La lutte contre toutes les formes de harcèlements et de sexisme envers les femmes, le tigre dans le moteur du CIDFF 89
Serait-ce parce que le bénévolat n’attire plus autant que jadis au sein des structures associatives que la présidente du CIDFF 89 (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles) Simone PARIS a fait une légère entorse au protocole habituel d’une assemblée générale statutaire ? En tout cas, la responsable de l’entité icaunaise qui se bat bec et ongles pour protéger les droits de la gent féminine (et de leurs enfants) a voulu récompenser les fidèles de la première heure, leur remettant des médailles honorifiques…Une manière symbolique de commémorer les trente années de l’association.
AUXERRE: Les anciens membres du conseil d’administration sont à l’honneur au sein du CIDFF 89 ! Preuve de la longévité de ladite structure, le Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles qui, comme sa raison sociale l’indique, œuvre depuis trois décennies au service de celles et de ceux (par extension leurs enfants) qui subissent et souffrent de violences intrafamiliales, puisque telle est désormais l’usage usuel en termes de sémantique de nos jours.
Avant même qu’elle ne présenta le rapport moral de la structure, au cours d’une assemblée générale ordinaire accueillie une fois n’est pas coutume dans les locaux lumineux et ultra modernes de la Maison de la Coiffure, Simone PARIS, présidente en chère, tint à mettre sur un piédestal honorifique quelques valeurs sûres du monde associatif. Des personnes engagées dans la lutte en faveur de la reconnaissance des droits des femmes depuis tant d’années. Vaste programme, par définition !
Si la figure emblématique que représente Monique DESNOYERS – ancienne élue de la Ville d’Auxerre sous l’ère de Guy FEREZ – avait fait part de son absence en s’excusant, il n’en fut rien en revanche de Joël REMY (tiens, tiens, un homme qui est plébiscité pour son engagement et sa sagesse éclairante sur le droit des femmes, cela mérite bien quelques lignes de sympathie !), d’Andrée DEBERT, toujours à l’écoute et de bons conseils (dixit Simone PARIS) et surtout la présidente-fondatrice et présidente d’honneur désormais, Marie-France JEANSON qui étaient tous les trois présents afin de recevoir leurs précieux sésames.
Entre congratulations et récompenses en guise de mise en bouche
Une présidente-fondatrice qui avait pris sous son aile l’actuelle responsable du CIDFF 89 en lui transmettant tous les arcanes nécessaires afin d’assumer la fonction et par capillarité, sa succession.
« Marie-France, les femmes de l’Yonne te doivent beaucoup avec la mise en place de cette association, souligna avec une pointe d’émotivité dans la voix, Simone PARIS, sous le regard bienveillant de l’intéressée et de son époux, Guy PARIS, président d’AMIDON 89. Au nom de tous et de toutes, je te dis un immense merci… ».
S’en suivie la remise de médailles, avec en guise de hors d’œuvre un homme, Joël REMY qui ouvrit donc le bal, avant les deux autres récipiendaires féminins. Sous le feu nourri des applaudissements du public. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, précise l’adage, Simone PARIS fut à son tour saluée pour ses dix années de présidence par les membres de son conseil d’administration.
« Nous connaissons toutes et tous les projets ambitieux que tu portes pour le CIDFF de l’Yonne, et ton implication au sein de la structure… ». Fin du chapitre introductif !
Toujours en marge du bilan de l’année écoulée, Simone PARIS mit l’accent sur le changement d’orientation vécu par les deux juristes de la structure, et surtout leur remplacement en septembre.
L’IVG, le caractère fondamental de la liberté des femmes dans la Constitution
« C’est dorénavant, Carolane et Julie, qui forment le nouveau binôme de juristes de l’association, apportant avec leur jeunesse et envie de réussir une dynamique ô combien salvatrice pour le travail de l’association, expliqua Mme PARIS. Un regard neuf sur notre fonctionnement et de fortes compétences en droit de la famille… ».
Des éléments que ne manquèrent pas d’apprécier les personnes constituant l’auditoire du jour dont notre ami Serge LE DOUSSAL (ex-président de la Franck Pineau et soutien inconditionnel du droit aux femmes) qui devait les féliciter publiquement après avoir posé quelques questions d’usage, en fervent adepte de la conversation !
