Mazette ! Il faut sortir de l’ENA, de Saint-Cyr ou de Polytechnique, voire des trois illustres écoles hexagonales à la fois, pour appréhender du mieux possible ce « foutu » dossier que représente le concept « Parcoursup » ! Un outil de la pire espèce pour les parents et leur progéniture qui en font des cauchemars rien qu’à l’idée d’y être confrontés un jour ou l’autre, un dispositif pourtant jugé déterminant pour le devenir de nos chères têtes blondes – celles-ci ont désormais grandi et sont fin prêtes à voler de leurs propres ailes au grand dam de leurs mamans désabusées – car il y est question de leur avenir. Avec ce mot à placarder au-dessus de toutes les têtes de lit pour s’en imprégner davantage dès la nuit venue (elle porte conseil en effet alors profitons-en !) : l’orientation !
A la lecture de la dizaine de feuillets, collectés avec méthode et minutie sur un site Internet explicatif, il n’est pas certain toutefois que le commun des mortels ait entravé que couic aux formules si alambiquées et aux renseignements un tant soit peu nébuleux qui en constituent l’ossature explicative !
Drôle de document que celui-là, qui a pour pourtant vocation à éclairer nos lanternes sur le montage et la constitution de ce fameux dossier, avec ses multiples exemples de phrases toutes faites sorties de nulle part, permettant de rédiger le fameux dossier. Des phrases qui au lieu d’aider en les simplifiant le rédacteur – en l’occurrence, somme toute, le futur bachelier confronté à cette punition intellectuelle imposée – serviraient presque à le décider de rebrousser chemin et de s’enfuir le plus vite possible en courant.
Bienvenue jeunes gens, dans la réalité temporelle de notre époque, faite de cet amoncellement bureaucratique et administratif indigeste à subir en permanence qui augure de sacrées réjouissances une fois arrimé dans la vie active et professionnelle.
Un système d’une rare opacité à aborder en toute transparence !
Pour peu que les fillettes ou les garnements de la famille envisagent de créer un jour leur propre entreprise, elles et ils ne seront pas déçus de ce voyage extraordinaire à vivre façon périple aventureux dans ce monde de l’absurde qui se nomme la technocratie française !
D’ailleurs, on ne compte plus les réunions d’information et les initiatives pédagogiques proposées par les Centres d’information et d’Orientation (CIO) des établissements scolaires de France et de Navarre qui invitent les familles et leurs rejetons à des rencontres visant à dédramatiser la situation. A croire que non seulement, le système de sélection et d’orientation français validé par l’Education nationale – d’une rare complexité, par ailleurs – ne repose pas sur un véritable parcours du combattant – comme on aime le rallier et l’écrire dès que possible avec humour ! – mais bel et bien sur un authentique chemin de croix ! Ce qui est pire, sans doute, au niveau de sa finalité.
A l’été 2022, le Conseil d’Etat lui-même dénonçait le manque de transparence du système en argumentant que nul n’en connaissait les critères de sélection ! C’est tout dire. On lui répondait à l’époque que le système fonctionnait grâce à des algorithmes locaux, plus ou moins opaques, mis en place délibérément par les universités dans leurs filières attractives pour mieux en gérer les admissions (sic)…
Des élèves qui ont recours à l’aide salvatrice des parents !
Toujours est-il, que grâce à ce procédé d’une clarté évidente comme de bien entendu où il est demandé de formuler une dizaine de vœux pour caractériser les envies intellectuelles du futur étudiant, les familles sont en proie au stress sans limite, façon « nervous breakdown » à la manière de l’inénarrable Jean LEFEBVRE face à Bernard BLIER dans les « Tontons Flingueurs ». Sauf qu’avec les réparties à l’estampille de Michel AUDIARD, on était sûr de rire à gorge déployée ! Ce qui n’est pas franchement le cas aujourd’hui, avec le montage de cet obscur dossier dont on se demande au final à quoi cela va-t-il bien servir !
Saisir lesdits vœux sur la plateforme – si cela fonctionne bien ! - occasionne de la nervosité supplémentaire pour les familles dont les méninges ont déjà été copieusement malmenées pour remplir les pages du dossier avant de l’intégrer numériquement dans le système.
Une chose est sûre : même le plus doué des élèves de terminale des sections scientifiques, matheuses ou littéraires aura du mal à s’extraire, tout seul, de ce bourbier administratif insipide, sans avoir recours à l’aide salvatrice de ses parents ! Encore eu-t-il fallu que ces derniers soient un brin lettrés et savent tourner dans leurs esprits avant de les coucher sur papier quelques argumentations valables pour sensibiliser les destinataires des lettres de motivation, devant accompagner les vœux de leurs jeunes prodiges !
Une incertitude latente qui engendre de la frustration et des inquiétudes…
En terme clair, les lycéens – bien avant qu’ils n’aient décroché le sésame pédagogique leur permettant d’aller plus loin, le bac - doivent se décider d’ici le 12 mars pour faire connaître leur desiderata à la puissance dix sur la fameuse plateforme tant décriée aujourd’hui par bon nombre de spécialistes, y compris les enseignants eux-mêmes.
On sent la tension monter au sein des familles dont l’enfant passe le baccalauréat cette année mais pas que. Même chez les plus jeunes – on aura pu interroger quelques-uns de ces témoins issus des collèges lors du Salon de l’Etudiant et de l’Apprentissage organisé à Auxerre ce week-end – tremblent déjà à l’idée de choisir une orientation avec un système aussi complexe à saisir. De quoi les traumatiser avant l’heure ?
Les spécialistes du secteur éducatif sont du même avis et ne disent pas que du bien de ce dispositif. « Il est difficile de proposer des demandes à partir de ces vœux un peu partout en France qu’il s’agisse de Paris, Lyon, Orléans, Toulouse, Strasbourg, Lille ou Dijon et ne pas pouvoir se retourner avant que le verdict ne tombe, confie l’un des exposants de ce salon icaunais. Cela génère de la frustration et des doutes chez les élèves mais aussi chez leurs parents… ».
Surtout que le résultat des courses et de toutes les supputations inhérentes à ces doutes quant à l’attribution finale de ce choix ne seront connus qu’aux environs du 20 mai si tout se passe bien. Dans le meilleur des cas. Sachant qu’à l’instar de ce s’était déroulé l’année dernière certaines réponses d’attribution avaient été révélées aux parents et au futur étudiant qu’à la mi-juillet. D’autres n’avaient même jamais obtenu de réponse car oubliés par le système garanti sans faille !
Pas facile, donc, pour les élèves de se concentrer en toute sérénité pour bien appréhender l’épreuve du baccalauréat avec une telle épée de Damoclès au-dessus de la tête. Procéder à des choix aussi importants avant même que l’élève décroche son bac révulse certains parents qui ne comprennent pas ce système aussi décalé avec la réalité.
« On avance dans un flou artistique absolu, confie l’un d’eux, qui ne rassure pas les élèves déjà stressés avant ces épreuves décisives… ».
Entre parcours du combattant et chemin de croix, lycéens, vous avez le choix de la formule et quatre heures de dissertation afin de méditer sur ce sujet avant de rendre vos copies !
Thierry BRET