« Un territoire qui avance, c’est un territoire qui investit » : l’investissement et l’anticipation, la logique réaffirmée de Crescent MARAULT…
« On communique quand on a des choses à dire ! ». En guise de préambule à la très longue conférence de presse où il aura finalement beaucoup parlé – plus de deux heures d’entretien très détaillé face aux représentants des médias régionaux -, le Président-Maire de l’Auxerrois Crescent MARAULT a évoqué les principes stratégiques de ce rendez-vous annuel, coïncidant avec la présentation de sa feuille de route 2025 et de son indispensable corollaire financier, le budget.
AUXERRE: Il aime mettre les points sur les « i » ! De cela, on n’en avait jamais douté depuis sa prise de fonction ! Ses rencontres officielles avec les journalistes étant rares et pouvant se compter sur les doigts d’une seule main lors d’une année civile, il ne fallait pas manquer le rendez-vous annuel, concocté par le service communication de l’institution auxerroise, à l’hôtel Ribière, lundi en fin de matinée, une rencontre placée sous le sceau de la pédagogie budgétaire, l’explication de texte très fournie se rapportant aux dossiers en cours et surtout aux projets à réaliser, à l’aube de 2025 ! D’autant que ce jeudi 19 décembre se voteront en séance plénière les budgets du conseil communautaire et du conseil municipal, juste avant de placer les clés de ces vénérables collectivités au pied de l’arbre de Noël, trêve des confiseurs oblige !
D’entrée de jeu, Crescent MARAULT, très à l’aise dans sa prise de parole et le sourire aux lèvres, clarifie sa position vis-à-vis de cet exercice qu’est la communication. « Quand on ne communique pas, cela signifie que l’on travaille beaucoup ! ». Evidemment ! Mais, il prévient toutefois que « la gouvernance auxerroise sera amenée à communiquer davantage l’année prochaine par rapport à un certain nombre de dossiers… ». Plutôt rassurant, non ? Pour quelqu’un qui l’avoue sans ambages ne pas « être un grand communiquant » !
« On communique avec la presse quand on a des certitudes, enchaîne-t-il pour bien marteler le message, le temps politique est un temps long. Au début, la plupart des élus font des effets d’annonce – il l’affirme haut et clair, ce n’est pas le style de la maison ! -, et à la fin d’un mandat, les projets étant plus matures, voire réalisés, il est plus facile d’en parler avec aisance… même si parfois certains n’y croient toujours pas ! ».
Et bing, une première banderille décochée vers l’opposition : Crescent MARAULT a décidé de joindre l’utile à l’agréable en ce qui le concerne lors de ce rendez-vous oratoire, ne se privant de replacer au bon endroit les curseurs de la vérité en ironisant avec humour sur ses détracteurs !
L’avenir se prépare en l’anticipant !
« Depuis 2020, on a réalisé un travail au quotidien avec toute l’équipe – il en profite pour saluer ses premiers adjoints, tant Carole CRESSON-GIRAUD pour la municipalité que Christophe BONNEFOND du côté de l’Agglo mais, également son directeur de cabinet Yves LASMASTRES et le directeur général des services, Gilles ROUVERA – dans une stratégie de prospective. On essaie toujours de se dire par rapport au Projet de Territoire quels pourraient être les aléas qui nous empêchent de réaliser notre projet, en les identifiant. On les mesure en les analysants afin de réduire leur impact en matière d’incertitude. Nous sommes toujours en capacité depuis le début du mandat (et ce malgré toutes les crises multiples et variées qui sont survenues) de définir nos stratégies afin de ne pas subir mais d’agir… ».
Un raisonnement complexe à appréhender pour les béotiens, selon l’interlocuteur, mais plutôt efficace dans l’absolu pour garder le cap sur la marche en avant de la stratégie à mener.
« On s’assure toujours de posséder la capacité d’investir sur notre territoire, il n’y a pas de secrets ! C’est ce qui nous permet de préparer, en l’anticipant, l’avenir… ».