Le 08 mars 2024 fut également salué comme une date historique pour la présidente, très à l’aise à son pupitre. Une date importante avec à l’inscription au sein de la constitution de la Vème République (1958) la liberté garantie des femmes pour recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).
« C’est la manière de réaffirmer le caractère fondamental de cette liberté en France, insista Simone PARIS, une avancée pour le droit des femmes… ».
Pour celles et ceux (surtout ceux évidemment !) qui auraient encore douté de la pertinence et de l’intérêt existentiel d’une telle structure dans le département, les informations qui allaient suivre devaient clore de manière définitive les débats ! Oui, le CIDFF 89 – la structure n’est pas contestée fort heureusement ! – témoigne de la réalité de la situation (celle-ci ne cesse de se détériorer dans l’Yonne pour la population féminine), en étant une référence incontestable des droits et de la défense de ces victimes intrafamiliales. Sujettes aux violences de leurs maris, époux, conjoints et compagnons.
« Si l’accès aux droits demeure une priorité, concède la présidente, les sollicitations pour les questions de violence et la charge de travail induite par la gestion des téléphones « graves dangers » ne cesse d’augmenter… ».
Prouvant, une fois de plus, que le sexisme ne recule pas dans l’Yonne. Il prend sa source dans la famille, se cristallise à l’école et s’amplifie dans les contenus numériques. D’où l’intervention directe des deux juristes de la structure auprès des plus jeunes, dès la maternelle jusqu’au lycée.
Plusieurs partenariats ont vu le jour en 2023 afin de prêcher la bonne parole aux quatre coins du territoire. Le premier avec « France Services » (Etat), le second avec l’Association des Maires Ruraux de l’Yonne, structure présidée par Dominique CHAPPUIT.
Une affaire de famille pour en protéger d’autres…
Evoquant les finances, le nerf de la guerre de toute association qui se respecte, Simone PARIS déplora lors de l’assemblée générale 2023 un « financement qui n’était pas à la hauteur des besoins ».
Or, la responsable de la structure pourra toujours brûler un cierge pour honorer la « Bonne Mère » car un financement d’Etat (reçu, certes, trop tardivement au cours de l’exercice) permit in fine de recevoir un salutaire coup de pouce de 70 % de mieux, à l’instar de nombreux autres CIDFF de France !
Conséquence, c’est de manière excédentaire (+ 20 819 euros) que l’association bascula en 2024, avec l’opportunité financière assurée de pouvoir subvenir à un recrutement – il est en cours – sur un poste de chargé d’accueil et de secrétariat. Ce qui fit dire à Simone PARIS : « la trésorerie est bonne, la « boutique » est bien tenue ! ».
Autre chose, plus tendue, c’est le nombre de cas de violences intrafamiliales qui explose dans le département. En 2022, les juristes du CIDFF 89 avaient tenu 1 330 entretiens individuels dont 217 à caractère violences sexistes et sexuelles ! Très inquiétant.
Rien que l’année dernière, ce sont 183 femmes de notre territoire qui ont évoqué lors de ces contacts privilégiés et confidentiels avec les juristes du CIDFF 89 leur situation de violences. Si la plupart ont été subies dans le couple, que penser de celles qui surviennent sur le lieu de travail ?!
Cette année, Simone PARIS, outre les rapprochements avec le dispositif « France Services » - il existe 33 espaces dans l’Yonne – et l’Association des Maires Ruraux de l’Yonne, entend bien lancer de nouvelles initiatives préventives.
Notamment dans le Sénonais, avec l’opération « Angela », une action de formation auprès des commerçants réalisée avec le Grand Sénonais visant à éduquer les professionnels pour porter assistance aux personnes victimes de harcèlements ou se sentant en danger dans les espaces publics.
En parallèle, le nombre de permanences devrait progresser également au sein de la Mission Locale d’Auxerre ou chez le partenaire historique, spécialiste de l’insertion, AMIDON 89.
Logique, me direz-vous puisque c’est l’époux de la présidente, Guy, qui en est le responsable ?! Oui, mais, informer, orienter, accompagner sur tous les sujets de droits aux femmes et des familles n’est-il pas le propre de tous ? Alors, dans le jeu des sept familles usuel, je voudrais le mari après la femme – un PARIS peut en cacher un autre ! – au service de la solidarité et de l’altruisme ! Qui s’en plaindra ? Personne, assurément…
Thierry BRET