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EDUCATION/ EMPLOI

Quand le travail ne paie plus en France : Antoine FOUCHER propose un big-bang fiscal et social pour lui redonner du sens

By Thierry BRET juin 19, 2025
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« On ne peut le taxer de dérives marxistes, l’ancien directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel PENICAUD ! Pour autant, Antoine FOUCHER, conférencier d’un soir à Auxerre à l’invitation du Cercle Condorcet Auxerrois, propose de réviser le travail en France, source d’épanouissement et non plus seulement d’un labeur subi. Quant aux charges sur le travail, tout est à revoir ! ». Crédit Photos : Dominique BERNERD.

Spécialiste reconnu des politiques sociales, directeur général adjoint du MEDEF de 2012 à 2016 et ancien directeur de cabinet de la ministre du Travail Muriel PENICAUD, Antoine FOUCHER a tenu une conférence dense et sans tabous dans l’amphithéâtre de la Maison du Bâtiment, appelant à une réforme ambitieuse et réaliste du financement de notre modèle social. Son constat est sans appel : pour la première fois depuis 1945, les Français ne voient plus leur niveau de vie s’améliorer en travaillant. Un bouleversement aux conséquences économiques, sociales et politiques…

 

AUXERRE : « Ça eu payé, mais ça paie plus ! ». Comment ne pas penser à cette réplique du regretté Fernand RAYNAUD, en écoutant celui qui derrière le titre percutant de son dernier opus, « Sortir du travail qui ne paie plus », livre un diagnostic rigoureux et implacable sur notre société. Pour la première fois depuis l’après-guerre, explique Antoine FOUCHER, l’effort fourni par les travailleurs n’est plus synonyme de progression matérielle. Autrement dit : les Français travaillent autant, voire plus, mais n’en retirent plus les fruits. Un changement structurel inédit : de 1945 à 2010, chaque génération a connu une amélioration nette de ses conditions de vie et durant les « Trente Glorieuses », le pouvoir d’achat des salariés progressait de 5 % par an. Même dans les décennies suivantes, les gains restaient significatifs, permettant à une vie de travail d’aboutir à un doublement du niveau de vie. Mais depuis une quinzaine d’années, cette mécanique s’est enrayée : « la progression moyenne annuelle du pouvoir d’achat plafonne à 0,8 %. À ce rythme, il faudrait 84 ans de carrière pour espérer vivre deux fois mieux… ».  

 

Une double rupture historique

 

Le travail ne paie plus, et il ne se réduit plus non plus. C’est la seconde rupture pointée par le conférencier. La durée annuelle moyenne du travail en France est passée de 2 200 heures en 1950 à 1 600 heures en 2001 mais elle est restée stable depuis. Quant à la durée de vie professionnelle, elle ne cesse d’augmenter : 43 ans aujourd’hui, 45 ans attendus en 2035, voire 46 ans en 2045. La génération actuelle est la première à devoir travailler davantage que ses parents sans contrepartie tangible. Ce double tournant représenté par un travail plus long et sans hausse du niveau de vie, modifie profondément le contrat social hérité des « Trente Glorieuses ». En résulte un sentiment d’injustice qui alimente les tensions sociales : « avec des conflits sociaux à venir qui risquent d’être très violents, en rapport desquels ce qui s’est passé avec les « Gilets jaunes » n’aura été qu’une petite introduction courte et paisible… ».

Contrairement à certains discours politiques ou médiatiques, l’ancien conseiller technique de Xavier BERTRAND, du temps que ce dernier était ministre du Travail, démonte plusieurs idées reçues : « Non, les entreprises ne se sont pas enrichies sur le dos des salariés ! Dans plein d’endroits du monde c’est le cas, comme aux Etats-Unis, mais en France ce n’est pas vrai ! Pour le dire de façon un peu technique avec le vocabulaire de l’INSEE, le partage de la valeur entre le travail et le capital en France, est stable et n’a pas bougé depuis 70 ans… ».

 

La France mauvais élève de l’Europe en termes d’industrialisation

 

Alors d’où vient le problème ? L’auteur identifie trois causes principales, à commencer par la désindustrialisation du pays qui prive notre économie, d’un secteur moteur en gains de productivité et donc, de hausses salariales : « on n’en a pas souvent conscience, mais la France a la pire des industrialisations en Europe ! Si l’on enlève l’énergie et que l’on prend en compte seulement l’industrie manufacturière, nous sommes à l’avant avant dernière place en pourcentage de la valeur de l’industrie dans le PIB national. Seuls Chypre et la Grèce font pire que nous… ».

