Futures échéances électorales : les politiques affûtent déjà leurs discours !
Les interventions des femmes et des hommes politiques sont souvent fleuries, à fleurets mouchetés, agrémentées de miel ou de fiel, selon les goûts. Elles sont parfois absconses, empruntées à la langue de bois mais le parler creux est toujours à l’honneur ! Il existe des formations spécifiques pour apprendre à parler, ergoter, chipoter, chicaner, barguigner, et pour ceux qui entravent le jars, jacter ou baragouiner…N’oublions pas nos amis morvandiaux, qui eux savent de tout temps : déboudriller, bavouaicher, jafouiller et coubailler !
TRIBUNE : L’apprentissage de la prise de parole passe par la formation proposée par des spécialistes. Plus personne n’y échappe, d’autant que les interventions publiques, reprises par les chaînes de télévision, peuvent avoir un impact salvateur ou dévastateur. On apprend même la communication non verbale : le visage, les gestes…Du président de la République aux ministres, des responsables syndicaux aux grands patrons, tous sont passés au moins une fois entre les mains expertes des prétendus spécialistes de la communication ! Rien n’est laissé au hasard, les enchaînements thématiques, en cas de débat, le moment voulu pour déstabiliser l’adversaire, et le morceau choisi pour faire perdre le sang-froid du débateur… Certains choisissent de faire le « buzz » et sont certains d’être repris dans les médias. Dans ce domaine, la palme revient aux « Verts », avec pour dernier exemple en date, l’interdiction de la production du comté. Heureusement, pour l’instant, ils ne s’intéressent pas au fromage d’Epoisses !
Des techniques s’appuyant sur les grands penseurs de la rhétorique
Il est évident qu’à quelques exceptions près, nos politiques ont un discours volontairement creux, loin de la langue de Molière, sans structure et épistémologiquement incohérent. En théorie, on apprend l’utilisation des six « C », c’est-à-dire : clair, concis (en un seul mot !), concret, tenir compte de l’interlocuteur, complet et courtois. Hélas, aujourd’hui de nombreux interlocuteurs politiques sont aux antipodes de la théorie et de la bienséance la plus élémentaire. Le discours est volontairement obscur, diffus, verbeux, abstrait, vulgaire, superficiel et choquant. Le plus souvent, ce qui compte, c’est de déstabiliser l’adversaire politique en plein débat. La technique la plus largement utilisée par LFI (sans qu’ils en aient l’exclusivité), c’est de couper la parole quand ils sont mis à mal, puis de balancer des controverses infondées et mensongères. Il ne faut jamais répondre sur le fond, ce serait l’enlisement assuré pour le quidam interrompu ! Plusieurs possibilités se présentent alors : on peut répondre par un temps de silence (un sourire, une courte pause pleine d’attention), avec humour « moi aussi, je vous aime bien » car l’humour désamorce les tensions.
Couper la parole traduit un manque d’empathie, un déficit dans la capacité à s’intéresser à autrui. Exemple de débat possible : vous avancez les résultats positifs de l’action municipale et votre adversaire est déstabilisé par les faits, donc il vous coupe la parole, « le déficit budgétaire de votre mandat est abyssal, et votre endettement entrave lourdement l’avenir de notre commune !». Répondre aux chiffres mensongers avancés, c’est leur donner du crédit. Vous savez qu’il est techniquement et juridiquement impossible de présenter un budget communal déficitaire, vous savez aussi que l’endettement correspond à des investissements dynamiques. On peut répondre : « votre connaissance des dossiers et des finances de la commune montrent votre inexpérience et surtout, plus inquiétant pour nos administrés, votre incapacité à vous intéresser à eux ! ». Très manichéen et on peut prendre des cours auprès de TALLEYRAND (lire la stratégie du congrès de Vienne) …
Suggérons aux partis politiques d’appliquer la règle maçonnique : la première année de l’initiation, l’apprenti doit observer le silence absolu, de quoi retourner sept fois 77 fois sa langue dans sa bouche !
Florilège de petites phrases assassines !
Nous n’avons plus de bretteurs, les maîtres de la rhétorique en politique ont laissé la place à des OQTF, des dealers, des personnages s’exprimant difficilement en français mais maniant l’insulte et le bras d’honneur avec dextérité ! A l’Assemblée nationale, l’éloquence a été remplacée par la vulgarité et l’agression physique qui font florès ! C’est évident, quand on n’a pas les mots, il reste les poings…
L’histoire de la rhétorique politique fut marquée par Aristote, Cicéron, Quintilien et tant d’autres. Aristote nous présente son célèbre triangle, un outil à méditer : ton image (Ethos), la solidité de tes arguments (Logos), et l’émotion que tu transmets (Pathos), forment les trois piliers essentiels d’une prise de parole percutante.
