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JP SOISSON, l’adieu de l’Yonne à sa figure de proue …
mars 02, 2024Il était le meilleur ambassadeur de notre territoire. Son incarnation personnifiée à plus d’un titre grâce à son éternelle silhouette de jeune homme. N’hésitant jamais à vanter la qualité du jambon persillé, de la gougère au fromage, et de ce petit verre de chablis dont il était si friand. Tant dans les travées de l’Assemblée nationale que dans les salons des différents ministères dont il occupa jadis les fonctions. Jean-Pierre SOISSON n’est plus.
Parti cette semaine qui n’avait donc plus rien d’ordinaire sur la pointe des pieds à l’âge de 89 ans. Parmi les siens.
Lui que l’on croyait éternel tant sa présence était constante dans toutes les sphères institutionnelles et politiques de ce département de la Bourgogne septentrionale. Lui qui s’intéressait au devenir économique des siens en ayant multiplié projets de développement et inaugurations évènementielles. Lui qui doté de sa très belle plume à livrer des œuvres scripturales de toute beauté en mettant à l’honneur, entre autres, les noms de ce patrimoine historique dont la Bourgogne est fière. De Charles le Téméraire à Charles Quint, sa propre vision de l’histoire régionale où il était devenu au fil des ans l’un des derniers grands ducs de Bourgogne.
Beaucoup se référaient à Jean-Pierre SOISSON. « JPS » comme on le nommait affectueusement. Prenant le soin de discuter avec lui. En toute franchise et en parfaite cordialité, car cet homme de lettres, de savoir, érudit et passionné, prenait le temps de s’intéresser aux autres. A tous les autres ! Des plus humbles aux plus puissants. Usant du tutoiement et de la franche poignée de main, il établissait une relation amicale avec celles et ceux qui le côtoyaient de près.
D’ailleurs, par chez nous, la classe politique a été unanime dans ses hommages et ses remerciements envers ce personnage dont la capacité intellectuelle manquera cruellement à notre territoire. Qu’il s’agisse de Patrick GENDRAUD à André VILLIERS, de Dominique VERIEN à Jean-Baptiste LEMOYNE, de Marie-Guite DUFAY à Guillaume LARRIVE, de Julien ODOUL à Pascal HENRIAT, de Guy FEREZ à Nicolas SORET…Tous reconnaissent le rôle prégnant de l’auguste personnage qui aura su perdurer en termes de longévité et de pouvoir d’influence dans le sérail politique durant tant d’années. Cinq décennies, voire un peu plus, pour être précis.
Même l’ancien Premier ministre et ami, Jean-Pierre RAFFARIN, sera du voyage ce lundi 04 mars pour rendre un ultime hommage à ce grand commis de l’Etat ; dans une cathédrale auxerroise pleine comme un œuf et qui ne pourra accueillir toutes celles et ceux qui souhaitent accompagner une dernière fois l’ami Jean-Pierre dans ses ultimes déambulations cérémoniales officielles au cœur de l’après-midi.
La dernière pirouette du dernier des géants de la vie politique bourguignonne. Un dernier tour de piste pour dire un adieu à la figure de proue de l’Yonne qui aura perdu définitivement sa boussole…
Thierry BRET
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La semaine 09 par monts et par mots… : la souveraineté alimentaire se défend dans les villes avec les agriculteurs
mars 01, 2024Sont-ils entendus lorsque les cohortes de tracteurs pénètrent dans le cœur des villes, pour rejoindre tel ou tel bâtiment officiel de l’Etat ? Nonobstant les paillettes franciliennes du célèbre Salon, le monde agricole n’en peut plus de vivre une situation complexe au niveau économique qui semble inéluctable au fil des ans. Le faire savoir auprès des consommateurs que nous sommes n’est-il pas la meilleure campagne de communication qu’il soit ? Sans doute, pour mieux interpeller les consciences en matière de souveraineté alimentaire…
Lundi
« Moi y’en a vouloir des sous ! ». Jean YANNE avait fait en son temps de cet appel, un film à succès. Un titre repris hier soir au journal de TF1 par le « grand argentier » du gouvernement, Bruno LE MAIRE, obligé de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour l’année 2024. Annonçant dans le même temps un plan d’économies de dix milliards d’euros, dont un milliard sur le dos de « MaPrimeRenov », le dispositif d’aide à la rénovation énergétique pourtant glorifié en son temps par l’exécutif. Pas grave, la neutralité carbone et le changement climatique attendront !
