« Envie d’Europe » ! Le calicot où est imprimé un portrait tout sourire de Raphaël GLUCKSMANN occupe une place stratégique, voire très visible, dans le local un peu exigu du Parti Socialiste de l’Yonne. Au moins, on est fixés sur la teneur des futurs propos ! La conférence de presse concoctée par les représentants du « parti à la rose » - cher à l’époque mitterrandienne des grandes heures de l’Union de la Gauche -, et de Place Publique ne traitera pas d’autres sujets que ces fameuses échéances européennes du 09 juin dont bon nombre de nos concitoyens se sentent très éloignés. A tort ! Car, il en va de l’avenir du Vieux Continent plus que jamais menacé à ses portes orientales…par la guerre.
AUXERRE : Ils se nomment Julien JACQUET, Mickaël PAGNOUX et Mani CAMBEFORT. Le premier est responsable de la section des Jeunes Socialistes de l’Yonne. Il est par ailleurs conseiller municipal de Dixmont. Là où exerce l’excellent Marc BOTIN, président du Grand Sénonais qui dynamise sa localité ! Le second est le référent départemental de Place Publique, originaire de Joigny où il a fait ses gammes dans le sillage d’un certain…Nicolas SORET. Le troisième, il n’est plus nécessaire de le présenter ! Premier secrétaire fédéral du Parti Socialiste de l’Yonne, Mani CAMBEFORT est devenu au fil des dernières années un personnage clé du sérail politique auxerrois. S’illustrant en sa qualité d’élu de l’opposition tant au conseil communautaire que municipal. Une tête bien remplie, un sens de l’à-propos bien aiguisé et une grande aisance dans la maîtrise des dossiers techniques…
Le renouveau de la gauche socialiste et apparentée
A eux trois, ces « gamins » de la politique n’ont incontestablement plus rien à voir avec les « éléphants » du socialisme d’antan, ces piliers indéboulonnables et cacochymes d’une certaine idée de la France d’avant et de l’idéologie de gauche bien enracinée aux accords d’Epinay de juin 1971.
Un trio de jeunes loups aux dents acérées qui agit presque en meute pour délivrer et expliquer les messages ô combien limpides de leur candidat quasi providentiel – ce dernier cartonne étonnamment dans les intentions de vote après la débâcle du PS aux dernières présidentielles, cela tient presque du miracle -, j’ai nommé Raphaël GLUCKSMANN !
A l’instar, mais à un degré moindre tout de même pour la tête de liste du parti communiste Léon DEFFONTAINES – là aussi un « jeunot » de 28 ans tout comme le chef de file du Rassemblement National Jordan BARDELLA ! -, Raphaël GLUCKSMANN jouit d’une belle cote de popularité auprès des électeurs hexagonaux qui le placent dans le trio de tête des intentions de vote aux européennes depuis un long moment.
Prioriser l’alternance après 25 ans de Parti Populaire
Face à la presse, le trio s’est donc mis au diapason, en accordant ses violons tout en se répartissant les rôles, pour expliciter et commenter le contenu de ce programme à l’estampille du PS et de Place Publique. La formation née en 2018 dont Raphaël GLUCKSMANN est l’un des quatre cofondateurs. Un mouvement qui dit vouloir agir en faveur de « la construction d’une Europe démocratique, solidaire et écologique ». Un néo-parti qui obtiendra toutefois deux sièges aux élections européennes de 2019 dont, évidemment, le candidat placé en pole-position sur l’actuelle liste.
Si ce programme est distribué via des tracts dans la rue ou le boîtage au domicile des citoyens, il demande à être analysé en profondeur. L’un des axes majeurs de la réflexion est imputable à la situation conflictuelle vécue dans la partie orientale du continent. Entre la déchirure funeste et imprévisible opposant la Russie à l’Ukraine.
« Ces élections sont très importantes, rappelle Mani CAMBEFORT, avec le retour de la guerre en Europe. Il y a aussi l’effondrement climatique qui s’active avec les épisodes de sécheresse et de pluviométrie abondante. Enfin, il y a la poussée des populismes et de l’extrême droite. Cela peut menacer l’équilibre démocratique de l’Union européenne…et nos libertés ».
Une bascule qui exige de ce fait un indispensable sursaut européen. D’où la liste du PS/Place Publique qui veut transformer l’UE en structure écologique et démocratique forte.
« L’objectif est simple à nos yeux, ajoute un Mani CAMBEFORT à l’aise dans cet exercice oratoire, on recherche l’alternance après vingt-cinq années de gouvernance à droite. Le Parti Populaire (à droite) gouverne l’Europe depuis un quart de siècle… ».