Une équation plutôt simple à résoudre, selon Crescent MARAULT. A contrario, ce qui fut dur à gérer pour la nouvelle gouvernance, c’était le passif.
« Franchement, je ne mesurai pas le passif que l’on avait à gérer en plus de préparer l’avenir, observe-t-il, et ce citer le dossier des écoles dans la foulée : c’est une catastrophe ! Et encore, on n’en a fermé certaines ! Mais, nous, on ne va pas fermer mais rationnaliser, ce qui est une approche totalement différente… ».
Face à ces écoles vétustes où il était complexe d’y mettre enseignants et élèves, la Ville d’Auxerre ordonne la mise en vigueur d’un PPI (Plan Particulier d’Intervention) s’élevant à 40 millions d’euros. Quant au patrimoine historique de la ville, c’était de la même veine, selon l’édile icaunais.
« J’ai été voir la charpente de l’abbaye Saint-Germain, et au-dessus de la crypte, j’ai été abasourdi par l’état du site alors que l’édifice accueille les plus vieilles fresques de France ! ».
Préserver le patrimoine historique de la capitale de l’Yonne
D’où une enveloppe de plusieurs millions d’euros pour remettre à flot une charpente en très mauvaise posture afin de la préserver coûte que coûte, une autre enveloppe d’un million d’euros destinée à la cathédrale Saint-Etienne avec des travaux de conformité incendie et électricité – un sinistre survenu en 2016 avait déjà fait craindre le pire dans le quartier ! - ; quant à l’église Saint-Pierre, des travaux estimés à plusieurs millions d’euros seront réalisés, idem à l’église Saint-Eusèbe.
« Le clou du spectacle, ironise Crescent MARAULT, ce sont les Visitandines ! On possède un bijou situé rue de Paris que l’on ne peut pas ouvrir au public car il est en péril ! ».
Un comble pour la cité auxerroise qui intègre pourtant le club très restreint des villes possédant le plus de maisons à pan de bois de la période médiévale…
« On devrait tout faire pour protéger ces édifices, ils sont plus de 500 dans notre ville, insiste le maire, alors qu’auparavant, on n’a pas été suffisamment vigilant sur le sujet… ».
Une nouvelle flèche décochée de l’arc visant les auteurs du passif ! Puis, l’orateur de poursuivre sur un ton sarcastique : « on entend toujours que nous n’avons pas d’idées, que tout ce que l’on fait c’est de l’esbroufe, que la ville va être endettée, que nous faisons de la dette cachée ! Mais, tout cela fait « psichtt » ! Sur la ville et l’agglomération, on va investir 50 % en plus cette année (40 millions d’euros), et si l’on compare sur un bloc de quatre années par rapport au précédent mandat, sur la ville, c’est 50 % d’investissement en plus et sur l’Agglo l’équivalent de 200 %, et quand on regarde l’encours de la dette, c’est bizarre, c’est le même ! ».
L’édile s’interroge à son tour faussement dubitatif : « j’aimerai qu’ils m’expliquent comment on a pu investir autant sans augmenter l’encours de la dette ?! Un encourt de dettes que l’on a récupérées, certes, mais qui n’a sans doute pas servi à financer des choses utiles ! ».
Jubilation sur le visage de Christophe BONNEFOND qui écoute la démonstration de l’élu auxerrois en savourant chaque argument !
Trouver des solutions à la transition énergétique
Etre un territoire qui doit se préparer à la résilience tout en continuant ses investissements dans l’intérêt général est la feuille de route de l’ancien maire de Saint-Georges-sur-Baulche.
« Il nous faut garantir un équilibre qui nous permette de faire face à toutes les circonstances, négatives ou positives. C’est l’investissement qui est à la base de tout ! Un gros travail a été effectué sur le fonctionnement, en 2024, on est quasiment sur les charges de fonctionnement de 2016… ».
Grâce au triptyque mécanisation, optimisation et mutualisation. « On a fait le job, assure Crescent MARAULT, et nous n’avons pas attendu pour le faire ! ».