Mardi
Selon une récente étude de l’ONG, « Transports et Environnement », la taille des voitures neuves augmente d’un centimètre tous les ans. Plus de la moitié des modèles en vogue vendus en 2023 excède les 180 cm de large, taille minimum des places de stationnement sur la voie publique dans les grandes villes. On imagine déjà les contorsions pour s’extirper du véhicule, bonjour le lumbago ! Le parking de l’Arquebuse à Auxerre ne semble pas concerné : il y a longtemps que les automobilistes ont pris pour habitude d’utiliser trois places pour une seule voiture, la faute à ces foutus piliers de béton empêchant toute manœuvre…
Mercredi
« Noirs de barbe et de nuit, hirsutes menaçants… ». Vous étiez « vingt et trois » et vos gueules, placardées sur une affiche rouge s’affichaient dans les rues de Paris en cet hiver 1944. Des visages sortis de l’oubli quelques années plus tard par Louis ARAGON, magnifiés par la musique et la voix du grand Léo. Il aura fallu 80 ans pour qu’à travers cette « panthéonisation » de Missak MANOUCHIAN accompagné de sa « douce Mélinée », la République ne vous honore. Juifs, polonais, espagnols, italiens, vous étiez « vingt et trois à crier la France en s’abattant », vingt et trois apatrides rêvant d’un pays qui se refusait à vous. Rouge était votre drapeau, rouge-sang à jamais vos noms gravés dans notre mémoire…
Jeudi
Pas tous les jours que les tracteurs défilent dans Auxerre ! « Agriculteurs en colère », deux mots associés qui feraient presque pléonasme, tant la profession affiche depuis longtemps déjà son mal-être. A l’issue de plusieurs semaines de mobilisation à travers le pays, le soutien des Français ne faiblit pas, avec 85 % de sondés favorables au mouvement de contestation. Par-delà ce véritable « cri d’amour » adressé au monde paysan, quelques voix discordantes se font entendre au travers des réseaux sociaux : c’est un univers où l’on ne « prend jamais de vacances », où l’on travaille « 60 heures et plus par semaine », où « l’on se paie un salaire de misère », où le taux de suicide est particulièrement élevé, où l’on souffre d’un manque de notoriété et de reconnaissance. Comment expliquer alors qu’en dépit de toutes ces difficultés, l’on continue à se transmettre au fil des générations, les exploitations au sein de la cellule familiale ? La préservation du patrimoine aurait-elle plus d’importance que de profiter de la vie ?
Vendredi
Depuis près d’une semaine, la dépouille d’Alexeï NAVALNY repose toujours à la morgue de Salekhard, charmante colonie pénitentiaire à cheval sur le cercle polaire. Sa mère, Lioudmila NAVALNAYA a enfin eu accès au corps de son fils, mais elle est victime d’un chantage des autorités lui imposant des funérailles en catimini, à l’abri des regards. L’ignominie « poutinienne » jusque par-delà la mort…
Samedi
Les partisans du « Frexit » ne désarment pas, à l’image de ces sympathisants de « l’Union Populaire Républicaine » installés Porte de Versailles, devant les grilles du Salon de l’Agriculture. Reste à savoir s’ils feront beaucoup d’émules dans le milieu agricole, quand on sait que la PAC représente plus d’un tiers du budget de l’Union Européenne et qu’à ce titre, la France est prévue recevoir 45 milliards d’euros sur une enveloppe globale de 264 milliards d’euros allouée aux états membres pour la période 2023-2027. Il va falloir encore un peu de patience à François ASSELINEAU, avant d’espérer dormir à l’Elysée !
Dimanche
Que voilà un proverbe plein d’avenir et fleurant bon les iles ! Au SIA, le pavillon des produits et saveurs d’Outre-Mer rencontre toujours un grand succès auprès des visiteurs. A consommer avec modération bien sûr, mais bénédiction papale garantie !
