état souverain qui en a le contrôle, faire du Canada le 51ème état des Etats-Unis alors que nos amis du pays de l’Erable ne demandent rien, pression exercée sur le Guatemala et la Colombie pour accueillir des milliers de migrants par la force – même les Britanniques n’ont pas trop insisté pour renvoyer les leurs au Rwanda aujourd’hui en conflit avec la République démocratique du Congo, déportation – c’est le terme qui a été employé par l’administration TRUMP – de 2,5 millions de palestiniens en Egypte et en Jordanie pour raser la bande de Gaza – elle deviendrait la propriété de l’état américain – et y construire un paradis touristique avec hôtels de luxe et casinos pour Américains richissimes !, etc.
Une Europe en proie à tous les dangers
Comment en est-on arrivé là ? Pourquoi les dirigeants européens n’ont rien vu venir ou ne croyaient pas ce que Donald TRUMP leur promettait avec ses slogans virulents lors de sa fantasque campagne électorale, ravageuse face à des Démocrates, quasi inexistants ? Tiens, mais où sont-ils donc ces derniers depuis un mois que le milliardaire de New York règne désormais sans partage sur le monde qu’il souhaite diriger contre la Chine avec l’un de ses « meilleurs amis », un Vladimir POUTINE qui n’en revient même pas de cette aubaine !
Où est passée l’opposition aux Etats-Unis, pays de la liberté et de l’indépendance ?
Le coup de grâce pour les Européens et les Alliés de l’Ukraine (plus de cinquante pays, sans compter la trentaine de membres de l’OTAN) est donc tombé il y a quelques jours. Un coup de fil à Moscou comme si de rien n’était, une rencontre à Ryad, terre d’accueil de la démocratie (!), la réhabilitation du dictateur russe dans le concert international (le G7 qui redeviendrait d’ici peu le G8) et surtout la destitution en règle, façon grosse Bertha, du pouvoir ukrainien et de sa figure de proue, « corrompue » et « dictatoriale ». D’ailleurs, c’est vrai comme le précise régulièrement le narratif du Kremlin, ce sont les Ukrainiens qui ont envahi la Russie, c’est bien connu ! Ne parlons pas des massacres de civils à Boutcha et de Marioupol : encore un sujet complotiste qui n’a jamais existé comme les chambres à gaz de sinistre mémoire à Auschwitz, naturellement !
Un florilège très inquiétant pour la démocratie, nos libertés et surtout un affaiblissement sans précédent de l’Europe, vouée désormais aux gémonies et aux coups de boutoir insolents de deux « amis » de trente ans qui vont tout faire pour la disloquer et se la partager dans les mois et les années à venir…
Goodbye, le rêve américain : « the dream is over »…
Thierry BRET