La défense commune de l’Europe : l’un des piliers sur lequel s’appuyer
Dans les faits, ce programme à la sauce GLUCKSMANN s’arcboute sur quatre piliers. « Pour une Europe puissante » est le premier d’entre eux. Il est question de la défense du continent, malgré soixante-dix ans de réflexions sur le sujet, d’atermoiements et d’échecs pour une défense commune. Mani CAMBEFORT fourbit quelques chiffres : « La France est incapable de livrer plus de 3 000 obus à l’Ukraine quand la Russie en tire 20 000 au quotidien. Notre sécurité européenne est également conditionnée à l’OTAN et est suspendue à la décision du vote américain du 05 novembre 2024. Si Donald TRUMP l’emporte, il faudra en assumer les conséquences…seuls ».
La solution à cette problématique ? Le lancement d’un fonds européen de la défense de 100 milliards d’euros. Mais, l’Europe doit aussi s’inscrire dans la durée en devenant un « continent producteur » comme l’assène sur les plateaux TV la tête de liste du PS/Place Publique. « Nous devons être producteurs sur trois niveaux : la sécurité, l’industrie et l’énergie. Il est primordial de mettre en place une stratégie protectionniste afin de protéger nos industries (face à la Chine ? sans doute) afin d’orienter les commandes publiques vers les entreprises européennes. Cessons d’être naïfs ! ».
Quant à la souveraineté en matière énergétique, elle devient obligatoire aux yeux du premier fédéral socialiste de l’Yonne. « L’idée est d’être moins dépendant des énergies fossiles et du gaz russe, explique-t-il, il faudrait atteindre 75 % de production d’énergie renouvelable d’ici 2040. Quant à la PAC, la politique agricole commune, il est temps de la réformer. Et de défendre le principe de la souveraineté alimentaire pour produire sur son sol les produits nécessaires à son alimentation… ».
L’alimentaire est considéré désormais comme une « arme », ce volet est devenu un symbole fort de notre souveraineté et de notre autonomie.
Une Europe plus sociale et protectrice de l’intérêt des salariés
Le pilier social fut ensuite évoqué par Julien JACQUET. La protection des ménages face aux dérapages inflationnistes et la réduction des coûts de l’énergie représentent le credo vers lequel il faut aller. « Un prix de l’électricité qui doit correspondre au coût réel de sa production, souligne le jeune homme, il faut arrêter de fixer ces prix sur ceux du gaz… ».
Ainsi, une tarification progressive de l’électricité est envisageable, sur le principe des premiers KW/h utilisés coûteraient moins chers que les suivants. Les injustices salariales ne sont pas omises de ce copieux patchwork d’idées, avec la réduction des écarts de salaires de un à vingt dans les entreprises. « Un dispositif qui permettra d’augmenter les salaires, insiste Julien JACQUET, pour qu’un patron gagne plus, il faudra que ses salariés gagnent davantage aussi… ».
Interdire la vente de produits de sociétés multinationales qui ne paieraient pas les mêmes impôts que les commerces de proximité s’inscrit également parmi les priorités sociales de ce programme. « Il faut protéger nos entreprises et nos salariés, poursuit-il, quant aux usages du numérique, ils doivent être régulés et l’on doit se préparer à se protéger de l’intelligence artificielle… ».
Le volet sanitaire sera abordé ensuite. « On fera de la santé un sujet phare à l’échelle européenne. Quant à l’accès au service public, toutes les petites communes doivent pouvoir en bénéficier en simplifiant les financements européens… ».
Sortir de la consommation de masse : la priorité !
Quant à la situation écologique, elle n’est pas bonne. Comme le confirme Mickaël PAGNOUX. « L’environnement est devenu un bouc émissaire et le RN veut revenir sur tout, sur la loi sur la renaturation, sur la sortie des moteurs thermiques neufs en 2035, du pacte Vert, etc. Il y a un enjeu de protection de l’existant. L’écologie est une opportunité pour sortir des énergies fossiles, une opportunité géopolitique. La réindustrialisation nous permettra de créer des milliers d’emploi permettant aux classes populaires d’être davantage impliquées. Il faut aussi passer aux investissements massifs en accompagnant les acteurs, ceux de l’agriculture, en passant à 5 % du PIB européen pour financer la transition écologique… ».
Défendre la sobriété – « c’est un gros mot chez les Macronistes ! »- et sortir du tout jetable est aussi un axe de travail.
Alors, le bonheur serait-il toujours représenté par la consommation de masse ? Que nenni, rétorque le référent icaunais de Place Publique ! « Il faut sortir de ça ! Car, cela crée de la frustration… ».
Voyager enfin dans toute l’Europe en favorisant le transport ferroviaire avec des billets à prix plus doux est l’une des pistes qui serait appliquée par la liste de Raphaël GLUCKSMANN en cas de succès le 09 juin.
Une nouvelle vision de la société en Europe qui n’est pas un marché ? Pourquoi pas, dans les faits. Les notions de droits (handicapés, seniors) et des valeurs furent également soulignées au terme de ce rendez-vous explicatif et fructueux par nos trois pédagogues d’un soir.
Des réponses concrètes, selon eux, pour enrayer les inégalités et leurs violences qui sévissent aux quatre coins du Vieux Continent…Il reste juste à convaincre les Français à se rendre aux urnes !
Thierry BRET