La recette du système est ensuite expliquée : « contrairement à d’autres collectivités qui sont dans l’obligation de réaliser des coupes sombres, nous, on continue à mettre en place des projets efficients, à travailler en mode projets, pour amener une transversalité qui mécaniquement produit des bienfaits financiers afin d’investir davantage… ».
Quant à la transition écologique, elle sera également évoquée au cours de ce long entretien. « On voit bien que cela commence à poser des problèmes pour les collectivités, constate l’orateur, ceux qui sont en retard et qui ont moins de capacité d’investissements connaîtront encore plus de difficultés pour accompagner la population vers la transition écologique. Le modèle d’avant a plus que vécu, il va falloir penser le modèle d’après… ».
Un modèle d’après où chacun devra être solidaire de la dette dont chacun a pu bénéficier.
« Cette dette nationale va augmenter encore un peu, donc l’effort sera un peu plus important, mais il faut l’intégrer. Nous contribuerons à notre manière au désendettement de la France… ».
Un édile prêt à aider plus l’Etat : « je ne vois pas comment on peut y échapper financièrement. On nous parle déjà d’une fiscalité supplémentaire sur l’eau. On n’a pas attendu et dès 2020 nous avions déjà anticipé pour y faire face… ».
A l’instar de l’électricité, où une taxe supplémentaire sur la ressource énergétique devrait être appliquée dans le pays dès 2025. D’où l’intérêt de travailler sur l’autonomie énergétique et d’adopter le schéma bénéfique de l’économie circulaire.
« Il y a une filière naissante, affirme Crescent MARAULT, du fait de la raréfaction des ressources. On en aura besoin. La mobilité est également une autre thématique importante. On va trouver des solutions à notre modeste niveau pour faire des choses utiles… ».
Une décision prise en décembre 2025 pour les municipales
Naturellement, les échéances municipales de 2026 arrivèrent tôt ou tard dans la discussion avec les journalistes. Réponse de l’intéressé : « je ne fais pas de politique ! Mon job est de continuer et de terminer les dossiers que nous avons commencés. Le jour où on fait de la politique, c’est mort ! On ne pense plus qua çà et on ne se concentre plus sur les projets. Si je faisais de la politique, je ne me battrais pas sur la stratégie des déchets ni sur la création d’un établissement social de l’habitat ! Le jour où l’on fait de la politique, il n’y a plus de coup d’avance et on se met à trembler. Je ne me pose pas ce genre de question mais j’aimerai que les gens comprennent ce que nous faisons. Nous avons la volonté d’expliquer et de conceptualiser… ».
A l’exemple de la réhabilitation de la friche du quartier du Batardeau. « On a besoin d’informer les personnes mais pas de communiquer, renchérit l’édile, je fais de l’information ! ».
Neuf réunions publiques ont pu être mises sur pied à l’automne. « C’était un rendez-vous très important, car on se donne bonne conscience avec les réseaux sociaux mais cela ne suffit pas ! On communique par ce biais-là mais on ne s’assure pas que le message soit bien compris de tous. Le politique crée le fossé avec le citoyen car il ne l’informe pas assez de ses intentions… ».
Des réunions publiques qui auraient de meilleure vertu que de courir les plateaux de télévision ? « Oui ! Si tous les politiques le faisaient, il y aurait moins de problèmes. Je fais le maximum en les multipliant mais je ne suis pas une machine… ».
Alors, au bout du compte et pour satisfaire la curiosité des journalistes présents, sera-t-il candidat à sa succession Crescent MARAULT ?
« Je vous donne rendez-vous en…décembre 2025 où je vous dirai ce que je vais faire ! Mais, je n’ai pas envie de me mettre la pression et nous avons encore plein de projet à réaliser. Les investisseurs que je rencontre sont surtout interpellés par les stratégies que nous faisons…pas par les élections ».
Encore un coup d’avance stratégique, synonyme d’anticipation ? Le futur nous le dira toujours assez tôt !
Thierry BRET