Marine TONDELIER en réunion publique à Auxerre ; les Verts fin prêts pour l’échéance des municipales 2026…
Quelque 120 personnes étaient présentes à la Maison du Bâtiment à Auxerre pour une rencontre inédite avec la secrétaire nationale des Verts, Marine TONDELIER. Pas de discours poncif ou lénifiant au programme. Cela a été remplacé par un temps d’écoute et de partage, où les sympathisants ont eu tout loisir d’interroger l’invitée du jour ainsi que l’élue auxerroise Florence LOURY sur différents sujets relevant de l’actualité nationale comme internationale. Sans oublier les enjeux locaux à un peu plus d’un an des prochaines échéances municipales…
AUXERRE ; « Ecouter les autres, c’est encore la meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent » a dit un jour le regretté Pierre DAC. Un adage illustrant bien le format de la réunion publique « inversée », organisée par les militants écologistes de l’Yonne, où ce n’est qu’après avoir pris le temps de collecter et noter toute une série de questions auprès des personnes souhaitant prendre la parole, que les deux intervenantes du jour se sont tour à tour exprimées, s’efforçant de répondre au mieux aux interrogations formulées.
L’actualité anxiogène marquée par la guerre en Ukraine et le retour de Donald TRUMP au pouvoir a donné le ton, pour preuve cette première question au sujet de l’allocution télévisée d’Emmanuel MACRON, et une réponse sans ambages de la patronne des Verts : « Je suis contente de réentendre une voix française sur la scène internationale, d’autant que jusque-là, notamment à propos de Gaza, on n’a pas brillé par notre panache ! Cette déclaration de MACRON me fait plaisir pour cela… ». Le réarmement de l’Europe pour contrer les velléités belliqueuses du maître du Kremlin ? « Chacun a bien conscience qu’on ne va pas mener cette guerre avec des pâquerettes ! L’Europe de la défense, on a toujours été pour… ». Pas question pour autant d’en financer le coût au détriment des moyens mis en œuvre pour la transition énergétique : « Sous-entendre, comme l’a fait le ministre Sébastien LECORNU à la matinale de France Inter qu’il y a des dépenses sérieuses et d’autres qui le seraient moins, c’est non ! L’écologie, c’est au contraire très sérieux… ».
Dès qu’ils allument leur chaudière au gaz, les Français financent POUTINE…
Refusant dans le même registre toute idée de déconnection entre la paix en Ukraine et les politiques de transition menées par les Verts : « Savez-vous que la France est le premier importateur de gaz russe et qu’ainsi, chaque année, on finance plus POUTINE qu’on apporte un soutien financier à l’Ukraine ! Et ce, à chaque fois que l’on allume notre chaudière… ».
Pour autant, la paix et la sécurité pour nos démocraties en Europe sont aujourd’hui des problèmes existentiels aux yeux de Marine TONDELIER : « Notre existence même en découle, quand on se met à parler de l’utilisation de l’arme nucléaire, à se dire et c’est une réalité, que les enfants qui naissent aujourd’hui, personne ne sait leur garantir que la planète sera encore habitable dans trente ans… »
On a souvent reproché au mouvement écologiste d’être déconnecté de la réalité économique. Dans la salle, Caroline s’interroge ; « il est certaines catégories socio-professionnelles pour lesquelles il n’est pas toujours évident de penser à la fin du monde et en même temps à la fin de mois, même si ce sont eux les premières victimes du changement climatique et des difficultés évoquées… ». Une « boboïsation » des idées qui fait réagir la cheffe de file des Verts : « Qui a décidé que l’écologie, c’est dans les grandes villes et pour les gens riches ? Depuis quand ? Nous, on a un programme qui fait mieux vivre 99 % des Français… ».
Rappelant au passage que selon une étude de l’organisation internationale de développement OXFAM, si l’on assignait à chaque humain sur la planète un quota annuel carbone, les 50 % des personnes les plus pauvres le dépenseraient en trois ans, contre dix heures pour les plus riches ! Que répondre à ceux qui trouvent l’écologie « sympa », mais considèrent ne pas avoir les moyens appropriés pour en appliquer les principes ? « C’est à nous de travailler et si c’est la perception qu’en ont certains, il est clair qu’on a raté un épisode ! ».
Energie renouvelable ne signifie pas faire n’importe quoi…
« Le nucléaire ? Non merci… ». On se souvient de ce slogan qui fleurissait à l’arrière des voitures dans les années 70. Un sujet « consubstantiel » à l’histoire du mouvement écologiste selon Marine TONDELIER, qui sans pour autant être « pour s’éclairer à la bougie », juge qu’il fait courir trop de risques à la société : « Au moment de Fukushima, j’étais assez jeune, mais on se disait que plus personne n’allait vouloir du nucléaire. Les EPR que veut ouvrir Emmanuel MACRON pour être en service en 2100, qui sait où en sera le niveau de la mer d’ici là… ». Ne jamais s’endormir : « Le réveil est toujours très brutal ! ». Quid des énergies alternatives ? Difficile par principe d’être contre quand on a la fibre écologiste, mais pour autant, doit-on tout accepter au risque de certaines dérives, comme en matière de panneaux photovoltaïques : « Renouvelable ne veut pas dire faire n’importe quoi ! Je suis d’accord avec la Confédération paysanne, les agriculteurs veulent vivre de l’agriculture, les éleveurs de leur élevage. Quand le modèle économique proposé aujourd’hui, c’est de mettre des panneaux partout en prenant sur les terres agricoles, c’est non ! ». D’accord, en revanche pour en installer sur les friches industrielles où la pollution rend la présence humaine impossible, les toits des hypermarchés ou des bâtiments publics.
Pourquoi Auxerre est-elle encore une ville de droite ?
La venue de Marine TONDELIER à Auxerre était tout sauf fortuite, officialisant de fait la candidature de Florence LOURY sur Auxerre pour les futures municipales. Une investiture qui, à l’aune des scrutins des dernières législatives, ne peut s’effectuer en solo : « J’ai vu les résultats de la NUPES et ceux du Nouveau Front Populaire, j’ai bien conscience que ce n’est ni Florence, ni les écologistes tout seuls. 60 % des résultats au second tour à Auxerre, mais qu’est-ce que cette ville fait encore à droite ! On a dû louper des épisodes mais maintenant, on n’a plus d’excuses… ».
Mais, une hirondelle ne fait pas le printemps et les législatives ne sont pas les municipales. Le plus dur à gauche reste à faire : constituer une liste commune pour l’emporter et tourner la page Crescent MARAULT. Présent dans la salle, le représentant départemental du mouvement politique citoyen « Place publique » s’interroge : « Qu’en sera-t-il de la position des écologistes, que ce soit à Joigny, Sens ou Auxerre, sur l’unité de la gauche dans l’hypothèse où vous n’auriez pas la tête de liste ? ».
Sur le papier, tout semble possible, il suffira de rajouter au vert un peu de rose, de rouge et de violet… Reste à savoir dans quel ordre ! Marine TONDELIER se veut confiante et a déjà inscrit une nouvelle visite à Auxerre à son agenda : « Vous ne m’avez pas trop posé de questions sur la présidentielle de 2027. Alors, je reviendrai quand vous en serez là-dessus et que, vraisemblablement, Florence LOURY sera maire… ».
Vraisemblablement…
Dominique BERNERD