Dominique BERNERD
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L’Aile ou la Cuisse : « Les Cordois Autrement », une cuisine authentique où les saveurs ne trichent pas…
février 29, 2024J'ai connu le sympathique chef Sylvain GAUTHIER à la fin du siècle dernier, grâce au guide « Petitrenaud des bonnes maisons ». Mon pote Jean-Luc avait eu le nez creux ! L’étape était heureuse, en s'arrêtant dans cette petite auberge de bord de route. Antan, Sylvain était établi à Sainte-Magnance, à la pointe sud du département. Cette petite auberge sentait bon les tomettes au sol, les tables cirées ainsi que le feu de cheminée. Qu'il était bon de s’y retrouver après une ballade moto un brin humide ! Et comme l'on y mangeait bien !
AVALLON : Voici longtemps que le chef souhaitait s'implanter dans cette sous-préfecture. C'est chose faite depuis une dizaine d'années. Bien sûr que c'est lumineux. C’est sûrement plus fonctionnel, mais bon, l'était bien chouette cette petite auberge au bord de la RN6, tenue un siècle durant par la famille de ce bon cuisinier.
A Avallon, « Les Cordois Autrement » - seule adresse mentionnée au Michelin, si pingre désormais avec nos tables icaunaises - se localise dans le quartier historique : tour de l'horloge, grenier à sel, collégiale Saint-Lazare. Une jolie bourgade.
Les escargots ont la cote dans la maison
La salle y est tout en longueur. On s'installe plutôt confortablement, en attendant la petite terrasse des beaux jours. Une carte courte et précise, dans laquelle les mets sont cuisinés maison. Sylvain est un honnête pro. Il ne triche pas. Ce chef, aussi discret que bien élevé, m'évoqua, un rien interloqué, lors de notre déjeuner, le repas récent d'un entrepreneur local - dont l'ouverture est imminente - venu non point pour se régaler d'œufs en meurette, mais plutôt pour débaucher son second de cuisine. Rien d'élégant en la matière !
Les escargots ont toujours eu droit de cité sur la carte. Mais avec des variations culinaires. Là, tel un coq en pâte, ce sont nos gastéropodes qui s'y nichent, agréablement rejoint par un mélange d'ail et persil, harmonieux et point trop gras. Le pain pour saucer est bon. A la carte des vins, le Saint-Véran est moins cher que le Chablis, passons. Quant aux œufs en meurette, le cliché au jaune coulant se suffit à lui-même !
Une recette de saumon à la saucisse de Morteau qui fait mouche !
En plat, j'aurai volontiers pris des rognons de veau. Les abats, c'est bon ! Et aussi bon marché. D'après un récent article du « Figaro », ils redeviendraient à la mode. Réjouissons-nous-en ! Mais, figure toujours sur la carte, un vieux plat créé par Sylvain qu'il ne peut enlever : l'escalope de saumon à la saucisse de Morteau, crème de cancoillotte et étuvée de choux. Je n'affectionne guère le saumon, produit par trop galvaudé, mais ce plat est fort agréable et bien équilibré. L'alliance chair poissonnière et saucisse fumée fonctionne à souhait, suavement nappée par une onctueuse cancoillotte franc-comtoise, au faible taux de matières grasses ! En accompagnement, choux et d’impeccables pommes dauphine complètent cette bonne assiette, symbole d'une cuisine simple, bonne car bien exécutée ! CQFD !
En dessert, la crème brûlée à base de chicorée est copieuse. La tarte tatin, aussi, est délicieuse, avec une belle alliance de pommes un rien compotées.
Il est temps de repartir, réchauffés après cette bonne halte gourmande. Cette promenade motarde hivernale nous fit apercevoir les collines morvandelles enneigées, entre Autun et Arleuf, là où il y a un bistrot rigolo, « Le Cornemuse », ouvert du mercredi au dimanche. Merci chef et à bientôt !
En savoir plus :
Les - : rien à signaler pour aujourd'hui !
Les + : l'équipe mauricienne au service est aussi rigolote que souriante.
Contact :
Les Cordois Autrement
15 Rue Bocquillot
89200 AVALLON
Tel : 03.86.33.11.79.
Fermé mardi et mercredi.
Première formule à 23 euros.
