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Tribune : « rebooster » le pouvoir d’achat des classes moyennes, une extrême priorité !

« Un économiste député du MODEM a déclaré lors d’une séance de la commission des Finances de l’Assemblée nationale qu’il était nécessaire de booster le pouvoir d’achat des classes moyennes. Mais comment définit-on son appartenance à cette catégorie ? ». « Un économiste député du MODEM a déclaré lors d’une séance de la commission des Finances de l’Assemblée nationale qu’il était nécessaire de booster le pouvoir d’achat des classes moyennes. Mais comment définit-on son appartenance à cette catégorie ? ». Crédit Photo : D.R.

« Il faut « rebooster » le pouvoir d’achat des classes moyennes » a déclaré un député Modem, économiste de son état et membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale récemment. C’est une très belle proposition d’un économiste-député ! Mais pourquoi « rebooster » le pouvoir d’achat des classes moyennes seulement ? Pourquoi ne pas s’intéresser aussi aux classes non moyennes ? Notre député-économiste entend-il écarter d’une amélioration du pouvoir d’achat, celles et ceux qui sont en dessous de la classe moyenne ?

CHRONIQUE : Et comment va-t-il déterminer ceux qui font partie de la classe moyenne et qui ont besoin de voir leur revenu progressé ? Et ceux qui sont en dessous de la classe moyenne, qui, eux, n’ont certainement pas besoin que l’on favorise leur revenu ?

En la matière, il faut des chiffres pour être sûr que l’on comprenne qui a l’honneur d’être dans la classe moyenne et qui n’en est pas. Donc, ne mérite pas la bienveillance et le soutien de notre député et économiste, membre de la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Voyons la distribution du revenu disponible par ménage et par an que l’Insee a publié en 2018. Le quotidien « La Croix » a eu la bonne idée de le publier le 22 novembre. Cette distribution des revenus est présentée selon le principe de la répartition par décile, le système le plus clair et le plus précis pour appréhender une population donnée sur le plan statistique.

Sur la base de ce tableau, mettons la borne supérieure de la classe moyenne au-dessus du huitième décile, soit 39 960 euros de revenu disponible par an pour un ménage (3 330 euros par mois). C’est le dernier étage de la classe moyenne. Considérons que les deux déciles supérieurs comprennent les ménages qui sont au-dessus de la classe moyenne : leur revenu disponible annuel étant égal ou supérieur à 43 320 euros par an (3 610 €/mois). Quant à la borne inférieure où notre député-économiste la mettra-t-il ? Et vous-même, où la fixerez-vous ? Où vous situez-vous vous-même sur ce tableau ?

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Les ménages à faibles revenus plus touchés par la perte du pouvoir d’achat

Première constatation : les ménages des premiers déciles. C’est-à-dire ceux qui ont les revenus les plus bas, ont subi une perte de pouvoir d’achat de 1 % à 1,7 % par an tandis que ceux qui sont au sommet de la classe dite moyenne, qui se trouvent dans le huitième décile, ont perdu 0,3 % par an. Au milieu, cinquième et sixième décile, la perte de pouvoir d’achat est de 1,4 %.

Deuxième constatation, entre ces deux bornes, les pertes de pouvoir d’achat en pourcentage ne présentent pas des écarts importants. Or, chacun sait qu’une perte de revenus dans la fourchette de 1 à 1,7 % affecte davantage un ménage ayant de faibles revenus qu’un ménage bénéficiant de revenus confortables.

Ce tableau de la situation est sans appel : il met en évidence que les ménages ayant de faibles revenus, donc en dessous de la classe dite moyenne, ont été beaucoup plus touchés par la perte de pouvoir d’achat que les ménages de la classe que l’on peut qualifier de moyenne.

Si vous ne faites partie de la classe moyenne, tant pis pour vous ! Votre revenu ne sera pas « reboosté ». Allez enfiler votre « gilet jaune » !

Emmanuel RACINE