Handicap : et si le regard des autres évoluait enfin !
C’est presque un doux euphémisme que de le dire ! A date, une chose s’avère malheureusement observable : la billetterie des Jeux Paralympiques de Paris 2024 qui se dérouleront du 28 août au 08 septembre, semble être totalement grippée au niveau de ses ventes. Atone, même, à la limite de la déroute car les spectateurs de l’Hexagone comme ceux d’ailleurs ne se pressent pas sur les précieux tickets pour les acquérir. Et ce ne sont pas les prix ultra compétitifs proposés dès 15 euros qui inversent pour l’heure la tendance générale. Une situation qui provoque l’inquiétude, voire l’incompréhension des organisateurs de ces Jeux : ils ne s’attendaient pas à un tel revers…de la médaille, passez-moi l’expression !
Le monde d’aujourd’hui, c’est le « Dallas » d’hier…
Mais, au fond, est-ce si étonnant que cela, dans notre société si impitoyable, où le regard des autres peut se montrer très cruel et intolérant sur celles et ceux qui « possèdent des différences » physiques ou intellectuelles ? Ceux qui ne leur ressemblent pas, en définitive, dans la vie de tous les jours…
Ce ne sont pas les deux tiers des 2,8 millions de billets encore disponibles qui prouveront le contraire ! Le monde d’aujourd’hui, c’est le « Dallas » d’hier, comme on le voyait sur les écrans cathodiques des téléviseurs il y a quelques décennies de cela où le méchant « JR » incarnait les pires valeurs de l’homme, entre vanité, orgueil, puissance, suffisance et mépris pour celui qui lui était inférieur.
Qui se soucie réellement du sort de ces personnes en situation de handicap dans cette société très individualiste, incivique et devenue trop agressive à chaque coin de rue ? Hormis les personnes qui sont concernées de très près et dans leur chair par cet état de fait parce qu’il touche un membre de leur famille ; hormis ces rares acteurs institutionnels et politiques qui se retroussent véritablement les manches pour faire bouger les lignes de cet inébranlable monolithe sociétal et changer les paradigmes parce qu’ils y croient ; hormis, enfin, les représentants d’un certain milieu associatif qui sont plus enclins à verser dans la solidarité et l’altruisme, voire la bienveillance, qu’autre chose.
Dans le brouillard, des initiatives éclairées !
Bien sûr que tous ces acteurs existent en France comme ailleurs, mais ils ne sont pas légion. Et la reproduction de leur modèle de pensée si salvatrice auprès des plus jeunes n’est pas garantie à l’heure de la console de jeux et des réseaux « asociaux » !
Aussi, l’initiative prise parfois par des clubs services, à l’instar de la grande soirée conférence concoctée par le Rotary Doyen d’Auxerre, ce vendredi soir, offre une réelle vitrine, une opportunité heureuse et bénie des dieux sur un sujet le plus souvent occulté des mass médias.
Le handicap. Qu’en dire ? Qu’en penser, en vérité ? Surtout si cela ne nous concerne pas en direct. Et sans tomber ouvertement dans le pathos, la précarité et le misérabilisme à faire les choux gras de certaines presses à sensation ou de plateaux de télé-réalité aux contours tellement nauséabonds…
Concevoir une « soirée de gala » – le titre, à tort, pourrait s’avérer un tantinet trop pompeux, excessif et se limiter uniquement à une certaine frange de la notabilité d’une ville – pour y discuter de ces « choses-là » n’est pas aussi évidente à réaliser.
Car au-delà des actes, louables on s’en doute, il faut trouver les mots. Les paroles justes, les témoignages à fleur de peau, les idées claires qui font mouche dans tous les cœurs. Pour qu’ils puissent résonner longuement ensuite dans les neurones titillés de ces convives qui ne doivent pas se contenter de se sustenter entre amis de manière agréable, juste pour refaire le monde à leur manière entre la poire et le fromage.
Le handicap en mode gaité et bonheur, ça existe !
Le handicap est une thématique beaucoup trop sérieuse pour la prendre à la légère, elle mérite toute la lumière qui doit lui être faite. De la lumière, parlons-en ! Ce fut un festival d’arguments, un feu d’artifice de paroles, avec le témoignage vibrant de Catherine MAUDET, vice-présidente du Conseil départemental de l’Yonne, évoquant le rôle si précieux et à l’écoute de la MDPH, la Maison Départementale des Personnes Handicapées, et de ses personnels investis. Tel que cela se vit dans l’Yonne.
Ce fut celui du docteur Joël LAPORTE, psychiatre passionné qui décortiqua dans les moindres détails les affres de la maladie d’Alzheimer et ses troubles. Des propos faisant écho à ceux tenus un instant auparavant par Gérard CLEMENCELLE, vice-président de la vertueuse association « France Alzheimer 89 », et le rôle déterminant et si peu connu des aidants.
Et à celui de deux sportifs, se mouvant dans leurs fauteuils, qui évoquèrent avec le sourire et de la timidité pour l’un leur…joie de vivre en pratiquant des activités physiques même de haut niveau. L’interlocutrice possédant même plusieurs titres de championne de France au tir à l’arc !
Le handicap, en mode gaité, entre espoir et opportunité : du pur bonheur à glisser entre les oreilles ! Ca fait chaud à l’âme…
Car, bien sûr, nul valide ne doit ignorer que demain, ce sera peut-être lui qui sera assis dans ce fauteuil roulant si « monstrueux » à croiser sur un trottoir ou cette personne amputée d’un membre à la suite d’un accident de la circulation, désireuse de se rendre à un concert ou à une représentation théâtrale, et jugée par les autres, parce que considérée comme une « bête de foire » que l’on doit cacher….
Valides et invalides ont les mêmes droits d’existence
Parce qu’il demeure toujours en nous, le « regard des autres ». Certes, il y a eu des avancées mais ce n’est pas suffisant, au goût de la sénatrice de l’Essonne Jocelyne GUIDEZ qui a déjà légiféré sur le sujet du handicap. Et ce, dès 2018. Un handicap qui nous concerne tous. Chose que l’on aurait tendance à oublier. Un handicap que la parlementaire connaît très bien, en rapport à sa propre nièce, et dont elle parlera avec beaucoup de tendresse et d’émotion.
Ce « regard de l’autre », si dur, si éprouvant, si injuste, si méchant pour la personne observée et ses proches, il doit impérativement changer. Parce que valides et invalides ont les mêmes droits d’existence sur cette Terre. Les mêmes envies et les mêmes passions, en respirant le même oxygène. Et que cette soirée imputable à un club service du Rotary a tout fait pour nous le rappeler…à raison !
Thierry BRET