Environ 35 euros à la carte pour une formule entrée/plat.
Gauthier PAJONA
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Il était l’Yonne incarnée : Jean-Pierre SOISSON, dernier des « ducs de Bourgogne », tire sa révérence à 89 ans
février 28, 2024C’était la joie de vivre personnifiée. Le mot juste et empathique pour toutes celles et ceux qui croisaient un jour son chemin, le sourire aux lèvres, la poignée de main franche et le tutoiement facile. Un personnage de la sphère politique comme on en fait plus. De la race des seigneurs, des vrais qui ont le cœur sur la main et qui défendent becs et ongles leurs convictions. JPS n’est plus. Un trublion de la vie publique qui aura tout connu ou presque. Ministre, député, maire, président de Région. La nouvelle est tombée lapidaire, mardi en début de soirée. Le « Vieux lion » s’en est allé. Presque sur la pointe des pieds…
AUXERRE : La nouvelle circule sur la toile. Il n’est guère que vingt-deux heures passées quand les premiers éléments informatifs sont relayés massivement via les notifications des médias sur les smartphones. Avec leur petite sonorité d’usage qui ne cesse de retentir, comme synonyme de l’annonce d’une nouvelle importante et sérieuse. Une première lecture et l’info est déjà bien ancrée dans les neurones. L’ancien député-maire de la Ville d’Auxerre, Jean-Pierre SOISSON, nous a quittés. Une information qu’il s’agira de vite confirmer en se précipitant sur l’une des chaînes en boucle du paysage audiovisuel français en quasi simultanée. Bingo ! LCI et BFM TV ne tardent pas à réagir aux énièmes notifications numériques. La phrase est toute aussi courte mais suppose sans équivoque la même signification. L’ancien ministre de Giscard et de Mitterrand n’est plus. A l’âge de 89 ans. Un clin d’œil malicieux de Jean-Pierre, en guise d’ultime pirouette, à ce chiffre, hautement symbolique, et cher à ce territoire de l’Yonne dont il vantait tant les louanges lors de ses apparitions publiques, y compris dans les cénacles de l’Etat à Paris !
Disparaître à 89 ans alors qu’il était l’incarnation même de ce département 89, celui de l’Yonne, pourrait paraître tel un joli pied de nez à l’adversité et à la mort ! Sacré Jean-Pierre ! On sait dès cet instant qu’il nous manquera pour longtemps. Lui et sa plume unique. Lui et sa verve légendaire. Son érudition, aussi. Capable de tenir la distance sur une intervention oratoire, sans lecture de notes, en y mettant de la vie et de l’émotion, et surtout de l’intérêt. Un électron libre, dans sa tête, qui n’aura jamais pratiqué l’art de la langue de bois. Un grand monsieur de la politique hexagonale, comme ont pu l’être des figures de la Vème république qui possédait cette aura et cette présence quasi magnétique. Un Edgar FAURE. Un Gaston DEFERRE. Un Pierre BEREGOVOY. Un Raymond BARRE.
On le savait frappée par la maladie depuis plusieurs années déjà. Un cancer. Il peinait à marcher quand on le croisait au détour d’une rue ou d’une manifestation. Mais, si sa silhouette s’était quelque peu recroquevillée, l’esprit, quant à lui, était toujours fécond et brillant. Les idées claires et lumineuses. A l’identique de ses écrits. Des livres sur l’histoire, « Charles le Téméraire », « Marguerite duchesse de Bourgogne », « Charles Quint » ou encore « Saint-Germain d’Auxerre ». Mais, aussi des réflexions politiques « Politique en jachère » ou « Hors des sentiers battus ». Un truculent « Voyage en Norvège », aussi, publié en 1994 à mettre en toutes les mains.
Naturellement, ce mercredi, les réactions sont nombreuses. Hexagonales comme régionales. Départementales comme locales. On n’est pas impunément un homme politique de rayonnement national, plusieurs fois ministres et six fois députés, élu à la tête de la municipalité d’Auxerre durant tant d’années sans laisser de traces. Ni de commentaires le jour où l’on quitte ce monde. Certains l’auront traité de caméléon de la politique, d’autres de dinosaure. D’opportuniste ou de clairvoyant, toujours est-il que Jean-Pierre SOISSON n’aura laissé personne indifférent, pour celles et ceux de ses amis ou adversaires qui auront eu la chance de le côtoyer de près durant toutes ces décennies.
