Retraites : la revalorisation aux calendes grecques !
Et encore un sujet chaud brûlant pour l’actuel gouvernement ! Il n’en n’avait pas besoin, tant les difficultés s’amoncellent au fil des jours avec l’examen du budget qui permettra, peut-être à grand renfort de 49.3 de donner enfin la feuille de route de ce que sera l’année 2025 ! Et de rassurer quelque peu les agences de notations internationales qui ne nous louperont pas à la prochaine estimation en nous dégradant ?
Et s’il y a bien un domaine où nos fieffés technocrates et politiciens de tout poil se donnent beaucoup de fil à retordre au Palais Bourbon ces jours-ci, c’est bien celui de la revalorisation des retraites pour l’exercice suivant !
Bon, on connaît l’énoncé du problème. La France, exsangue au niveau de la dette publique depuis tant d’années, doit coûte que coûte réaliser des économies qui n’ont rien de minimes tant le gouffre financier qui se présente à nous est immense. Un chiffre a été lancé par le nouvel occupant de Matignon : 60 milliards d’euros. Une paille, en vérité, quand on sait que l’endettement de l’Hexagone avoisine les 4 000 milliards d’euros à date !
Mais, soyons philosophe, il faut bien démarrer par un bout de la lorgnette si l’on veut obtenir enfin des résultats qui soient favorables et probants à la convalescence nécessaire de notre pays.
Un système de double peine pour les retraités !
Et sur ce registre-là, les retraités sont dans le collimateur de la nouvelle équipe pilotée par Michel BARNIER. Logique, dirons-nous, que tous les citoyens de ce pays participent et contribuent à leur manière à l’effort national qui est demandé à chacun. Hormis, quelques exceptions.
Jusque-là, tout va bien, dans le meilleur des mondes sur le plan de la rhétorique ! Mais, là, où cela va se gâter très sérieusement pour les cheveux d’argent et les seniors de la nation, c’est le tour de passe-passe avec lequel le gouvernement est en train de leur faire avaler le potage. Une soupe, pas digne des grands chefs avec un profond goût d’amertume dans la bouche !
Primo, il n’y aura pas de revalorisation de leur retraite au 01 janvier 2025 comme il était de coutume depuis tant d’années. Secundo, le double effet « Kiss cool » arrive juste derrière avec le prétendu effort temporaire limité à la seule année 2025, qui devrait s’inscrire de facto et de manière définitive en ce qui concerne l’indexation au 01er juillet de chaque année ! Moyennant quoi, c’est la double peine pour nos anciens, dont une large frange ne roule pas sur l’or, qu’on se le dise ! A croire que les retraités ne subissent pas au quotidien les contre-coups prohibitifs de l’inflation et les coups de boutoir consuméristes des profiteurs du système, ceux qui spéculent à tout va en période de crise, c’est bien connu. Mais, que l’on se rassure, il paraît que sur les étiquettes affichées dans certains magasins, c’est le beau fixe avec une baisse mirifique d’un centime d’euro sur certains produits alimentaires ! Tout va donc très bien, Madame la marquise…
Des pertes importantes selon les retraites
Rompant avec l’usage d’appliquer la revalorisation des retraites dès le premier jour de janvier – mine de rien, cela met un peu de baume au cœur et un morceau de beurre dans les épinards pour les vieux qui se sentent de plus en plus exclus de la société -, le gouvernement de droite et de centre droit issu de l’après dissolution a donc choisi initialement dans les faits de décaler d’un semestre le réajustement des pensions de retraite de nos compatriotes. Une mesure positive pour l’Etat puisqu’elle représente une des principales sources d’économies du projet de loi de finances 2025. Avec à la clé, la récupération de 4 milliards d’euros, excusez du peu !
Mais, nos gouvernants ont-ils bien mesuré les conséquences concrètes chez bon nombre de retraités ayant de petites pensions ?
A titre d’exemple – c’est celui sur lequel s’est appuyée la députée de Côte d’Or socialiste Océane GODARD aux origines familiales icaunaises dans un communiqué adressé à la presse ces jours-ci -, « pour un retraité au SMIC (1 380 euros), ce report de six mois représente une perte d’environ 218 euros ! Pour un retraité percevant une pension moyenne de 1 530 euros, le manque à gagner équivaut à 239 euros… ».
La commission des affaires sociales se prononce contre le gel des retraites
Elle, et les autres députés du groupe socialiste, proposent une alternative plus juste, solidaire et soucieuse d’une « participation équitable aux fruits du progrès ». Un principe qui a été défini dans la déclaration de Philadelphie, de l’OIT, l’Organisation internationale du Travail…
Un projet qui a été porté en commission des affaires sociales, puis en séance plénière dans l’hémicycle du Palais Bourbon. Objectif : la suppression de cette mesure qualifiée d’inique par les opposants au gouvernement.
Ce vendredi, les membres de cette commission se sont donc prononcés contre le gel des pensions de retraites. De manière très nette, apparemment, en recueillant les voix des élus de gauche, du Rassemblement National, de la droite républicaine et même de fidèles « macronistes » ! Comme quoi : quand un projet est bancal, l’unanimité prévaut pour y faire barrage !
La députée de Côte d’Or a d’ailleurs renchéri : « si une majorité ne peut être trouvée pour faire adopter cet amendement, je défendrai alors un amendement de compromis visant à limiter cette injustice à l’année 2025 afin de protéger les retraités des conséquences de cette décision inique ».
Bref, encore à l’état embryonnaire, la revalorisation des pensions de retraite sur l’inflation au 01er juillet 2025 ne faisant pas l’unanimité parmi bon nombre de parlementaires pourrait bien être remisée aux calendes grecques…De manière définitive ?
Thierry BRET