L’alimentation saine et qualitative met en appétit les institutionnels de l’Yonne : une charte et des engagements !
Huit sur quatorze ! Peut-faire mieux au niveau des EPCI de l’Yonne en faveur de la charte d’engagement incitant au développement de l’alimentation durable et de qualité sur l’ensemble du territoire nord-bourguignon ! Il y a quelques jours, dans l’une des salles de réunion du Conseil départemental de l’Yonne, huit de ces Etablissements Public de Coopération Intercommunale (EPCI) ont pris soin de parapher le document officiel favorable à ce projet vertueux Il permet entre autres la lutte contre la précarité alimentaire, le soutien aux filières locales et l’adaptation aux défis climatiques…
AUXERRE : Les absents ont toujours tort ! On connaît l’adage populaire. Il est dommageable, en effet, que la totalité des EPCI de l’Yonne n’aient pas signé comme un seul homme cette charte d’engagement favorable à une alimentation durable et de qualité, tant les enjeux sur le papier (et dans l’assiette) sont capitaux à l’avenir ! Il en irait presque de la santé publique puisque l’objectif avoué de cette charte n’est autre que de promouvoir à plus large échelle les filières agricoles locales, de lutter contre les abus irrévérencieux du gaspillage alimentaire – surtout dans la restauration collective -, et de prodiguer enfin des conseils utiles afin de se tourner de plus en plus vers une alimentation saine et qualitative. Des mesures on ne peut plus positives et engagées de la part des collectivités territoriales, en somme, pour éradiquer la malbouffe de nos assiettes !
D’ailleurs, les propos du préfet de l’Yonne Pascal JAN, invité à signer lui aussi ces documents au nom de l’Etat, ont été d’une limpidité édifiante quant aux principes implicatifs et éclectiques de cet engagement où bon nombre de strates (Education nationale, élus, représentants consulaires…) ont été sensibilisés à la mise en exergue de ce dispositif. Il marque à ce propos une étape importante dans la mise en œuvre des Projets Alimentaires Territoriaux (PAT) portés depuis plusieurs mois dans le département.
Des résultats confortés par des indicateurs !
« Ces actions embarquent réellement l’ensemble des acteurs de notre territoire, insistera-t-il, y compris l’Education nationale depuis les écoles primaires jusqu’aux collèges et lycées. C’est de la pure logique ! Il ne doit pas y avoir un chaînon manquant dans le système ».
Dans le cas contraire, et malgré les efforts consentis en amont par l’ensemble des signataires – « si on n’envisage pas cette action comme de longue haleine, on se sera fait plaisir et cela ne marchera pas ! » - le chantier serait alors voué à l’échec ? C’est ce que pense le préfet Pascal JAN qui a longuement insisté sur l’importance de cet engagement lors de sa phase de conclusion. Homme de résultats et de communication pour le faire savoir, pragmatique dans son raisonnement de pure logique, le représentant de l’Etat ne souhaite pas in fine que la population se dise en bout de course : « ils nous promettent et en fait, on ne voit rien ! ». Un grand classique en France, non ?
Pour se faire, et se faisant pédagogue auprès des huit responsables des EPCI signataires de cette charte, Pascal JAN en bon ancien recteur qu’il est a rappelé les recettes à appliquer dans ce projet comme pour les autres : « la méthode est simple, il faut s’appuyer sur des indicateurs, des objectifs, de la transparence…et communiquer une fois les données recueillies ! ».
Quant à l’absence des élus des EPCI non-signataires, le haut fonctionnaire est clair dans sa narration : « il faut respecter leur choix et leur réticence, je ne le discute pas. Mais, c’est aussi notre choix de considérer que nous sommes dans le vrai en adoptant cette charte d’engagement ! A nous de les convaincre ensuite de nous rejoindre au vu des résultats que nous obtiendrons ! ».
Favoriser les ressources locales dans un département rural
En préambule de ce rendez-vous, visant à mieux coordonner la politique alimentaire de notre territoire avec plusieurs collectivités de l’Yonne, il revenait au président du Conseil départemental Grégory DORTE d’ouvrir le ban de cette session de signatures multipartite. On notait également la présence des représentants des chambres consulaires, engagées dans ce processus d’intérêt départemental. Et pour les questions de qualité alimentaire, le président de la Chambre d’Agriculture Arnaud DELESTRE qui intervint à plusieurs reprises en connaît un rayon !
« L’alimentation durable est essentielle à la qualité de vie de nos territoires, précisa en substance l’édile de Pont-sur-Yonne, de plus en plus à l’aise dans ses prises de parole en public dont il enjolive le contenu avec des citations que l’ancien professeur d’histoire a le secret ! Nous avons la chance dans l’Yonne d’être un département rural, à hauteur de 70 % du territoire. L’alimentation est un vrai sujet de fond dont il faut favoriser les ressources locales… ».
Un département de l’Yonne qui est le premier restaurateur du territoire, devait ensuite souligner l’orateur, assis aux côtés de Pascal JAN et d’Arnaud DELESTRE. Puis, ajoutant une pointe d’humour à cette cérémonie protocolaire, Grégory DORTE s’adressa à l’un de ses vice-présidents, en l’occurrence Christophe BONNEFOND et à la secrétaire générale de la préfecture Pauline GIRARDOT, placés sur des sièges en face de lui pour lui poser la question suivante : « combien de repas sont délivrés à nos demi-pensionnaires par an ? ».
1,6 million de repas servis par la restauration scolaire chaque année
Il était temps de faire ses jeux parmi l’assistance où chacun y alla de sa supposition arithmétique, y compris celle de Gilles ABRY qui apporta les données statistiques de sa localité ! Le silence revint, faute de bonne réponse. Il fut interrompu par le président de l’exécutif départemental qui livra l’information suivante : 1,6 million de repas annuels ! Soit 15 000 par jour servis dans la restauration scolaire.
« Ce qui est important, continua avec plus de sérieux l’orateur, c’est que les différents acteurs concernés par ce sujet travaillent ensemble. Cela nous permet d’avoir une ligne directrice plus fluide. Cette charte, au-delà de la signature, doit vivre en devenant opérationnelle et concrète. C’est ce qu’attendent in fine les consommateurs et nos habitants… ».
Vint alors le temps de la fameuse citation, marque de fabrique oratoire de Grégory DORTE ! Elle est le fruit de la pensée du sociologue Eugène WEBER : « la fin des terroirs correspond au début des sautoirs ! ». Une référence à l’exode rural qui a eu lieu à une époque ancienne et qu’il serait nécessaire d’inverser afin que les habitants reviennent s’installer sur le beau territoire de l’Yonne. Pour y manger une alimentation saine et de qualité, évidemment !
En savoir plus :
Les EPCI signataires de ce document sont :
La CC du Gâtinais-en-Bourgogne
La CC de l’Aillantais
La CA du Grand Sénonais
La CC Yonne Nord
La CC de Puisaye-Forterre
La CC Serein-et-Armance
La CC Avallon-Vézelay-Morvan
La CA de l’Auxerrois
Thierry BRET