Thierry BRET
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L’esprit COLUCHE règne toujours aux Restos du Cœur : Romain COLUCCI fustige les élus qui pratiquent le déni de pauvreté
février 28, 2024C’est bien le fils de son père ! Incontestablement, les chiens ne font pas des chats ! Lumineux, le regard se pose sur l’assistance, présente dans la petite salle surchauffée. Il se sert copieusement de boulettes et de riz, des mets à l’odeur si alléchante. Les cheveux ébouriffés, l’humour déjà bien aiguisé et à fleur de peau, Romain COLUCCI partage son déjeuner avec une dizaine de bénévoles des Restos du Cœur. Celles et ceux qui avec humilité et générosité entretiennent l’œuvre de son regretté paternel qui eut la fabuleuse idée, un soir de septembre 1985, de porter sur les fonts baptismaux de la création, une certaine structure associative, toujours aussi solidaire…
APPOIGNY : Bon, la première tentative a été avortée et s’est donc soldée par un échec. Point de Romain COLUCCI à 11 heures tapantes, dans les locaux en mode hangar de l’association caritative auxerroise. Hormis les habituels bénévoles qui s’escrimaient dans la dynamique avec des palettes et des monte-charge pour achalander les camionnettes de victuailles prêtes à être expédiées aux quatre coins du département, il n’y avait pas l’ombre du fils aîné de COLUCHE en cette fin de matinée, mardi.
On nous aurait trompés sur la véracité de l’information ? Que nenni ! Le retard du personnage prodigue tant espéré s’expliqua par des soucis techniques, imputables à la SNCF, du côté de Montereau en Seine-et-Marne ! Moyennant quoi : il faudra s’armer de patience, ronger son frein en retournant au bureau après un premier aller-retour pour du beurre et revenir d’ici deux heures, laps de temps nécessaire pour que le garçon, en provenance de la capitale, arrive enfin à bon port, à bord d’une automobile sur son lieu de chute, le siège social des Restos du Cœur auxerrois.
Treize heures, rebelote ! Cette fois, c’est la bonne tentative. Attablé aux côtés d’une dizaine de bénévoles qui discutent gaillardement de leurs projets, fourchettes et couteaux à la main en dégustant de succulentes boulettes de viande, agrémentées d’un riz en sauce, Romain COLUCCI prend le temps de déjeuner. L’appétit est là ! Et le singulier personnage ne plaisante pas avec cela, visiblement !
Répondant aux questions et livrant ses impressions au journaliste que je suis tout en découpant une boulette en deux avant de l’avaler ! Une interview à la mode bonne franquette entre deux cliquetis de couverts que n’aurait nullement renié son regretté paternel, nous ayant tant faire rire !
« Pourquoi suis-je ici ?, s’interroge Romain COLUCCI, c’est très simple : je suis là parce qu’il y a les bénévoles et je suis venu soutenir ces bénévoles… ».
Plus d’1,2 million de repas servis dans l’Yonne en 2023
Le regard malicieux, le sourire aux lèvres, le fil aîné de COLUCHE est en tournée. Non pas pour y interpréter l’un des titres fétiches de son père, « Misère », mais pour être au plus près de celles et de ceux qui perpétuent le souvenir toujours très vivant de l’humoriste qui avait lancé sur les ondes d’Europe 1 le 26 septembre 1985 ce fameux dispositif, « Les Restos du Cœur », de plus en plus opérationnel et obligatoire sur le terrain.
D’ailleurs, ne serait-ce que dans l’Yonne, 8 000 personnes de tout âge bénéficient désormais de ces services. Une manière de lutter contre la précarité alimentaire, l’inflation galopante, le coût de la vie qui s’envole. En 2023, ce sont 1,2 million de repas qui y ont été servis dans les seize centres accueillis en Bourgogne septentrionale. Des Restos qui ne cantonnent plus à la distribution de repas et de nourriture. Mais, aussi proposent désormais de l’aide à la personne, grâce à des conventions signées avec des unités territoriales, dépendantes du Conseil départemental. Loisirs, culture, retour à l’emploi, santé…autant d’orientations utiles qui viennent se greffer à l’existant.