En cause également, un sous-investissement dans les compétences affaiblissant d’autant la capacité d’innovation et de production de valeur : « on investit aujourd’hui dans l’éducation, la même part de la richesse nationale que sous Giscard d’Estaing, pas plus, pas moins ! ». Quant au poids croissant des prélèvements sur les revenus du travail qui grignote la rémunération nette, les chiffres sont éloquents : aujourd’hui un salarié au SMIC perçoit 1 426 euros net, mais en réalité, « coûte » 1 935 euros à son employeur. Avec une rémunération à 4 000 euros net mensuel, ce sont en fait 8 524 euros, qui ont été générés en brut…

 

 

S’enrichir en héritant ou par les revenus du capital mais pas par le travail

 

Réindustrialiser et rehausser le niveau de compétences prend du temps : « une vingtaine d’années et en attendant, nous avons besoin d’une solution à effet immédiat… ».

Une solution qui passerait par une réunion drastique de l’écart entre le brut et le net, en allégeant d’autant les cotisations sociales sur le travail. Une réforme qu’Antoine FOUCHER chiffre à 100 milliards d’euros par an, soit 10 % de cotisations sociales en moins, ou la suppression totale de la CSG et de la CRDS. Avec pour conséquence immédiate, selon ses calculs, une hausse nette du pouvoir d’achat de 22 à 25 % en cinq ans. Mais un tel effort pose une question cruciale : qui paiera ? Impossible selon lui, de trouver cette somme en rabotant simplement les dépenses publiques, sans toucher aux piliers du modèle social. Suggérant plutôt de réorienter l’effort de solidarité sur les revenus issus de la rente, de l’héritage ou de la retraite, autrement dit, les revenus ne provenant pas du travail : « oui je sais, dit comme ça, c’est un peu « provoque », mais je vous explique ! ».

Un diagnostic qui repose sur un constat implacable, avec un travail qui aujourd’hui, est taxé huit fois plus que l’héritage, trois fois plus que les retraites et une fois et demie plus que les revenus du capital. Avec pour conséquence une société où il est plus rentable de percevoir des loyers ou de bénéficier d’un patrimoine transmis, que de travailler à plein temps : « pour la première fois, non seulement depuis 1945, mais sans doute de notre histoire, les gens à la retraite ont le même niveau de vie que ceux qui travaillent, Cela n’était jamais arrivé… ». Citant de concert ce rapport du Conseil d’Analyses Economiques de décembre 2021, où il apparaît qu’aujourd’hui, en moyenne, 60 % du patrimoine des personnes n’a rien à voir avec leur travail, mais provient de l’héritage, contre 35 % dans les années 70.

 

La révision du travail en France ? Indispensable…

 

Face à cette situation, l’actuel président du cabinet QUINTET entend bien redonner sa valeur au travail. Et pour financer ce « big-bang fiscal » à 100 milliards d’euros, défend une réorientation des prélèvements, passant notamment par une hausse modérée de la CSG sur les rentes immobilières et financières, ainsi qu’un effort ciblé des retraités les plus aisés (au-delà de 2 500 euros brut mensuels), une fiscalité plus juste sur les héritages importants et une modulation intelligente de la TVA. Cette dernière, souvent décriée comme injuste, pourrait selon lui, être ajustée pour devenir plus équitable, en la baissant sur les produits de première nécessité et relevée sur les biens de luxe ou importés : « si l’amélioration de la rémunération du travail, ça sert à acheter des « IPhone » ou à commander encore plus de vêtements sur « Shein » ou « Temu », ça ne sert à rien, sinon à s’appauvrir collectivement… ».

Mais au-delà des chiffres, c’est une véritable révision du travail que défend l’ancien directeur de cabinet de Muriel PENICAUD : celle d’un travail choisi et source d’épanouissement et non plus seulement d’un labeur subi. A ses yeux, la société ne peut continuer à fonctionner sans une justification collective du travail, comme il en existait autrefois, fondée sur deux piliers, « un travail qui permet d’améliorer sa vie et un travail dans lequel on se réalise ». Militant pour rendre cela possible, pour un droit à la reconversion professionnelle, accessible à tous à un moment de sa carrière.

Une proposition qui n’est ni idéologique ni utopique et d’autant plus crédible qu’on ne peut soupçonner l’ancien dirigeant du MEDEF, de « dérives marxistes », dans l’attente du « grand soir » ! Une vision à la fois exigeante et profondément humaniste qui replace le travail au cœur du pacte républicain et défend la sauvegarde d’une certaine cohésion sociale…  

  

Dominique BERNERD

 

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PRESSE EVASION - Mr Thierry BRET

Tél. : 06.20.31.05.53.

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