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Tribune : les gilets jaunes, des « cocus » gavés de taxes et d’impôts mais mécontents…

« Tel est un étau qui écrase inexorable le pouvoir d’achat des Français, la pression fiscale est si conséquente qu’elle envoie les gens dans la rue pour protester devant le côté insupportable des choses… ». « Tel est un étau qui écrase inexorable le pouvoir d’achat des Français, la pression fiscale est si conséquente qu’elle envoie les gens dans la rue pour protester devant le côté insupportable des choses… ». Crédit Photo : D.R.

Nous assistons à un mouvement spontané de mécontentement populaire. C’est une double tradition française. Pourquoi double ? Parce que depuis toujours la pression fiscale en France est particulièrement lourde. Pourquoi est-elle lourde ? Tout simplement parce que les dirigeants politiques depuis la nuit des temps, quels que soient les régimes ou leur étiquette politique, ne savent pas gérer les affaires des Français…

CHRONIQUE : En premier lieu, Voltaire écrivait déjà à propos de Philippe le Bel, il y a sept siècles : « Le roi avait des ambitions que ses moyens financiers ne lui permettaient pas ». Dans sa biographie de Louis XV, Pierre GAXOTTE a résumé cette triste fatalité séculaire : « Le gouvernement se trouvait confronté à cette situation récurrente de la monarchie française : le déséquilibre des finances royales ».

Cela conduisit, entre autres, à la Révolution. Mais la République a montré qu’elle pouvait faire aussi bien que la monarchie en matière d’impéritie financière. Nous le voyons depuis la Révolution qui se termina dans la banqueroute et il fallut « faire appel à un sabre » pour mettre fin à la gabegie et aux désordres. En matière d’impéritie « le changement, ce n’est pas maintenant ». Bon sang ne saurait mentir.

En deuxième lieu, régulièrement, le peuple dit : « Trop, c’est trop ». Voilà pourquoi notre histoire est ponctuée de révoltes, de jacqueries, de soulèvements, de mouvements populaires spontanés.

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La France, championne du monde des prélèvements

En 2018, le total des prélèvements de l’Etat, des collectivités locales et tutti quanti a atteint 1 000 milliards d’euros. Mais ces prélèvements monstrueux sont insuffisants pour couvrir les besoins des ogres multiples qui « gèrent », si j’ose dire, nos finances publiques à tous les niveaux puisque le déficit total de la France va atteindre 81,3 milliards d’euros !

En 2013, à l’époque magnifique où « le changement, c’était maintenant », on a vu effectivement le changement : on a subi un tsunami de prélèvements au point que le Ministre de l’Economie de l’époque, grand ordonnateur de l’augmentation colossale de ces prélèvements, a parlé de ras-le-bol fiscal ! C’est le bourreau en place de Grève qui demande avec compassion au supplicié : « Est-ce que je vous fais mal ? ».

Depuis, on a envoyé ce brillant ministre à Bruxelles pour donner des leçons de rigueur budgétaire aux Italiens… S’il n’y avait pas de ministres de l’Economie à Paris et à Bruxelles, on rirait moins !

Et l’on ne voit pas la sortie du tunnel ou, mieux dit, de remontée de l’abîme, puisque en 2019, le déficit public devrait se creuser de 16,4 milliards d’euros pour atteindre 98,7 milliards d’euros.

En 2018, les prélèvements ont dépassé les 1 000 milliards d’euros et l’on se dirige allègrement vers les 100 milliards d’euros de déficit budgétaire. Pourquoi se priver de tous ces zéros derrière le 1. « Au diable l’avarice et les avaricieux » !

Rappelons encore notre histoire : « A la veille de la Révolution, la situation du paysan français n’était pas plus mauvaise que sous Louis XIV. Simplement il ne l’admettait plus », Joseph GUIBERT.

C’est ce que nous voyons aujourd’hui avec une différence aggravante : la pression fiscale s’accentue. Le peuple ne le supporte plus. Rappelons que le jaune est considéré comme la couleur des cocus. Ce sont les gilets jaunes. Et ils ne disent plus comme Sganarelle de MOLIERE : « cocu, battu, content » mais « cocu, battu, gavé de taxes et d’impôts, mécontent… ».

Jusqu’où ira leur mécontentement ?

Emmanuel RACINE