Entre deux bouchées, Romain COLUCCI se désole de la situation conjoncturelle, impitoyable envers les plus défavorisés. L’an passé, il a rendu visite à plus de cent-trente centres, répartis aux quatre coins de l’Hexagone. Il espère en découvrir 150 en 2024. Un vrai tour de France en hommage à l’altruisme et au bénévolat. Qui l’emmènera à Bourges, au Mans d’ici peu.
Honte aux élus qui pratiquent le déni de pauvreté !
« Plus la situation est difficile, souligne-t-il, plus il est nécessaire et indispensable de soutenir les bénévoles. Les Français sont généreux dans l’ensemble. Comme dans l’Yonne, où deux sociétés privées nous donnent des quantités de palettes de nourriture en abondance, EURIAL pour les laitages et yaourts, et la FOURNEE DOREE pour les viennoiseries. Sans oublier le groupe SCHIEVER… ».
A contrario, Romain est très critique contre celles des localités qui ne jouent pas le jeu. Sans les citer, il les pointe d’un doigt honteux : « ce n’est pas une histoire de couleur politique, mais c’est une histoire de courage personnel et de déni de la part des édiles. Certains élus nous disent qu’il n’y a pas de pauvreté dans leur commune, ce qui n’est pas vrai ! ».
Citant les chiffres de l’INSEE, Romain COLUCCI est à ce titre très catégorique : en France, dix millions de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté. Dont 550 000 personnes supplémentaires dans la seule année dernière !
« Evidemment, ces gens-là vivent dans toutes les communes de France : cela me révolte de le nier ! ».
Le porte-parole des Restos ne demande pas l’aumône vis-à-vis de ces élus peu engageants : « on ne souhaite parfois qu’un simple local que l’on nous refuse sous prétexte qu’il n’y a pas de pauvres dans ces localités ! ».
En 1985, COLUCHE s’était intéressé de près à la cause des chômeurs de longue durée. Justifiant sa célèbre démarche associative que l’on connaît depuis. Aujourd’hui, outre ce phénomène, il y a la problématique des travailleurs précaires, des personnes qui possèdent une activité professionnelle mais très mal payée.
« Quand on calcule le reste à vivre, argumente Romain COLUCCI, une fois enlevées les charges et les taxes, ces personnes peuvent prétendre aux aides des Restos du Cœur ! ».
Et de ce citer les 400 familles impactées par la disparition de BENTELER à Migennes qui vivent depuis deux ans très difficilement des allocations du chômage aujourd’hui.
La France n’arrive même pas à nourrir sa propre population
D’ailleurs, la liste des bénéficiaires des Restos ne s’arrête pas là. « On peut y ajouter les étudiants, et surtout une catégorie sociale dont on parle beaucoup ces jours-ci, ce sont les agriculteurs ! ».
26 % de la profession agricole vit à date sous le seuil de pauvreté en France. Quant aux seniors et aux petites retraites, Romain COLUCCI les ajoute à cet inventaire à la Prévert.
Mais, l’émotion surgit dans le regard de notre interlocuteur lorsqu’il s’attarde sur le sort des enfants. « Avant quand j’allais aux Restos du Cœur, je ne voyais que des adultes, aujourd’hui, est-ce normal qu’il y a de plus en plus de gamins… ». Un sacré paradoxe dans le pays de la bouffe par excellence ?
« C’est tout de même terrible que la France, pays de production alimentaire, n’arrive pas à nourrir sa propre population… ».
Faisant dire à l’interviewé, « il ne faudrait pas oublier que les Restos du Cœur sont un des maillons de la souveraineté alimentaire en France… ».
Un dernier mot avant d’afficher de nouveau un large sourire sur ce sympathique visage qui perpétue dans la bonne humeur l’œuvre de son père. « Tant qu’il y a la bonne ambiance aux Restos du Cœur, nous sommes dans l’esprit COLUCHE ! ».
Qui mieux que son fils aîné pour le dire, à quelques jours de la collecte nationale qui sera organisée les 01er et 02 mars prochains…C'est l'histoire d'un mec !
Thierry BRET
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