Parmi les théoriciens du bien-parler, n’oublions pas les sophistes. Les sophistes les plus célèbres dans cette discipline constituent une invitation à les relire : Protagoras, Gorgias et Prodicos de Céos. Les tribuns de la République se comptent parmi Hugo, Gambetta, Jaurès, Clémenceau, De Gaulle, Mendes-France, Séguin... Jean-Luc MELENCHON possède un talent de tribun. Bon manipulateur, il associe le pathos à une bonne culture politique. Les femmes sont arrivées très tardivement dans la vie politique, on peut tout de même citer quelques femmes marquantes : Olympe de Gouges, Louise Michel, Simone Veil, Bernadette Chirac…
On ne meurt jamais en politique, paraît-il. Mais se relève-t-on d'un coup bas ? Si les manœuvres, vacheries et autres manipulations sont le lot quotidien de la vie politique, le coup bas peut coûter très cher. S'il est réussi, il brise les ambitions politiques de l'adversaire et l'anéantit. La politique est un sport de combat où tous les coups sont possibles, surtout les plus bas. Et quand certains se lâchent en off – c'est-à-dire sur le ton de la confidence –, ça peut faire mal. Les « off » les plus assassins qui ont volontairement filtrer à travers la presse : Sarkozy / Bayrou « de toute façon, le bègue je vais le crever », Jospin / Chirac « il a vieilli, le pouvoir l’a usé », Chirac « j’ai quand-même bien « niqué » les socialistes », Bernadette Chirac /Sarkozy « ce petit monsieur, je lui botterais les fesses », Chirac /Sarkozy « Sarkozy, il faut lui marcher dessus du pied gauche », Mitterrand /Aubry « Martine Aubry, elle est trop méchante pour réussir », Mitterrand /Chirac « Quand Chirac vient me voir, il monte avec ses idées, il redescend avec les miennes »… Et tant d’autres, toutes plus croustillantes les unes que les autres !
Enfin, précisions qu’un célèbre syndicat d’ouvriers a souhaité mettre en place un outil pour faciliter le discours des militants se présentant à des élections. On a quand même l’impression que certains ténors politiques s’en inspirent de temps en temps !
Entraînez-vous au discours politique !
Parler creux sans peine : petite collection de phrases à l’usage des débutants. Chaque mot d’une colonne peut être combiné avec n’importe quel mot
Des autres colonnes A VOUS DE JOUER
Exemple : l’intervention stimule les résultats cumulatifs du dispositif… |
L’excellence renforce les facteurs institutionnels des synergies |
L’intervention mobilise les processus organisationnels du dispositif |
L’objectif révèle les paramètres qualitatifs de l’entreprise |
Le diagnostic stimule les changements analytiques du groupe |
L’expérience modifie les concepts caractéristiques du projet |
La formation clarifie les savoir-faire opérationnels de bénéficiaires |
L’évaluation renouvelle les problèmes motivationnels de la hiérarchie |
La finalité identifie les indicateurs pédagogiques de la pratique |
L’expression perfectionne les résultats représentatifs de la démarche |
Le management développe les effets participatifs des acteurs |
La méthode dynamise les blocages cumulatifs de la situation |
Le vécu programme les besoins stratégiques des structures |
Le recadrage ponctue les paradoxes systématiques du méta-cadre |
Exemple : « Chers administrés, notre excellence à renforcer les facteurs institutionnels de notre commune, et nos interventions ont mobilisé les processus organisationnels de tous nos dispositifs. Notre management a permis de développer les effets participatifs de l’ensemble des acteurs, c’est-à-dire vous toutes et tous, la méthode utilisée a permis de dynamiser les blocages cumulatifs de nos prédécesseurs, notre vécu ponctue tous les paradoxes systématiques d’un méta-cadre abscons et éloigné de vos préoccupations… ».
Comme on peut le voir, le parler creux est simple, peut être efficace, surtout dans un contexte où l’inculture prégnante submerge le plus humble des homo-sapiens…
« Quand quelqu'un va parler sans savoir ce qu'il va dire, parle sans savoir ce qu'il dit, finit de parler sans savoir ce qu'il a dit, il est mûr pour la politique. » Jean RIGAUX.
Jean-Paul ALLOU